Freduss wrote:Olivier wrote:Freduss wrote:Et si le langage des synoptiques est fruste - d'ou ces répétitions systématiques de "kai" en guise d'entame de phrase j'imagine ? -
Non, ça c'est de l'hébreu ou de l'araméen, avec w- "et" qui sert pour un peu tout. Le "vrai" grec a des quantités de façons de lier une phrase à la précédente, mais la "koiné" locale (le globish de l'époque) ne se préoccupait pas trop de ça.

-- Olivier
Cela indique que la rédaction initiale s'est réalisée en araméen, (hébreu écrit déjà peu pratiqué à cette époque ?) puis transposée en grec ?
On en discute depuis deux siècles... Comme de savoir si ces "kai" sont des aramaïsmes, une marque d'oralité (sur ce point, mes élèves sont étonnamment araméens ! "Et puis il fait ça. Et puis il dit que. Et puis il montre que." J'appelle ça la "mitraillette à et"), ou une servilité de la "Grundquelle" elle-même envers le texte de la Septante, qui est lui-même plein de "et", pour le coup par aramaïsme véritable.
C'est vrai que le grec a de magnifique "men, de, ge, goûn, gar" etc. qui font les tortures des candidats au thème grec de l'agrégation et les joies des thésards de grec en manque de sujet ( l'ouvrage de référence étant les
Greek particles de Denniston - pour certains profs de grec, c'est la torah). C'est vrai aussi qu'à mon avis, le vendeur de poisson de base et la prostituée ordinaire du port du Pirée ne devaient pas les employer autant qu'on veut bien le dire. Pas plus que mes élèves que je torture à mon tour pour qu'ils mettent un minimum de "car, donc, parce que, cependant, en effet" dans leurs dissertations.
"Maman, j'ai faim - oui, mon chéri, il y a de la soupe - Beurk, j'aime pas la soupe - tu la manges, sinon c'est deux baffes".
"Ô mère, assurément, j'ai faim, par conséquent, je voudrais manger - C'est pourquoi, mon enfant, il y a de la soupe - Certes, mère, cependant, je n'aime pas soupe - Nonobstant, mon fils, je t'intime l'ordre la manger, faute de quoi, il y a aura en effet deux baffes".
Les fameux connecteurs du grec, c'est un peu le deuxième choix...
Savoir si le proto-Luc parlait un vrai grec, mais a mis des "kai" rien que pour faire plus araméen, ou si c'était un araméophone qui baragouinait le grec de bazar comme Yasser Arafat l'anglais de CNN, ou si le proto-Matthieu était purement araméophone mais qu'un "Matthieu intermédiaire" parfaitement hellénophone l'a traduit sans oser toucher à la syntaxe par scrupule religieux... Et qu'entre-temps, le mystérieux Q arrive pour tout compliquer...
Tout cela me semble vanitatesque...
La plupart des occasions des troubles du monde sont grammairiennes (Montaigne, II.12)