
Je ne comprends pas les Français !
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J'aprouve.ElieDeLeuze wrote:Mouais, les experts, c'est plus une maladie des médias que d'un pays en particulier. En Norvège, j'ai assez entendu de conneries dans la bouche de gens proclamés experts par les médias qui venaient en fait juste de faire une maitrise dans le domaine en question.

Il est vrai que la télé suisse fait beauuuuucoup moins appel aux "experts". Mais quand il s'agit d'actualité internationale, la TSR est souvent dans un rapport de grande neutralité (;) c'est suisse ça...) ; son éthique et sa culture étant plutôt de rendre compte en détail de l'actualité que de prétendre la comprendre et de la "décrypter" selon cet horrible mot moderne (

La suite, un autre jour.
La plupart des occasions des troubles du monde sont grammairiennes (Montaigne, II.12)
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Attention, message en trois temps, ne pas réagir trop vite, merci.
1. Ah non, Sysiphe, je ne peut pas te laisser dire que la TSR est neutre. Vu les inepties que j'y entends sur les Balcans, c'est à la limite de la complicité de crime organisé.
2. La grande différence suisse, c'est qu'ils vont chercher les acteurs de l'actualité, les font parler, et font un puzzle de la situation - ce qui donne une impression de neutralité - et les experts sont quasiment absents puisque par définition, un expert est extérieur à l'affaire. J'y vois plus l'habitude de demander l'avis des gens directement concernés en tout, une sorte de démocratie directe journalistique.
3. Du coup, ce qui est intéressant chez les Helvètes des médias, ce n'est pas tellement à qui ils donnent la parole, mais à qui ils ne la donnent pas. La partialité suisse consiste à trouver deux parties opposables publiquement en se plaçant augustement au dessus d'elles, et faire taire toutes les autres. C'est le Canada Dry de la neutralité.
1. Ah non, Sysiphe, je ne peut pas te laisser dire que la TSR est neutre. Vu les inepties que j'y entends sur les Balcans, c'est à la limite de la complicité de crime organisé.
2. La grande différence suisse, c'est qu'ils vont chercher les acteurs de l'actualité, les font parler, et font un puzzle de la situation - ce qui donne une impression de neutralité - et les experts sont quasiment absents puisque par définition, un expert est extérieur à l'affaire. J'y vois plus l'habitude de demander l'avis des gens directement concernés en tout, une sorte de démocratie directe journalistique.
3. Du coup, ce qui est intéressant chez les Helvètes des médias, ce n'est pas tellement à qui ils donnent la parole, mais à qui ils ne la donnent pas. La partialité suisse consiste à trouver deux parties opposables publiquement en se plaçant augustement au dessus d'elles, et faire taire toutes les autres. C'est le Canada Dry de la neutralité.
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Pour recentrer un peu le sujet, je faisais surtout référence aux différences de terminologie entre la France et la Belgique:
En Belgique, un spécialiste de la politique, c'est un politologue...en France, c'est un expert.
En Belgique, un prof de droit constitutionnel, c'est un constitutionaliste...en France, c'est un expert.
Ca fait bizarre vu d'ici... expert, c'est pas vraiment un métier, c'est plutôt une compétence.
En Belgique, un spécialiste de la politique, c'est un politologue...en France, c'est un expert.
En Belgique, un prof de droit constitutionnel, c'est un constitutionaliste...en France, c'est un expert.
Ca fait bizarre vu d'ici... expert, c'est pas vraiment un métier, c'est plutôt une compétence.

- Sisyphe
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Ah bon ? Moi ça ne m'a jamais choqué... Je n'ai jamais eu l'impression qu'il disent des choses bien différentes des médias français. Mais je ne connais pas forcément bien les Balkans.ElieDeLeuze wrote:Attention, message en trois temps, ne pas réagir trop vite, merci.
1. Ah non, Sysiphe, je ne peut pas te laisser dire que la TSR est neutre. Vu les inepties que j'y entends sur les Balcans, c'est à la limite de la complicité de crime organisé.
Bonne définition en effet.2. La grande différence suisse, c'est qu'ils vont chercher les acteurs de l'actualité, les font parler, et font un puzzle de la situation - ce qui donne une impression de neutralité - et les experts sont quasiment absents puisque par définition, un expert est extérieur à l'affaire. J'y vois plus l'habitude de demander l'avis des gens directement concernés en tout, une sorte de démocratie directe journalistique.
S'agissant de leurs affaires intérieures, grand Dieu non ! Au moindre accident de tricycle dans un village reculé de Thurgovie, tu peux être sûr qu'il donneront la parole et au maire/syndic/bourgmestre/schtroumpfissime et à tous les groupes de l'opposition municipale par ordre alphabétique...3. Du coup, ce qui est intéressant chez les Helvètes des médias, ce n'est pas tellement à qui ils donnent la parole, mais à qui ils ne la donnent pas. La partialité suisse consiste à trouver deux parties opposables publiquement en se plaçant augustement au dessus d'elles, et faire taire toutes les autres. C'est le Canada Dry de la neutralité.
... A y réfléchir, c'est vrai que la télé suisse a moins l'habitude que la nôtre d'aller interviouver le premier clampin venu "alors madame, vous venez de tout perdre dans ces inondations, est-ce que vous êtes triste... - Nan on le refait coco, on voyait pas bien les larmes là, tourne le projo oui... Bon, on se dépêche, on a encore les orphelins et j'ai pas que ça à faire".
Et je trouve ça re-po-sant.

