
Voilà une question pour super-grammairien (car il s'agit bien de grammaire et non de linguistique - je dis ça pour titillier Pwyll, bien sûr

).
Comme l'a bien dit Pwyll, il faut distinguer deux sortes de "si"
1. "si" introducteur d'interrogative indirecte (angl. "whether", all. "ob")
2. "si" hypothétique, ce qui inclut iréel et potentiel (angl. "if", all. "wenn").
Dans le cas n°1, "si" introducteur d'interrogative indirecte
On peut avoir
tous les temps de l'indicatif et du conditionnel dans la principale. Et si le verbe introducteur est au présent ou au futur
il n'y a aucun changement par rapport à la question directe, Grevisse est clair sur ce point.
est-ce qu'il vient ?-> je me demande s'il vient
est-ce qu'il viendra ?-> je me demande s'il viendra
est-ce que je pourrai y aller ? -> je me demanderai si je pourrai y aller
Cette dernière tournure n'est pas fausse du tout (à condition de ne pas confondre futur et conditionnel, là ce serait faux), en tout cas je n'ai trouvé aucune grammaire pour le condamner, et sans être québécois, je pense que pour ma part je serais capable de l'utiliser. Il est vrai qu'elle est moins bizarre dans une interrogation ouverte "je verrai bien ce qu'il me répondra", que dans une interrogation fermée "je verrai bien s'il me répondra".
Seulement, comme le futur a toujours quelque chose d'hypothétique, les temps ont tendance à s'y neutraliser (cf. "demain, je rentre à la maison"). Le présent introduit par ailleurs une permanence : "je verrai bien s'il est intelligent" (il l'est, ou non, en permanence). Enfin, le fait que le futur soit interdit après "si" hypothétique tend à nous rendre étrange cette formulation. Mais je ne vois vraiment pas ce qu'elle a de faux.
La concordance des temps, par contre, se fait si le verbe introducteur est au passé :
est-ce qu'il vient -> il demanda s'il venait
est-ce qu'il viendra -> il demanda s'il viendrait [conditionnel]
est-t-il venu -> il demanda s'il était venu [+ que parfait]
Dans le cas numéro 2, "si" hypothétique
On ne peut avoir
que le présent, le passé composé, l'imparfait ou le plus que parfait de l'indicatif dans la subordonnée, mais à peu près tous les temps de l'indicatif et du conditionnel dans la principale
s'il vient, je suis/je serai/je serais heureux
s'il est venu, je suis heureux
s'il venait, je serais/j'étais heureux
s'il était venu, j'avais été/j'étais/je serais heureux
En gros - mais ces choses-là sont compliquées à décider - l'imparfait (ou le plus que parfait) introduit une phrase de type iréel OU marque la répétion dans le passé. Un présent introduit un potentiel OU une répétition dans présent.
DONC : "si" exlut le futur et le conditionnel (-rai/-rais) uniquement dans les formulation hypothétique (if... then, wenn..., so...).
Biblio : M. Riegel
Grammaire méthodique du françaispp.474, 499-501, 509 ; Grevisse §408c, 382, 1102 ; J.C. Chevalier et alii
Grammaire du français contemporain §138, 162, 181, 562
Bon, juste pour faire plaisir à Pwyll : si + conditionnel existe ou du moins a existé : cf. Racine, Phèdre 707-710 "Frappe ou si tu le crois indigne de tes coups / si ta haine m'envie un supplice ou doux / ou si d'un sang trop vil ta main serait trempée / à défaut de ton bras prête-moi ton épée".
Les grammaires s'obstinent à expliquer que oui mais bon dans ce cas c'est vraiment du potentiel, c'est de l'éventuel et que comme la protase et que l'apodose patati patata. Moi je crois tout simplement que Racine s'est gouré mais que comme c'est Racine on a pas le droit de le dire. 