Latin : études universitaires et usage professionnel ?
Moderators: kokoyaya, Beaumont, Sisyphe
Latin : études universitaires et usage professionnel ?
Bonjour,
Je me demandais s'il existe des formations universitaires françaises qui permettent l'étude du latin sans le grec. Une espèce de LLCE latin, quoi.
Deuxièmement, quel usage professionnel peut-on faire du latin aujourd'hui ?
Merci !
Je me demandais s'il existe des formations universitaires françaises qui permettent l'étude du latin sans le grec. Une espèce de LLCE latin, quoi.
Deuxièmement, quel usage professionnel peut-on faire du latin aujourd'hui ?
Merci !
- Maïwenn
- Modératrice Arts & Litté.
- Posts: 17565
- Joined: 14 Nov 2003 17:36
- Location: O Breiz ma bro
- Contact:
Re: Latin : études universitaires et usage professionnel ?
Sisyphe viendra sans doute répondre, mais je ne crois pas qu'il y ait autre chose que des licences de lettres classiques qui incluent latin et grec.
Pour l'usage professionnel hors enseignement, à part travailler au Vatican ou écrire des dictionnaires sur les plantes, je ne vois pas trop.
Pour l'usage professionnel hors enseignement, à part travailler au Vatican ou écrire des dictionnaires sur les plantes, je ne vois pas trop.
Penn ar Bed
The end of the land
Le commencement d'un monde
The end of the land
Le commencement d'un monde
Re: Latin : études universitaires et usage professionnel ?
L'histoire peut-être ?
- Andergassen
- Membre / Member
- Posts: 37531
- Joined: 12 Nov 2009 15:20
- Location: Plein sud/Pôle nord, selon la langue
Re: Latin : études universitaires et usage professionnel ?
Dans les pays germanophones, la connaissance du latin, à des degrés divers ("Kleines Latinum", "Grosses Latinum") est requise pour les médecins et les pharmaciens (la spécifité des médicaments est toujours indiquée en latin, et comme du temps de Molière, le latin permet d'utiliser un langage hermétique au public profane*).
Pour ma part, d'une manière indirecte, la connaissance du latin m'a permis d'apprendre facilement la grammaire et le vocabulaire de l'italien, bilinguisme oblige.
*mais avec moi, naturellement, comme avec tout francophone, ils tombent toujours sur un bec.
Pour ma part, d'une manière indirecte, la connaissance du latin m'a permis d'apprendre facilement la grammaire et le vocabulaire de l'italien, bilinguisme oblige.
*mais avec moi, naturellement, comme avec tout francophone, ils tombent toujours sur un bec.

Par de bons mots foudroyons la sottise, craignons le sang ; ne versons que le vin.
- Sisyphe
- Freelang co-moderator
- Posts: 10953
- Joined: 08 Jan 2004 19:14
- Location: Au premier paquet de copies à gauche après le gros dico
Re: Latin : études universitaires et usage professionnel ?
Pour ce qui est de l'enseignement universitaire du latin en France, je dirais qu'il n'est pas totalement cantonné aux licences de lettres classiques. On en trouve en effet dans les filières de lettres modernes de façon quasi-obligatoire, en LLCE espagnol (et portugais), en philo, parfois à titre d'option en histoire (et archéologie), plus rarement dans les facs de droit.
Tout simplement parce qu'il est présent dans une partie des concours de l'enseignement secondaire correspondants : comme épreuve écrite de tronc commun à l'agreg de lettres modernes, comme épreuve orale en concurrence avec d'autres langues philosophiques (grec, allemand, anglais, italien, espagnol, arabe) à l'agreg de philo, à l'oral en conccurrence avec le catalan et le portugais à l'agreg d'espagnol.
Mais il est en recul avec la réforme des CAPES : avant, on pouvait le présenter au CAPES de lettres modernes (latin ou langue vivante, aujourd'hui aucun des deux), et aux CAPES d'espagnol et de portugais, disparu aussi.
*
S'agissant de l'utilité matérielle, et pour rester strictement objectif, je dirais qu'il y a :
- Quelques situations pour lesquelles c'est tout simplement vital : si l'on veut faire de l'histoire ancienne ou médiévale, de l'histoire du droit, ou des variétés "archaïques" du droit comme le droit romain (!) et le droit canon.
- Quelques situations où c'est pratique : les langues romanes, la linguistique, etc. Andergassen l'a bien expliqué
*
En revanche, pour ce qui est des débouchés professionnels des études de lettres classiques, là, évidemment, je suis contraint d'avouer qu'à part l'enseignement et la recherche (et la carrière ecclésiastique...), il n'y a rien ou presque.
Je sais qu'il existe une étude sur le devenir des étudiants de lettres classiques, réalisée par une certaine Sophie van Laer, qui est maître de conférence à Nantes, mais je n'ai jamais réussi à la lire...
Si, la radio publique finlandaise offre quelques postes de journaliste et de metteurs en onde à d'excellents latinistes.
Tout simplement parce qu'il est présent dans une partie des concours de l'enseignement secondaire correspondants : comme épreuve écrite de tronc commun à l'agreg de lettres modernes, comme épreuve orale en concurrence avec d'autres langues philosophiques (grec, allemand, anglais, italien, espagnol, arabe) à l'agreg de philo, à l'oral en conccurrence avec le catalan et le portugais à l'agreg d'espagnol.
Mais il est en recul avec la réforme des CAPES : avant, on pouvait le présenter au CAPES de lettres modernes (latin ou langue vivante, aujourd'hui aucun des deux), et aux CAPES d'espagnol et de portugais, disparu aussi.
*
S'agissant de l'utilité matérielle, et pour rester strictement objectif, je dirais qu'il y a :
- Quelques situations pour lesquelles c'est tout simplement vital : si l'on veut faire de l'histoire ancienne ou médiévale, de l'histoire du droit, ou des variétés "archaïques" du droit comme le droit romain (!) et le droit canon.
- Quelques situations où c'est pratique : les langues romanes, la linguistique, etc. Andergassen l'a bien expliqué
*
En revanche, pour ce qui est des débouchés professionnels des études de lettres classiques, là, évidemment, je suis contraint d'avouer qu'à part l'enseignement et la recherche (et la carrière ecclésiastique...), il n'y a rien ou presque.
Je sais qu'il existe une étude sur le devenir des étudiants de lettres classiques, réalisée par une certaine Sophie van Laer, qui est maître de conférence à Nantes, mais je n'ai jamais réussi à la lire...

