Signes des hommes
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- Maïwenn
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Signes des hommes
Je voulais partager avec vous cet extrait du poème Signes des hommes, d'Armand Robin (1912-1961)
Signes des hommes, voici pour vous mes nuits
Langue, sois-moi toutes les langues !
Cinquante langues, monde d'une voix !
Le coeur de l'homme, je veux l'apprendre en russe, arabe, chinois.
Pour le voyage que je fais de vous à moi
Je veux le visa
De trente langues, trente sciences.
Je ne suis pas content, je ne sais pas encore les cris des hommes en japonais !
Je donne pour un mot de chinois les prés de mon enfance,
Le lavoir où je me sentais si grand
Signes des hommes, voici pour vous mes nuits
Langue, sois-moi toutes les langues !
Cinquante langues, monde d'une voix !
Le coeur de l'homme, je veux l'apprendre en russe, arabe, chinois.
Pour le voyage que je fais de vous à moi
Je veux le visa
De trente langues, trente sciences.
Je ne suis pas content, je ne sais pas encore les cris des hommes en japonais !
Je donne pour un mot de chinois les prés de mon enfance,
Le lavoir où je me sentais si grand
Penn ar Bed
The end of the land
Le commencement d'un monde
The end of the land
Le commencement d'un monde
- Maïwenn
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Encore deux petits trucs d'Armand Robin
Je ne suis pas breton, français, letton, chinois, anglais
Je suis à la fois tout cela.
Je suis homme universel et général du monde entier. . .
Avec de grands gestes,
J'ai jeté pendant quatre ans mon âme dans toutes les langues,
J'ai cherché, libre et fou, tous les endroits de vérité,
Surtout j'ai cherché les dialectes où l'homme n'était pas dompté.
Le martyre de mon peuple, on m'interdisait
En français,
J'ai pris le croate, l'irlandais, le hongrois, l'arabe, le chinois
Pour me sentir un homme délivré . . .
Vous l'aurez deviné : il était breton
D'après ce que j'ai pu deviner des habitués du forum depuis un mois que j'erre ici, je trouve que ses mots s'appliquent plutôt bien à nous tous. Qu'en pensez-vous ?
Je ne suis pas breton, français, letton, chinois, anglais
Je suis à la fois tout cela.
Je suis homme universel et général du monde entier. . .
Avec de grands gestes,
J'ai jeté pendant quatre ans mon âme dans toutes les langues,
J'ai cherché, libre et fou, tous les endroits de vérité,
Surtout j'ai cherché les dialectes où l'homme n'était pas dompté.
Le martyre de mon peuple, on m'interdisait
En français,
J'ai pris le croate, l'irlandais, le hongrois, l'arabe, le chinois
Pour me sentir un homme délivré . . .
Vous l'aurez deviné : il était breton

D'après ce que j'ai pu deviner des habitués du forum depuis un mois que j'erre ici, je trouve que ses mots s'appliquent plutôt bien à nous tous. Qu'en pensez-vous ?
Penn ar Bed
The end of the land
Le commencement d'un monde
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Le commencement d'un monde
- Bernadette
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Tu ne erres pas, tu nous montre qui a marché sur le chemin, dessiné des sentiers.
Tu donnes envie de chercher d'autres traces.
" les prés de mon enfance ", je ne les donne pas, je veux tout !
Pour moi les langues sont avant tout musique, ce n'est pas une décision, c'est ainsi. Les sonorités viennent d'abord ...
Tu donnes envie de chercher d'autres traces.
" les prés de mon enfance ", je ne les donne pas, je veux tout !
Pour moi les langues sont avant tout musique, ce n'est pas une décision, c'est ainsi. Les sonorités viennent d'abord ...
'Quelle heure est-il, bien à peu près'
-
- Guest
Ils ont beaux ces poèmes, tu pourrais peut-être mettre leur version en breton...
J'ai seulement 2 poèmes en breton avec leur traduction mais ils sont un petit peu longs, voici un extrait (2é moitié d'un poème de Youenn Gwernig traduit par Herri Gwilherm Kerouredan):
Marteze n'on nemet un draig kresket
e-giz-se e-touez
louzeier ha gwez e kalon
an Hollved
glan ha didrouz ha direbech
-evel just-
evel al loar hag al loened
glan ha didrouz ha direbech
met n'hellan ket menel divouezh
gant pouez ha gwall bavioù divrall
o flastrañ kaer (hep ober trouz)
ar vleunienn gaer n'oa nemeti
el liorzhig 'kichen ma zi
Traduction:
"Peut-être ne suis-je que croissance
ainsi d'entre les herbes
herbes au coeur
de l'universel
pur silencieux sans reproche
-naturellement-
comme la lune et les animaux
purs silencieux sans reproche
mais je ne puis rester sans paroles
devant les mauvaises pattes et le poids
qui silencieusement écrasent
l'unique la belle fleur
du petit jardin contigu à ma maison"
C'est bôo...

