
Dans le jardin de la maison de ma mère, il y a un terrain de pétanque/boules. Attention, pas cinq petit mètres dégagés d'herbe et saupoudrés de sable, non : 25 mètres (toute la largueur du terrain en fait), surrélevé d'un bon mètre rempli de sable dur. Bref, le truc de professionnel. Construit par le précédent propriétaire.
... Nous (je veux dire : les enfants du quartier), il nous a surtout servi à faire des châteaux de sables, des tranchées, un cimetière de bêtes mortes (oiseaux, souris, mulots, et autres rodontidés) et, accessoirement, à jouer aux boules, sans d'ailleurs bien connaître les règles (enfin, nous avions les nôtres).
Bref, nous ne l'avons jamais appelé autrement, dans tout le quartier, que "le terrain de boules". "Pétanque" étant un mot qui dans mon enfance, me semble-t-il, n'était pas connu autrement que comme un mot du sud.
En revanche, à deux pas de chez moi, il y avait un terrain acheté par un club (les boules sont un sport très populaire en milieu ouvrier), pas couvert, pas très développé d'ailleurs (mon terrain l'était sans doute plus), mais qui s'appelait officiellement "boulodrome". Autant que je me souvienne, il a toujours existé, en revanche il me semble que le mot "bouloudrome" n'a pas toujours été présent ; il a dû apparaître en même temps que la plaque qui est apparu quand on lui a trouvé un nom, celui du précédent champion décédé.
Ca peut sembler un peu pédant. Mais vous savez, au dix-neuvième siècle, des linguistes se plaignaient de la cuistrerie des "danseurs de corde" qui s'étaient renommés "funambules" et "fildeféristes".... Et aujourd'hui, personne ne dit plus "danseur de corde", ou alors, au contraire, ça semblera très chico-bobo-néo-cirque conceptuel.
La plupart des occasions des troubles du monde sont grammairiennes (Montaigne, II.12)