Ségolène Royal : 35 heures pour les profs

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arkayn
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Ségolène Royal : 35 heures pour les profs

Post by arkayn »

Ségolène royal s'est fait piéger par une vidéo. Lors d'une réunion, elle souhaite que les profs effectuent 35 heures effectives dans le collège

J'en connais qui vont pas apprécier. :roll:

Ayant eu déjà à donner des cours et entre autres à devoir préparer ces fameux cours, je trouve cette idée aberrante. Ségolène royal ne tient absolument pas compte de ces heures de correction et de préparation. A moins que les profs ne doivent les faire au collège et non plus chez eux ?


PS : J'ai posé ce lien en toute impartialité politique. Le débat se situe, pour moi, au niveau de ces 35 heures et pas ailleurs.
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kokoyaya
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Post by kokoyaya »

Bah, de toute manière, j'arrive tous les jours à l'école à 8 h pour ne jamais repartir avant 18 h 30 alors les 35 h, vous en faites pas qu'on les fait... (en plus des autres en préparation et correction).
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Sisyphe
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Post by Sisyphe »

Vite mon tranxène.

Et dire que je vais voter pour mon cette xcvjhxcvhjxcx

*

Avant que le débat ne démarre sur ces salauds de feignasses de profs, je vais donner quelques précisions :

En France, un prof est tenu d'assurer un certain nombre d'heures de présence devant les élèves. Ce nombre est de 18 (extensible à 20 en collège) pour le corps des certifiés (cad ceux qui ont obtenu le concours du CAPES ou un de ses équivalents, bac+3 mininum est plus "facile") et de 15 pour le corps des agrégés (ayant passé un concours bac+4 minimum et surtout beaucoup plus difficile), lesquels, en théorie, se trouvent prioritairement dans des lycéees, et prioritairement devant des classes "à bac".

(Je passe sur les aménagements spéciaux que constituent les premières chaires, les chaires supérieures, les dégagements de services, etc. Mais sachez qu'il y a déjà des dizaines de sous-cas compliqués).

En plus de ces heures-là, un prof est tenu d'être présents à certains types de réunions : conseils de classe effectivement (un par trimestre) et rencontres parents-profs (où le prof doit rester le temps imparti même s'il n'y a aucun parent présent), mais aussi les conseils de prof, cad des conseils de classe sans parent ni délégué, entre un et trois par trimestre où on "fait le point" sur une classe, et dont le monde oublie l'existence. Plus les réunions de début et de fin d'années. En moyenne, un prof rentre 48 heures avant les élèves, et sort 48 heures après la période d'examen (mais il peut s'ajouter la période de correction et de jurys, en gros jusqu'au 10 juillet maxi).

Un prof a également des obligations de présence relatives aux examens : surveillances, gestion "en coulisse" (recueillir les copies, les triers, les anonymer, etc.), et pour les examens du secondaire (donc tout sauf le bac, examen du supérieur en théorie), par exemple le brevet, correction "enfermés dans une salle" (en revanche, les profs de lycée corrigent leurs copies de bac chez eux).

C'est là la part de "présence obligatoire en établissement" : 15 ou 18 heures + tout ce que je viens de dire.

Peuvent s'y ajouter, outre des heures supplémentaires "normales", des heures supplémentaires liées à l'acceptation d'une fonction particulière : être professeur principal, être élu au conseil d'administration, être en charge d'une salle spécifique, etc. (note : le "désigné volontaire" existe hélas, mais je suppose que c'est pareil dans les entreprises. C'est une question, alors, de rapport de force).

Pour l'instant, les professeurs ne sont pas tenus d'assurer les remplacements de leurs collègues absents (ce qui relève des TZR : titulaires sur zones de remplacements), ni les permanences d'élèves (tâches dévolues aux Assistants Pédagogiques, autrement dit aux pions).

En revanche, des heures de soutien peuvent très bien être prévues sur l'emploi du temps normal d'un prof. C'est même une manière commode de "boucher" un emploi du temps incomplet (car les heures de cours sont prévues par "paquets" : un élève de sixième a quatre heures de français par exemple)...

