tom wrote:Ca alors ! Je me suis fait complètement duper par un faux-ami ! Je retire donc tout ce que j'ai dit plus haut, et j'approuve intégralement
(en y ajoutant un "prorsus" : absolument) la traduction d'Anne.


Si ça peut te consoler, c'est une erreur assez traditionnelle. C'est non seulement un faux-ami, mais également à un couple à ne pas confondre :
expers, ertis = qui n'a pas part à (ex + pars, avec apophonie)
expertus, a, um = éprouvé, aguerri.

Je me souviens très bien l'avoir faite moi-même en des temps préhistoriques sur une version de Suétone. Il y était question de je ne sais plus quel empereur débauché (pléonasme de toute façon), peut-être bien Claude. Le début de la phrase disait, en substance, qu'il avait couché avec quantité de femmes,
sed expers omnino marium fuit.

Emporté par les orgies précédentes (enfin, façon de parler), il m'était apparu comme une évidence que, débauche pour débauche, Claude devait avoir été
cum velis remisque (je rappelle que la vapeur n'existait pas encore comme mode de propulsion), et qu'il était donc littéralement
expert en mâles, ce que j'avais (mal) traduit un peu plus joliment, puisque comme toujours dans ces cas-là, loin d'être arrêté par le "sed", j'avais trouvé une bonne raison d'y voir un ranchérissement. Bref, Claude avait couché avec beaucoup de femmes,
mais il s'y connaissait tout particulièrement en amours masculines.

Eh bien non ! Les moeurs de Claude étaient sur ce point orthodoxes ! il fallait bien sûr comprendre qu'il s'était
totalement abstenu des garçons.
La plupart des occasions des troubles du monde sont grammairiennes (Montaigne, II.12)