J'ai seulement 2 poèmes en breton avec leur traduction mais ils sont un petit peu longs, voici un extrait (2é moitié d'un poème de Youenn Gwernig traduit par Herri Gwilherm Kerouredan):
Marteze n'on nemet un draig kresket
e-giz-se e-touez
louzeier ha gwez e kalon
an Hollved
glan ha didrouz ha direbech
-evel just-
evel al loar hag al loened
glan ha didrouz ha direbech
met n'hellan ket menel divouezh
gant pouez ha gwall bavioù divrall
o flastrañ kaer (hep ober trouz)
ar vleunienn gaer n'oa nemeti
el liorzhig 'kichen ma zi
Traduction:
"Peut-être ne suis-je que croissance
ainsi d'entre les herbes
herbes au coeur
de l'universel
pur silencieux sans reproche
-naturellement-
comme la lune et les animaux
purs silencieux sans reproche
mais je ne puis rester sans paroles
devant les mauvaises pattes et le poids
qui silencieusement écrasent
l'unique la belle fleur
du petit jardin contigu à ma maison"
C'est bôo...

"Al principio era el Verbo..."
Sapho de Lesbos.Sisyphe wrote: Tu aimes Sappho, Kokoyaya ? Laquelle ? La chanteuse marocaine (avec un p), ou la poétesse de Lesbos (avec un ou deux p) ?
J'ai eu un 19 en grec grâce à elle (ou plutôt à un de ces textes). J'ai honte, je ne me souviens plus du tout de quoi ça parlait, mais je me rappelle que ça m'avait beaucoup plus.
Il faudrait que je m'achète un bouquin pour m'y replonger.
-
- Guest
Sappho
Moi aussi : c'est un vieil amour, qui n'est même pas lié à une bonne note, quoique je l'aie effectivement découverte grâce à une prof.
En fait, il se trouve que je travaille dessus cette année pour un mémoire universitaire - très exactement sur le dialecte spécial (lesbien littéraire du 7e siècle A.C.) dans lequel elle et Alcée écrivent. Angle philologique, un peu "froid" pour aborder un poète, j'en conviens.
Si tu cherches un bouquin, le moins mauvais à destination du "grand public" est : Edith Mora, Sappho de Lesbos, histoire d'un poète (et traduction intégrale de l'oeuvre), Flammarion.
Il existe aussi (mais plus ardu à trouver) une édition bilingue : Ph. Brunet, Sappho : poèmes et fragments, l'âge d'homme. (par contre, laisse tomber le "budé" traduit par Reinach en 1937, il est complètement dépassé).
(Je te fais grâce des éditions scientifiques, textes et commentaires en allemand, anglais, italien, espagnol et néo-latin.)
Un autre ouvrage intéressant : l'égal des dieux, 100 versions d'un poème de Sappho, chez Alia. Comme son nom l'indique, c'est cent traductions/adaptations, de Catulle à Marguerite Duras, du plus célèbre poème de Sappho (ce qui fait un peu réfléchir sur la notion de "traduction").
Mais surtout, je te recommande le CD d'Angélique Ionatos et Nena Venetsanou (Sappho de Mytilène, Auvidis 1991), qui chantent ses poèmes sur une musique originale, tantôt en grec ancien tantôt en grec moderne dans la traduction d'Odysséas Elytis, autre grand poète de Lesbos. C'est tout simplement magnifique, et cela fait comprendre ce qu'était la poésie lyrique plus sincèrement que toutes les versions et exposés scolaires...
---
μοι τό λάμπρον ερος τωελίω καί τό κάλον λέλονγκε
à moi, l'amour du soleil a donné en partage l'éclat et la beauté...
