Nouvelle interview : didine !

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didine
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Post by didine »

svernoux wrote:J'ai envie de te poser des questions encore plus pointues, j'espère que ce n'est pas indiscret
Aucun problème! ;)
svernoux wrote:Pourquoi avoir pris l'anglais en langue B et pas le polonais ? Parce que j'imagine qu'à la base, ça aurait été plus facile pour toi de traduire vers le polonais que vers l'anglais. Est-ce qu'il n'y avait pas le choix, ou bien tu as considéré que ton polonais était suffisamment bon et tu as préféré mettre le paquet sur l'anglais ?
Tout simplement parce que j'adore l'anglais, et c'est beaucoup plus porteur d'avoir un anglais B qu'un polonais B. Si on a le polonais, il faut l'avoir en A ou en C, l'avoir en B ne sert strictement à rien. C'est le même pour le russe d'ailleurs. Par contre, avoir un anglais B quand on a un français A, ça ouvre vraiment des portes.
svernoux wrote:Et sinon, les langues enseignée à l'ESIT sont-elles toutes BIEN enseignées et à peu près à égalité ?

A vrai dire on ne peut pas vraiment parler de langues enseignées, car on a uniquement des cours d'interprétation. Dans chaque langue, on interprète sur des sujets différents à chaque cours. Dans mes cours récemment, j'ai eu l'aide au développement (ang-fr), les marges avant et marges arrière dans la grande distribution (fr-ang), la dénonciation des traités de désarmement (pol-fr), la conséquence sur les alliances traditionnelles de la politique étrangère américaine (ang-fr), les nouvelles applications des images de synthèse (rus-fr), un discours de Chirac à Hong-Kong (fr-ang), un discours sur l'intégration des minorités en Europe (pol-fr), etc. Il faut donc être prêt à interpréter chaque sujet et avoir une compréhension parfaite de ses langues B et C, en plus d'une expression parfaite en langues A et B. Il faut donc un super niveau dans chaque langue.
svernoux wrote:Je sais pas, moi j'aurais dit que les gens étaient plus confrontés à l'interprétation (à la TV) qu'à la traduction.

Je ne crois pas. Il y a extrêmement peu de vraie interprétation à la télé. La plupart du temps, un journaliste lit au-dessus de la version originale. Il n'y a vraiment de l'interprétation que sur Arte (trois profs de l'ESIT ;), ils font souvent les débats et le journal de la culture), chez Ardisson (une ancienne prof, une des trois qui fait Arte) et par exemple lors des débats entre Bush et Kerry. Et l'interprétation à la TV est assez éloignée de la vrai simultanée.
svernoux wrote:alors qu'ils voient tous le discours de Bush ou l'interview de Sharon Stone traduite au 20h.
Lue ;)
svernoux wrote:En tout cas, moi quand je dis que je suis traductrice, la moitié des gens me disent "ah, c'est toi qui traduis quand on voit Poutine ou Schröder à la TV ?"
C'est marrant car moi c'est carrément l'inverse! Dans la moitié des cas, je dois expliquer ce qu'est l'interprétation de conférence quand on me demande ce que je fais! ;)
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didine
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Post by didine »

Bayou wrote:A mon sens, la spécialisation - et donc le choix de l'interprétation - arrive trop tard à la fac.
Je ne suis pas totalement d'accord. Avant de se lancer dans l'interprétation, il est important d'avoir non seulement des connaissances linguistiques très solides, mais aussi et surtout une culture générale et une curiosité qui ne se forgent qu'avec le temps. La plupart des formations en interprétation commencent au niveau bac+3 ou +4, ce qui n'est pas plus mal à mon avis.
Bayou wrote:Quant aux écoles spécialisées (et il n'y en a pas tant que ça!) elles restent à mon sens encore assez accessibles (dans la mesure où on a le niveau) parceque justement il n'y a pas beaucoup de postulants.
Là encore je ne suis pas d'accord. Le nombre de postulants n'influe pas sur la facilité ou la difficulté d'intégrer une école d'interprétation. Si on est bon et qu'on a le truc, on rentrera, qu'il y ait beaucoup de postulants ou pas. Si on n'a pas le truc, ça se voit et on ne rentrera pas ou on sera éjecté en cours de route! D'un avis général, tout le monde est d'accord sur le fait qu'il est assez dur d'intégrer une école d'interprètes.

