Héritage linguistique négligé !

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Gherbi
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Post by Gherbi »

et en ce qui concerne les autres langues ?
Les mots sont le plus grand des héritages que l'homme puisse léguer à sa progéniture.
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Glorfindel
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Post by Glorfindel »

Pour conclure avec le latin les élèves sont démotivés et je comprend bien pourquoi; j'en ai fait en 5ème: au début on nous parle de civilisation, on nous apprend quelques phrases.
Ici les élèves sont contents, ils se disent que le latin c'est facile... puis arrivent les déclinaisons: on les apprend bêtement par coeur sans trop savoir leur utilité; ensuite on nous explique à quoi ils servent avec des termes tels que COD, COI, etc... le problème est que ces notions de grammaire ne sont pas complétement connus des élèves à ce niveau, et les profs ne nous donne pas d'explications simples: des détours, toujours des détours.
Alors on devient capable de traduire à peu près justement un texte, mais pour sortir soi-même des phrases c'est une autre histoire; du coup on traîne
Conclusion: comme la moitié des latinistes du collège, j'ai arrêté le latin en 5ème, tout en gardant un très mauvais souvenir de cette langue...
Maintenant, en terminale, je regrette et j'ai recommencé le latin en tant qu'autodidacte, alors que les latinistes de ma classe se pleignent qu'ils passent leur temps à traduire des textes de façon insipide....

Merci le système scolaire! :mad:
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Sisyphe
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Post by Sisyphe »

Dans mon collège, c'est le latin à partir de la 5ème donc et grec que l'on pouvait prendre en option le mardi midi en 4ème (sur l'heure du déjeuner). Mais évidemment, ce n'était pas une réelle option, c'est notre professeur de français-latin-grec qui faisait sa pub.
Le latin option en cinquième, c'est la loi. De mon temps (phrase typique de vieux, voir mon autre poste sur l'autre forum ;) ) on commençait en 4e. Mais la réforme Bayrou a avancé cette étude. Typiquement la fausse bonne idée d'ailleurs : ça devait sauver le latin, ça a tué l'allemand, parce qu'autrefois, les parents choisissaient allemand en 6e pour que l'enfant soit "dans la bonne classe", (et rebelotte le latin en quatrième, quand les classes étaient recomposées, suivant les options). Mais comme le latin arrive aujourd'hui plus tôt, la réorientation étant plus rapide, ça n'est plus la peine de s'imposer cette "langue inutile" qu'est l'allemand.

Pour ce qui est du grec, effectivement, il n'existe plus dans les collèges ; comme le dit I·ya·qdalahgayu*, les seules "options" qui apparaissent sont généralement des initiatives isolées de profs de lettres classiques "club grec" "découverte grec", placées là où on peut les placer (et accessoirement non payées).
Je ne pense pas que ce soit un problème de mondialisation, sinon latin et grec seraient logés à la même enseigne
Ca dépend de ce qu'on entend par "mondialisation". Dans la mesure où ces langues sont mortes elles n'ont pas, en tant que telle, à subir l'influence médiatique des autres, comme l'espagnole sur les langues amérindiennes par exemple (vous connaissez beaucoup de média qui parlent latin, vous ? À part peut-être Radio Vatican :loljump: ).

Ce qui est vrai - je le maintiens - c'est que ces langues ne sont plus considérées comme "utiles", ni d'un point de vue économique (elles ne le sont guère, effectivement, et ne le sont plus depuis la fin du moyen-âge), mais surtout du point de vue sociologique, ce qui fut le cas longtemps : être lycéen c'était faire du latin - relisez M. Pagnol !
Quant on a créé le bac pour les filles, qui était "forcément" moins glorieux, il n'avait pas de latin, mais beaucoup de sciences. Et aujourd'hui c'est l'inverse, le bac "glorieux", c'est le S...


PS pour I·ya·qdalahgayu : je suppose que ton pseudo est un terme eyak ? - j'ai vu ton site. Noble idée, mais c'est pas simple à écrire :lol: Ch'uis obligé de faire copier-coller...
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Sisyphe
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Post by Sisyphe »

(Mon message a croisé celui de Glorfindel)

Puisque je suis "presque" prof de latin je puis te répondre un peu.

