Rónán wrote:Merci Ronan (désolée pour les accents...) et ne t'inquiète pas, je ne voulais mélanger des choses qui n'ont manifestement rien à voir, c'est juste que je ne connais pas la différence entre "vélaire" et "vélarisé". Quelqu'un peut-il m'aider, pliiiiiiz ? (Je sais vous allez me dire que vous en avez déjà débattu dans les phonético-pinailleurs... )
Voici ce que dit mon dico :
"vélaire : voyelle ou consonne dont le point d'articulation est proche du voile du palais (comme le k)"
"vélarisation : transformation d'une palatale en vélaire"
Pour vélarisation, la définition est fausse: un l vélarisé n'est pas la transformation d'un l palatal (le lambda à l'envers en phonétique, le ll espagnol...) en consonne vélaire, mais plutôt la facon spéciale d'articuler et de faire résonner le son d'une consonne. C pas une transformation.
Le problème est que je ne suis pas le seul à utiliser vélaire pour vélarisé, bien des linguistes le font (à tort peut-être, mais bon). Sous le prétexte qu'un mur de briques jaunes et qu'un mur de brique peint en jaune reviennent au même. J'ai encore consulté un troisième tableau API, et [ł] est classé comme "vélaire vélaire"*
*Oui parce qu'il y a encore une ambiguïté entre le sens large de vélaire, qui englobe vélaire proprement dite [k], uvulaire [q], pharyngale [ħ] et glottale [?], et le sens étroit, ce qu'on pourrait appeler aussi des postpalatales [k], [g].
En fait, d'après ce que j'ai toujours compris :
- Un phonème vélaire possède
par nature une réalisation supposant l'intervention du vélum, ou palais mou ou voile du palais (l'arrière donc).
- Un phonème vélarisé un est phonème qui possède un autre mode d'articulation quel qu'il soit, mais qui au cours de son émission subit "un déplacement du lieu d'articulation d'un phonème vers le palais mou" (Mounier).
DONC EN FAIT, et si j'ai bien compris, il faut distinguer :
[L] = latérale vélaire (par nature), qui ne doit pas être très courante.
et
[lγ]
qui peut aussi s'écrire [ł] = latérale alvéolaire bête mais vélarisée secondairement au cours de sa réalisation.
Donc, il est possible de vélariser non seulement les palatales, mais aussi les alvéolaires ou dentales ?
vélariser une palatale? ça m'a l'air assez dur... Dans bcp de langues où y a des consonnes palatalisées et vélarisées, ces deux types d'articulation s'opposent: il existe une série de consonnes palatalisées s'opposant à une série vélarisée. C'est pourquoi je dis qu'il m'a pas l'air possible de vélariser une consonne palatale, parce que je crois que c soit l'un, soit l'autre, mais pas les deux.
En linguistique latine, on nous enseignant sous l'étiquette de "dorsale" (ce qui est en fait "méta-groupe") les archiphonèmes /K/ et /G/, et l'on nous disait qu'ils pouvaient avoir une articulation palatale OU vélaire. Donc, en théorie, on ne palatalise pas une vélaire ni ne vélarise une palatale, les deux s'excluent mutuellement, c'est deux réalisations possibles mais il n'y a pas de terme entre les deux...
... Sauf qu'en réalité, on nous parle très souvent de la "palatalisation des vélaires".
Cette différence est très importante, car le même archiphonème /K/ (dorsale, donc) s'il était suivi de i ou e devenait naturellement palatal [c], tandis que s'il était suivi de voyelles plus postérieures (a, o, u) il devenait naturellement vélaire [k].
Or précisément, les palatales ont évolué jusqu'à devenir sifflantes (ce, ci = [se], [si]), tandis que les vélaires sont restées vélaires. Ce qui explique qu'en français, un C se prononce [s] devant i et e mais [k] partout ailleurs.
(alvéolaire et dentale, c'est la même chose ?)
non, une consonne alvéolaire c'est par exemple le t, le d, le l, le n francais. C articulé juste derrière les dents. Une consonne dentale en revanche, ca s'articule contre les dents: le bout de la langue vient toucher le "tranchant" des incisives du haut. Exemple: les th anglais.
Dans certaines langues, comme les langues gaéliques, les t et les d sont dentaux, donc pas comme en francais.
Là encore, tu es plus précis que nous ne le sommes généralement en linguistique ancienne - et tu as raison, car pour moi [d] est une dentale. Pourtant c'est toi qui as raison.

Ah si tous les linguistes avaient ta précision ! La linguistique deviendrait plus simple ! Mais les "classistes" ont tendance à rester sur des conceptions du XIXe.
PS
Le l de loch en gaélique d´Ecosse et en irlandais d´Ulster est vélarisé et dental, c spécial
Euh... C'est humainement faisable ?
Oh ben oui, je suis un être humain, et puis les milliers de locuteurs natifs de langues gaéliques aussi
Si l'enregistrement est valable (quelque chose me dit que tu vas dire que non

), il me semble qu'on l'entend dans la rubrique "langues du monde" d'Encarta, notamment pour les chiffres ?
... Mais où les Gallois et même tous les celtes britanniques sont-ils allé chercher tous ces phonèmes aussi compliqués ? Et les Anglais, aussi ? C'est susbtratique, ou c'est par pur masochisme ?