:hello:
Bayou
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Post by Bayou »

didine wrote: Je ne suis pas totalement d'accord. Avant de se lancer dans l'interprétation, il est important d'avoir non seulement des connaissances linguistiques très solides, mais aussi et surtout une culture générale et une curiosité qui ne se forgent qu'avec le temps. La plupart des formations en interprétation commencent au niveau bac+3 ou +4, ce qui n'est pas plus mal à mon avis.
Je suis d'accord sur le fait qu'il faut avoir des connaissances solides etc, mais je pense que dans les filières linguistiques types LCE ou LEA, les étudiants ne sont pas suffisamment sensibilisés à la traduction et l'interprétation... Jusqu'en 3ème année, ça reste trop évasif. Et je pense qu'il y a aussi une lacune au niveau de l'information en général. A la fac, mes profs n'ont jamais abordé la possibilité de choisir une spécialisation en traduction ou interprétation... Ceci dit, le problème venait peut-être aussi de ma fac, je le conçois.
didine wrote:Le nombre de postulants n'influe pas sur la facilité ou la difficulté d'intégrer une école d'interprétation. Si on est bon et qu'on a le truc, on rentrera, qu'il y ait beaucoup de postulants ou pas. Si on n'a pas le truc, ça se voit et on ne rentrera pas ou on sera éjecté en cours de route! D'un avis général, tout le monde est d'accord sur le fait qu'il est assez dur d'intégrer une école d'interprètes.
Je me suis mal exprimée. J'ai simplement voulu dire que quand on a le niveau requis, y'a aucun problème pour intégrer une école. Après la fac, j'ai été dans deux écoles de traduction. Bien sûr j'ai dû passer des tests, ce qui est en soit une sélection, mais ce n'est pas une filière bouchée. Les effectifs sont souvent assez restreints (en comparaison à l'université), mais on ne retrouve pas la "concurrence" des écoles de commerce, par exemple. On n'accepte pas n'importe qui, certes, mais ça reste accessible a quelqu'un qui en veut.

Bayou
flamenco
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Post by flamenco »

Merci Didine pour l'interview, c'était très interessant! :D

J'ai vu que certains d'entre vous on fait des remarques sur le fait que les jeunes s'interessent ou non à la carrière d'interpréte... Faisant partie de ces jeunes, je vous apporte mon grain de sel... Je me suis interessé à la carrière d'interprétes, Didine m'avait d'ailleurs gentillement renseigné. J'ai abandonné cette idée pour l'instant parce que l'école que j'avais trouvé allait visiblement m'enmener nullepart et en plus, je crois que je suis loin voire très loin de satisfaire aux critères d'entrée dans les écoles d'interprétes plus "hautes" surtout en anglais... Donc j'ai laissé cette idée là de côté. De plus on m'a répété 1000 fois que c'était des études difficiles et je me suis rendu compte que si je n'arrivais pas à atteindre le niveau necessaire pour être interpréte, j'allais atterrir en traduction qui n'est pas une voie qui m'interesse tant que ça. Donc je suis revenu là où j'étais. Je suis maintenant en deuxième année de Licence d'Espagnol à l'université de Lille et je ne sais pas où me mèneront mes pas...

Voilà pour mon grain de sel!
:hello:
Flam'
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svernoux
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Post by svernoux »

didine wrote:
svernoux wrote:alors qu'ils voient tous le discours de Bush ou l'interview de Sharon Stone traduite au 20h.
Lue ;)
Je vois ce que tu veux dire... Mais je pensais aussi au interviews en direct, genre telle star en duplex de New-York, etc. Bon, c'est vrai que c'est rare. Je pense qu'il y a des périodes où en en voit pas mal, comme pendant le festival de Cannes : les stars étrangères sont en France, on en profite pour les inviter au 20h, ou bien elles sont sur le pleteau de Canal+... Mais j'admets que c'est rare.
didine wrote:
svernoux wrote:En tout cas, moi quand je dis que je suis traductrice, la moitié des gens me disent "ah, c'est toi qui traduis quand on voit Poutine ou Schröder à la TV ?"
C'est marrant car moi c'est carrément l'inverse! Dans la moitié des cas, je dois expliquer ce qu'est l'interprétation de conférence quand on me demande ce que je fais! ;)
Alors ça c'est drôle ! Enfin, ça prouve au moins une chose : ces métiers sont méconnus et peu de gens font vraiment la différence dans les métiers de la trad/interprétation.
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Post by Guest »