Le problème est en partie dans ton message : les élèves de cinquième ne savent pas ce qu'est un COD, un COI etc. La connaissance de la grammaire française est très mauvaise dans les collèges.

A qui la faute ? A vrai dire j'en sais rien, y répondre c'est chercher la poule et l'oeuf. Le prof (que je suis) va dire que les élèves devraient le savoir et les élèves vont répondre que les profs devraient leur enseigner etc.
Le problème, en tout cas, c'est que le prof de latin est OBLIGE de se rendre comte que les élèves ne maîtrisent pas concrètement ce qu'est un COD - et se voit obligé de le réexpliquer rapidement en deux temps trois mouvements - par des "détours" comme tu dis, alors que c'est pas son rôle de prof de latin.

Le prof de latin étant généralement un prof de français, ça lui permet au moins de se rendre compte que ce point là du français n'est pas connu. Ce qui me fait dire que les profs de lettres classiques (comme moi) sont meilleurs que les profs de modernes, la la lère :loljump:

Ce qui me sidère gentiment dans ton message, c'est quand tu dis "quand on arrive au déclinaison", alors que c'est la base même du latin ! Et ça confirme un peu ce que je dis : on "vend" le latin comme une matière festive (exposé, péplum, la "civilisation") - utile, certes, mais on oublie que c'est une langue. Et quand on veut en arriver à la langue elles-mêmes, les élèves sont complètement sidérés : "quoi, c'est difficile (comme toutes les langues) ? Y a de la grammaire ? Ya du vocabulaire ? J'ai pas signé pour ça moi !

Quant à se plaindre de traduire des textes de façon insipide, quoi faire d'autre ? Le latin est une langue MORTE, décédé, trépassée, clamsé, décomposée même. On ne la parle pas. Le "latin vivant", ça n'existe pas ! (Remarque, ça été la mode pendant un temps : il fallait faire dire des phrases du genre "où sont les toilettes pour hommes s'il vous plaît" (ubi sunt virorum latrinae sodes ?) ou "hier je suis allé voir un film de cowboys" (heri ii visum pelliculam cinematographicam in qua americanenses bubulci egerent).
"sortir des phrases" en latin, du moins si on est sérieux, c'est du thème. Et le thème latin, croit-moi, c'est très chi... et très dur.

Bon, je t'accorde un truc : les programmes du bac sont souvent insipides - ou quand ils sont intéressants, il sont châtrés : y'a deux ans, c'était les élégies de Tibulles, mais tous les poèmes érotiques avaient été retirés du programmes ! "Pour ne pas l'alourdir".

Je note encore deux choses dans ton message :

a) tu dis que t'as arrêté en cinquième. C'est là un des effets pervers de la réforme Bayrou (je n'attaque pas M. Bayrou, il était sans doute sincère dans ses intentions) : le latin est commencé en cinquième, mais personne n'a pensé à modifier les règlements qui disent que les options sont redéfinies en quatrième. Conclusion : autrefois, on prenait le latin en quatrième et pour deux ans fermes ;) ; alors qu'aujourd'hui, à moins que les principaux des collèges ne soient très fermes, les élèves arrêtent au bout d'un an, soit parce qu'ils sont découragés à la première difficulté (à cette âge-là, c'est normal), soit parce qu'ils n'ont jamais eu l'intention de faire du latin, c'était juste un argument social : "être dans la bonne classe".

b) Quand tu dis que les élèves de 5e ne connaissent pas les COD, COI etc. En vérité, ça va bien au-delà de 5e ! En fac - y compris en lettres - on trouve des étudiants, même sérieux, incapable de déconstruire correctement un texte du point de vue grammatical. Ce qui est plus qu'un handicape en lettres ou dans les langues, ou même en histoire ou en philo. Les profs s'en plaignent assez. Comprendre la subtilité d'une penséée philosophique, d'un texte ironique des Lumières, les non-dits d'un texte en histoire, etc. Combien d'étudiants de langue par trop mauvais au lycée parce qu'ils faisaient correctement leurs exercices se ratatinent complètement en première année de DEUG, parce qu'il faut être un peu rigoureux désormais, et que cette rigueur ils ne l'ont pas. On peut confondre un complément du nom et un complément d'attribution en français, pas en latin ou en allemand (le chien du maître, domini canis =/= la ville de Paris, Urbs Lutecia, Die Stadt Paris, et non pas "von Paris", etc). CA c'est un argument pour défendre le latin.
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Glorfindel
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Post by Glorfindel »

