1) Oui je connais le terme.
2) Pour ce qui est de l'utiliser, oui et non. Je l'utilise avec ceux dont je sais qu'ils l'utilisent ou qui du moins ne s'en formaliserait pas (c'est clair ? Non ?) : certaines gens l'ignorent encore, et quand je dis "je vous envoie ça par courriel" ils ne me comprennent pas ; or c'est désobligeant pour eux (ça peut faire croire qu'on les prend de haut).
Il y a quelques années, en France, l'orthographe "mél" avait commencé de s'imposer, au temps où la messagerie électronique était encore peu répandue : j'ai le souvenir de l'avoir lu sur des dossiers d'inscription à la fac. Et puis le mot est passé aux oubliettes ; ces mêmes dossiers écrivent aujourd'hui "mail".
Ce qui est gênant, c'est que "mail" en français doit se prononcer /maï/ (comme émail, soupirail, épouvantail, etc). D'ailleurs le mot existe : "promenade bordée d'arbre"; Les jurys de CAPES de lettres hurlent et vocifèrent devant la quantité toujours plus nombreuse de candidats qui le prononcent mal (une fois encore cette année : voir
http://www.education.gouv.fr/siac/siac2 ... etrmod.htm).
Néanmois, je ne dis jamais "e-mail", seulement mail, au moins les apparences de la langue française sont respectées.
Il est naturel que les langues empruntent des mots les unes aux autres dans une juste proportion (à mon avis ) mais il est normal aussi que les langages techniques ne soient pas constitués entièrement de mots étrangers. De meme que notre vocabulaire musical est très italien notre vocabulaire informatique pourrait etre très anglais mais pas trop, non?
Malheureusement, il y a plus de possesseurs d'ordinateurs que de musiciens... C'est normal que le vocabulaire d'une réalité étrangère reste en langue étrangère (le vocabulaire du cricket anglais ou de la pelote basque. Voire du fleuret, qui si je ne me trompe est français). Ca l'est moins quand la chose est internationale.
en fait je trouve que les services de création de nouveaux mots francophones (le Québec est champion pour la néologie) font du bon boulot: nous au moins on a des mots mignons genre ordinateur, souris, logiciel, disque dur, et courriel et pourriel tout récemment alors que les Italiens par exemple disent "computer", "mouse", "software", "hard disk" etc.
Tout a fait d'accord, c'est tout à notre honneur, je crois d'ailleurs que nous sommes franchement une exception (les allemand aussi disent Computer, Software, etc.) "Computer" s'est dit en France dans les années 70. De même, dans ma jeunesse (puisque je suis vieux), du temps des 386, les modes d'emploi disaient fréquemment "cliquer sur enter", "appuyer sur shift", plus maintenant. "Relancer" a remplacé "rebooter", etc.
Pour ce qui est de la capacité néologistique des Québécois, j'avoue être parfois un peu dubitatif devant les résultats - j'eusse préféré "professeuse" à "professeure" qui est en train de s'imposer chez nous aussi. L'hypercorrectisme n'est d'ailleurs pas forcément un signe de bonne santé. Mais bon, c'est peut-être un avis "hexagonocentrique".
Au fait, sais-tu Ann d'où vient le mot ordinateur ? Quand IBM a voulu introduire ses appareils en France (dans les années 60, du temps des grosses machines à bandes), la firme a PAYE un linguiste de la Sorbonne pour lui trouver un nom - lequel a proposé "ordinateur", jusque-là substantif assez rare, utilisé surtout en théologie : Dieu est les grand ordinateur du monde (si tu me crois pas va vérifier dans Littré).
À ma connaissance, la France est le seul pays envers lequel IBM ait eu cette prévenance : des cadres commerciaux auraient fait savoir au big boss que les Français étaient très chatouilleux sur la question de la langue.
Ce qui prouve : a) que la capacité néologistique ne dépend pas réellement des commissions ad hoc. La France (comme le Québec j'imagine) en a empilé plusieurs (Académie Française, Haut-Commissariat, etc.) sans que leur effet soit perceptible. b) que les langues sont un combat. Et que comme dans tous les combats, le plus important, c'est de se faire craindre...