
On fait des thèses sur la place de l'adjectif en français ! Sans pouvoir toujours tout justifier. Je vais répéter les principales "règles" (ou plutôt les principales tendances) avant que d'en venir aux deux adjectifs que tu mentionnes.
Tendances générales :
1. Le phénomène principal (ou le principal phénomène

) qui commande la place de l'adjectif en français, c'est celui de la prosodie, c'est-à-dire de l'accent. Si je mets l'adjectif après le nom, les deux sont accentués, tandis que si je mets l'adjectif avant, c'est essentiellement le nom seul qui est accentué :
"le principal acc
ent"
vs
'l'acc
ent princip
al"
Donc, en plaçant l'adjectif après, je lui donne toujours plus de "poids" prosodique, sémantique, logique, stylistique, etc.
2. Globalement, la règle de base est la suivante : la place naturelle de l'adjectif en français, c'est après le nom ; si je le place avant le nom, c'est qu'il y a un effet (poétique, stylistique, etc.) :
"un tablier rouge" (normal)
"Enfants voici les boeufs qui passent / Cachez vos rouges tabliers" (V. Hugo)
FONT EXCEPTION une dizaine d'adjectifs (petit, bon, mauvais etc.) pour lesquels c'est le contraire. En général il s'agit d'adjectifs :
- Mono- ou dissyllabiques (à cause de la règle de l'accent)
- Qui expriment une qualité morale ou une particularité physique
- Qui sont "anciens" dans la langue française.
"tu as tapé le bon code" (normal)
Mais le distributeur automatique de billets dira : "code bon" (parce qu'il sépare en quelques sortes les deux informations : a. Le code a été tapé, b. il est bon - à la rigueur on pourrait mettre deux points "code : bon").
3. Il y a souvent une nuance de sens plus ou moins ténue entre les deux places. Avant le nom, l'adjectif est non-accentué, donc dans un rapport plus immédiat avec le nom. Placé avant le nom, l'adjectif est donc :
- proche d'un "mot-outil" déterminant : "de rares pierre = certaines pierres = quelques pierres" vs "des pierres rares = des pierres précieuses"
- plutôt une détermination (appartenance à un groupe) qu'une qualification : "un petit chat" signifie soit "un chat de petite taille" soit "un jeune chat, le petit d'une chatte, un chat qui appartient au groupe des jeunes", alors que "un chat petit" est obligatoirement un chat de petite taille.
- constitue souvent une unité de sens avec le nom : "un grand homme" = un type d'homme particulier, un homme qui a fait du bien à l'humanité, un philanthrope. Alors que dans le cas inverse, il y a deux informations successives : un homme grand (un homme, et il est de grande taille)
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Dans le cas de "principal", la différence est très faible, mais elle relève du même phénomène.
"la proposition principale et la proposition subordonnée" : il y a deux informations successives, l'existence des propositions, et ensuite les deux variantes possibles. "principal" et "subordonnée" sont bien deux qualifications portant sur la nature de "proposition".
"les principales montagnes" : c'est presque un déterminant. Parmi l'ensemble des montagnes de France, je choisis de parler d'un groupe particulier, ces montagnes-là et pas les autres.
Dans le second cas, on peut librement intervertir sans vraiment changer le sens : les montagnes principales/les principales montagnes. Dans le premier cas, au contraire, on ne peut pas pas. "La principale proposition" signifierait "la proposition qui a le plus d'importance", alors que "la proposition principale" est clairement une étiquette grammaticale.
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Le cas est plus net pour "différents".
- Après le nom, c'est un adjectif qualificatif qui signifie "qui n'est pas pareil" - et on peu le quantifier. "Un garçon différent" = euphémisme pour dire "un garçon handicapé mental, autiste, etc.". "Une solution [très] [totalement] [assez] différente", etc.
- Avant le nom (et toujours au pluriel), c'est un déterminant de quantités, quasi-synonymes de "plusieurs" : "différentes solutions s'offrent à nous = plusieurs solutions, plusieurs types de solutions". Sauf qu'on ne peut pas utiliser "plusieurs" avec un article devant, mais le sens est le même : "les différentes solutions qui s'offrent à nous sont... = les solutions, et il y en a plusieurs, qui s'offrent à nous, sont..."
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Voilà, j'espère que c'est clair ?
La plupart des occasions des troubles du monde sont grammairiennes (Montaigne, II.12)