Bonsoir,
Je souhaiterais avoir une correction sur trois phrases que j'ai traduites (thème) :
Peux-tu regarder la figure de celui dont tu es méprisé ?
Potesne faciem cujus contemptus es aspicere ?
Alors s'avancèrent les éléphants dont l'aspect effrayait les Romains.
Tunc profecerunt elephantus, quorum aspectus romanos terrebant.
On entendit dans la caverne des sons dont les plus graves étaient semblables à des pleurs.
Audivimus in caverna sonores, quorum fortissimi sonores similes erant fletuum.
L'attention est portée sur les pronoms relatifs. J'ai tenté de faire une utilisation cohérente du dont et de ne pas utiliser à tour de bras le cujus et quorum, mais ce n'est pas facile.
Merci beaucoup,
Thème latin
Moderators: kokoyaya, Beaumont, Sisyphe
- Sisyphe
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D'abord une faute "bête" (mais courante) : le traditionnel "faux-ami grammatical" du parfait passif. Ecris en gros au-dessus de ordinateur "amatus sum = j'ai été aimé". "Tu es méprisé", c'est du présent, donc c'est "contemneris".Peux-tu regarder la figure de celui dont tu es méprisé ?
Potesne faciem cujus contemptus es aspicere ?
Ensuite, le spaghetti des relatives. Raisonne en termes d'analyse logique, et jamais de langue français.
"la figure de celui dont tu es mpérisé"
a) Ou est le relatif : "dont".
b) Quel est son rôle logique dans la relative : "dont tu es méprisé = tu es méprisé par" = complément d'agent. Attention, tous les "dont" français ne marquent pas un complément du nom".
Donc "tu es méprisé par la figure de cet homme par lequel [homme] tu es méprisé". Là est le sens de la phrase.
À toi de finir....
Alors s'avancèrent les éléphants dont l'aspect effrayait les Romains.
Tunc profecerunt elephantus, quorum aspectus romanos terrebant.
Primo, une faute très très bête : "élephant", c'est "elephantus, i, deuxième déclinaison". Or, ils sont plusieurs ! => elephanti.
Une majuscule à "Romanos" (la règle, en thème latin, c'est d'en mettre à tous les ethniques, qu'ils soient noms ou substantifs).
À l'inverse, je pense que "aspectus" aurait pu rester au singulier (c'est un abstrait : c'est l'aspect de chaque éléphant qui terrebat Romanos").
Sinon, le quorum ne me dérange pas.
On entendit dans la caverne des sons dont les plus graves étaient semblables à des pleurs.
Audivimus in caverna sonores, quorum fortissimi sonores similes erant fletuum.
"On" : là, je mettrais plutôt un passif personnel (="des sons étaient entendus").
Sonor, oris existe, mais n'est pas classique. Trouves-en un autre.
"Fortis" ne signifie jamais "fort", et surtout pas pour un son. Faux-sens.
Inutile de répéter "sonores", c'est même un pléonasme (précisément, la relative permet de l'éviter.
Sinon, là encore, pas de problème pour le "quorum".
L'attention est portée sur les pronoms relatifs. J'ai tenté de faire une utilisation cohérente du dont et de ne pas utiliser à tour de bras le cujus et quorum, mais ce n'est pas facile.
Le but n'est pas "d'éviter" cujus et quorum puisqu'il n'y en a de toute façon pas d'autres. Mais de faire attention aux cas, nombreux, où "dont" représente autre chose qu'un complément du nom.
Ah, ça me manque le thème latin... Voire le latin tout court.
Lettres sup' ?
La plupart des occasions des troubles du monde sont grammairiennes (Montaigne, II.12)
-
- Guest
Ah !, merci de cette correction détaillée. Oui, je suis bien en lettres sup'. C'est l'horreur, ça se voit même dans les phrases que l'on doit traduire...
Bon, j'ai tenu compte de tes remarques, très utiles pour la première notamment.