Intéressant, tes réflexions, Bayou.
Bayou wrote:Je suis entièrement d'accord avec toi. Je crois que dès le départ, que ce soit dans des filières LEA ou LCE, il n'y en a déjà pas des masses qui pensent à la traduction... alors à l'interprétation encore moins!
En ce qui me concerne, je suis en 5ème année de trad à Bruxelles. J'ai commencé par LCE et à l'époque je ne me rappelle pas avoir parlé une seule fois de traduction ou d'interprétation comme une possibilité de spécialisation avec des étudiants de ma filière (ou même avec des profs, d'ailleurs!). Quand on commence des études de langues, l'issue de la formation reste assez floue, et ce d'autant plus que les débouchés sont divers et variés. Et au bout du compte, plus les années passent, moins il y a d'étudiants par spécialisation, donc l'effet "entonnoir" fait que les perspectives quant au choix de la spécialisation - et notamment l'interprétation - sont indéfinies et ainsi mal connues des étudiants qui commencent. Quand j'ai choisi d'étudier les langues, on m'a parlé "tourisme", "commerce international", "professorat", mais pas du tout "traduction" ou "interprétation", ce qui est finalement très paradoxal. A mon sens, la spécialisation - et donc le choix de l'interprétation - arrive trop tard à la fac. Quant aux écoles spécialisées (et il n'y en a pas tant que ça!) elles restent à mon sens encore assez accessibles (dans la mesure où on a le niveau) parceque justement il n'y a pas beaucoup de postulants. Je ne suis pas convaincue qu'on parle des professions liées à la traduction et à l'interprétation aux futurs étudiants ou à ceux qui commencent leurs études supérieures... même dans des filières linguistiques. A mon avis, je crois que c'est davantage un choix qui se fait "en cours de route" qu'en tout début de parcours. Ceci dit, je ne veux pas non plus dire que les vocations dans ce domaine n'existent pas, mais je pense que ça reste exceptionnel...
Premièrement, je ne suis pas sûre que ça soit forcément et uniquement aux universités d'informer les étudiants. Quand tu choisis une fillière, c'est ton avenir qui se joue, donc c'est aussi à toi de te bouger pour t'informer. Si au bout de quatre ans un type se rend compte qu'il n'y a aucun débouché dans ce qu'il a fait et qu'il tombe des nues parce qu'il ne s'était jamais renseigné, je dis : tant pis pour lui. Faut aussi être un minimum volontaire. En ce qui me concerne (ça c'est pour les "vocations" ;) ) j'avais envie de faire des langues depuis le lycée à peu près : en terminale, je me suis renseignée sur les débouchés. Il suffit d'aller au CIO et tu trouves toutes les infos sur les filières de traduction et d'interprétation. Après, à toi de contacter les écoles et tout, c'est sûr qu'il vont pas t'envoyer une lettre recommandée pour te demander si tu veux bien leur faire l'honneur de ta présence dans leur établissement. :lol:

Deuxièmement, je pense que ça dépend des facs : celles qui ont des fillières de trad (ou d'interprétation), et surtout là où ça rapporte de l'argent, à mon avis, elles font de la pub. Moi j'étais à l'université catholique, donc privée : y'avait là des gens qui venaient pas forcément pour la trad ou l'interprétation (qui venaient juste parce que c'était le plus près de chez eux ou parce qu'ils voulaient être dans le privé), mais dès la prmière année (et même avant l'inscription), on a su qu'il faudrait choisir une spécialité : soit enseignement (dès la première année), soit traduction (avec interprétation en perspective éventuelle) ou relations internationales en licence. Et beaucoup de gens, même parmi ceux qui venaient sans idée particulière, optent pour la trad.

Enfin, pour répéter ce que j'ai déjà dit : je ne pense pas que ça soit très utile de faire plus de pub pour la trad ou l'interprétation. Y'a déjà beaucoup plus de candidats que de places à le sortie, si en plus on fait de la pub, tous ceux qui ne savent pas quoi faire vont se lancer là-dedans et se retrouver marron à la fin. Et je trouve que c'est mensonger, malhonnête de dire au gens "devenez traducteur" si au final, tu vois qu'à la sortie y'a une chance sur dix ou sur cent de trouver du boulot...