Ah oui effectivement tu as aussi répondu à ce message :D
En tout cas tu me donnes le point de vue "d'en face" pourrait-on dire.
Je ne sait pas pq ma phrase sur les déclinaisons te sidère: je suis tout à fait d'accord avec toi, le latin est "vendu". Seulement arrivé en cinquième je n'avais aucune idée de ce qu'était une déclinaison! en 6ème il y avait une initiation (qui m'avait séduit d'ailleurs) et ce mot n'y est pas une seule fois apparu!
Mais je ne pense pas que le fait que le latin soit une langue "MORTE, décédé, trépassée, clamsé, décomposée même" empêche d'en faire un peu de pratique orale et, comment dire, "personnelle" pdt les cours, histoire de se familiariser avec: c'est justement ce qui fait l'interêt des cours de langue vivante (anglais, espagnol en mon cas); après tout le latin a été parlé lui aussi! :sun:
Pour la grammaire c'est vrai qu'il y a un problème: j'ai du tout revoir qd je me suis remis au latin; et pourtant je suis en filière LITTERAIRE; par contre je ne sais pas si l'enseignement des autres langues à déclinaisons, celles qui sont vivantes, comme le russe, subit le même genre de problèmes...
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Sisyphe
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Post by Sisyphe »

Mais je ne pense pas que le fait que le latin soit une langue morte (...) empêche d'en faire un peu de pratique orale et, comment dire, "personnelle" pdt les cours, histoire de se familiariser avec
Effectivement, c'est un excellent exercice que le "petit thème", genre "le consul donne une rose à la servante" -> "consul rosam ancillae dat" et autre phrases bêtement scolaires :lol: Remarque je me souviens d'un manuel qui demandait de traduire "la servante gifle le soldat" "Ancilla militi colaphum ducit" - "parce qu'il lui avait mis la main aux fesse" "quia manus in clunes ejus posuit" :confused: euh non ça c'est moi qui rajoute.

Ce que je veux dire, c'est qu'on ne peut pas faire de "conversation" en latin, moins encore de rédactions ou de sujet d'écriture libre.
-> C'était le cas autrefois ! Au XIX, dans les lycée, on apprenait à faire des vers latins ! C'était même l'épreuve-reine du baccalauréat. Et jusqu'en 1905, pour être docteur (en médecine, en droit, en lettres, en sciences) il fallait écrire deux thèses, dont l'une (dite patristique) en latin ! Jean Jaurès a écrit (de mémoire) "De primis lineamentibus socialismi apud Kant, Fichte, Hegel et Marx".
Ca c'est poursuivi d'ailleurs assez longtemps dans certains pays : en ce moment même je travaille sur une thèse polonaise écrite en latin en 1957 !
Pour la grammaire c'est vrai qu'il y a un problème: j'ai du tout revoir qd je me suis remis au latin; et pourtant je suis en filière LITTERAIRE; par contre je ne sais pas si l'enseignement des autres langues à déclinaisons, celles qui sont vivantes, comme le russe, subit le même genre de problèmes...
Excellente idée que de se remettre à la grammaire ! :loljump:
Pour les autres langues, c'est aussi un peu un problème. J'ai vu, jusqu'en licence de lettres modernes des germanistes qui ne savaient PAS leurs déclinaisons, et qui avouait tout bêtement que "ils n'en avaient pas besoin, ils comprenaient naturellement" (sauf qu'ils avaient 6/20 à chaque fois). Et quand j'y repense, je suis pas sûr que je les connaissais très bien avant le bac moi :confused: . J'en ai vu qui ignoraient carrément l'existence du génitif allemand, en se débrouillant avec des "von" partout.

L'avantage des langues à déclinaisons (latin, allemand, russe, grec ou autre) c'est qu'elles obligent à prendre bien conscience des fonctions grammaticales. C'est un peu pour ça qu'elles déroutent parfois les petits français, déjà pas doués pour les langues vivantes !

