
Je réfreine mes ardeurs en me contentant de remarquer le subjonctif I concessif parce que quand même, je ne peux pas ne pas dire que c'est beau, un subjonctif I concessif, et voilà qu'Elie nous fait un véritable orgasme linguistique.
ElieDeLeuze wrote:Bald Leuchten mir die Sterne.
Ce datif a un nom : dativus ethicus. Il s'agit de dire que les étoiles vont briller et que l'on va assister à la scène, investi émotionnellement et intérieurement. Le rendre en français est délicat, car ce type de datif est inconnu. On peut dire pour moi comme on peut dire autre chose, mais c'est une présence beaucoup plus discrète dans la phrase allemande.
Pour que la chose soit encore moins claire pour Derbie (la linguistique, c'est comme le latin à l'Eglise, moins on comprend et plus c'est beau), le dativus ethicus de l'allemand n'est pas très loin, au fond, du dativus commodi (en l'occurence : incommodi) qu'on peut par exemple trouver dans une phrase française comme "je
te lui ai foutu une de ces torgnoles !". Bien que la personne désignée par "tu" n'ait aucune part dans l'action énoncée, puisque l'auteur de ladite torgnole est "je" et le récipiendaire "lui", le "te" a, d'une manière ou d'une autre, une vague relation, un intérêt, ou une place de témoin indirect dans le foutissement de la susdite torgnole,
Hain est intraduisible. Ca vient de Hagen, dont le sens moderne est jardin, mais qui était au Moyen-Âge un bois, bosquet, endroit relativement restraint, indentifié clairement même si ce n'était pas clos. Cet endroit naturel a une charge spirituelle et émotionnelle encore intact chez les romantiques allemands, malgré la débroussailleuse chrétienne. Pour comprendre Hain, il faut demander aux Bretons ce qu'est Brocéliande et la haute lande des Monts d'Armorique.
C'était la raison de ma remarque ironique... Dans un poème allemand, il y a toujours une Hain quelque part, éventuellement parcourue par un Bach (ruisseau) où l'on entend au loin le Horn du Postkutscher (cor de postillon) au pied d'un Lindenbaum (tilleul), et l'on est vachement sehnsuchtig (intraduisible) quand on wandert (intraduisible aussi, c'est un type de promenade qui n'est compréhensible qu'aux Allemands) en pensant à sa Mädchen ou à sa Mägdelein (suivant que l'on est au nord ou au sud de la ligne de Benrath, c'est la seule véritable variation).
Ah si, en option, j'ai oublié le Nachtigall (rossignole).
La plupart des occasions des troubles du monde sont grammairiennes (Montaigne, II.12)