Que lisez vous ces jours-ci?

[Maïwenn]

Pour me "déflipper" tard le soir quand je venais d'avaler un chapitre de trop de Zafon, j'ai entamé un bouquin en allemand, soi-disant un best-seller : Mondscheintarif d'Ildikó von Kürthy. A priori, c'est encore un navet qui parle d'une nana qui regarde son vernis à ongle en se demandant s'IL va la rappeler... Mais bon, c'est facile à l'ire, ça distrait.

Attention, il est interdit de dire du mal de la "littérature pour poulette" sur ce forum ! Je te rappelle que nous y avons un futur prix Nobel .

Alors je tiens à préciser que mon roman ne parle pas du tout de vernis à ongles et que mon héroïne n'attend pas de coup de fil de son gars, ils sont modernes et communiquent par internet

[Maïwenn]

Le sujet, les points qui t'ont frappée,ton impression, tes réactions...

Le sujet du livre, c'est la vie de Zoya Phan. Je pense qu'elle est née en 1980. Avant sa naissance, sa mère faisait partie de l'armée karen. Puis elle a continué à travailler pour la résistance avec un poste plus administratif. Son père, qui avait fait des études universitaires à Rangoon, était un des cadres de la résistance. Donc il était souvent en mission. Malgré cela, Zoya qualifie son enfance de plutôt heureuse. Ils n'avaient pas d'argent (même pas de quoi s'acheter du savon !), mais ils vivaient correctement selon leurs critères. Mais en 1994, l'armée birmane a bombardé son village et ils se sont donc enfuis dans la jungle (sa mère, sa grande sœur, son petit frère et elle. Son grand frère et son père sont restés en Birmanie pour combattre). Ils ont passé la frontière et se sont retrouvés au camp de Mae Ra Moe en Thaïlande. Là, les conditions étaient très difficiles, ils étaient environ 10 000 réfugiés et avaient interdiction de sortir du camp. Un an après, Zoya et sa famille sont retournés en Birmanie pour vivre avec son père.

C'est là que je suis arrivée.

Pour ce qui est de mes impressions, il faut savoir que je suis déjà sensibilisée à la situation birmane, que ce soit du côté des tribus (mes beaux-parents sont nés en Birmanie et mon beau-père a combattu dans la UWSA, l'armée wa) ou des Birmans (j'avais beaucoup de collègues birmans à Bangkok, tous avaient des portraits d'Aung San Suu Kyi dans leur bureau). Donc ce que je lis ne me surprend pas du tout, je savais que ça se passait comme ça sous la dictature. Par contre j'en apprends beaucoup sur la culture karen, le déroulement des événements et les mouvements de résistance (qui, malheureusement, ne s'entendent pas toujours entre eux !).

Je pense que si on s'intéresse à la Birmanie, aux cultures minoritaires en général ou aux problématiques de guerres et résistances, c'est un livre à lire !

[Anuanua]

Je te remercie beaucoup pour cet excellent et intéressant résumé, Maï. Ce que tu décris me ramène encore et toujours à la notion d'oppression, hélas. De plus, le plus souvent, les combattants ne combattent même pas dans leur intérêt, mais dans celui d'un monarque richissime qui, lui, ne risque par de recevoir une balle ni même un commentaire!

Ce monarque, à son tour, a souvent été soudoyé par des intérêts internationaux cherchant à consolider une position politiquement, militairement ou commercialement stratégique. Dans ce schéma, on sacrifie sans sourciller la qualité de vie (et souvent la vie même) d'une grande majorité (un peuple) pour une infime minorité (quelques dirigeants et investisseurs).

Est-ce le cas dans cette révolution birmane? Les États-Unis semblent s'intéresser à cette "révolution safran"...

[Maïwenn]

Tout est oppression en Birmanie !

Zoya Phan utilise même le mot "génocide" pour parler du sort des Karens (et on pourrait ajouter les Kachins, les Shans, les Rohingyas et les autres minorités ethniques). La junte birmane veut tous les tuer. Elle va même jusqu'à poursuivre les réfugiés en Thaïlande (la Thaïlande fermant plus ou moins les yeux... du moins il y a 15 ans, maintenant je ne sais pas). Mais il n'y a pas que les tribus qui sont persécutées, les Birmans aussi. Les manifestations (1988, 2007) sont systématiquement réprimées par les armes. L'armée tue n'importe qui. Des opposants politiques croupissent en prison. La vie quotidienne est très difficile pour tout le monde. En 88, le général Ne Win avait décidé que les billets n'avaient plus de valeur, sauf ceux de 45 et 90 kyats (multiple de 9, bon chiffre). Les gens étaient ruinés, c'est pour ça qu'ils étaient descendus dans la rue. En 2007, le prix de l'essence a été multiplié par 500 !

Bref, on voit l'absurdité de ces dictateurs !

Avant de lire ce livre j'hésitais encore sur l'opportunité d'une visite en Birmanie. Maintenant je sais que je ne veux pas y aller. Tout l'argent que la junte a est utilisé pour acheter des armes pour combattre ces gens. Et en tant que touriste on apporte forcément de l'argent au régime d'une manière ou d'une autre. Et France, on parle parfois de Total qui fait des affaires juteuses là bas. Mais on n'en parle pas suffisamment je trouve...

