LaPeppApolide wrote:Par contre, et ça m'intrigue, vous (les gens sur ce forum etc) n'allez pas me dire qu'il suffit d'avoir un bon A et de se débrouiller avec un dico pour une langue passive pour pouvoir s'autoproclamer traducteur de la dite langue?! (Ce n'est pas ce qui a été écrit texto, mais c'est un peu le message que ça transmet). Ou si? Si oui je sors mon allemand scolaire et c'est la fête à mon CV

Euh... Si, ça peut presque suffire... Mais ça dépend de pas mal d'autres choses. Avec un allemand scolaire, ça ne suffit pas. Avec une langue bien maîtrisée, pourquoi pas ? Il y a encore d'autres choses qu'il faut avoir, ce sont les techniques de traduction et la spécialisation. Mais ça, une fois que tu les as pour une langue, tu les as peu ou prou pour d'autres. Dans ce cas de figure, le challenge est surtout d'apprendre le vocabulaire de spécialité dans la nouvelles langue, mais effectivement un bon dico (et pas seulement) permet d'y arriver.
Donc je résume pour ne pas laisser traîner d'ambiguïté sur ce forum : n'importe qui qui n'a jamais traduit, parle vaguement une langue et a un dico peut-il devenir traducteur : non (enfin il peut mais il va dans le mur). Un traducteur expérimenté, qui maîtrise une autre langue et maîtrise l'utilisation des ressources terminologiques peut-il ajouter cette langue à ses combinaisons : oui, pourquoi pas.
Par contre pour ton CV, si tu as déjà trois langues étrangères, c'est pas la peine d'aller dépoussiérer l'allemand...
LaPeppApolide wrote:Plus sérieusement: et si on parlait du niveau nécessaire en langue passive?
Comment autoévaluer ses compétences linguistiques? Comment savoir si il vaut mieux s'abstenir ou se lancer? Car - dico ou pas- on risque toujours de faire des fautes à cause de nuances mal comprises voire ignorées par ignorance, non?...Quoique, c'est pas de traduction littéraire dont il est question ici.
Mais même une fois que tu t'es lancé, que tu crois être un pro, tu risques
toujours de faire une erreur par nuance mal comprise ou ignorée. Donc le premier pas, c'est d'accepter la notion de risque et, donc, l'humilité. Le deuxième élément essentiel, c'est le travail d'équipe. Si tu as la chance de trouver un emploi salarié à la sortie de tes études (dans une boîte où tu n'es pas seule), je te le recommande : c'est très mal payé en général, mais on apprend beaucoup de choses au contact de collègues, généralement plus expérimentés. Et notamment, ils peuvent pointer du doigt des erreurs récurrentes (que ce soit en compréhension ou pas), mais c'est particulièrement important pour les erreurs de compréhension. Car un collègue te le dit et tu apprends, un client ne te le dira pas forcément. Ensuite, quand tu travailles à ton compte : si tu travailles pour une agence, normalement elle devrait faire relire ton travail par une autre personne compétente. Si elle ne le fait pas, c'est elle qui prend le risque, pas toi. Si tu travailles pour un client direct, tu peux décider d'ajouter la relecture par un collègue à ton offre de service, ça se pratique couramment. Et là, à nouveau, tu diminues le risque. Bien sûr, le risque zéro n'existe pas, la traduction est une activité humaine. Mais si tu travailles avec des gens compétents qui font leur boulot sérieusement, il ne devrait pas rester d'erreurs de compréhension après une relecture soignée, ce qui peut rester ce sont des coquilles car il peut arriver que même deux paires d'yeux passent dessus sans les voir.
Et enfin, quand tu as un doute, relecture ou pas, la règle d'or est de demander : à des copains, collègues, qui sont soit traducteurs, soit du métier de ta spécialité, soit de langue maternelle de ta langue source, sur des forums (de confiance) par internet, ou au client. Ce que les débutants ignorent généralement : oui, on peut poser des questions au client sans passer pour un idiot (à condition qu'elles soient ciblées et justifiées bien sûr) et bien au contraire, il
faut les poser s'il subsiste le moindre doute : tu améliores la qualité de la traduction et le client est généralement satisfait, parfois ça lui permet même de corriger son texte source incorrect.
Après d'une manière générale, on peut recommander de lire beaucoup, de pratiquer ses langues sources... Mais bon, ça c'est plus flou. Si tu traduis dans le domaine littéraire, marketing, créatif, publicitaire, textes généralistes (ce qui est à mon avis là où on risque le plus de tomber sans le savoir sur des expressions idiomatiques), oui, lire beaucoup la presse aidera. Mais dans un domaine technique, il y a somme toute peu de pièges, une fois qu'on connaît bien son domaine.
Ah et puis du coup, j'ai pas répondu à ta première question sur le niveau de langue. C'est pas bien simple... Peut-être passer un test de niveau européen ? Sinon je dirais qu'il faut la parler couramment et être à l'aise avec à l'écrit. Bon je vais prendre un exemple : pour moi, en allemand, il faut maîtriser ses déclinaisons. Mieux tu les maîtrises, plus tu seras à l'aise en toutes circonstances. Après j'ai pas mal de collègues qui ne les maîtrisent pas vraiment à 100 % et qui s'en sortent bien. C'est plus ou moins gênant selon les domaines. Ces collègues ne font pas de juridique. Quelqu'un qui veut faire du juridique depuis l'allemand, je lui dis : bosse tes déclinaisons ou oublie. On a parfois des phrases d'une demi-page (j'en ai même eu d'une page une fois) avec le sujet et les compléments qui se baladent dans n'importe quel ordre, donc si on n'est pas rigoureux, soit on tombe à côté de la plaque, soit on ne comprend rien du tout au texte.