En fait, il se trouve que je travaille dessus cette année pour un mémoire universitaire - très exactement sur le dialecte spécial (lesbien littéraire du 7e siècle A.C.) dans lequel elle et Alcée écrivent. Angle philologique, un peu "froid" pour aborder un poète, j'en conviens.
Si tu cherches un bouquin, le moins mauvais à destination du "grand public" est : Edith Mora, Sappho de Lesbos, histoire d'un poète (et traduction intégrale de l'oeuvre), Flammarion.
Il existe aussi (mais plus ardu à trouver) une édition bilingue : Ph. Brunet, Sappho : poèmes et fragments, l'âge d'homme. (par contre, laisse tomber le "budé" traduit par Reinach en 1937, il est complètement dépassé).
(Je te fais grâce des éditions scientifiques, textes et commentaires en allemand, anglais, italien, espagnol et néo-latin.)
Un autre ouvrage intéressant : l'égal des dieux, 100 versions d'un poème de Sappho, chez Alia. Comme son nom l'indique, c'est cent traductions/adaptations, de Catulle à Marguerite Duras, du plus célèbre poème de Sappho (ce qui fait un peu réfléchir sur la notion de "traduction").
Mais surtout, je te recommande le CD d'Angélique Ionatos et Nena Venetsanou (Sappho de Mytilène, Auvidis 1991), qui chantent ses poèmes sur une musique originale, tantôt en grec ancien tantôt en grec moderne dans la traduction d'Odysséas Elytis, autre grand poète de Lesbos. C'est tout simplement magnifique, et cela fait comprendre ce qu'était la poésie lyrique plus sincèrement que toutes les versions et exposés scolaires...
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μοι τό λάμπρον ερος τωελίω καί τό κάλον λέλονγκε
à moi, l'amour du soleil a donné en partage l'éclat et la beauté...
- Maïwenn
- Modératrice Arts & Litté.
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Pas évident ce que tu me demandes Serenita. Mais je fais un essai :-)
Sinou an dud, setu amañ ma nozveziou evidoc'h
Yez, bez an holl yezou evidon !
Hanter-kant yez, ar bed en ur vouez !
Kalon ar mab den, meus c'hoant da zeski anezi e russeg, arabeg, chineseg
Evid ar veaj a ran etrezomp
meus c'hoant da gaoud visa
Tregont yez, tregont skiant.
N'on ket laouen, n'anavezan ket garmou an dud e japaneg !
Rei a ran, evid ur ger a chineseg prajou ma bugaleaj
Ar poull-kanna e lec'h en em senten ken braz
Bon, j'ai fait qq adaptations. Mais j'ai le droit, non ? :-)
Sinou an dud, setu amañ ma nozveziou evidoc'h
Yez, bez an holl yezou evidon !
Hanter-kant yez, ar bed en ur vouez !
Kalon ar mab den, meus c'hoant da zeski anezi e russeg, arabeg, chineseg
Evid ar veaj a ran etrezomp
meus c'hoant da gaoud visa
Tregont yez, tregont skiant.
N'on ket laouen, n'anavezan ket garmou an dud e japaneg !
Rei a ran, evid ur ger a chineseg prajou ma bugaleaj
Ar poull-kanna e lec'h en em senten ken braz
Bon, j'ai fait qq adaptations. Mais j'ai le droit, non ? :-)
Penn ar Bed
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Le commencement d'un monde
Tu veux dire que tu l'as directement traduit toi-même?Maïwenn wrote:Pas évident ce que tu me demandes Serenita. Mais je fais un essai :-)
Bon, j'ai fait qq adaptations. Mais j'ai le droit, non ? :-)

Chapeau...(breton)
PS: Je ne parle pas un mot de breton, pour ma part j'ai fidèlement recopié le poème et sa trad.

"Al principio era el Verbo..."