Sinon, tu parles de commerce international, de tourisme... Je suis moyennement d'accord. Pour moi, il y a trois débouchés après une fac de langue : enseignant, traducteur, interprète. Pour tous les autres métiers (et même pour la trad et l'interprétation, c'est un plus), il faut presque obligatoirement suivre un autre cursus en plus. Donc, de toute façon, qn qui commence une fac de langue, comme je l'ai dit au début, il a intérêt à se poser la question de ce qu'il veut faire et, le cas échéant, à changer rapidement de branche.
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Post by Guest »

didine wrote:
Bayou wrote:A mon sens, la spécialisation - et donc le choix de l'interprétation - arrive trop tard à la fac.
Je ne suis pas totalement d'accord. Avant de se lancer dans l'interprétation, il est important d'avoir non seulement des connaissances linguistiques très solides, mais aussi et surtout une culture générale et une curiosité qui ne se forgent qu'avec le temps. La plupart des formations en interprétation commencent au niveau bac+3 ou +4, ce qui n'est pas plus mal à mon avis.
A l'IPLV (où j'étais), il faut d'abord faire la formation de traducteur (bac +4 (ce qui sert peut-être aussi de porte de secours)) et l'interprétation est en bac + 5. Et la raison est clairement affichée : la direction affirme ouvertement que des étudiants de 21 ou 22 ans n'ont pas la maturité nécessaire pour être interprètes et que repousser l'âge pour la formation permet d'assurer un meilleur niveau. Je crois que c'est très vrai ; comme tu l'as dit, didine, il faut énormément de culture générale pour être interprète, ainsi qu'une excellente connaissance du pays. Je pense même que l'idéal est de voyager quelques années, de partir dans les pays concernés et de suivre ensuite une formation d'interprète. Ce qui est d'ailleurs un peu ton cas, non, didine ?
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svernoux
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Post by svernoux »

hum, c'était moi les deux messages au-dessus...
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Bayou
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Post by Bayou »

Anonymous wrote: Premièrement, je ne suis pas sûre que ça soit forcément et uniquement aux universités d'informer les étudiants. Quand tu choisis une fillière, c'est ton avenir qui se joue, donc c'est aussi à toi de te bouger pour t'informer.
Oui et non... bien sûr, il doit y avoir une démarche personnelle. Mais s'il y'avait une base informative solide dans les écoles et les universités, il y aurait sans doute moins de "fausses routes" empruntées par les étudiants. Par rapport à mon expérience personnelle, je n'ai retrouvé en école de traduction pratiquement que des élèves qui avaient déjà un certain âge (environ 23-24 ans au niveau bac+3) parcequ'ils avaient emprunté des filières trop restreintes ou sans réel avenir professionnel à la clé. Et je ne pense pas que ce soit uniquement dû au fait qu'il y ait eu une absence de démarche individuelle. Quant on commence ses études, y compris dans une filière qu'on a choisi, on est souvent très optimiste, plein d'espoir et d'ambitions pour l'avenir. J'ai choisi de commencer par un DEUG LCE, j'adorais ce que je faisais à la fac, mais j'ai pris conscience qu'un avenir d'enseignante ne correspondait ni à ma personnalité ni à mes ambitions. Dans cette filière, je connais plein de gens qui se sont littéralement éclaté dans leurs études, même en sachant que ça ne les menait nulle part. Autrement dit, on emprunte parfois un chemin passionant tout en ayant conscience que c'est un cul-de-sac.
Anonymous wrote:Enfin, pour répéter ce que j'ai déjà dit : je ne pense pas que ça soit très utile de faire plus de pub pour la trad ou l'interprétation. Y'a déjà beaucoup plus de candidats que de places à le sortie, si en plus on fait de la pub, tous ceux qui ne savent pas quoi faire vont se lancer là-dedans et se retrouver marron à la fin. Et je trouve que c'est mensonger, malhonnête de dire au gens "devenez traducteur" si au final, tu vois qu'à la sortie y'a une chance sur dix ou sur cent de trouver du boulot...
Je ne suis pas du tout d'accord sur ce point-là. Il y a du boulot à la clé. J'ai choisi de faire une 5ème année alors que j'avais une offre de boulot à la fin de mes études. La publicité contribue aussi à établir la réputation d'une école, et donc à attirer les entreprises qui recherchent de la main d'oeuvre. Pour être franche, j'ai précisément choisi la traduction pour les débouchés que cela offre... j'ai toujours voulu faire un métier où l'écrit tenait une place prépondérante. Même si la traduction n'a pas été pour moi une vocation, il n'en demeure pas moins que c'est petit à petit devenu une passion. J'aime ce que je fais, mais je n'ai pas choisi cette filière par hasard. Et côté emploi je ne me fais pas trop de souci. J'ai fait 2 années dans une première école et personne ne s'est retrouvé à la ramasse à la fin de la 4ème année. Et en ce qui concerne la 5ème année actuelle, j'ai absolument pas le sentiment que ça mène au chômage. Ceci dit, il faut aussi savoir être polyvalent, mais je ne crois pas que ce soit réaliste que de dire que les perspectives d'avenir dans la traduction soient réduites. Mais si j'ai un bémol à ajouter à mes propres affirmations, il est effectivement un peu plus difficile de trouver un poste de traducteur vraiment rémunérateur.
Anonymous wrote:il faut presque obligatoirement suivre un autre cursus en plus.
Bien sûr, je ne le conteste pas. Ceci dit, la filière LEA apporte quant même une formation en droit et commerce non négligeable tout en y attribuant une connotation linguistique qui lui est propre. Beaucoup de traducteurs ont suivi la filière LEA, d'ailleurs.