*

À côté de cela, il y a la part du travail "à la maison", ou devrais-je plutôt dire "hors présence d'élève ou de collègue" (car ce peut être dans l'établissement).
- Préparation des cours
- Correction des copies
- Collecte du matériel pédagogique le cas échant (un exemple : quand ma mère, prof d'histoire, veut montrer 10 min d'un documentaire à ses élèves, il faut qu'elle le sélectionne parmi ses 200 cassettes vidéos, ou la dizaine que possède le CDI).
- Eventuellement, l'organisation d'activités pédagogiques extra-ordinaire, genre voyage scolaire.
- Et on l'oublie tout le temps : réalisation des interros et autre polycopiés (chez soit devant son ordi, ou à la seule et unique photocopieuse de l'établissement).

*

La première partie est non seulement contrôlable mais contrôlée ; chaque prof subit une double inspection : celle de l'inspecteur proprement dit (une fois tous les deux ans et demi en moyenne), "en situation" (quand le prof fait son cours) et essentiellement pédagogique. Celle de son chef d'établissement, tous les ans (donc en permanence en fait, même s'il n'y a qu'un rapport) qui note 1) sa ponctualité/assiduité, 2) Son travail pédagogique, 3) son "rayonnement" (c'est le terme officiel), 4) son investissement dans la vie de l'établissement.
... Mais l'inspecteur, même hors de ses inspections, "centralise" les données des principaux et juge aussi, sur la durée, des données dites "administratives" (dont l'assiduité). Il peut également intervenir sur la demande du chef d'établissement.

Le seconde partie ne peut pas, évidemment, être contrôlée directement (le principal n'a pas le droit de s'incruster chez vous :) ). Mais elle peut l'être indirectement : le nombre de notes rendues, la qualité moyenne d'une classe "passées par les mains" d'Untel et ses connaissances, les résultats aux examens en comparaison de la moyenne de l'établissement (attention ! C'est de l'humain que l'on compte, pas des pièces de douze !). Un manque évident de travail est un motif réel de sanctions, plus courant que les cas supposés de violences sur élèves par exemple.

*

Alors, quelle est la quantité hebdomadaire de travail des profs ? Le ministère lui-même dit 39 h 30 minutes (j'aime cette précision !). Les syndicats disent à peu près 50. :P C'est comme dans les manifs, entre la police et les organisateurs...

Il y a sans doute une part de "poker menteur" des deux côtés. Mais tout dépend aussi de ce que l'on inclut dans le "travail". Exemple typique, c'est pour cela que j'en parlais : les photocopies. Lorsque le ministère enquête, il demande voire mesure correction de copie et préparation de cours chez soi. Mais pas les photocopies, puisque ce n'est pas un travail "intellectuel" de la part du prof...
... Oui mais imaginez que dans une entreprise, on dise aux employés "désormais, vous ferez vos photocopies sur votre temps libre" ? Or un sujet d'interro par classe et par élève et par quinzaine : 5 x 30 x 2 = 300 photocopies par mois.


*

Enfin, la question du lieu où les profs doivent excercer leur "second travail" (de préparation/correction/etc.). Dans certains pays (en Suisse je crois, dans une partie des pays anglophones), les profs restent effectivement dans les établissements. Mais cela a un corollaire immédiat : pour corriger, un prof a besoin au minimum d'un table, et même si possible d'un bureau, en tout cas au calme ; ce qu'on trouve dans les pays concernés. Et dans aucun établissement en France. Il est même rare qu'une salle des profs puisse accueillir tous les profs en même temps. Si l'on voulait appliquer la mesure, il faudrait donc en équiper les 12.000 établissements de France... Cela va relancer le BTP remarquez.

*

Passons donc sur l'aspect "moral" de la question (la nette, très nette impression qu'elle nous insulte tout simplement ! Sans parler des accusations idiotes selon laquel les profs se "vendraient" à des sociétés côtées en bourse, alors qu'un prof a tout simplement interdiction d'exercer une seconde activité rémunérée - les saloperies du genre "acadomia" recrutent des étudiants ayant besoin de beafsteack, pas des profs) : obliger les profs a un temps de présence de 35 heures dans l'établissement, c'est donc affirmer de facto que la totalité du travail d'un prof doit s'y exercer. Et donc qu'un prof n'aura plus à fournir de travail en dehors (sinon, au regard du code du travail, ce sera un abus caractérisé !)...

... Donc, si l'on s'en tient aux estimations du ministère lui-même (le chiffre de 39,5 heures date de Luc Ferry), à mon avis largement sous-estimées : Mme Royale propose que les profs travaillent 4 heures et demie de moins !

