Car0line wrote:Un autre exemple: διαγράφω (effacer) imparfait: διέγραψα
Mais peut-être qu'ici on a l'influence du verbe γράφω??
Merci Caroline!
Je remarque aussi, et surtout que le -α- s'est effacé devant le -έ- accentué... Bon, ça semble logique a priori, mais encore faut-il garder à l'esprit le rôle sémantique du préverbe (qui est facilement reconnaissable). En fait, il fonctionne un peu comme ça: on ne dit pas θέλω αν με/μου αγαπάς mais θέλω αν μ'αγαπάς (ça vient d'une chanson, mais je ne sais plus trop laquelle). Si vous voyez ce que je veux dire.
J'aurais voulu utiliser des termes plus linguistiques, mais cette élision ne touche pas que les pronoms, mais aussi des prépositions, et, si je ne me trompe pas, le préverbe.
Non, cette élision (pour parler correct') remonte au grec ancien. Cela fait partie des dizaines de "micro-variations" (ou phénomènes de phonétique syntactique, ou samdhi) des prépositions qui embêtaient tant Gmaud plus haut : (en premier la forme "zéro" de la préposition/préverbe, ensuite ses variations) :
En grec ancien, c'est une fausse difficulté (;) comme l'alphabet !). Je me souviens de m'être moi-même effrayé de devoir apprendre les transformations de ἐν, et en fait, très vite, c'est totalement spontané. Ce n'est pas plus difficile que de transformer "enlaidir" en "embêter" ou "contester" en "commissaire" ou encore "intraitable, impossible, irréalisable".
Dans l'exemple de Caroline, si διαγράφω continue de faire διέγραψα depuis le grec ancien (pas bougé d'un iota...), c'est que :
- γράφω continue d'exister tout seul.
- on comprend bien le rôle de δια ("à travers", quand on efface un tableau, c'est clair).
- et que l'on arrive vaguement à deviner le sens du premier dans le deuxième (par exemple, si j'efface mon tableau noir, je traverse (dia) et je détruis ce que j'ai écrit (graphô)... Ce qu'on appelle une "étymologie synchronique"...
... En fait, historiquement ("l'étymologie diachronique"), c'est faux : γράφω signifiait en fait "graver, inciser, sculpter" (d'où écrire, à l'origine sur un support solide ou semi-solide, pierre ou cire), et pour effacer une tablette de cire ou une inscription sur la pierre, on grave en diagonale pour retirer une couche. Mais l'important est que le locuteur arrive à croire qu'il a un sens au préverbe et un autre au verbe.
Ce genre de phénomène existe dans toutes les langues. Pour qu'un truc compliqué se maintienne dans la conjugaison, il faut :
- Soit que le locuteur arrive à y trouver une logique (διαγράφω)
- Soit que le verbe soit très très courant (υπάρχω)
Entre les deux, on aura toujours tendance à régulariser.
La plupart des occasions des troubles du monde sont grammairiennes (Montaigne, II.12)
D'accord. Ceci dit, pas de majuscule à dieu et je ne suis pas sûr que des arbres puissent être "efficaces". Je dirais plutôt "... sont en bonne santé et produisent des fruits" (pour l'élégance du français, on est obligé de couper le verbe être en deux). Mais la construction est comprise.
J'ai hâte d'avoir les suivantes !
La plupart des occasions des troubles du monde sont grammairiennes (Montaigne, II.12)
Phrase un : ce n'est pas "oi douloi" mais "ta tôn doulôn paidia", avec un génitif enclavé une fois de plus. Vous n'avez pas traduit ta paidia.
Phrase deux :
a) hoti a plusieurs sens, mais certainement pas celui que vous avez donné (pour avoir ce sens-là, il faudrait qu'il fût écrit en deux mots : ὅ τι parfois même pour bien faire comprendre, on met une virgule au milieu ὅ,τι), et de toute façon ce serait du neutre. Cherchez ὅτι tel quel dans le dico.
b) ippeuomen n'est pas une troisième du singulier. Erreur de personne.
Phrase trois : τοὺς τοῦ σοϕοῦ Δημοκρίτου λόγους, encore une fois vous avez du mal avec les génitifs enclavés. Le COD c'est tous logous, et ces logous sont deux du sage Démocrite.
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