Vite mon tranxène.
Et dire que je vais voter pour mon cette xcvjhxcvhjxcx
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Avant que le débat ne démarre sur ces salauds de feignasses de profs, je vais donner quelques précisions :
En France, un prof est tenu d'assurer un certain nombre d'heures de présence devant les élèves. Ce nombre est de 18 (extensible à 20 en collège) pour le corps des
certifiés (cad ceux qui ont obtenu le concours du CAPES ou un de ses équivalents, bac+3 mininum est plus "facile") et de 15 pour le corps des
agrégés (ayant passé un concours bac+4 minimum et surtout beaucoup plus difficile), lesquels, en théorie, se trouvent prioritairement dans des lycéees, et prioritairement devant des classes "à bac".
(Je passe sur les aménagements spéciaux que constituent les premières chaires, les chaires supérieures, les dégagements de services, etc. Mais sachez qu'il y a déjà des dizaines de sous-cas compliqués).
En plus de ces heures-là, un prof est tenu d'être présents à certains types de réunions : conseils de classe effectivement (un par trimestre) et rencontres parents-profs (où le prof doit rester le temps imparti même s'il n'y a aucun parent présent), mais aussi les
conseils de prof, cad des conseils de classe sans parent ni délégué, entre un et trois par trimestre où on "fait le point" sur une classe, et dont le monde oublie l'existence. Plus les réunions de début et de fin d'années. En moyenne, un prof rentre 48 heures avant les élèves, et sort 48 heures après la période d'examen (mais il peut s'ajouter la période de correction et de jurys, en gros jusqu'au 10 juillet maxi).
Un prof a également des obligations de présence relatives aux examens : surveillances, gestion "en coulisse" (recueillir les copies, les triers, les anonymer, etc.), et pour les examens du secondaire (donc tout sauf le bac, examen
du supérieur en théorie), par exemple le brevet, correction "enfermés dans une salle" (en revanche, les profs de lycée corrigent leurs copies de bac chez eux).
C'est là la part de "présence obligatoire en établissement" : 15 ou 18 heures + tout ce que je viens de dire.
Peuvent s'y ajouter, outre des heures supplémentaires "normales", des heures supplémentaires liées à l'acceptation d'une fonction particulière : être professeur principal, être élu au conseil d'administration, être en charge d'une salle spécifique, etc. (note : le "désigné volontaire" existe hélas, mais je suppose que c'est pareil dans les entreprises. C'est une question, alors, de rapport de force).
Pour l'instant, les professeurs ne sont pas
tenus d'assurer les remplacements de leurs collègues absents (ce qui relève des TZR : titulaires sur zones de remplacements), ni les permanences d'élèves (tâches dévolues aux Assistants Pédagogiques, autrement dit aux pions).
En revanche, des heures de soutien peuvent très bien être prévues sur l'emploi du temps
normal d'un prof. C'est même une manière commode de "boucher" un emploi du temps incomplet (car les heures de cours sont prévues par "paquets" : un élève de sixième a quatre heures de français par exemple)...
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À côté de cela, il y a la part du travail "à la maison", ou devrais-je plutôt dire "hors présence d'élève ou de collègue" (car ce peut être dans l'établissement).
- Préparation des cours
- Correction des copies
- Collecte du matériel pédagogique le cas échant (un exemple : quand ma mère, prof d'histoire, veut montrer 10 min d'un documentaire à ses élèves, il faut qu'elle le sélectionne parmi ses 200 cassettes vidéos, ou la dizaine que possède le CDI).
- Eventuellement, l'organisation d'activités pédagogiques extra-ordinaire, genre voyage scolaire.
- Et on l'oublie tout le temps : réalisation des interros et autre polycopiés (chez soit devant son ordi, ou à la seule et unique photocopieuse de l'établissement).
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La première partie est non seulement contrôlable mais contrôlée ; chaque prof subit une double inspection : celle de l'inspecteur proprement dit (une fois tous les deux ans et demi en moyenne), "en situation" (quand le prof fait son cours) et essentiellement pédagogique. Celle de son chef d'établissement, tous les ans (donc en permanence en fait, même s'il n'y a qu'un rapport) qui note 1) sa ponctualité/assiduité, 2) Son travail pédagogique, 3) son "rayonnement" (c'est le terme officiel), 4) son investissement dans la vie de l'établissement.
