
Que le portugais brésilien soit plus facile à "découper" est incontestable, mais justement je l'en aime moins.
La difficulté à segmenter le portugais en réalité fait à mes yeux partie de son charme. Mais c'est peut-être un avis de linguiste. C'est vrai qu'il a un système phonologique superbement complexe ; j'ai un peu l'impression que la grande différence avec les autres langues romanes, c'est que ce ne sont pas les toniques qui sont plus longues, mais les atones qui sont plus courtes, et qu'en plus elles ne le sont pas toute de la même manière. En clair, en italien et espagnol, vous avez des longues et des brèves, c'est binaire. En portugais, j'ai l'impression qu'il y a au moins trois degrés possibles et de longueur et d'aperture.
Pour me convaincre j'ai remis ma méthode assimil. Voici une phrase au hasard (qui ne brille pas par sa qualité littéraire) :
O jantar começava por uma sopa muito apetitosa
Eh bien j'adore le quadrille des voyelles dans "muito apetitosa" : à la première écoute, on a l'impression qu'elles se réduisent toutes au même schwa (e caduc, de transition) sauf o, mais en fait elles gardent quand même un timbre particulier.

Mais pour aller dans votre sens, c'est vrai que "mas antes de começarem a comer" me donne l'impression d'être un seul et même mot.

Cela étant, ces bizarreries de phonétique syntactique (=l'enchaînement des sons dans une langue) ne sont pas très différentes de celles que doivent affronter les étrangers apprenant la nôtre.
Essayez un peu de leur expliquer
comment se prononce "bizarrerie" dans la phrase précédente. Ce n'est pas "bizari", mais pas non plus "bizareri". Pas facile...
Et en dessous de la leçon, pour illustrer la phrase "O jantar começava por uma sopa muito apetitosa", on voit trois hommes de Cromagnon en train de touiller une marmite avec un diplodocus dedans. Tordant. .
La plupart des occasions des troubles du monde sont grammairiennes (Montaigne, II.12)