PSAJ wrote:Je dirais même plus, les langues Baltes et Slaves sont sans doute les langues les plus proches des schémas originels indo-européens sur bien des points :
- nombre de cas
- système tonal
- système verbal (perfectif/imperfectif)
- nombre/genre (singulier/duel/pluriel, masculin-féminin-neutre)
etc...
Je ne sais quel imbécile les avaient même qualifiés de langues archaïques...
Patrice

Comme disait autrefois la marionnette de Jean-Michel Larqué aux Guignols "oulàlà, Thierry, oulàlà...".
Le jour où l'on saura exactement ce que c'est que le schéma originel indo-européen, je promets de faire des posts courts.
Bien sûr, l'idée est loin d'être fausse : sur le plan des
catégories, les langues slaves ou du moins certaines d'entre elles (disons les groupes occidentaux et orientaux) sont assez conservatrice par rapport à "l'indo-européen à huit cas" (enfin, à "six cas et demi plus le vocatif"), c'est-à-dire
un des modèles ou états de langue de l'i.e., celui qui est incontestablement le plus "pédagogique" puisqu'il permet de rendre compte du maximum de correspondances, et peut-être celui qui le plus récent dans l'étagement des différents PIE...
Et je suis le premier à m'appuyer sur ce que je connais du PIE pour non pas "apprendre à parler" mais "apprendre à connaître" chacune des langues filles (c'est la différence entre piloter un avion et réparer un avion).
... Il me semble quand même que le duel n'existe réellement qu'en slovaque, ce qui autorisait d'ailleurs Humbert à traiter cet idiome de "langue de paysans", au nom de l'idée que le concret ("deux" est une réalité concrète) est moralement inférieur à l'abstrait ("plusieurs"). Chose absurde évidemment.
... À l'inverse, l'opposition d'aspect perfectif/imperfectif n'a, à ma connaissance, rien de typiquement PIE, en tout cas pas du tout sous la forme systématisée où elle se présente en slave et en germanique (et là seulement).
Mais on pourrait dire à l'inverse que sur le plan des formes, on est
très loin de la source. La neutralisation de l'opposition nominatif/accusatif partout sauf au singulier de la première déclinaison, par exemple, c'est assez fort de café (cela dit, on la retrouve en arménien [compte non tenu de la nota accusativi], ça fait réfléchir... ; de même que le système verbal assez riquiqui du point de vue des temps synthétiques (je parle du russe, j'ignore ce qu'il en est pour les autres). Sans parler des types de présents où je ne reconnais rien, encore moins qu'en allemand.
Si l'on parle de phonétique, à l'inverse, je m'y retrouve très bien dans les désinences verbales (-iou, -ch, -t, -m, -te, -iout, c'est presque du latin !), alors que les nominales sont nettement plus obscures, surtout au pluriel.
Enfin bref : il faut toujours être très prudent quand on parle de "vitesse d'évolution" d'une langue, surtout par rapport à point de départ inconnu.
Figurez vous que pour la première fois de ma vie, je lis Saussure

! Bin oui, toutes ces années, j'ai appris à maîtriser sa pensée dans ses recoins, mais je n'avais jamais trouvé le temps de lire bêtement le
Cours de linguistique générale du début à la fin ; et je découvre qu'il avait dit, en plus du fatras habituel signifiant-signifié-arbitraire-amen, des tas de choses qu'on a parfois eu tendance à oublier ensuite, ou à réinventer à grands coups de trompette : le danger des chronologies relatives, p.295, ou la différence entre langue et "ethnisme" au chapitre suivant.

C'était la minute linguistique de Sisyphe qui se remet à sa thèse et dont le bureau est à nouveau jonchée d'indoeuropéeneries... (Cela dit faut vraiment que je m'y mette au slave).
La plupart des occasions des troubles du monde sont grammairiennes (Montaigne, II.12)