... Mais l'inspecteur, même hors de ses inspections, "centralise" les données des principaux et juge aussi, sur la durée, des données dites "administratives" (dont l'assiduité). Il peut également intervenir sur la demande du chef d'établissement.
Le seconde partie ne peut pas, évidemment, être contrôlée directement (le principal n'a pas le droit de s'incruster chez vous

). Mais elle peut l'être indirectement : le nombre de notes rendues, la qualité moyenne d'une classe "passées par les mains" d'Untel et ses connaissances, les résultats aux examens
en comparaison de la moyenne de l'établissement (attention ! C'est de l'humain que l'on compte, pas des pièces de douze !). Un manque évident de travail est un motif réel de sanctions, plus courant que les cas supposés de violences sur élèves par exemple.
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Alors, quelle est la quantité hebdomadaire de travail des profs ? Le ministère
lui-même dit 39 h 30 minutes (j'aime cette précision !). Les syndicats disent à peu près 50.

C'est comme dans les manifs, entre la police et les organisateurs...
Il y a sans doute une part de "poker menteur" des deux côtés. Mais tout dépend aussi de ce que l'on inclut dans le "travail". Exemple typique, c'est pour cela que j'en parlais : les photocopies. Lorsque le ministère enquête, il demande voire mesure correction de copie et préparation de cours chez soi. Mais pas les photocopies, puisque ce n'est pas un travail "intellectuel" de la part du prof...
... Oui mais imaginez que dans une entreprise, on dise aux employés "désormais, vous ferez vos photocopies sur votre temps libre" ? Or un sujet d'interro par classe et par élève et par quinzaine : 5 x 30 x 2 = 300 photocopies par mois.
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Enfin, la question du lieu où les profs doivent excercer leur "second travail" (de préparation/correction/etc.). Dans certains pays (en Suisse je crois, dans une partie des pays anglophones), les profs restent effectivement dans les établissements. Mais cela a un corollaire
immédiat : pour corriger, un prof a besoin au minimum d'un table, et même si possible d'un bureau, en tout cas au calme ; ce qu'on trouve dans les pays concernés. Et dans aucun établissement en France. Il est même rare qu'une salle des profs puisse accueillir tous les profs en même temps. Si l'on voulait appliquer la mesure, il faudrait donc en équiper les 12.000 établissements de France... Cela va relancer le BTP remarquez.
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Passons donc sur l'aspect "moral" de la question (la nette, très nette impression qu'elle nous insulte tout simplement ! Sans parler des accusations idiotes selon laquel les profs se "vendraient" à des sociétés côtées en bourse, alors qu'un prof
a tout simplement interdiction d'exercer une seconde activité rémunérée - les saloperies du genre "acadomia" recrutent des étudiants ayant besoin de beafsteack, pas des profs) : obliger les profs a un temps de présence de 35 heures dans l'établissement, c'est donc affirmer
de facto que la totalité du travail d'un prof doit s'y exercer. Et donc qu'un prof n'aura plus à fournir de travail en dehors (sinon, au regard du code du travail, ce sera un abus caractérisé !)...
... Donc, si l'on s'en tient aux estimations du ministère lui-même (le chiffre de 39,5 heures date de Luc Ferry), à mon avis largement sous-estimées : Mme Royale propose que les profs travaillent 4 heures et demie de moins !
Et qu'ils arrêtent leur travail quand la sonnerie retentit, et non pas lorsqu'ils ont fini le paquet de copie (accessoirement, les pays qui obligent leur prof à une présence complète dans l'établissement ont un système d'organisation des évaluations totalement différents, plus proche de celui de nos facultés).
Je suppose aussi qu'elle a un plan pour équiper tous les établissements du bureaux personnels (sans parler du problème de stockage des copies). D'ailleurs, quand elle en aurait l'argent, il restera un problème institutionnel : les bâtiments appartiennent aux collectivités locales (département pour les collèges, région pour les lycées, et je ne parle pas de l'embrouillamini des lycées pros, des établissements mixtes, des établissements spéciaux, des contrats de plan inter-collectivités, etc. etc.)
Tout est compliqué dans l'éduc' nat'. Mais on ne peut pas aimer les médias et la complexité en même temps.
La plupart des occasions des troubles du monde sont grammairiennes (Montaigne, II.12)