[svernoux]

J'avais entendu une émission là-dessus il n'y a pas longtemps. Ca s'appelait précisément "faut-il aller en Birmanie ?", si je me souviens bien, mais je ne la retrouve pas dans les archives de France Inter car ils modifient leur site pendant l'été. En gros, la personne interrogée était pour (ce n'était pas un débat contradictoire...), elle disait que l'argent qu'on apporte aide aussi les Birmans eux-mêmes, à condition de rester dans les circuits les plus courts possible.

[Maïwenn]

Oui, une partie de l'argent ira à la population. Mais quelle partie ? La corruption est omniprésente et la junte contrôle tout. Même en circuit court, c'est difficile d'être sûr. J'aurais du mal à visiter un pays sachant qu'un pourcentage de l'argent que j'y dépense sert à acheter des armes... Il y a quelques années Aung San Suu Kyi avait demandé aux touristes de ne pas venir. Mais je ne sais pas si sa position a évolué sur la question.

[leo]

je viens de commander 3 livres
"le gauleiter Wagner" bourreau de strasbourg, veritable incarnation du mal durant la 2ème guerre mondiale, pour mémoire
"dis papi raconte moi l'Alsace" et "dis papi dessine moi un Alsacien" (bien que je ne sois pas encore papi)

[Maïwenn]

Il faudra que tu viennes nous donner tes impressions. Est-ce que tu corresponds au portrait de l'Alsacien du livre ?

[Anuanua]

(bien que je ne sois pas encore papi)

Menteur! viewtopic.php?f=1&t=20401

[leo]

Anuanua, j'ai relu avec plaisir la réponse d'Isis au sujet de ma chatte

Maï, je n'ai pas encore les bouquins, mais pour ce qui est de l'Alsacien, je pense quand même être différent maintenant, plus de la même génération... mais on va voir, à la lecture je ne manquerai pas de vous faire part de mes impressions

ben tiens, allez, tout de suite là, dis moi quel est ton portrait de l'Alsacien type

[Maïwenn]

ben tiens, allez, tout de suite là, dis moi quel est ton portrait de l'Alsacien type

Il a des chats, aime les bons restos et Elvis

[Anuanua]

[leo]

merci Maï

sinon, je voudrai ouvrir un sujet sur l'Alsace justement... la période moyen-âge, le gros baston pour Strasbourg et environs entre protestants et catholiques, bref le clergé tout puissant, les Lorrains, les Suisses, les Germaniques, et autres Rois de France insoupçonnés... ce serait basé sur des articles des DNA, archives Crédit Mutuel etc... on ne faisait pas dans la tendresse... je suis un peu tard, tellement de pages sont déjà parues je vous en donne un exemple ci-dessous (y a il un problème de droit à diffusion ?) tout d'abord le fameux "Pont du Corbeau" d'où était rendu pas mal de jugements expéditifs, pont qui permettait le passage au-dessus de l'Ill qui à cet endroit servait de déversoir aux abattoirs et autres rejets sanitaires ce qui en faisait une eau épaisse très nauséabonde où la noyade n'était pas le seul moyen d'y mourir

puis une de nos tours de justice célèbres

[svernoux]

Pour les droits, demande aux grands manitous si tu as un doute. Quant au sujet, lance-toi si ça te dit, mais vas-y vraiment, pas en mélangeant avec ce topic. Personnellement, je te lirai avec plaisir (si tu racontes bien )

[svernoux]

Sinon pour revenir à ma littérature de poulette en cours : j'ai quand même un spécimen bien spécial entre les mains je crois (ou alors c'est que je n'en ai pas lu assez d'autres ?) : y'a carrément des photos dedans. Pas genre lettrine, mais au milieu des pages, voire chevauchées par le texte... (non non, ce n'est pas une BD...)
Ensuite, ce qui m'agace dans ce genre de bouquin, j'ai fini par le comprendre, c'est que je ne suis pas du tout une poulette : je ne kiffe pas de passer trois heures dans un bain ou à me dessiner des motifs sur les ongles, je déteste le shopping, je n'ai jamais attendu des heures qu'IL m'appelle (de toute façon je déteste téléphoner), je n'ai jamais raconté ma vie sexuelle à mes copines, etc. Donc, j'ai assez peu d'empathie avec ces personnages, or je crois qu'il en faut un minimum pour accrocher vraiment à une histoire.
Mais pour ne pas en dire que du mal : il faut reconnaître que c'est parfois très drôle. Bon, beaucoup moins souvent que ça voudrait, bicoze cf ci-dessus, mais par exemple quand un mec vient dire ses 4 vérités à la poulette, ça m'arrache une bonne rigolade.
Deuxième gros avantage : ça se laisse lire limpidement, pas besoin de dictionnaire (ce que je ne fais de toute façon jamais), étant donné que le vocabulaire est assez basique, ou alors composé des néologismes anglicisants totalement transparents.