Pour "le train de marée"on dit qu'il est le train express reliant un port de pêche à un centre de consommation?
Est-ce qu'il ne peut pas être autre qu'un train de consomation de pêche de ce nom?
Voilà le texte dont il s'agit:
" -Deux trains seulement passent sur la voie montante pendant la nuit. D'abord le rapide de Paris,
à 23 h 53, ensuite un train de marée à 1 h 14."
train de marée
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- Sisyphe
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Re: train de marée
"La marée" c'est, par métonymie, la livraison du poisson côtier dans les villes de l'intérieur. On dit par exemple que le célèbre cuisinier Vatel s'est suicidé parce que "la marée n'était pas arrivée".
Ce mot est un peu oublié depuis l'invention et la généralisation des réfrigérateurs. Mais jusqu'au année 60, c'était encore un problème permanent pour beaucoup de monde : le christianisme exige la consommation de poisson le vendredi et au carême, mais le poisson par nature se conserve extrêmement mal, et très peu de temps, et l'on ne peut pas toujours recourir au poisson de rivière. Ma mère se souvient encore avec un certain dégoût du poisson parfois un peu "avancé" qu'on lui faisait manger les vendredis (en l'occurrence en Franche-Comté, à 500 km de la mer la plus proche). C'est pour cette raison que les restaurants de fruits de mer passent encore, à Paris, pour un luxe typique de certaines brasseries*.
Le poisson est pêché dans la journée, ramené le soir, conditionné au début de la nuit et part ensuite pour les grandes villes, en priorité Paris, où il doit arriver au petit matin pour pouvoir être cuisiné avant midi. Dans le cas de Vatel, qui s'est tué à Chantilly, la mer était à 200 kilomètres, et celui-ci espérait son poisson pour quatre heures du matin... Soit un transport allant à 25 km/h, ce qui était énorme pour l'époque. Les "trains de marée" allaient plus vite, mais le problème était le même : parcourir 200 km au minimum (depuis la Normandie, bien plus depuis la Charente ou l'Aquitaine !) pour arriver aux Halles de Paris dès trois heures du matin. Avec un temps de conditionnement bien plus grand que du temps de Vatel.
*J'ai mangé récemment dans une brasserie assez chic, proche de la Gare de Lyon ; la mise en scène des poissons et fruits de mer reste toujours impressionnante ; d'ailleurs, c'est le genre d'endroit rempli de touristes japonais en quête de luxe "à la française". Un combe pour des gens qui, précisément, mange du poisson tous les jours parce que la mer n'est jamais loin
Ce mot est un peu oublié depuis l'invention et la généralisation des réfrigérateurs. Mais jusqu'au année 60, c'était encore un problème permanent pour beaucoup de monde : le christianisme exige la consommation de poisson le vendredi et au carême, mais le poisson par nature se conserve extrêmement mal, et très peu de temps, et l'on ne peut pas toujours recourir au poisson de rivière. Ma mère se souvient encore avec un certain dégoût du poisson parfois un peu "avancé" qu'on lui faisait manger les vendredis (en l'occurrence en Franche-Comté, à 500 km de la mer la plus proche). C'est pour cette raison que les restaurants de fruits de mer passent encore, à Paris, pour un luxe typique de certaines brasseries*.
Le poisson est pêché dans la journée, ramené le soir, conditionné au début de la nuit et part ensuite pour les grandes villes, en priorité Paris, où il doit arriver au petit matin pour pouvoir être cuisiné avant midi. Dans le cas de Vatel, qui s'est tué à Chantilly, la mer était à 200 kilomètres, et celui-ci espérait son poisson pour quatre heures du matin... Soit un transport allant à 25 km/h, ce qui était énorme pour l'époque. Les "trains de marée" allaient plus vite, mais le problème était le même : parcourir 200 km au minimum (depuis la Normandie, bien plus depuis la Charente ou l'Aquitaine !) pour arriver aux Halles de Paris dès trois heures du matin. Avec un temps de conditionnement bien plus grand que du temps de Vatel.
*J'ai mangé récemment dans une brasserie assez chic, proche de la Gare de Lyon ; la mise en scène des poissons et fruits de mer reste toujours impressionnante ; d'ailleurs, c'est le genre d'endroit rempli de touristes japonais en quête de luxe "à la française". Un combe pour des gens qui, précisément, mange du poisson tous les jours parce que la mer n'est jamais loin
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- Andergassen
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Re: train de marée
Dans les albums d'Astérix, c'est d'ailleurs un prétexte récurrent pour la grosse bagarre : "Comment, pas frais mon poisson ?!!
" Et vlan, c'est reparti... 


Par de bons mots foudroyons la sottise, craignons le sang ; ne versons que le vin.
Re: train de marée
(train de marée" est "le train de poissons" d'autefois.)
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Re: train de marée
Andergassen wrote:Dans les albums d'Astérix, c'est d'ailleurs un prétexte récurrent pour la grosse bagarre : "Comment, pas frais mon poisson ?!!" Et vlan, c'est reparti...

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