Ma belle-mère m'a posé une colle ce matin. Son manuel de français explique que après un article indéfini pluriel, si on a un nom suivi d'un adjectif, on dit "des" et si l'adjectif précède de le nom, on dit "de".
Exemple :
Elle a des enfants adorables
Elle a de beaux enfants
Seulement, le bouquin ne dit pas tout à fait ça, pour être précise, il dit "[dans le deuxième cas], l'article indéfini est remplacé par la préposition de". Et là, on a tiqué. Certes, c'est du chipotage, mais je me demande s'il est correct de parler ici de préposition ou s'il s'agit juste d'une autre forme de l'article indéfini, qui se trouve par hasard prendre la même forme que la préposition.
Question grammaticale de/des
Moderators: kokoyaya, Beaumont, Sisyphe
Question grammaticale de/des
Sonka - Сонька
It's crazy how the time just seems to fly
But for a moment you and I, we caught it
It's crazy how the time just seems to fly
But for a moment you and I, we caught it
- Sisyphe
- Freelang co-moderator
- Posts: 10956
- Joined: 08 Jan 2004 19:14
- Location: Au premier paquet de copies à gauche après le gros dico
"avoir de quelque chose" = complément d'objet massif. On désigne un objet considéré comme un tas compact dans lequel on ne choisit pas.
On met néanmoins toujours un article défini devant, car l'article défini français est assez faiblard. Il indique une définition "vague", qui peut être totalement générique (le chat est un félin). Ou en d'autre terme, la "massivité" introduite par la préposition "de" annule un peu la "définitude" (nan, nan, c'est pas du Ségolène, c'est comme ça dans les grammaires
) de l'article.
Bref : de + toujours un article défini singulier en français moderne*.
j'ai de la chance (la chance ne se compte pas, nom abstrait)
j'ai de l'eau (l'eau ne se compte pas, nom concret mais massif par nature)
j'ai du mépris pour lui (du = de+le)
j'ai du pain
La langue classique était plus logique, cf. encore "combien j'ai de peine à penser que vous m'avez trompé"
avoir quelque chose : complément d'objet direct non-massif. L'objet est en nombre défini. On peut donc avoir :
un article défini singulier : j'ai le dossier (que tu m'avais demandé)
un article défini pluriel : j'ai les enfants (avec moi, sous-entendu : les nôtres)
-> Dans ce cas, l'article a une valeur anaphorique ou cataphorique : il faut nécessairement qu'on en ait parlé avant (ou que ça soit sous-entendu : j'ai les enfants) ou qu'on en parle immédiatement après : le dossier que tu m'as demandé.
Dans ce cas, l'explicitation du nombre se fait par l'anaphore elle-même : j'ai déjà défini le nombre de l'objet dont je parle.
un article indéfini singulier : j'ai un chat
un articel indéfini pluriel[/i] : j'ai des chats
Il faut effectivement bien comprendre qu'il y a deux "des" en français qui n'ont rien à voir en synchronie :
- la contraction de+les : Il est originaire des Vosges
- l'article indéfini pluriel : j'ai des pommes
Dans "j'ai de beau enfants", en synchronie, il n'y a pas de préposition. On a deux constructions différentes du verbe "avoir" (avec ou sans "de").
*
Bien sûr il y a des points de contact : la différence entre
"j'ai / des beaux enfants" et
"j'ai de / beaux enfants"
est maigre. Le deuxième insiste un peu plus sur le côté "massif" en théorie...
On met néanmoins toujours un article défini devant, car l'article défini français est assez faiblard. Il indique une définition "vague", qui peut être totalement générique (le chat est un félin). Ou en d'autre terme, la "massivité" introduite par la préposition "de" annule un peu la "définitude" (nan, nan, c'est pas du Ségolène, c'est comme ça dans les grammaires

Bref : de + toujours un article défini singulier en français moderne*.
j'ai de la chance (la chance ne se compte pas, nom abstrait)
j'ai de l'eau (l'eau ne se compte pas, nom concret mais massif par nature)
j'ai du mépris pour lui (du = de+le)
j'ai du pain
La langue classique était plus logique, cf. encore "combien j'ai de peine à penser que vous m'avez trompé"
avoir quelque chose : complément d'objet direct non-massif. L'objet est en nombre défini. On peut donc avoir :
un article défini singulier : j'ai le dossier (que tu m'avais demandé)
un article défini pluriel : j'ai les enfants (avec moi, sous-entendu : les nôtres)
-> Dans ce cas, l'article a une valeur anaphorique ou cataphorique : il faut nécessairement qu'on en ait parlé avant (ou que ça soit sous-entendu : j'ai les enfants) ou qu'on en parle immédiatement après : le dossier que tu m'as demandé.
Dans ce cas, l'explicitation du nombre se fait par l'anaphore elle-même : j'ai déjà défini le nombre de l'objet dont je parle.
un article indéfini singulier : j'ai un chat
un articel indéfini pluriel[/i] : j'ai des chats
Il faut effectivement bien comprendre qu'il y a deux "des" en français qui n'ont rien à voir en synchronie :
- la contraction de+les : Il est originaire des Vosges
- l'article indéfini pluriel : j'ai des pommes
Dans "j'ai de beau enfants", en synchronie, il n'y a pas de préposition. On a deux constructions différentes du verbe "avoir" (avec ou sans "de").
*
Bien sûr il y a des points de contact : la différence entre
"j'ai / des beaux enfants" et
"j'ai de / beaux enfants"
est maigre. Le deuxième insiste un peu plus sur le côté "massif" en théorie...
La plupart des occasions des troubles du monde sont grammairiennes (Montaigne, II.12)
Re: Question grammaticale de/des
Je dirais que ce sont deux formes de l'article indéfini pluriel.svernoux wrote:Exemple :
Elle a des enfants adorables
Elle a de beaux enfants
La première forme est la forme sans adjectif: des enfants, et ensuite on rajoute simplement un adjectif (puisque le français fonctionne beaucoup de cette façon "de gauche à droite" en rajoutant des choses): des enfants adorables.
Le deuxième forme est utilisée juste avant un adjectif avec un certain caractère ancien ou soigné ou de style écrit: faire de grandes choses, voir de beaux paysages, alors qu'il me semble qu'à l'oral il y a hésitation entre les deux et on entend aussi: faire des grandes choses, voir des beaux paysages.
-- Olivier
Se nem kicsi, se nem nagy: Ni trop petit(e), ni trop grand(e):
Éppen hozzám való vagy! Tu es juste fait(e) pour moi!
Éppen hozzám való vagy! Tu es juste fait(e) pour moi!
- Sisyphe
- Freelang co-moderator
- Posts: 10956
- Joined: 08 Jan 2004 19:14
- Location: Au premier paquet de copies à gauche après le gros dico

