
Ca fait partie des nombreuses crétineries latinoïdes du français... Si notre langue n'avait pas été inventée par des curetons du 13e siècle, nous écrirons -assions comme les Italiens écrivent -azione et les espagnols -ación.
... En gros, la règle est la suivante : la séquence TI+voyelle se prononce [sj] quand l'ensemble de la séquence est étymologique et appartient au lexème. Mais elle se prononce nécessairement [tj] quand il y a une coupure morphologique en son sein.
C'est pourquoi il faut que nous
portions les
portions !
port-ions = radical + désinence de subjonctif.
portions < latin
portionem + s de pluriel.
A ranger avec les poules du couvent qui couvent, le président de ceux qui président, etc.
Satiété < satietatem, impéritie < imperitia, democratie < latin savant democratia < grec dêmokratia, etc.
Ce sont quand même majoritairement des mots "demi-savants". C'est à dire des mots qui ont été pris directement au latin, mais à date très ancienne (entre le 11e siècle et la Renaissance).
Mais il y a des tonnes d'hésitations : se plaindre de l'absurde de l'orthographe française est une vieille
antienne... Mais comment le prononcez-vous ? Lexis dit [ãtjEn], mais j'ai souvent entendu [ãsjEn]. Pas de doute en revanche : l'antie (gr. antios) du hibou est bien une exception : [ãti], mais le mot est franchement savant.
Le passage de tiV à tsjV puis à sjV (la palatalisation) est un phénomène commun à toutes les langues romanes, et qui commence même dès le latin. L'ancien français [ts] jusqu'au 13e siècle puis [s]. Mais à cette date la connaissance du latin était trop forte, on a gardé la graphie .
La plupart des occasions des troubles du monde sont grammairiennes (Montaigne, II.12)