ElieDeLeuze wrote:Chocolat wrote:Tu veux dire que la vulgarisation, par essence, dénature et induit en erreur le lecteur? voire même lui sort de grosses âneries?
Je ne pense pas. La vulgarisation faite par des gens compétents, ce n'est pas plus dangereux que du chocolat sans graisses animales. Les journalistes scientifiques sont plus journalistes que scientifiques, et les rédactions ne prennent pas toujours les plus heureuses décisions rédactionnelles. Le besoin de vendre fait le reste, car une bonne histoire sera toujours mieux qu'une vérité chiante.
Avec une communauté de pensée qui me ferait croire à la télépathie, au corps astral et à la métempsyc(h)ose si je n'étais pas un fichu rationnaliste, Elie a parfaitement exprimé jusque dans les détails ma position.
J'avais eu l'occasion, il y a quelques temps, de
m'énerver contre un article écrit par un docteur en biologie dans un canard en ligne à propos de théories linguistiques qu'il présentait comme "révolutionnaires", alors qu'elles ont quarante ans, qu'elles sont très discutées et qu'en plus, il n'y avait rien compris. Admettrait-on que moi, un linguiste diplômé, je m'aventure à parler de biologie moléculaire ? Ce n'est pas de la vulgarisation, c'est de l'incompétence, tout simplement.
Malheureusement, internet a singulièrement brouillé la notion de "présomption de compétence". Je fais encore confiance aux grands mensuels de vulgarisation scientifique au moins pour les sciences dures : ils ont de bons consultants. C'est toujours plus vaseux quand ils s'attaquent au sciences de l'homme : même dans de bonnes revues, j'ai vu des choses disons approximatives (mais moins que ce que j'ai vu en ligne) en matière de linguistique.
Quand Hagège ou Henriette Walter font de la vulgarisation linguistique, c'est passionnant, compréhensible, tenu et cela suscite des vocations. C'est très noble (quoi que je pense par ailleurs du premier...). Mais ces deux-là ont
aussi une vraie carrière et des décennies au contact de leur sujet. C'est là la différence.
La plupart des occasions des troubles du monde sont grammairiennes (Montaigne, II.12)