Et qu'ils arrêtent leur travail quand la sonnerie retentit, et non pas lorsqu'ils ont fini le paquet de copie (accessoirement, les pays qui obligent leur prof à une présence complète dans l'établissement ont un système d'organisation des évaluations totalement différents, plus proche de celui de nos facultés).

Je suppose aussi qu'elle a un plan pour équiper tous les établissements du bureaux personnels (sans parler du problème de stockage des copies). D'ailleurs, quand elle en aurait l'argent, il restera un problème institutionnel : les bâtiments appartiennent aux collectivités locales (département pour les collèges, région pour les lycées, et je ne parle pas de l'embrouillamini des lycées pros, des établissements mixtes, des établissements spéciaux, des contrats de plan inter-collectivités, etc. etc.)

Tout est compliqué dans l'éduc' nat'. Mais on ne peut pas aimer les médias et la complexité en même temps.
La plupart des occasions des troubles du monde sont grammairiennes (Montaigne, II.12)
ElieDeLeuze
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Post by ElieDeLeuze »

D'abord, si on veut faire travailler les profs VRAIMENT 35 heures, ça revient à réduire de façon drastique la masse de travail. :lol:

Ensuite, quand je suis obligé de me taper cinq bouquins en trois weekends pour en trouver un que je puisse mettre au programme de mes classes de lycée, certains osent me dire que je lis pour mon plaisir.... alors que ces mêmes banquiers sont payés pour aller faire des réunion de travail dans des restaurants à 100 euros de menu.... :evil:

Je ne discute même pas de ce sujet, maintenant. Même avec ma hiérarchie, d'ailleurs, qui fait la gueule quand je refuse d'aller surveiller la surboom des 4èmes un vendredi jusqu'à onze heures. :roll:
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svernoux
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Post by svernoux »

Sisyphe wrote:Sans parler des accusations idiotes selon laquel les profs se "vendraient" à des sociétés côtées en bourse, alors qu'un prof a tout simplement interdiction d'exercer une seconde activité rémunérée - les saloperies du genre "acadomia" recrutent des étudiants ayant besoin de beafsteack, pas des profs)
Mouais, c'est respecté cette interdiction ? Où c'est une question de nuance terminologique ? Les profs qui font du consulting, de la traduction ou qui publient dans leurs heures creuses, ça n'est pas une activité rémunérée ? Ou bien les honoraires et droits d'auteurs ne sont-ils pas considérés comme une rémunération ?

Sinon, très intéressante ton analyse Sisyphe. Je me permets d'ajouter : je suis pas sûre que les profs soient tous logés à la même enseigne. D'abord selon leur qualification, le type d'établissement etc. Mais aussi de la matière. Parce que pour ce qui est des corrections de copies et préparations de cours, il faut quand même avouer que les profs de sport ne sont pas trop épuisés. Je le dis sans complexe puisque j'ai des profs de sport dans mon entourage, qui entre proches disent franchement que leur boulot n'est pas très fatiguant, même s'ils crèveraient plutôt que de l'admettre en public. Je pense que les profs de sport est l'exemple extrême, je pense qu'il y a toutes les gammes entre eux et les profs les plus chargés. On pourrait envisager d'ajuster les heures de cours en fonction du travail "secondaire" attenant à chaque poste, mais je suppose qu'une telle révolution ne sera jamais possible...
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Sisyphe
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Post by Sisyphe »

ElieDeLeuze wrote:D'abord, si on veut faire travailler les profs VRAIMENT 35 heures, ça revient à réduire de façon drastique la masse de travail. :lol:
:c-com-ca: C'est ce qui est le plus agaçant dans cette affaire : Mme Royale (et sans doutes quelques autres avec elles) constate qu'une partie du travail des profs n'est techniquement pas "controlable"... Et en déduit que nécessairement ils en font le moins possible et n'atteignent même pas les 35 heures. Et il ne lui vient pas à l'idée que le fait qu'il ne soit pas controlable fait que, justement, il dépasse sans difficultés les 35 heures ; et c'est le cas. J'ai vu ma mère travailler pendant des années, j'ai vite appris que "à la maison" ne signifie pas "disponible". Un prof ne s'arrête pas de corriger quand sa montre indique 18 heures. Et l'on arrête pas le conseil de classe sous prétexte qu'il a duré plus de l'heure réglementaire.