:sun: Si t'as une question sur le latin, je reste à disposition. Salve...
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Rónán
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Post by Rónán »

Mouais, les élèves français souvent ne savent pas ce qu´est un COD ou un COI...
Last edited by Rónán on 16 Nov 2004 01:57, edited 2 times in total.
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aliciane
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Post by aliciane »

Sisyphe wrote: Le prof de latin étant généralement un prof de français, ça lui permet au moins de se rendre compte que ce point là du français n'est pas connu. Ce qui me fait dire que les profs de lettres classiques (comme moi) sont meilleurs que les profs de modernes, la la lère :loljump:
je suis tout à fait d'accord avec toi... meme si je n'ai pas la meme ambition que toi au niveau de l'enseignement puisque je vais passer l'agregation de lettres classiques mais pour pouvoir enseigner le grec moderne, que j'etudie aussi, à la fac et pour pouvoir essayer de passer le concours de l'école française d'Athènes... cela pour la bonne et simple raison que je ne veux pas avoir passé huit ans (au moins) a apprendre le latin et le grec pour me retrouver a enseigner le francais dans un college perdu je ne sais ou...

ensuite je rajoute a ta liste de filieres ou des cours de latin et de grec ancien devraient etre obligatoires la filiere d'histoire de l'art en particulier pour les spécialisations archeologie et épigraphie... et encore plus si les étudiants veulent étudier l'antiquité...

d'ailleurs sais tu que si nous, pauvres étudiants de lettres classiques, représentants si peu nombreux d'une espece qui fut florissante a un age plus ancien (autrement dit les dinosaures de la fac, espece protégée pour qu'elle ne disparaisse pas ;) ), voulons nous réorienter ensuite en archéologie nous n'aurions aucun problème...

Glorfindel, pour te répondre sur le grec moderne... les déclinaisons et la grammaire de cette langue posent des problemes également au moment de leur apprentissage (en plus du probleme de changement d'alphabet).

Sisyphe que penses-tu de notre tres mélodieuse prononciation erasmienne (en latin comme en grec) et de la prononciation restituée ? et si tu as des renseignements sur la prononciation restituée (documents qui en parlent par exemple) ca m'interesse beaucoup...
En tout cas je te souhaite bien du courage si tu deviens prof de lettres classiques et j'espere que tu ne te retrouveras pas a enseigner le francais... quoique tu pourrais montrer aux élèves qu'en francais nous avons encore des déclinaisons :
les pronoms personnels se déclinent : je (Nominatif sujet), me (accusatif cod), datif (coi) prépositionnel
les relatifs aussi : qui (N), que (Ac), dont (Génitif complément du nom)
et je pense qu'on peut encore trouver d'autres cas.

Par contre si tu passes ton agreg ou ton capes (je ne sais pas ce que tu veux préparer) avant moi, je pense que je te demanderai des conseils... du genre "comment tu as fait pour te préparer au thème ?" puisque c'est notre bete noire a tous en tant qu'étudiants de lettres classiques. :sweat:
Les mots font une ronde
Qui fait le tour du monde
Mais changent avec les gens
Et pays différents.
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Sisyphe
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Post by Sisyphe »

Par contre si tu passes ton agreg ou ton capes (je ne sais pas ce que tu veux préparer) avant moi, je pense que je te demanderai des conseils... du genre "comment tu as fait pour te préparer au thème ?" puisque c'est notre bete noire a tous en tant qu'étudiants de lettres classiques.
Pour Aliciane : je n'ai pas très bien compris si tu passes l'agrégation cette année (auquel cas tu as déjà passé les écrits, donc merde pour l'oral :lol: ) ou si tu te présentes l'année prochaine.

