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L'article qui suit a été diffusé en novembre 98.
LA VALEUR DE LA MONNAIE AU XVIIe ET XVIIIe SIÈCLE
Il arrive parfois, lors de recherches sur un de nos ancêtres, qu’en feuilletant un livre d'histoire, un vieux manuscrit, que ce soit un contrat notarié un testament ou un inventaire, de se retrouver face à des sommes d’argent dont on ne connaît pas trop la valeur: livres, écus, sols, etc. Pour éclaircir un peu ce problème, voici la liste de quelques monnaies, populaire à l'époque:
le denier
le sous ou sol
la livre ou franc
l'écu, monnaie d'argent
le louis, monnaie d'or
L'équivalence de ces pièces entre elles figure ainsi:
12 deniers font 1 sou ou sol
1 livre (franc) vaut 20 sous (sol) (1)
1 écu vaut 3 livres
1 louis vaut 20 livres
1 pistole vaut 10 livres (1)
Les premiers colons étant très pauvres, n'avaient apporté avec eux que très peu d'argent, qui fut vite épuisé. En 1663, il n'y avait plus aucune espèce sonnante au pays. Pour compenser à ce manque de monnaie courante, les habitants se mirent à utiliser le CASTOR comme monnaie d'échange: il se vendait 4 francs la livre, la peau seulement. On pouvait effectuer l'opération à tous les magasins de la Compagnie.
Avec 1'arrivée des soldats, en 1665, l'argent se mit de nouveau a sonner. Mais ce n’était pas encore suffisant, car les pièces ne restaient pas en circulation. On continua donc de négocier avec le castor. En 1669, on ajouta le blé qui valait 4 livres le minot. Et puis, en 1674, ce fut au tour de la peau d'orignal, évaluée à 3 livres environ.
En l'année 1685, De Meulles établissait la " monnaie de cartes " dont voici une brève histoire: en 1674, le Roi avait donné l'ordre que tous les comptes, achats et paiements divers, devaient être soldés en argent sonnant. Pour comble, en 1684, il envoie des soldats au pays et ordonne de les faire vivre: mais il avait oublié leur paie!...C’est à ce moment que De Meulles eut l'idée de la MONNAIE DE CARTES, et qu'il la mit effectivement en circulation. Le système fonctionnait comme suit: on se servait de cartes à jouer ordinaires; chacune d'elle portait le sceau de l'Intendant, sa signature et celle du Trésorier. La première évaluation était de 4 livres pour une carte entière; une demi carte valait 2 livres, et le quart de carte, quinze sous. On l'échangeait pour des espèces sonnantes aussitôt qu'on pouvait s'en procurer, puis l'on détruisait la carte ainsi annulée. Cette monnaie fut très populaire au pays jusqu'en 1717. (2)
Chacun avait son gagne-pain et était rémunéré selon sa fonction. Ainsi, en 1653, un chirurgien gagnait annuellement 150 à 100 livres; un menuisier, 100 livres; un charpentier, 75 à100 livres; un armurier et ouvrier, 100 livres; un armurier et serrurier, 80 livres; un serrurier, 75 livres; un armurier défricheur, 75 livres; un maçon, 80 livres; un cordonnier 60 livres; et un tailleur d'habits, 60 livres. (8)
Que pouvait-on acheter avec cette monnaie? En 1709, un cheval se vendait 40 livres, et une belle bête, jusqu'à 100 livres. (3) Toujours en 1709, une vache valait 50 livres, un mouton 5 livres (5), un cochon moyen c'est-à-dire de 150 à 200 livres -- 15 livres. (3)
Les peaux et les fourrures étaient un élément vital de subsistance pour les colonisateurs. En 1715, par exemple, la peau cru d'élan valait 10 livres; celle de l'ours, de la loutre et du raton: 5 livres; la peau d'ourson, 2 livres et demi (6); celle du loup, 2 livres; de la marthe, 45 sols; du renard, 35 sols. (6)
Au début du XVIIIe siècle, vers 1710, les denrées principales se vendaient à peu près au prix suivants: le beurre salé, 10 sols; 1e beurre frais, 15 sols; le melon d'eau, 3 à 6 sols; les gros melons, de 15 à 20 sols; le fromage de l'Île d'Orléans, petit, mince, de forme ronde et de quatre morceaux la livre, 30 sous la douzaine. (5) Et pour cuire tous ces ingrédients, un poê1e coûtait 100 livres. (7)
Références:
Gérard Filteau, LA NAISSANCE D'UNE NATION, éditions de l'Aurore, 1973 1651, rue St-Denis, Montréal:
(1) p. 191
(2) p. 192
(3) p. 245
(5) p. 246
(6) p. 205
(7) p. 277
Russel Bouchard, LES ARMURIERS DE LA NOUVELLE-FRANCE, Ministère des affaires culturelles, Québec, 1978, Série Art et Métiers.
(8) p. 24
Gilles Lapierre
Tiré de L'Entraide généalogique, Vol 1, no 1, 1978-1979, page 60
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