Boum ou pas Boum???
- Sisyphe
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Le Hamas est quand même d'abord une organisation politique... Comme tout le reste de l'islamisme radical, me direz-vous, certes. Mais on ne peut pas non plus totalement le comparer aux Talibans, ni même aux mollahs iraniens tels qu'ils étaient lorsqu'ils sont arrivés au pouvoir, ni aux Frères musulmans.Beaumont wrote:En tout cas c'est mal parti, et la question actuellement c'est de savoir si l'Europe va continuer à financer (il me semble avoir lu le chiffre de 500 millions d'euros ?) un état dirigé par des fous de dieu (quoique financer Arafat c'était pas mal non plus).
Un des paradoxes des Palestiniens, c'est qu'ils sont parmi les plus éduqués du monde arabe, avec un taux d'analphabétisme très bas. Du fait des regroupements de population (en bon français : des camps), il a été relativement facile d'organiser des écoles, d'autant que les groupes politiques (hamas, fatah, FPLP, communistes) y trouvaient un vivier, et que la diaspora palestinienen (riche) fournissait des cadres. Enfin bref, il ne faut pas s'imaginer des madrasas à la pakistanaise ni une société prête à se voiler sans mot dire.
Quant à la question de l'argent... C'est en fait un moyen de pression, et le Hamas l'a très bien compris. Il n'a aucun intérêt à être en trop grande rupture avec la communauté internationale ; d'ailleurs le futur premier ministre qu'ils proposent n'a rien d'un enturbané barbu, c'est au contraire - jusqu'à la caricature - un gendre idéal : ancien du FMI, c'est dire.
Le financement de l'Autorité Palestinienne est vital. Vital pour les Palestiniens eux-mêmes bien sûr, pour l'Autorité qui n'a aucun autre moyen de revenu (vue la situation institutionnelle, lever des impôt est hautement problématique) et qui donc sans ça ne pourrait pas maintenir le peu d'autorité dont elle dispose. Mais aussi pour la communauté internationale, car si l'argent ne vient pas, légalement, d'en haut, il viendra frauduleusement d'en bas, et donc de la poche de tous les barbus saoudiens benladenoïdes. Comme toujours en diplomatie, il s'agit d'occuper le terrain le premier.
Dire qu'une partie de cet argent est détourné est une banalité et un euphémisme. Mais c'est la situation de tout Etat "déficient" (

L'un des problèmes d'Arafat était que, s'il était incontestablement honnête lui-même (sa femme moins : les millions dont elle prétendait disposer étaient en fait les sommes versées par les organismes internationaux, dans la mesure où, en l'absence d'une banque nationale susceptible de fonctionner au milieu de la seconde intifida, les comptes personnels restaient le seul tuyau d'approvisionnement possible, à la condition que le propriétaire soit honnête, ce qui n'était guère le cas que d'Arafat lui-même), la vieille garde du Fatah l'était beaucoup moins, mais qu'il n'a jamais su ni voulu s'en séparer, comme tous les leaders vieillissants ayant connu une fraternité de combat ; il n'a su mettre personne d'intermédiaire entre son entourage ancien et le peuple palestinien, où il était très populaire.
D'une certaine manière, là encore, il faut voir l'aspect avantageux des catastrophes : la communauté internationale va pouvoir se permettre une pression sur l'Autorité palestinienne concernant les sommes et leur emploi, qu'elle n'avait jamais pu se permettre avant. De plus, le Hamas, qui contrairement au fatah ou au FPLP n'a pas de légitimité issue des années de combat, a clairement été élu sur la question de la corruption. Si vous suivez un peu l'actualité, les seuls faits de violence en ce moment ne concernent pas le Hamas, mais la jeune garde du fatah qui a violemment tenté d'en découdre avec les vieux pachas. Bref, c'est peut-être l'occasion d'un coup de balais, y compris du côté du Fatah (la "cure d'opposition" comme on dit).
La plupart des occasions des troubles du monde sont grammairiennes (Montaigne, II.12)
Le Hamas est d'abord une organisation terroriste, qui envoit des gens se faire exploser dans des foules, avec double épaisseur de tissu au niveau du slip pour avoir plus de chances de se taper des vierges une fois arrivés au paradis. Les grands discours sur l'oppression c'est une chose, mais des peuples opprimés il y en a d'autres, qui ne reçoivent pas un centime et qui n'ont aucune chance de s'en sortir (alors qu'Arafat a eu mille opportunités) parce qu'ils n'ont pas recours aux mêmes idéologies fanatiques et aux mêmes moyens d'action. Quant aux Saoudiens ils se foutent complètement de la Palestine, c'est juste un argument bien utile de temps en temps (musulmans opprimés, etc.). D'ailleurs il vaut mieux être Palestinien en Palestine que Philippin (ou Philippine, ou juste femme !) en Arabie Saoudite, où il semble que l'esclavage ne soit toujours pas aboli.Sisyphe wrote:Le Hamas est quand même d'abord une organisation politique...
Time is an illusion. Lunchtime doubly so.
Oui mais tu crois que le financement par la "communauté internationale" empêche le financement par les barbus ?Sisyphe wrote:Mais aussi pour la communauté internationale, car si l'argent ne vient pas, légalement, d'en haut, il viendra frauduleusement d'en bas, et donc de la poche de tous les barbus saoudiens benladenoïdes. Comme toujours en diplomatie, il s'agit d'occuper le terrain le premier.
Sonka - Сонька
It's crazy how the time just seems to fly
But for a moment you and I, we caught it
It's crazy how the time just seems to fly
But for a moment you and I, we caught it
Toutes les transactions financières palestiniennes passent par les banques israéliennes qui contrôlent leur origine.
Si des pays musulmans extrémistes, comme l'Iran par exemple, devaient prendre le relais des occidentaux, il faudrait recourir à des porteurs de valise, chose très risquée avec tous les contrôles aux frontières.
Si des pays musulmans extrémistes, comme l'Iran par exemple, devaient prendre le relais des occidentaux, il faudrait recourir à des porteurs de valise, chose très risquée avec tous les contrôles aux frontières.