Pour ma part, je suis cette année en maîtrise de lettres classiques, où je prépare un mémoire de dialectologie (et faudrait sacrément que je me dépêche de finir nom d'une pipe) et je me présente l'année prochaine à l'agrégation de grammaire, option B (donc même programmes que Lettres Classiques et épreuve sembables) - je suis un intégriste !
Quant à mes ambitions, franchement, j'ignore quelles elles sont exactement. Une partie de moi-même me ramène ataviquement vers l'enseignement secondaire ("fils de prof" = malédiction des Atrides, on n'y échappe pas !) :loljump: ), et une autre partie aspire à la linguistique, pas uniquement celle des langues classiques d'ailleurs. Faire des dictées à des sixièmes ne me dérange pas, je suis prof dans l'âme et je suis atteint du syndrome (pas d'accent circonflexe à syndrome contrairement à symptôme quel est le c... qui a décidé ça !) du syndrome du stylo rouge.
-> Bon, je propose que nous continuions cette discussion par Messages Perso - je suis tout à fait ouvert à toutes propositions de travail commun ou du moins de conseils réciproques, d'autant plus que nous ne sommes mêmes pas concurrents.
J'attends ta réponse, re-merde pour l'agreg et merde à long terme pour l'EFA (c'est très joli, en effet, je l'avais visitée il ya quelques années à Athènes).
Sisyphe que penses-tu de notre tres mélodieuse prononciation erasmienne (en latin comme en grec) et de la prononciation restituée ? et si tu as des renseignements sur la prononciation restituée (documents qui en parlent par exemple) ca m'interesse beaucoup...
La prononciation que nous utilisons en France n'est qu'une version dégradée de la vraie prononciation erasmienne. Telle quelle, elle est assez nulle : combien de khi et de kappa ai-je confondus et confonds-je encore ! Les Allemands ont une prononciation un peu plus pratique et plus pédagogique, en prononçant le khi [ç]/[x] (comme ich/ach allemand) et le théta comme il se doit, cad t aspiré (comme die Türe, autrefois écrit Thüre).
Il est sorti récemment un assimil de grec ancien (qui paraît-il fait un tabac, le premier tirage est déjà épuisé : comme quoi que le grec ancien peut encore attirer !). Je n'ai pas entendu les cassettes, à mais à ce que j'ai pu lire dans le livret, ils utilisaient la prononciation restituée !

Reste qu'à mes yeux, les prononciations des langues mortes ne sont pas l'élément central - et puis, entre le début du premier millénaire avant JC et l'époque byzantine, la prononciation du grec a totalement changé. Le grec des Pères de l'Eglise, c'est presque du grec moderne. Les prononciations devraient seulement être suffisamment claires pour que leur enseignement en fût facilité.
nous, pauvres étudiants de lettres classiques, représentants si peu nombreux d'une espece qui fut florissante a un age plus ancien,autrement dit les dinosaures de la fac, espece protégée pour qu'elle ne disparaisse pas
Remarque qu'il est amusant de constater que nous jouissons encore au sein des facultés d'une sorte de prestige d'étiquette. À Besançon comme à Lyon, lors des réunions de licence au début de l'année, on commence toujours par tradition par les classiques ("par tradition"). L'oral de l'agreg de classiques se déroule toujours en Sorbonne, et même souvent dans un des amphis historiques (alors que l'agreg de grammaire est confinée dans l'annexe de grec de Paris IV et que les autres agrégations sont disséminées dans les lycées). etc.
j'ai été en fac en Irlande, la quasi-totalité des élèves en fac d'irlandais ne savaient même pas identifier dans une phrase quel était le verbe, quels étaient les noms, où étaient les articles etc. (...) comme quoi, y a pire enseignement des langues qu'en France
Je ne voudrais pas juger sans connaître car je n'ai jamais étudié au-delà de la Manche (ni même au-delà de nos frontières d'ailleurs), mais Pwyll semble confirmer une opinion que j'ai souvent entendue ; à savoir que le système scolaire secondaire britannique, et l'irlandais qui lui ressemble paraît-il beaucoup est en très, très mauvais état, les "comprehensive schools" ayant totalement renoncé à l'aspect encyclopédiste et humaniste de l'enseignement qui reste, bon an mal an, la base du système français.
-> Ce qui ramène à l'une des mes idées exprimées plus haut : l'enseignement des langues, en particuliers des mortes et des minoritaires (triste chose si le gaëlique est minoritaire dans son propre pays) est directement fonction de la forme du système scolaire. C'est une question vaste et pas toujours agréable, mais nécessaire.
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ann
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Post by ann »

