Anuanua wrote:Je me demande si tout ça ne serait pas qu'une ressemblance phonétique entre deux langues, comme il en existe tant? Des homophones ou quasi-homophones mais pas dans la même langue. Un qu'on entend souvent au Québec est entre phoque et son homophone anglophone que tout le monde connaît, mais il y en a une multitude d'autres. Je pense à "nui" ("grand" en tahitien) et "nuit" (contraire de jour en français) ; "mare" (prononcé "meir" : "jument" en anglais) et mer (étendue d'eau) ...à moins qu'on parle plus ou moins de madame la mairesse?
Ce ne sont évidement que trois illustrations parmi des millions. Ainsi, je me demande s'il n'y aurait pas une parenté entre "mourn" (deuil) et morne (triste) ;
En effet, "morne" vient du germanique *maurnan, tout comme le mot anglais.
entre mont (prononcé maoünt en anglais) et morn (colline)...?
"Mount" est de toute façon un mot emprunté au français. Selon l'étymologie la moins improbable donnée par toutes les sources mentionnées, "morne" peut effectivement venir de "morro", mais le problème est que le mot "morro" n'a lui-même aucune étymologie. Il ne peut pas venir de *montem (> mont > mount), rien n'expliquerai la disparition du groupe -nt-. On évoque pour ce mot une racine préromane, *murr, "éminence (qu'on retrouverait dans "moraine"). D'un côté, il est incontestable que les "mots de la montagne" attestent souvent des racines antérieures à la couche latine, d'un autre côté, parler de "pré-" qqchose, c'est souvent un aveu d'échec en matière d'étymologie.
Mais en l'occurence, je serais tenté de me demander si ce n'est pas le cas ici. Après tout, d'une part le mot "morne" est attesté depuis très longtemps (dès 1640, un siècle à peine après l'arrivée des colons dans les îles), d'autre part, si mes souvenirs de géomorphologie d'hypokhâgne sont bons, les mornes sont des formations géomorphologiques particulières (un peu comme les mesas nord-américaines), il ne serait pas étonnant que le nom vînt d'une langue autochtone... Mais je ne suis guère connaisseur des créoles.
La plupart des occasions des troubles du monde sont grammairiennes (Montaigne, II.12)