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svernoux
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Post by svernoux »

Bayou wrote:Autrement dit, on emprunte parfois un chemin passionant tout en ayant conscience que c'est un cul-de-sac.
Ben oui, mais ça revient bien à ce que je disais : libre à chacun de faire des choses qui ne mènent à rien pour le plaisir, mais justement dans ce cas, il ne faut pas dire que c'est la faute des facs.
Bayou wrote:Je ne suis pas du tout d'accord sur ce point-là. Il y a du boulot à la clé. J'ai choisi de faire une 5ème année alors que j'avais une offre de boulot à la fin de mes études.
Ah bon ? Ben si y'a tant de boulot que ça, ce serait sympa de dire où, parce qu'il y a pas mal de monde qui cherche, y compris des habitués du forum... Surtout des offres en interne, à temps plein et en CDI, je peux te dire qu'on en voit pas beaucoup... Et bien sûr comme tu dis, c'est sans parler de la rémunération. Quand on voit le prix de certaines écoles de traduction (OK, pas toutes) et les salaires qui sont à la clé...
Et même s'il y a quelques offres, il faut comparer un peu avec la quantité de concurrence. Dans ma boîte, on reçoit au minimum deux ou trois demande d'emploi par jour alors qu'on ne recrute pas. Ca fait beaucoup de traducteurs au chômage à mon avis. Même en comptant qu'il y a dans le tas des gens pas sérieux, des faux traducteurs si j'ose dire, ça fait encore un paquet de gens qui restent sur le carreau...
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svernoux wrote: Ah bon ? Ben si y'a tant de boulot que ça, ce serait sympa de dire où, parce qu'il y a pas mal de monde qui cherche, y compris des habitués du forum...
La seule chose que je peux te dire, cé que tous les élèves (environ une 15aine) qui sont sorti de ma dernière promo (avec un bac +4, donc) ont un boulot dans la traduction, que ce soit en France ou à l'étranger. Et en l'occurence, ils n'ont pas eu à chercher tant que ça puisque pour la plupart ce sont les entreprises qui ont démarché l'école. Quant à ceux qui ne travaillent pas, ils sont en DESS. Je vois pas trop ce que je peux ajouter de plus...

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Post by boubbie »

Bayou wrote:
svernoux wrote: Ah bon ? Ben si y'a tant de boulot que ça, ce serait sympa de dire où, parce qu'il y a pas mal de monde qui cherche, y compris des habitués du forum...
La seule chose que je peux te dire, cé que tous les élèves (environ une 15aine) qui sont sorti de ma dernière promo (avec un bac +4, donc) ont un boulot dans la traduction, que ce soit en France ou à l'étranger. Et en l'occurence, ils n'ont pas eu à chercher tant que ça puisque pour la plupart ce sont les entreprises qui ont démarché l'école. Quant à ceux qui ne travaillent pas, ils sont en DESS. Je vois pas trop ce que je peux ajouter de plus...