Et les deux constructions sont un cas qui expliquent le passage de l'un à l'autre.
Mais en grammaire disons relativement "normative" (j'ai expliqué avec un ton doctoralojargonificatoirement linguistique mais dans l'optique que Svernoux réussisse à simplifier pour sa belle-mère) et en tout cas en synchronie, il faut partir du principe que "des" est un article indéfini pluriel et qu'il n'a rien avoir avec "de", sinon on ne s'en sort pas.
A côté du "des" = de + les véritable contraction (je reviens des Vosges)
L'enfant
Les enfants
Un enfant
Des enfants = substituabilité totale de "des" avec les autres articles ; "des" est un article.
(

La plupart des occasions des troubles du monde sont grammairiennes (Montaigne, II.12)
Sisyphe wrote:(j'ai expliqué avec un ton doctoralojargonificatoirement linguistique mais dans l'optique que Svernoux réussisse à simplifier pour sa belle-mère)


(en plus, pour ce qui est de ma belle-mère, laisse tomber, faudrait en plus lui traduire, t'es pas ouf toi avec des explications pareilles ?)
J'ai tellement rien compris que j'ai même pas compris quelle était ta conclusion : article ou préposition ?

Sonka - Сонька
It's crazy how the time just seems to fly
But for a moment you and I, we caught it
It's crazy how the time just seems to fly
But for a moment you and I, we caught it
- Sisyphe
- Freelang co-moderator
- Posts: 10956
- Joined: 08 Jan 2004 19:14
- Location: Au premier paquet de copies à gauche après le gros dico

le, la, les, un et" des n°1" dans "je vois des chats" = articles.
de = préposition.
-> "du" et "des n°2" = préposition + article fondu
Pour savoir si "des" est un article indéfini pluriel ou une préposition, on peut essayer de remplacer par un article indéfini singulier
Je vois des chats
Je vois un chat : "un" et "des" ont la même fonction, ce sont des articles.
Je reviens des sports d'hiver
*Je reviens un sport d'hiver
"des" n'a pas la même fonction que "un", mais il a la même fonction que "du". Donc, c'est le "des" qui équivaut à "de+les".
*
Donc : "de" n'est pas a mes yeux un article. C'est bien une préposition. C'est le verbe lui-même qui peut réclamer une construction prépositionnelle ou non.
C'est plus clair ?
La plupart des occasions des troubles du monde sont grammairiennes (Montaigne, II.12)
Oui c'est pluis clair sauf que si j'applique ta technique maison à mon exemple, j'arrive à la conclusion contraire :Sisyphe wrote:Donc : "de" n'est pas a mes yeux un article. C'est bien une préposition. C'est le verbe lui-même qui peut réclamer une construction prépositionnelle ou non.
C'est plus clair ?
elle a de beaux enfants
elle a un bel enfant
donc article => ???
Sonka - Сонька
It's crazy how the time just seems to fly
But for a moment you and I, we caught it
It's crazy how the time just seems to fly
But for a moment you and I, we caught it
(1) voir de beaux paysages
(2) voir des beaux paysages
Sisyphe, ce que tu dis montre qu'en diachronie (en regardant l'évolution), dans (1) c'est une préposition "(une quantité) de qc" et dans (2) c'est préposition + article défini (issu d'un démonstratif) "de+les" qui est devenu article indéfini pluriel.
Mais en synchronie (description à un moment donné: aujourd'hui), il me semble que (1) et (2) sont équivalents (avec juste une nuance de style ou de correction), et que le "de" dans (1) est à mettre dans la même catégorie que le "des" dans (2): article indéfini pluriel, puisque ce n'est pas une préposition qui irait avec le verbe "voir de qc".
-- Olivier
(2) voir des beaux paysages
Sisyphe, ce que tu dis montre qu'en diachronie (en regardant l'évolution), dans (1) c'est une préposition "(une quantité) de qc" et dans (2) c'est préposition + article défini (issu d'un démonstratif) "de+les" qui est devenu article indéfini pluriel.
Mais en synchronie (description à un moment donné: aujourd'hui), il me semble que (1) et (2) sont équivalents (avec juste une nuance de style ou de correction), et que le "de" dans (1) est à mettre dans la même catégorie que le "des" dans (2): article indéfini pluriel, puisque ce n'est pas une préposition qui irait avec le verbe "voir de qc".
-- Olivier
Se nem kicsi, se nem nagy: Ni trop petit(e), ni trop grand(e):
Éppen hozzám való vagy! Tu es juste fait(e) pour moi!
Éppen hozzám való vagy! Tu es juste fait(e) pour moi!