Qui est-ce?

[Andergassen]

Oui.

[Andergassen]

En fait, je n'aurais pas dû répondre un "non" catégorique à la question "Allemand" ? Tout comme moi, il était bien "allemand". Vous saisissez la nuance ?
Il a d'ailleurs été résistant en Allemagne, et a pris contact en temps opportun avec les Alliés.

[Chocolat]

Je ne saisi pas du tout non...Il a un rapport avec toi cet homme là?

[Andergassen]

Indirectement, oui. Grâce à son engagement, je me suis retrouvé dans la Communauté européenne, avec la possibilité de me réclamer de la communauté "allemande", avec tous les droits afférents à l'usage d'une langue sur un pied d'égalité avec la langue nationale dans tous les domaines.
Bon, pour faire court : Un citoyen de l'Allemagne est un Allemand. Mais il y a des pays où il y a une communauté "allemande" reconnue, ou où l'allemand est langue nationale ou une des langues nationales.

[Chocolat]

Oai d'accord c'est un Autrichien quoi, il est pas du tout allemand du coup.

[Andergassen]

Il n'était pas Allemand certes, mais néanmoins allemand par la langue (né en Autriche allemande).

[Chocolat]

Ok donc il a une nationalité territoriale différente de sa nationalité linguistique. Ca se complique tout ça

[Andergassen]

Non, tu as dit qu'il était Autrichien. C'est bon. Et en Autriche, la langue est l'allemand.

[Chocolat]

Karl Gruber??

[Andergassen]

C'est bien lui !
Pour un supplément d'informations sur une région et une problématique mal connues en France, et sur ma situation personnelle :
http://www.ladocumentationfrancaise.fr/ ... ni/article

Chocolat, à toi !

[Sylvain H]

cékiki Karl Gruber ?

[Andergassen]

Le ministre autrichien des Affaires étrangères de l'époque qui a signé avec son homologue et "compatriote" De Gasperi (ils étaient tous les deux Tyroliens) le Traité de Paris il y a 70 ans.

[Sylvain H]

mais certains de ses compatriotes taxèrent son action de forfaiture et de trahison à leur cause.

Pourquoi, faites excuse que je sois ignare sur l'homme et l'évènement

[Chocolat]

D'apres ce que j'ai compris, c'est parce qu'ils ont mis au point un traité d'autonomie d'un état italien.
J'ai bon?

[Andergassen]

Au traité de St-Germain en 1919, la province autrichienne du Tyrol, où cohabitaient des populations allemandes, italiennes et rhéto-romanes (Ladins) de part et d'autre de la crête des Alpes avait été démembrée, l'Italie ne se contentant pas de la partie italophone qui lui revenait de droit (le Trentin), mais annexant aussi la partie germanophone au sud des Alpes, au nom des principes de Wilson qui privilégiait les frontières naturelles.
Les Tyroliens du Sud ont subi le fascisme et l'italianisation à outrance, avec industrialisation forcée pour amener une population italienne dans la province. Après la guerre, beaucoup espéraient que le Sud-Tyrol reviendrait à l'Autriche. Mais il n'en est ressorti qu'un accord sur l'autonomie, principalement régionale, où les germanophones étaient en minorité à l'échelle de la région. Ce n'est qu'après une période très agitée, les Italiens étant assez frileux sur le plan du respect des règles de parité linguistique, qu'un véritable statut d'autonomie a été mis en place (le "Paquet") à partir de 1972.
C'est pourquoi Gruber a été vilipendé par les partisans du retour à l'Autriche pour avoir cédé aux pressions italiennes. A partir de là, l'Autriche se considérait puissance protectrice de la population germanophone en Italie, rôle qu'elle a abandonné en 1992, après constatation du respect des dispositions du Paquet.

@ Chocolat : autonomie d'une province germanophone au sein de l'Etat italien. Le problème, c'est que si cette minorité germanophone était majoritaire au niveau de la province, elle ne l'était plus au niveau de la région. D'où une période de revendications très troublée, avec attentats, jusque dans les années 60, lorsque le ministre autrichiens des Affaires étrangères Bruno Kreisky a soulevé le problème à L'ONU. D'où nouvelles négociations avec l'Etat italien, qui ont débouché sur un statut d'autonomie provinciale et régionale superblindé, un modèle du genre qu'on ne retrouve, à plus petite échelle, qu'en Belgique pour la communauté germanophone.