Bayou
C'est marrant, parce qu'avec mes anciens "collègues" de DESS de trad on se demandait bien qui avait pu percé dans la traduction. Nous étions 4 et aucun de nous n'était traducteur...
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svernoux
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Post by svernoux »

boubbie wrote:
Bayou wrote:
svernoux wrote: Ah bon ? Ben si y'a tant de boulot que ça, ce serait sympa de dire où, parce qu'il y a pas mal de monde qui cherche, y compris des habitués du forum...
La seule chose que je peux te dire, cé que tous les élèves (environ une 15aine) qui sont sorti de ma dernière promo (avec un bac +4, donc) ont un boulot dans la traduction, que ce soit en France ou à l'étranger. Et en l'occurence, ils n'ont pas eu à chercher tant que ça puisque pour la plupart ce sont les entreprises qui ont démarché l'école. Quant à ceux qui ne travaillent pas, ils sont en DESS. Je vois pas trop ce que je peux ajouter de plus...

Bayou
C'est marrant, parce qu'avec mes anciens "collègues" de DESS de trad on se demandait bien qui avait pu percé dans la traduction. Nous étions 4 et aucun de nous n'était traducteur...
Une quinzaine d'élèves, c'est rien du tout, Bayou ! D'abord, tu es dans une bonne école, moi aussi dans mon école la plupart (sur une quarantaine) trouvent du travail au plus tard six mois après la fin de leurs études... mais pas forcément dans la traduction. Et ensuite, comme tu le dis, beaucoup continuent avec un DESS. Mais après le DESS ? Tu sais combien il y a de DESS et d'étudiants en DESS de trad rien qu'en France ? Je n'ai pas les chiffres, mais à ce que je sais, il y a pratiquement un DESS de trad (minimum) dans chaque université. Même si on compte quinze étudiants chacun (ce qui est peu à mon avis), ça fait à mon avis encore beaucoup plus de candidats traducteurs qu'il n'y a de postes à la clé. Enfin, quand les entreprises de trad démarchent l'école, ce n'est pas toujours bon signe : les bonnes places, elles sont vite prises et elles n'ont pas besoin de publicité. Depuis que j'ai quitté la fac, je reçois régulièrement des offres par l'intermédiaire de la fac : pour la moitié de ces offres, je reçois un feedback négatif de la part de personnes (anciens de ma fac en l'occurence) qui y ont travaillé et qui disent "n'y allez surtout pas, c'est nul, on vous exploite, on vous promet que vous allez faire de la trad et en fait vous collez des timbres, etc."
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Post by Bayou »

svernoux wrote: Une quinzaine d'élèves, c'est rien du tout, Bayou ! D'abord, tu es dans une bonne école, moi aussi dans mon école la plupart (sur une quarantaine) trouvent du travail au plus tard six mois après la fin de leurs études... mais pas forcément dans la traduction. Et ensuite, comme tu le dis, beaucoup continuent avec un DESS. Mais après le DESS ? Tu sais combien il y a de DESS et d'étudiants en DESS de trad rien qu'en France ? Je n'ai pas les chiffres, mais à ce que je sais, il y a pratiquement un DESS de trad (minimum) dans chaque université.
Ca m'aurait bien arrangé qu'il y ait un DESS de trad dans toutes les facs. Cé loin d'être le cas! Il y en a d'ailleurs beaucoup moins que ce à quoi je m'attendais quand j'ai présenté mes candidatures.

Bref. J'ai bien conscience que les salaires ne sont pas mirobolants (je l'ai d'ailleurs bien précisé dans un message plus haut). Et je connais bien le phénomène de l'exploitation puisque par le biais de mes stages j'ai bien vu que nombre d'agences de traduction (et même des entreprises autres) fonctionnent souvent grâce à un roulement permanent de stagiaires pas ou peu payés.
Quant à la difficulté de trouver un CDI bien payé, je crois que ce n'est pas spécialement propre à la traduction. Les boîtes usent et abusent de l'intérim et des CDD.
Là où à mon sens ça marche pas mal, cé à l'étranger. J'ai des amis qui sont partis au Canada, aux Pays-Bas et dans les pays de l'est, et ils sont payés tout à fait convenablement (dans la mesure où ils débutent, je suis réaliste aussi). Peut-être qu'en France l'offre est limitée. Mais ce qui fait la force d'un traducteur, cé aussi sa mobilité. Et pouvoir sortir du schéma classique "anglais-espagnol-allemand" en ayant une langue un peu plus rare et donc plus demandée. Et puis bien sûr, il y a la polyvalence, parceque je me doute bien que faire de la traduction sur 100% de son temps de travail est peut-être illusoire. Mais je pense qu'il est tout à fait possible d'en faire son activité principale. Il n'y a plus beaucoup de métiers où l'on peut se cantonner à une seule et même chose pendant toute sa carrière.
Et enfin, dernière précision: je crois que les débouchés peuvent être divers en fonction de sa spécialisation. Bien que cela soit passionant, je n'aurais jamais choisi de faire de la traduction littéraire. Le côté commercial et diplomatique me semble nettement plus porteur.