1. Tunc profecerunt elephanti, quorum aspectum Romanos terrebant.
2. Potesne hujus hominis faciem aspicere quo contemneris ?
3. Sonos in caverna audiebantur, quorum vehementes similes erant fletuum.
Pour la deuxième, je crains que cela ne forme un gloubi-boulga barbare. Est-ce que je peux remplacer le 'hujus hominis' par 'illius', pour conserver l'indistinction de la phrase française ?
Pour la troisième, j'ai trouvé 'sonus, i', attesté par Félix, donc je ne pense pas qu'il y ait un problème. J'ai tenté de rendre la phrase passive, je pense que c'est bon. Enfin, j'ai remplacé 'fort' par 'vehemens, entis'. Si ça s'écarte légèrement de 'fort', cette fois ce n'est plus un faux sens.
Merci beaucoup,
Bon, j'ai tenu compte de tes remarques, très utiles pour la première notamment.
1. Tunc profecerunt elephanti, quorum aspectum Romanos terrebant.
2. Potesne hujus hominis faciem aspicere quo contemneris ?
3. Sonos in caverna audiebantur, quorum vehementes similes erant fletuum.
Pour la deuxième, je crains que cela ne forme un gloubi-boulga barbare. Est-ce que je peux remplacer le 'hujus hominis' par 'illius', pour conserver l'indistinction de la phrase française ?
Pour la troisième, j'ai trouvé 'sonus, i', attesté par Félix, donc je ne pense pas qu'il y ait un problème. J'ai tenté de rendre la phrase passive, je pense que c'est bon. Enfin, j'ai remplacé 'fort' par 'vehemens, entis'. Si ça s'écarte légèrement de 'fort', cette fois ce n'est plus un faux sens.
Merci beaucoup,
- Sisyphe
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Profites-en, ça me manque tous les jours que Juppiter fait.Ah !, merci de cette correction détaillée. Oui, je suis bien en lettres sup'. C'est l'horreur, ça se voit même dans les phrases que l'on doit traduire...
Enfin, je commence à me demander si je vais pas y demander un poste un de ces jours. Ca me manque trop, le latin de haut-niveau.
À la réflexion, "proficio" ne me paraît pas très glop comme verbe pour "s'avancer" en parlant d'éléphant ; bon, cela étant, Gaffiot cite une phrase de César, alors si César dit... (moi j'aurais cherché dans les composés de gradior : adgredior, ingredior, progredior...).1. Tunc profecerunt elephanti, quorum aspectum Romanos terrebant.
Je t'ai demandé de mettre "aspectus" au singulier nominatif, pourquoi le mettre à l'accusatif ? (c'est un mot de la quatrième : aspectus, us). Et dans ce cas, il faut accorder terreo au singulier aussi.
2. Potesne hujus hominis faciem aspicere quo contemneris ?
J'ai rajouté homo dans un but purement pédagogique, mais on peut l'omettre en français comme en latin.
On peut hésiter à mettre "quo..." si l'on considère qu'on est méprisé par la figure ou "a quo" si l'on considère que l'on est méprisé par l'individu, être animé. Il me semble que la phrase française ne laisse entendre aucune métonymie, donc je mettrais plutôt "a quo".
Sauf à faire du latin épigraphique dialectal et archaïque, où effectivement l'on peut trouver cette forme, "sonos" ne me semble pas être un nominatif pluriel...3. Sonos in caverna audiebantur, quorum vehementes similes erant fletuum.
De plus, ta phrase disait "on entendit" et non "on entendait", donc j'attends plutôt un beau parfait passif pour audio.
Attentio, ton superlatif en soi était juste ; et c'est même la condition sine qua non pour pouvoir utiliser le relatif génitif pluriel (puisque le superlatif a son complément au génitif partitif), litt. "desquels plus plus graves..."
"vehemens" ne passe pas non plus pour un son (encore moins même) ; il a à peu près le même sens qu'en français.
Faisons un point de méthodologie ; quand on fait du thème latin, on doit chercher les mots :
1. Dans sa tête ; la pratique doit faire qu'on possède normalement la plupart des mots les plus courants. Et souvent, quand on a du mal à traduire un mot français, c'est qu'il correspond à un de ces mots "emmerdeurs" des versions latines, ceux qui veulent tout dire : peto, animus, ago, quaero, adhaeresco, ingenium, gens...