Un jour ma mère m'avait dit en substance : "si je fais moins de quarante heures, c'est que j'ai oublié quelque chose ; si je fais plus de quarante-cinq heures, c'est que je me suis mal organisée"... Je ne fais pas de misérabilisme : les profs travaillent franchement plus que trente-cinq heures hebdomadairement, mais dans l'autre sens il y a les vacances qui équilibrent. Les profs travaillent, comme les autres employés de statut et de formation équivalents (à bac + 4/5), avec ni plus ni moins de zèle, de passion (la passion 24/24, c'est dur, dans tous les métiers du monde), de fainéantise, de chrai-bien-resté-au-dodo-ce-matin, :sleep: etc. ; mais le rythme et l'organisation du travail sont différents.
Mouais, c'est respecté cette interdiction ? Où c'est une question de nuance terminologique ? Les profs qui font du consulting, de la traduction ou qui publient dans leurs heures creuses, ça n'est pas une activité rémunérée ? Ou bien les honoraires et droits d'auteurs ne sont-ils pas considérés comme une rémunération ?
Il y a une marge de tolérance, dans tous les cas appréciée par le rectorat. En gros, tout ce qui est droit d'auteur, ça passe, que vous fassiez de l'édition scolaire ou parascolaire ( :) les seul vrai embeurrage d'épinards possible pour un prof - on raconte de salle des profs en salle des profs le cas d'Untel qui se paie cinq jours de ski par an depuis dix ans grâce à la réalisation d'un "profil d'un oeuvre" bien choisi), ou bien que vous publiez des romans policiers, de la "littérature" ( :-? perso je me méfie de la littérature à Goncourt écrite par des mauvais profs de français) ou du roman coquin, mais dans ce cas le Rectorat vous demande de prendre un pseudo :sun:

Le Rectorat tolère aussi ce qui relève de l'enseignement complémentaire (bouchage de trou) dans une structure institutionnelle, type fac, CNED, ANPE, etc. (ce qui peut tourner au "consulting" dans les deux derniers cas ; mais c'est un bien grand mot).

En revanche, on dit toujours (désolés, pas de chiffres à te donner, que des commentaires généraux tirés de lectures diverses, notamment syndicales) que le Rectorat ne veut pas que les profs aillent "pointer" ailleurs, même à mi-temps : le portage salarial n'est pas le bienvenu, le second emploi encore moins... Donc, derechef, les propos de Mme Royal sont crétins.

... J'ai dans mes connaissances (lointaines) un prof de techno qui cherche à commercialiser une horloge spéciale qu'il a inventée (ce serait un peu long à expliquer) : l'EN a "accepté" qu'il prenne un congé sans solde.

Tant qu'il s'agit d'emploi déclaré, l'interdiction est de facto respectée car la gestion du salaire des profs est un miracle quotidien (;) on cite toujours le chiffre astronomique du budget du ministère de l'EN, mais on oublie toujours de préciser que 90% part en salaires et pensions) : L'EN est une entreprise de plus de presque un million d'employés, avec un système de salaire méga-compliqué (la feuille de salaire de ma mère fait six pages, prime de 1,12 € pour sous-présidence de jury comprise) pour ainsi dire un seul DRH. Ils aiment pas les embrouilles, et toute autorisation suppose une demande en trois exemplaires avec tampon mais avez vous rempli le feuillet A2 et A4 disponible auprès du bureau Z6 entre 10h24 et 11h12 ?

Après, le prof d'allemand qui traduit au black, c'est son problème.

:) Il faut prendre un autre élément en compte : l'argent est une contre-valeur dans le monde des profs ; parfois jusqu'à l'absurde. Une salle des profs peut vous pardonner de voter pour Ségolène, mais pas de vous "faire du fric". Qui s'y lance s'expose à l'opprobre.
Sinon, très intéressante ton analyse Sisyphe. Je me permets d'ajouter : je suis pas sûre que les profs soient tous logés à la même enseigne. D'abord selon leur qualification, le type d'établissement etc. Mais aussi de la matière. Parce que pour ce qui est des corrections de copies et préparations de cours, il faut quand même avouer que les profs de sport ne sont pas trop épuisés. Je le dis sans complexe puisque j'ai des profs de sport dans mon entourage, qui entre proches disent franchement que leur boulot n'est pas très fatiguant, même s'ils crèveraient plutôt que de l'admettre en public. Je pense que les profs de sport est l'exemple extrême, je pense qu'il y a toutes les gammes entre eux et les profs les plus chargés. On pourrait envisager d'ajuster les heures de cours en fonction du travail "secondaire" attenant à chaque poste, mais je suppose qu'une telle révolution ne sera jamais possible...
Autrefois les profs de sport, musique et dessin étaient tenus à plus d'heures d'établissement que les autres. J'avoue que j'ignore si c'est toujours le cas.

