Gaullliste vs gaullien
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Gaullliste vs gaullien
Bonjour TLM. J'aimerais savoir quelle est la différence entre gaullliste et gaullien. Merci d'avance !
- Sisyphe
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- Joined: 08 Jan 2004 19:14
- Location: Au premier paquet de copies à gauche après le gros dico
Oui, mais elle est subtile.
"gaulliste" réfère entièrement à la pensée du général de Gaulle (d'ailleurs, en France, on dit toujours "du général"). Est gaulliste toute personne partageant les traits essentiels de la pensée du Général...
On dira de Jean-Louis Debré, l'ex-président de l'Assemblée Nationale et nouveau président du Conseil Constitutionnel (et fils de Bernard Debré, le "père" de la constitution de la Ve République) qu'il est un gaulliste.
On parlera aussi de "gaulliste historique" (alors qu'on ne dit jamais "gaullien historique") pour désigner les hommes et les femmes qui ont été proches du Général pendant la guerre, à Londres et dans la Résistance, et qui l'ont ensuite suivi durant toute sa carrière politique. Pierre Messmer et Jacques Chaban-Delmas, par exemple (il n'y en a plus beaucoup d'ailleurs, ils sont trop vieux maintenant).
Historiquement, le terme a d'abord été employé pendant la guerre par les Allemands et les collaborateurs, dans un sens dépréciatif. Mais il a surtout été récupéré après la guerre par les partisans du Général pour désigner leur courant politique.
"gaullien" réfère d'abord au personnage, à son histoire personnelle, et surtout à son "style". On parlera de l'épopée gaullienne. On dira aussi de Ségolène Royal parlant du Québec libre qu'elle est dans une posture gaullienne, alors qu'elle ne se revendique pas - ou peu - du gaullisme politique (au contraire puisqu'elle prétend vouloir modifier en profondeur la constitution). On ne parlera en revanche pas de deputé gaullien.
La subtilité vient d'une part de ce que le général n'a jamais théorisé (même s'il en a beaucoup et souvent parlé - et de façon stylistiquement magnifique, au passage) sa pensée politique. On peut certes en dégager quelques traits essentiels : l'indépendance de la France, une politique très critique face aux Etats-Unis, un certain centralisme politique, un certain dirigisme économique, le refus des partis et une politique sociale assez généreuse, mais elle s'étend sur un large spectre. L'homme de Gaulle était à titre personnel quelqu'un d'incontestablement conservateur (surtout sur les questions que nous dirions "sociétales"), mais il a admi autour de lui plusieurs tendances, il a toujours méprisé les partis à commencer par l'UDR qui prétendait le représenter, et il y a toujours eu des gaullistes de gauche (dont un des chefs de file disait : "l'UDR est au gaullisme ce que le bordel est à l'amour")...
... En ce sens l'étiquette "gaulliste" est ambiguë : Nicolas Sarkozy prétend incarner certains aspects du gaullisme, mais une frange de la droite (menée par Jean-Louis Debré et Dominique de Villepin) la lui conteste.
D'auntre part, il faut bien constater que le général distinguait mal lui-même sa pensée et son style. "Mettre les pieds dans le plat pour emmerder les Américains" (le Québec libre au Canada, le discours anti-guerre du Viêt-Nâm à Phnom-Phen) faisait, à ses yeux, partie de sa pensée politique.
"gaulliste" réfère entièrement à la pensée du général de Gaulle (d'ailleurs, en France, on dit toujours "du général"). Est gaulliste toute personne partageant les traits essentiels de la pensée du Général...
On dira de Jean-Louis Debré, l'ex-président de l'Assemblée Nationale et nouveau président du Conseil Constitutionnel (et fils de Bernard Debré, le "père" de la constitution de la Ve République) qu'il est un gaulliste.
On parlera aussi de "gaulliste historique" (alors qu'on ne dit jamais "gaullien historique") pour désigner les hommes et les femmes qui ont été proches du Général pendant la guerre, à Londres et dans la Résistance, et qui l'ont ensuite suivi durant toute sa carrière politique. Pierre Messmer et Jacques Chaban-Delmas, par exemple (il n'y en a plus beaucoup d'ailleurs, ils sont trop vieux maintenant).
Historiquement, le terme a d'abord été employé pendant la guerre par les Allemands et les collaborateurs, dans un sens dépréciatif. Mais il a surtout été récupéré après la guerre par les partisans du Général pour désigner leur courant politique.
"gaullien" réfère d'abord au personnage, à son histoire personnelle, et surtout à son "style". On parlera de l'épopée gaullienne. On dira aussi de Ségolène Royal parlant du Québec libre qu'elle est dans une posture gaullienne, alors qu'elle ne se revendique pas - ou peu - du gaullisme politique (au contraire puisqu'elle prétend vouloir modifier en profondeur la constitution). On ne parlera en revanche pas de deputé gaullien.
La subtilité vient d'une part de ce que le général n'a jamais théorisé (même s'il en a beaucoup et souvent parlé - et de façon stylistiquement magnifique, au passage) sa pensée politique. On peut certes en dégager quelques traits essentiels : l'indépendance de la France, une politique très critique face aux Etats-Unis, un certain centralisme politique, un certain dirigisme économique, le refus des partis et une politique sociale assez généreuse, mais elle s'étend sur un large spectre. L'homme de Gaulle était à titre personnel quelqu'un d'incontestablement conservateur (surtout sur les questions que nous dirions "sociétales"), mais il a admi autour de lui plusieurs tendances, il a toujours méprisé les partis à commencer par l'UDR qui prétendait le représenter, et il y a toujours eu des gaullistes de gauche (dont un des chefs de file disait : "l'UDR est au gaullisme ce que le bordel est à l'amour")...
... En ce sens l'étiquette "gaulliste" est ambiguë : Nicolas Sarkozy prétend incarner certains aspects du gaullisme, mais une frange de la droite (menée par Jean-Louis Debré et Dominique de Villepin) la lui conteste.
D'auntre part, il faut bien constater que le général distinguait mal lui-même sa pensée et son style. "Mettre les pieds dans le plat pour emmerder les Américains" (le Québec libre au Canada, le discours anti-guerre du Viêt-Nâm à Phnom-Phen) faisait, à ses yeux, partie de sa pensée politique.
La plupart des occasions des troubles du monde sont grammairiennes (Montaigne, II.12)