Le club des noctambules...

[Andergassen]

... et bourré d'additifs bourrés de calories... tentation et malédiction du sédentaire !

[Sisyphe]

... et bourré d'additifs bourrés de calories... tentation et malédiction du sédentaire !

Et là je viens de franchir un degré de plus dans l'horreur : des gâteaux prétendument suédois attiédassis au micro-onde. Du gras fourré à l'huîle de palme recouvert de calories enrobées de sucre inverti (qui a désormais le droit de se marier...).

Mais je ne suis pas parvenu au bout du paquet que je m'étais promis de faire. Donc je me sens nul et en dessous de tout. C'était ça ou l'alcool, mais je n'ai plus que du Campari et je ne me vois pas me saoûler au Campari...

[Ankhsenamon]

Donc je me sens nul et en dessous de tout. C'était ça ou l'alcool, mais je n'ai plus que du Campari et je ne me vois pas me saoûler au Campari...

Tu peux aussi te saoûler avec les messages qu'Ankh t'adresse... A défaut de te divertir ils auront au moins cette utilité-là!

Allez, courage, Sisyphe-Ulysse-Thésée-thésard-taiseux-et-compagnie!
Et bonne nuit, il est temps quand même, non?

[Sisyphe]

Mes nuits noctambulées à copiser ressemblent finalement beaucoup à des tragédiques classiques.

De 0 à 1 heures : premier acte. Mise en place des éléments du drame : 33 copies, un extrait de Corneille, un Sisyphe, son confident (le forum) trois stylos roses frais, plus quelques rôles mineurs (trois ou quatre théières, deux ou trois annonces chaudasses à la radio, diverses papèteries, un chocolat que non non je ne mangerai pas). Le dilemme est exposé : satisfaire aux besoins élémentaires d'un corps OU accomplir son devoir. Les premiers monologues sont toujours un peu long.

Rideau.

[Ankhsenamon]

Accroche-toi aux théières Sisyphe, et mince, cède au moins à l'appel du chocolat!
Je te prête mon courage par forum-confident interposé, là où je vais pour l'heure, , il ne m'est pas nécessaire...
Mais il s'appelle "reviens", hein!?!

[Sisyphe]

Accroche-toi aux théières Sisyphe, et mince, cède au moins à l'appel du chocolat!
Je te prête mon courage par forum-confident interposé, là où je vais pour l'heure, , il ne m'est pas nécessaire...
Mais il s'appelle "reviens", hein!?!

1h-1h45 : acte II. Le dilemme, exposé de façon théorique à l'acte I, est violemment exposé au personnage principal et intégré par ce dernier : les copies sont nulles. Mais le personnage tragique croit pouvoir d'autant plus pouvoir défier le destin (hubris et ironie tragique) qu'un confident lui prête du courage. Ce qui rend possible l'acte III.

[Sisyphe]

1h45 - 3h : acte III. densification de l'intrigue tragique. Le héros tente diverses échappatoires, comme de s'appuyer sur les théières pour tenir, de fabriquer le cours de correction tout en corrigeant, tout en s'interrogeant longuement, dans un monologue-charnière, sur le thème "dois-je aller vérifier en digne prof de français dans le dico si "échappatoire" est masculin ou féminin ?". La nuit freelanguienne s'avançant, le héros développe le topos de la solitude tragique : "en vain, sur le forum, ma voix cherche ses mots / tout se tait en ces lieux, il n'y a que les bots / pour tromper dans la nuit ma tristesse morose. / Car je suis seul enfin, avec mon stylo rose".

[Sisyphe]

3h - 4h40 : long acte IV, la catastrophe au sens étymologique du terme. Les morts s'accumulent : un surligneur mort d'épuisement, le deuxième stylo rose qui défaille, une boîte entière de thé finie. Longue délibération du héros central : doit-il manger un plat réchauffé alors qu'il va remanger un petit déjeuner dans trois heures ? Ou anticiper sur celui-ci en prenant un premier bol de céréales ? Il évoque en outre son dernier repas approximatif dans une longue hypotypose. Mais un confident arrive des coulisses : la dernière copie s'avance ; elle porte en elle tout le poids des autres.

[Sisyphe]

4h40 - 5h30 : Acte V. Résolution tragique : tous les personnages, et en particulier les stylos, reviennent sur scène pour se faire réencapuchonner. Corneille et Sisyphe sont morts. Dans une tirade qui n'est pas sans rappeler le récit de la mort d'Hippolyte dans Phèdre, le Carnet de note récapitule les évènements. Ponctuant le conflit tragique entre corps et devoir (exposé à l'acte I), Le Sommeil, deux ex machina, descend pour exprimer l'échec du devoir, sans jeu de mots, encore que.

[Andergassen]

Sa main dans ses cheveux laissait flotter les rênes.
Ses superbes stylos qu'on voyait autrefois
Pleins d'une ardeur si noble obéir à ses doigts,
L'œil morne maintenant et la tête baissée,
Semblaient se conformer à sa triste pensée...

[Ankhsenamon]

Quel grand moment! Quel spectacle!
On entre dans la pièce dès l'entrée des acteurs, les comédiens, très bons, nous entraînent avec eux au coeur d'une histoire difficile dont on sait tragiquement en posant le pied sur la scène que la conclusion sera douleur...
Le spectateur devient le personnage, il est pendu aux tirades poignantes du héros malheureux qu'il soutient intensément de son écoute, il souffre avec lui quand les éléments se déchaînent, il lutte à ses côtés dans ses moments de desespoir, l'encourage en vain d'une intervention improvisée pour tenter de détourner vers une issue heureuse le cours d'un drame pourtant déjà noué, s'agenouille sous son corps épuisé qui perd ses forces sous le poids d'un sommeil non récupérateur et berce en même temps que son visage aux yeux désormais clos l'illusion naïve que cette représentation tragique sera la dernière...
Pourtant, dédaignant le point final que suppose le dernier acte joué, dans un élan salvateur et plein d'humanité, le spectateur ému, d'un baiser sur le front tourmenté du héros endormi, appelle son doux réveil et un retour dynamique à la vie de journées certes bien chargées mais belles quand même où tout s'invente à nouveau et où l'espoir, en la pierre éternelle de Sisyphe, renaît...

[Ankhsenamon]

Sa main dans ses cheveux laissait flotter les rênes.
Ses superbes stylos qu'on voyait autrefois
Pleins d'une ardeur si noble obéir à ses doigts,
L'œil morne maintenant et la tête baissée,
Semblaient se conformer à sa triste pensée...

Très joli texte, Capitaine... Très belle illustration donnée à notre imaginaire, pour illustrer la pièce!
Ankh charmée...!

[Andergassen]

Je n'ai pas beaucoup de mérite à parodier maître Racine juste en changeant quelques mots...

[Ankhsenamon]

Je n'ai pas beaucoup de mérite à parodier maître Racine juste en changeant quelques mots...

Tu as au moins celui de l'avoir fait en mettant en lumière ce bel extrait, retouché, que j'avais (elle est loin Phèdre dans mes années passées!), c'est dommage, oublié...

[Maïwenn]

Toc-toc ! Voila la marmotte.
Déphasée à force de rester couchée.