:D Si le monde était beau, les ministres bienveillants, les budgets illimités... C'est vrai qu'il y a quelques injustices (je suis agrégé et je suis le premier à dire qu'il n'est pas très logique qu'un certifié fasse 18 heures quand il fait exactement le boulot d'un agrégé, et inversement mais le cas est plus rare, moyennement juste que l'agrégé ne fasse que quinze heures quand il est dans la position d'un certifié). Oui, je rêve moi aussi d'un "ticket" qui à tant d'heures de cours devant telle classe pour telle matière dans tel type d'établissement calculerait un nombre d'heure de travail perso estimée de façon juste et honnête, de façon à amener tout le monde à égalité.

Mais le monde n'est pas beau, les ministres rarement bienveillants, et les faucons (à mes yeux souvent vrais d'ailleurs) du "baissons les impôts des riches et les dépenses publiques" croassent de toute part (oui, je sais, le faucon ne croasse pas mais j'ai un trou là). Le statu quo n'a rien d'une machine à gaz : ça tourne. Et pis en matière d'educ' nat', il faut toujours envisager toutes les perversions possibles d'une bonne idée. Il y en a des centaines d'exemples.
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Maïwenn
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Post by Maïwenn »

Je suis une prof soumise à l'obligation de rester 33h minimum dans son établissement :roll: Comme à l'usine, je pointe le matin, et rebelote le soir. Et toute la semaine je compte mes heures pour être sûre d'arriver au nombre fatidique. Mais en fait je triche... Comme j'habite sur le campus, parfois je rentre chez moi, puis je reviens dé-pointer le soir. Pourquoi je triche ?

- Je trouve que ce contrôle est absurde. Où est la confiance ?

- Si je dois m'occuper d'activités le week-end, ce n'est pas comptabilisé. Et pourquoi pas ?

- Je suis absolument incapable de préparer mes cours à la fac. Pour ça j'ai besoin d'être chez moi, devant mon ordi (certes il est portable, mais je n'ai pas envie de le déplacer tous les jours), avec mes documents, et à mon rythme, quand je veux, pas forcément de 15h à 17h après le cours. Mon bureau est un open space avec une quinzaine d'autres profs, il y a toujours du passage, et comme je suis bavarde, difficile de se concentrer. Corriger des copies je veux bien, mais sûrement pas préparer quoi que ce soir.

Donc finalement je triche pour le bien même de l'université. Si je restais glandouiller à la fac, ce serait des heures de perdues, et peut-être que mon enseignement s'en ressentirait...

Pour ce qui est des heures de travail, c'est vrai que c'est complètement impossible à évaluer. Moi je fais plein de choses en même temps : je prépare un exo de grammaire en chattant sur MSN et en lisant le journal. Et puis, comme tous les profs, je suppose, la machine est toujours en route. Si je lis "femme actuelle" je regarde les pubs en cherchant les slogans qui me serviront d'exemples en cours, dans le bus je réfléchis à une activité pour mon prochain cours de conversation...

On choisit d'être prof aussi pour la liberté que ça procure. C'est dommage que la suspiscin de fainéantise en arrive là, et qu'on nous contrôle comme ça
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Post by miju »

Ancien président d’un conseil de parents d’élèves en ZEP je suis un farouche défenseur de l’école laïque et des profs d’une manière générale MAIS :

Il y a beaucoup de cas particulier à examiner de près en fonction des matières je pense à des profs du technique à côté de chez moi qui depuis 15 ans font prendre les mêmes mesures des mêmes rues à leurs élèves, je pense à mon ex voisin qui a donné à ces élèves les mêmes exos pendant des années etc

J’ai aussi été prof pendant une année scolaire pour des classes de BTS en compta dans le privé et là je peux dire que cela ne m’a pas surmené.
J'ai aussi souvent bossé pour des Greta et autres et il y a beaucoup à dire.

Dans mon club de vélo nous avions remarqué aussi que nos collègues profs étaient toujours parmi ceux qui pouvaient consacrer le plus de temps à l’entraînement.