J'ai "atténué" légèrement mon discours précédent, mais je reste toujours convaincue que la traduction a de l'avenir! :) Et même si une 15aine d'élèves cé peu, je suis pas certaines que toutes les facs ou écoles arrivent à "écouler" l'intégralité de leur promo en si peu de temps. A mon avis ça a quand même de quoi faire réfléchir quand on sait le nombre de nouveaux futurs actifs sur-diplômés qui cherchent du boulot dans leur branche depuis des lustres.

Bayou
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Bayou wrote:Ca m'aurait bien arrangé qu'il y ait un DESS de trad dans toutes les facs. Cé loin d'être le cas! Il y en a d'ailleurs beaucoup moins que ce à quoi je m'attendais quand j'ai présenté mes candidatures.
Voir un début de liste ici. Je dis bien début parce que cette liste n'est pas exhaustive : elle ne parle pas du DESS de Lyon II, par exemple. 15 DESS, ça me paraît déjà beaucoup. Si on considère qu'il en sort un quinzaine de diplômés par an pour chaque DESS (et à mon avis, c'est plus), ça fait déjà 225 nouveaux traducteurs par an ! C'est sans parler des autres écoles en France et ailleurs... C'est beaucoup plus qu'il n'y a de postes.
Bayou wrote:Là où à mon sens ça marche pas mal, cé à l'étranger. J'ai des amis qui sont partis au Canada, aux Pays-Bas et dans les pays de l'est, et ils sont payés tout à fait convenablement (dans la mesure où ils débutent, je suis réaliste aussi). Peut-être qu'en France l'offre est limitée. Mais ce qui fait la force d'un traducteur, cé aussi sa mobilité.
A l'étranger, oui, c'est la seule chose que je te concède. A l'étranger d'une manière générale. C'est à dire que les Anglophones sont plus recherchés en France que les francophones, et en tant que francophone, tu peux être plus recherchée en Allemagne (par ex.) qu'en France. Pour le Canada, c'est un cas à part car la demande en traduction y est extrêmement importante, mais là, oublie toute autre combinaison de langue que français-anglais, les autres langues ne servent strictement à rien.
Pour la mobilité du traducteur, certes, mais le problème, c'est que ce n'est pas parce qu'on a fait des études de trad qu'on a forcément envie de bouger. Au moins le moitié des gens de ma promo de cette année ne veulent à aucun prix bouger, ni hors de France, ni pour certains hors de leur ville, même pour qqs mois de stage (donc, l'expatriation, on oublie...). Je sais, tu vas me dire : tant pis pour eux, yzonkabougé. Certes. Mais la réalité est là : le marché chez nous n'est pas mirobolant, et le marché ailleurs n'intéresse pas tout le monde. D'où l'impasse.
Bayou wrote:Et pouvoir sortir du schéma classique "anglais-espagnol-allemand" en ayant une langue un peu plus rare et donc plus demandée.
Ben, je sais pas où t'as pris ces informations... En tout cas en France, actuellement, après l'anglais, c'est l'allemand qui est le plus demandé. C'est clair et net par rapport à toutes les autres langues. Et la langue rare, je crois que c'est une idée toute faite, colportée allegrement par les écoles etc. Dans le commerce, peut-être, mais dans la trad, les langues rares sont peu utiles. J'ai une langue "rare" (russe), elle n'intéresse absolument personne...
Note bien que je parle d'emploi salarié, puisqu'à ton compte bien sûr, rien ne t'empêche de proposer n'importe quelle langue. Mais je me cantonne là au salariat puisqu'en ce qui concerne les jeunes diplômés, y'en a pas beaucoup qui ont envie de se mettre à leur compte. Beaucoup y sont forcés, mais peu le font de bon coeur.
Bayou wrote:Et enfin, dernière précision: je crois que les débouchés peuvent être divers en fonction de sa spécialisation. Bien que cela soit passionant, je n'aurais jamais choisi de faire de la traduction littéraire. Le côté commercial et diplomatique me semble nettement plus porteur.
Je n'ai jamais parlé de la traduction littéraire. Pour moi, ça n'est même pas un débouché sérieux tellement il concerne peu de gens.
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