La plupart des occasions des troubles du monde sont grammairiennes (Montaigne, II.12)
Re: Latin : études universitaires et usage professionnel ?
Merci !
Et un prof de latin en fac, c'est en général un diplômé de quelle filière alors ? Et il fait quoi en général à côté de ses cours ?
Et un prof de latin en fac, c'est en général un diplômé de quelle filière alors ? Et il fait quoi en général à côté de ses cours ?
- Sisyphe
- Freelang co-moderator
- Posts: 10953
- Joined: 08 Jan 2004 19:14
- Location: Au premier paquet de copies à gauche après le gros dico
Re: Latin : études universitaires et usage professionnel ?
Tout dépend de ce que tu appelles "un prof".
Si c'est un enseignant titulaire (maître de conférence puis professeur des universités), il est forcément titulaire d'un doctorat "d'études latines", selon l'appellation officielle (et de facto de l'agrégation de lettres classiques ou de grammaire). À côté de ses cours (et des activités académiques, comme les jurys de concours), il fait de la recherche.
Si c'est un enseignant vacataire, comme je le suis cette année au sein d'une section d'études romanes, il a forcément un diplôme de lettres, en général classiques, mais il peut faire des tas de choses à côté, mais dans 80% des cas faire une thèse et/ou être prof dans le secondaire.
Le fait est que l'essentiel des cours de latin en-dehors de la filière lettres classiques sont assurés par des non-titulaires.
Si c'est un enseignant titulaire (maître de conférence puis professeur des universités), il est forcément titulaire d'un doctorat "d'études latines", selon l'appellation officielle (et de facto de l'agrégation de lettres classiques ou de grammaire). À côté de ses cours (et des activités académiques, comme les jurys de concours), il fait de la recherche.
Si c'est un enseignant vacataire, comme je le suis cette année au sein d'une section d'études romanes, il a forcément un diplôme de lettres, en général classiques, mais il peut faire des tas de choses à côté, mais dans 80% des cas faire une thèse et/ou être prof dans le secondaire.
Le fait est que l'essentiel des cours de latin en-dehors de la filière lettres classiques sont assurés par des non-titulaires.
La plupart des occasions des troubles du monde sont grammairiennes (Montaigne, II.12)
Re: Latin : études universitaires et usage professionnel ?
Bonjour,
Je déterre ce fil car j'envisage à nouveau de m'inscrire en fac pour faire du latin, et je me rends compte que ma toute première question n'a pas reçu de réponse, et c'est celle qui me turlupine : existe-t-il des facs ou on peut faire du latin SANS le grec ?
Autant j'adore le latin, autant le grec ne me dit rien du tout. Au pire, s'il est obligatoire de faire les deux, peut-on réussir à passer d'une année à l'autre en cartonnant en latin (et autres matières) sans branler une datte en grec ?
Question subsidiaire (peut-être que Sisyphe saura y répondre): dans mon cas précis, quelle est la filière qui me permettrait de faire le "plus" de latin ? lettres classiques ou modernes ?
Merci !
Je déterre ce fil car j'envisage à nouveau de m'inscrire en fac pour faire du latin, et je me rends compte que ma toute première question n'a pas reçu de réponse, et c'est celle qui me turlupine : existe-t-il des facs ou on peut faire du latin SANS le grec ?
Autant j'adore le latin, autant le grec ne me dit rien du tout. Au pire, s'il est obligatoire de faire les deux, peut-on réussir à passer d'une année à l'autre en cartonnant en latin (et autres matières) sans branler une datte en grec ?
Question subsidiaire (peut-être que Sisyphe saura y répondre): dans mon cas précis, quelle est la filière qui me permettrait de faire le "plus" de latin ? lettres classiques ou modernes ?
Merci !
- Sisyphe
- Freelang co-moderator
- Posts: 10953
- Joined: 08 Jan 2004 19:14
- Location: Au premier paquet de copies à gauche après le gros dico
Re: Latin : études universitaires et usage professionnel ?
J'y ai répondu, mais je vais être plus clair : le seul endroit où l'on est sûr qu'il y ait du latin obligatoire et pas de grec obligatoire, c'est la filière lettres modernes.aymeric wrote:Bonjour,
Je déterre ce fil car j'envisage à nouveau de m'inscrire en fac pour faire du latin, et je me rends compte que ma toute première question n'a pas reçu de réponse, et c'est celle qui me turlupine : existe-t-il des facs ou on peut faire du latin SANS le grec ?
Sinon, il se peut qu'il y ait une "option" (ou "mineure" ou "complément de majeure" ou toute autre appellation) en histoire, archéologie, certaines langues vivantes, etc. etc. Mais là, chaque université fait sa propre tambouille : il faut consulter leurs plaquettes.
Si votre but est simplement de faire du latin pour le plaisir, sans aucune perspective disons "professionnelle" au sens large, l'association Guillaume Budé organise des cours de latin, moyennant inscription. Il y a peut-être une section locale là où vous voulez atterrir.
À la fac en général à peut près tout peut rattraper n'importe quoi n'importe où n'importe quand et même d'un semestre sur l'autre, mais ce n'est pas vraiment la meilleure manière de faire oui bon je l'ai un peu fait en allemand.Autant j'adore le latin, autant le grec ne me dit rien du tout. Au pire, s'il est obligatoire de faire les deux, peut-on réussir à passer d'une année à l'autre en cartonnant en latin (et autres matières) sans branler une datte en grec ?
Classique, évidemment, mais il y a du grec en plus. J'ai tendance à être très méprisant envers le latin des lettres modernes, mais bon, je suis sectaireQuestion subsidiaire (peut-être que Sisyphe saura y répondre): dans mon cas précis, quelle est la filière qui me permettrait de faire le "plus" de latin ? lettres classiques ou modernes ?
Merci !