[la pratique est encore courte en lettres sup mais ça ira de mieux en mieux, rassure-toi]
2. Dans le Gaffiot, en partant de ce qui est probable, ou des grandes familles de mots : tous les composés de gradior, de ago, de esse, etc.
3. Dans le petit dico de thème, genre Hatier.
4. Dans le gros Edon, uniquement pour : a) les termes rarissismes
(genre belette ou pelle à tarte), b) quand on est vraiment désespéré.
Et dans cet ordre !
Là, typiquement, tu ne trouveras pas quel mot signifie "grave" quand on parle
d'un son si tu cherches dans un petit dico de thème (le hatier).
En revanche, puisque tu as déjà trouvé "sonus" qui effectivement va très bien, va donc regarder dans le Gaffiot s'il ne donnerait pas la réponse... [et il la donne !]
En termes savants, c'est ce qu'on appelle une "collocation" avec deux l : l'association fréquente d'un mot avec un autre. Pour prendre un exemple que j'ai récemment rencontré avec un étudiant que je collais, on dit en français "lancer un assaut", alors qu'on dit en latin "impetum effundere" (litt. répandre).
De même qu'en version, le "nez sur la feuille" aboutit chez 80% des étudiants de première année à écrire une horreur du genre "les Gaulois répandirent un assaut".
De même en thème, le "un mot par un mot" aboutira à écrire une horreur du type "jacere impetum" qui ne veut rien dire.
En version, il suffit de savoir parler français (ou d'aller vérifier dans un dico de français).
En thème, il suffirait de savoir parler latin mais ça personne ne le peut, mais en tout cas, il "suffit" de bien demander à Félix.
La plupart des occasions des troubles du monde sont grammairiennes (Montaigne, II.12)
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- Guest
1. Tunc profecerunt elephanti, quorum aspectus Romanos terrebant.
2. Potesne illius faciem aspicere a quo contemneris ?
3. Soni in caverna auditi sunt, quorum gravissimorum similes erant fletuum.
Pour 'aspectus', je ne pense pas bien comprendre. 'Aspectus' était au nominatif singulier dans ma première phrase. C'est bien 'aspectus, us, masc.', non ? Pour 'proficio', je fais confiance à César (eh, eh).
Ok pour la deux, mais est-ce que mon utilisation de 'illius' est correcte ?
Pour la trois, mille pardons, j'ai commis une faute de déclinaison. J'ai aussi rectifié cette malheureuse conjugaison. Et en plus, j'aurais dû y penser avant. En recopiant sur ma fiche de travail, j'ai mis 'fort' et non 'grave', c'est pourquoi je suis resté obnubilé par ce 'fort'. Ah çà, ce Félix, que ne feray je sans luy...
Le latin est une langue infernale (bon en même temps je mélange dissertation sur le suffrage universel, le vocabulaire d'anglais, et les traducs de latin...). Vous êtes professeur en lycée ? Où ?
2. Potesne illius faciem aspicere a quo contemneris ?
3. Soni in caverna auditi sunt, quorum gravissimorum similes erant fletuum.
Pour 'aspectus', je ne pense pas bien comprendre. 'Aspectus' était au nominatif singulier dans ma première phrase. C'est bien 'aspectus, us, masc.', non ? Pour 'proficio', je fais confiance à César (eh, eh).
Ok pour la deux, mais est-ce que mon utilisation de 'illius' est correcte ?
Pour la trois, mille pardons, j'ai commis une faute de déclinaison. J'ai aussi rectifié cette malheureuse conjugaison. Et en plus, j'aurais dû y penser avant. En recopiant sur ma fiche de travail, j'ai mis 'fort' et non 'grave', c'est pourquoi je suis resté obnubilé par ce 'fort'. Ah çà, ce Félix, que ne feray je sans luy...
Le latin est une langue infernale (bon en même temps je mélange dissertation sur le suffrage universel, le vocabulaire d'anglais, et les traducs de latin...). Vous êtes professeur en lycée ? Où ?