Et tous ces genres d’exemple font que les profs sont si critiqués.

Je pense qu’il serait plus important de changer le regard des gens sur la profession de la revaloriser. Cela passe peut être par une plus grande ouverture de l’école au lieu de parler de Nb d’heures peut être faut –il se demander pourquoi l’instit qui était une personnalité il y a 40 ans n’est plus aujourd’hui considéré.

Ce qui est dommage c’est qu’un sujet aussi vaste et important ne puisse pas donner lieu à des débats plus serein et moins marqués par autant d’a prioris.

Evitons de généraliser (Parents) et acceptons de voir certaines réalités (profs).

Je repense à un exemple marrant qui montre bien les difficultés que rencontre certains profs :
Dans l’industrie nous avions accueilli pendant plus d’un mois un prof d’électricité qui pour rester dans le coup avait sollicité un stage. En fin de stage nous voulions lui donner une rétribution car il avait contribué à l’activité et comme ce n’était pas possible nous avions été obligé de monter une carambouille pas possible.
Avec tout le bonheur que se petafine dans le monde que d'heureux on pourrait faire. :roll:
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Post by Maïwenn »

Dans mon club de vélo nous avions remarqué aussi que nos collègues profs étaient toujours parmi ceux qui pouvaient consacrer le plus de temps à l’entraînement.
Oui, c'est vrai, les horaires sont généralement plus compatibles, et l'emploi du temps plus flexible. Mais les profs qui s'entraînent le soir en semaine corrigent peut-être des copies le dimanche après-midi, quand les autres font un barbec tranquille au soleil. Ce sont aussi souvent des profs qui s'occupent des associations, qui montent des projets culturels dans les villes. Ils ont le temps, et l'état d'esprit. S'ils n'étaient pas là, car pris par le travail, qui ferait tout ce boulot bénévole ? ;)

Les salaires des profs ne sont pas terribles pour des bac +5, il faut bien qu'il y ait d'autres avantages...

Après, je suis bien d'accord, les profs avachis qui rabachent les mêmes cours depuis 15 ans mériteraient un bon coup de pied aux fesses !
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Post by Latinus »

Maïwenn wrote:Et puis, comme tous les profs, je suppose, la machine est toujours en route. Si je lis "femme actuelle" je regarde les pubs en cherchant les slogans qui me serviront d'exemples en cours, dans le bus je réfléchis à une activité pour mon prochain cours de conversation...
Comme toute personne aimant son travail, en fait.
Cet "état de veille d'esprit" n'est pas l'apanage du prof et, en poussant cette réflexion au bout, autant envoyer toutes les pointeuses à la casse ;)
Les courses hippiques, lorsqu'elles s'y frottent.
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Post by iubito »

Latinus wrote:
Maïwenn wrote:Et puis, comme tous les profs, je suppose, la machine est toujours en route. Si je lis "femme actuelle" je regarde les pubs en cherchant les slogans qui me serviront d'exemples en cours, dans le bus je réfléchis à une activité pour mon prochain cours de conversation...
Comme toute personne aimant son travail, en fait.
Cet "état de veille d'esprit" n'est pas l'apanage du prof
Je confirme ;)
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A izza i ana sacranou
Askaratni kaasoun kaasoun khalidah
Ana mal' anou bihoubbinn raasikhinn
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Post by Maïwenn »

Latinus wrote:
Maïwenn wrote:Et puis, comme tous les profs, je suppose, la machine est toujours en route. Si je lis "femme actuelle" je regarde les pubs en cherchant les slogans qui me serviront d'exemples en cours, dans le bus je réfléchis à une activité pour mon prochain cours de conversation...
Comme toute personne aimant son travail, en fait.
Cet "état de veille d'esprit" n'est pas l'apanage du prof et, en poussant cette réflexion au bout, autant envoyer toutes les pointeuses à la casse ;)
Oui, je sais bien qu'il n'y a pas que les profs qui le font, pas il me semble que c'est plus poussé que pour beaucoup de professions. Quand je travaillais à l'office du tourisme ou bien que j'étais animatrice dans une école de langue, je n'avais pas besoin de rester en veille comme ça. C'était d'ailleurs appréciable, quand la journée de travail est finie, elle est vraiment finie. Mais j'adorais ces boulots, même plus que prof dans le cas de l'animation !
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