La plupart des occasions des troubles du monde sont grammairiennes (Montaigne, II.12)
Re: Latin : études universitaires et usage professionnel ?
Merci beaucoup Sisyphe !
D'habitude on se tutoie vous/toi et moi si je ne m'abuse, mais peut-être que mon intérêt pour le latin me fait prendre subitement un gros coup de vieux
Je ne connaissais pas l'association Guillaume Budé. Offre-t-elle des cours un peu poussés ? J'ai quitté le latin avec un niveau de terminale. Ca en fait des années, mais j'aimerais dépasser ce niveau après révisions... d'autre part l'ancien français m'intéresse aussi, d'où mon intérêt pour la fac...
Merci !
D'habitude on se tutoie vous/toi et moi si je ne m'abuse, mais peut-être que mon intérêt pour le latin me fait prendre subitement un gros coup de vieux

Je ne connaissais pas l'association Guillaume Budé. Offre-t-elle des cours un peu poussés ? J'ai quitté le latin avec un niveau de terminale. Ca en fait des années, mais j'aimerais dépasser ce niveau après révisions... d'autre part l'ancien français m'intéresse aussi, d'où mon intérêt pour la fac...
Tu en as trop dit pour revenir en arrière, mais pas assez en même temps ! Dis m'en plus !J'ai tendance à être très méprisant envers le latin des lettres modernes, mais bon, je suis sectaire