je viens ennuyer le monde et réouvrir la discussion entre les classiques et les modernes... Comme d'habitude je pense que c'est le juste milieu qui devrait gagner. Juste milieu entre quoi et quoi? Il est dommage que l'enseignement du latin et grec se perdent et je trouve merveilleux que les passionnés puissent les étudier. De là à en faire comme en Italie une des principales matières dans les lycées littéraires - ici les non-latiniste ou allergiques au latin comme moi peuvent oublier les études littéraires et doivent obligatoirement se tourner vers les sciences... Par contre ils n'ont qu'une seule langue vivante étrangère obligatoire... Une folie, tous nos linguistes connaissent le latin mais rares sont ceux qui connaissent des langues vivantes... En France, idem pour les concours, j'ai renoncé à l'agreg parce que j'étais nulle en latin et en ancien français et sans cela impossible de passer une agreg de lettres modernes (je reve! comme si pour enseigner la littérature française on devait obligatoirement maitriser la langue de nos ancetres romains! et tu peux parler couramment 4 langues vivantes tout le monde s'en fout!
Bon voilà, je n'ai jamais réussi à retenir la quatrième déclinaison et je ne sais pas pourquoi j'ai toujours été totalement allergique au latin alors que j'adore les langues... Surement parce que j'en avais marre des versions à la noix auxquelles je ne comprenais rien. Je réussissais à créer des histoires géniales mais qui n'avaient rien à voir avec le texte de base, ce qui me valait des notes au dessous de zéro... :confused:
Pile ou face?
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Gherbi
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Post by Gherbi »

Hola todos :hello: ;)

Je profite par cette occasion en remerciant Monsieur Beaumont et tous ceux qui ont contribués à l’essor de ce site. Un tel forum dont le but principal est de s'exprimer, bannissant parfois la règle qui impose par politesse de parler la même langue de la majorité, peut importe la langues du discours et peut importe la compréhension de cette langue ou pas, mais l'essence même d'un tel forum et de défendre ces idéaux, et ceux-là sont autant plus nombreux que le nombre d'hommes sur terre, et ce qui est le plus intéressant, l'élément primordial et encourageant c'est que cet idéal que nous défendons, peut importe sont contenu, son degré de sensibilité et les arguments qui plaident pour lui, qui l'appuient et qui le soutiennent, mais c'est qu'elles peuvent être exprimées en n'importe quelle langues, car en fait, en défendant cet idéal nous faisant d'une pierre deux coup, car nous défendons par la même occasion notre langue, et en disant notre langue cela engloberait les « langues majoritaires », « les langues anciennes » ainsi que « les langues minoritaires » (dites plus souvent "dialectes") alors qu'en sait bien qu'en linguistique il n'y a pas de « dialectes » mais plutôt « langues », car le sens actuel du terme dialecte a été inventé que pour des besoins politiques.

Et pour finir, tant qu'il y'aura une personne sur cette terre qui s'exprimera sur ce forum ou sur n'importe quel autre avec sa langue mère même si cette langue ne dépasse pas la centaine de locuteurs, "Cela serait mieux s'il le faisait en l’accompagnant d'une traduction ;-) pour que ceux qui ne comprennent pas puissent le comprendre" je serai très optimiste en disant que cette langue est une langue vivante même s’il devait y’avoir une personne à la parlée et que cette langue aura donc un bel avenir.

Merci.
Sofiane.
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Rónán
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Post by Rónán »

Is breá ar scríobh tú.

= C'est beau ce que tu écris là
Last edited by Rónán on 16 Nov 2004 01:58, edited 1 time in total.
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Sisyphe
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Post by Sisyphe »

Pour répondre à Ann : c'est vrai qu'en France certains classiciens rêvent de l'Italie-où-que-le-latin-est-obligatoire-partout comme de la Terre Promise. Ce n'est pas tout à fait mon cas.

Si l'Italie reste aussi attachée au latin, c'est aussi je pense pour des raisons de fierté historique : l'Italie-héritière-de-l'empire-romain c'est un peu comme nos-ancêtres-les-Gaulois-et-leur-chef-Vercingétorix.