Merci !
- Sisyphe
- Freelang co-moderator
- Posts: 10953
- Joined: 08 Jan 2004 19:14
- Location: Au premier paquet de copies à gauche après le gros dico
Re: Latin : études universitaires et usage professionnel ?
aymeric wrote:Merci beaucoup Sisyphe !
D'habitude on se tutoie vous/toi et moi si je ne m'abuse, mais peut-être que mon intérêt pour le latin me fait prendre subitement un gros coup de vieux![]()

La vénérable association Guillaume Budé a été fondée pendant la première guerre mondiale, pour concurrencer la philologie germanique ennemie. Elle fait en gros trois choses :
Je ne connaissais pas l'association Guillaume Budé. Offre-t-elle des cours un peu poussés ?
- Patronner la collection des universités de France qui est l'édition scientifique de référence des textes latins et grecs en langue française.
- Promouvoir les langues anciennes.
- Accessoirement, organiser des visites et des voyages pour ces membres.
Pour être honnête, c'est un peu "vieille France" comme assoc', rempli de profs de lettres de lycée à la retraite, d'agrégés de tous poils et d'érudits locaux, qui aiment bien les bons plats après les musées. Les cours sont assurés par des gens scientifiquement très compétents, je le garantis, généralement des agrégés de lettres classiques à la retraite, voire des universitaires. Après, tout dépend naturellement aussi du "groupe classe".
"niveau de terminale" ça ne veut pas dire grand-chose... Le niveau de terminale d'il y a dix ans, c'est presque un niveau de prépa aujourd'hui, et tout dépend aussi si tu l'as passé à l'écrit ou à l'oral.J'ai quitté le latin avec un niveau de terminale. Ca en fait des années, mais j'aimerais dépasser ce niveau après révisions... d'autre part l'ancien français m'intéresse aussi, d'où mon intérêt pour la fac...
Si tu veux faire de l'ancien français, il faut t'inscrire en lettres modernes.
Tu en as trop dit pour revenir en arrière, mais pas assez en même temps ! Dis m'en plus !J'ai tendance à être très méprisant envers le latin des lettres modernes, mais bon, je suis sectaire![]()
Merci !

Et puis il y a quantitativement moins d'heures, pratiquement que de la trad', sans cours de civi qui sont toujours nécessaires, et de linguistique qui le sont plus encore...
La plupart des occasions des troubles du monde sont grammairiennes (Montaigne, II.12)
Re: Latin : études universitaires et usage professionnel ?
J'aime beaucoupSisyphe wrote:Si tu veux faire de l'ancien français, il faut t'inscrire en lettres modernes.

Re: Latin : études universitaires et usage professionnel ?
Merci encore Sisyphe !
), avec Invitation au latin puis Invitation aux lettres latines (si je me souviens bien du nom), après j'ai tout laissé tombé pour tenter un bac S, mais je zyeutais les devoirs de mes camarades latinistes en terminale, et ils en étaient toujours à des points de grammaire censés être couverts en troisième (dans la méthode Invitation au latin en tout cas). Donc j'imagine que j'ai plus ou moins un niveau de terminale...
Mais Sisyphe, il y a un problème : pourquoi toi tu te débrouilles aussi bien en grec qu'en ancien français ? Tu as fait un double cursus ?
En fait, pour simplifier ma question : je veux devenir comme toi

En fait je n'ai pas fait de latin au lycée jusqu'à la terminale... j'en ai fait jusqu'en troisième, et j'ai continué tout seul en seconde pour le fun (on ne juge pas svp"niveau de terminale" ça ne veut pas dire grand-chose... Le niveau de terminale d'il y a dix ans, c'est presque un niveau de prépa aujourd'hui, et tout dépend aussi si tu l'as passé à l'écrit ou à l'oral.

Ben oui, ç'est l'évidence même, suis-je bêtekokoyaya wrote:J'aime beaucoupSisyphe wrote:Si tu veux faire de l'ancien français, il faut t'inscrire en lettres modernes.

Mais Sisyphe, il y a un problème : pourquoi toi tu te débrouilles aussi bien en grec qu'en ancien français ? Tu as fait un double cursus ?
En fait, pour simplifier ma question : je veux devenir comme toi


Re: Latin : études universitaires et usage professionnel ?
Aaaah, la voilà la vraie raison ! 

Sonka - Сонька
It's crazy how the time just seems to fly
But for a moment you and I, we caught it
It's crazy how the time just seems to fly
But for a moment you and I, we caught it
- Maïwenn
- Modératrice Arts & Litté.
- Posts: 17565
- Joined: 14 Nov 2003 17:36
- Location: O Breiz ma bro
- Contact:
Re: Latin : études universitaires et usage professionnel ?
Sisyphe, souvent copié, jamais égalé
Penn ar Bed
The end of the land
Le commencement d'un monde
The end of the land
Le commencement d'un monde