C'est là que le bât blesse : tant que le latin et le grec ne seront pas étudiés pour eux-mêmes, c'est à dire comme des Langues, certes véhiculaires de cultures (mais pas plus que l'allemand, le russe ou le breton), tant qu'on en fait des objets de prestige historique, culturel ou social, leur valeur est paradoxalement dépréciée, justement parce qu'on fabrique des générations de latinophobes. Ann est la deuxième à nous dire "le latin, ça m'a gavé, et mes cours de latin de collège sont encore la cause de mes cauchemards et j'ai même du consulter un psy pour m'en débarasser ;) ".

Quant à la question de l'agrégation de lettres moderne, on peut défendre la place du latin dans cette agreg-là selon le raisonement suivant : on ne peut parler de littérature médiévale que si l'on parle l'ancien français, et l'on ne comprend l'ancien français qu'en ayant fait du latin.

En fait il ya deux problèmes : d'abord l'absence d'alternative. En agreg de grammaire, par exemple, il ya deux options : A (vachement d'ancien-français et de grammaire moderne, un touchtit peu de linguistique latine et grec) et B (l'inverse). En moderne, rien ; l'épreuve de langue vivante (UNE langue vivante) compense à peine le latin, et surtout est presque totalement déconnectée des problématiques littéraires (on fait une version, point à la ligne, pas d'oeuvre au programme, pas de dissertation littéraire, etc.)

Mais le problème de fond est l'usage de l'agrégation (dont je défends le principe) : officiellement, c'est un concours de recrutement de profs (qui en moderne n'enseigneront pas le latin, il est donc a priori inutile), de facto, c'est un concours de recrutement universitaire, et là l'argument littérature médiévale => ancien français => latin se justifie.

Mais ce qui manque, en retour, c'est une agrégation de linguistique. Les filières qui y conduisent (à l'exception de l'agreg de grammaire, mais précisément, il faut du latin-grec) sont récentes et assez inégales.

Là encore, on paie une répartition plus sociologique (voire politique) que scientifique dans l'université française : historiquement, les filières de langues sont tardives et méconsidérées ; quand on a inventé les agregs de langue, il s'est trouvé des esprits chagrins pour dire qu'on bradait l'agrégation à des "sous-matières" (voir l'Histoire de l'agrégation par A. Chervel).

Bref : OUI défendons le latin-grec, ces deux langues sont intéressantes et utiles, voires nécessaires en histoire, archéo, philo (les Italiens, par exemple, font de bons médiévistes)... et linguistique ! (mais pas plus qu'une autre langue). MAIS débarassons-nous du fatras "culturaliste", des argumantaires sociologiques, etc.

Le latin ne sera grand que s'il n'est pas dominateur.

(tient c'est joli ça :P )
Guest
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Post by Guest »

Si je défands les langues pas pour leur apport économique ou social, mais plutôt pour leur aspect culturel, car par expérience, et comme avait dit Goet : "C'est par le moyen des autres langues que connu ma propre langue", alors si on devait approdre une langue étrangère que celle imposée comme une langue internationale ce n'est que bénéfique pour notre propre culture et renforcement pour notre langue mère. Pour ceux qui connaissent le sabir algérien, pourrait vous dire que c'est un véritable pel mel d'autres langues; on y trouve de l'arabe, du français, de l'espagnol, de l'italien, du portugais, du maltais, du bérbère, du turc et de l'anglais, et comment ne pas être polyglotte dés sa naissance ;) :D :sun: , et l'étude de ces langues m'a permis de connaitre mieux la mienne, car une même phrase on pourrait trouver toutes ces langues réunis :sweat: et ce n'est qu'un enrichissement d'une langue qui était au départ égallement riche par des apports en phénicien, en grec, en latin, en égyptien pharaonique ... et comment dire ne pas aimer les langues alors qu'n les cotois tous les jours sans se rendre compte ? Je trouve un malin plaisir de comparer les langues entre elles :love:

A+

Sofiane
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Gherbi
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Post by Gherbi »

Shukran Pwyll ;) "Merci" en arabe qui est aussi une langue qui date de 4000 ans.

Sofiane
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