Le politologue a mauvaise presse !En Belgique, un spécialiste de la politique, c'est un politologue...en France, c'est un expert.
En Belgique, un prof de droit constitutionnel, c'est un constitutionaliste...en France, c'est un expert.

Quant au professeur de droit constitutionnel... Déjà, ça fait trois gros mots :
- "professeur" : l'image du "prof" n'est pas très reluisante en France - au contraire des pays germanique ayant une vieille tradition universitaire de Herrn Professoren. "Professeur" fait penser au sombre crétin qu'on a eu en math en troisième. Pas glop.
- "droit" : la justice française n'a jamais été très populaire (et avec raison), le droit y est assimilé. Pour un ex-étudiant de gauche, la fac de droit est LE lieu tenu par des fils à papa encravatés de droite. Pour un ex-étudiant de droite, un prof de droit constitutionnel est forcément un gauchiste, donc qui plus est un traitre à sa section. Bref, pas glop.
- "constitutionnel" : c'est long à écrire.



La plupart des occasions des troubles du monde sont grammairiennes (Montaigne, II.12)
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Mais si, mais si.... Je m'y installe en juillet, pour longtemps j'espère vu que le job est génial.Sisyphe wrote:de häsch nöd de Swchyz gärn, oder ?
![]()

Je crois qu'on pense à peu près la même chose, en fait, malgré mes circonvolutions pour ne pas lancer de polémique politique sur les silences suisses sur les Balkans et Cuba. Bref, l'essentiel est le point 2.
Je suis assez d'accord avec gfa, en fait. Expert est une fonction en France, et elle se justifie à elle=même, ça doit être assez exotique vu de l'extérieur.

En tant que française, voici le paradoxe français que je ne comprends pas !
Je trouve que les français dans leur grande habitude de critiquer ont un talent tout particulier pour critiquer la France ou la société française tout en exprimant une assurance certaine quant à leurs opinions.
cette critique, qui s'accompagne souvent de manque de fierté nationale, pourrait être considérée comme de l'autocritique mais en fait ça n'en est pas car cela rejette toujours la faute sur une inconnue ou un responsable non matérialisé. Il est très courant d'entendre des gens qui n'ont jamais mis les pieds à l'étranger dire (négativement) : "ah mais en France, c'est toujours ... " - ne sachant absolument pas comment ça se passe chez nos voisins
Puis quand on en arrive à la discussion des sujets de fonds ou grands projets, là (toujours sans trop se préoccuper des voisins ou bien les prendre à témoin si cela sert l'argumentation) les français son't souvent sûrs de détenir la vérité.
La conclusion de tout ça est peut-être que les français en moyenne pensent toujours savoir ce qui est bon pour eux mais la réalité ne le prouve pas puisque tout va toujours mal. C'est surement la faute des politiques ...
Si on est honnête avec soi même, ça donne quand même l'impression que le manque de remise en question dans certains domaines empêche la critique constructive (donc les solutions).
Est-ce que vous (français) avez ce sentiment ? Et qu'en pensent ceux qui ne sont pas français ?
Je trouve que les français dans leur grande habitude de critiquer ont un talent tout particulier pour critiquer la France ou la société française tout en exprimant une assurance certaine quant à leurs opinions.
cette critique, qui s'accompagne souvent de manque de fierté nationale, pourrait être considérée comme de l'autocritique mais en fait ça n'en est pas car cela rejette toujours la faute sur une inconnue ou un responsable non matérialisé. Il est très courant d'entendre des gens qui n'ont jamais mis les pieds à l'étranger dire (négativement) : "ah mais en France, c'est toujours ... " - ne sachant absolument pas comment ça se passe chez nos voisins

Puis quand on en arrive à la discussion des sujets de fonds ou grands projets, là (toujours sans trop se préoccuper des voisins ou bien les prendre à témoin si cela sert l'argumentation) les français son't souvent sûrs de détenir la vérité.
La conclusion de tout ça est peut-être que les français en moyenne pensent toujours savoir ce qui est bon pour eux mais la réalité ne le prouve pas puisque tout va toujours mal. C'est surement la faute des politiques ...

Si on est honnête avec soi même, ça donne quand même l'impression que le manque de remise en question dans certains domaines empêche la critique constructive (donc les solutions).
Est-ce que vous (français) avez ce sentiment ? Et qu'en pensent ceux qui ne sont pas français ?
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- Guest
Bonjour domanlai,
je ne sais pas si ce que je vais dire va rejoindre ton point de vue (enfin, j'espère un peu) mais voilà: j'ai souvent remarqué qu' en France, dès que tu proposes une idée, tu vas recevoir en retour toutes les raisons pour lesquelles ça ne peut pas marcher ! Et le pire, c'est que c'est souvent très bien argumenté (je crois que c'est dû en partie à votre cursus scolaire (il n'y a pas de philo dans le secondaire en Belgique)). Pour un Belge, c'est très déroutant: au début, tout le monde est d'accord, "ça" doit changer ! puis, chacun va argumenter sur les idées des autres. Et à la fin, tout le monde va être d'accord (arguments à l'appui) pour dire que le changement n'est pas souhaitable...
Dès fois, j'ai envie de dire: "Ah, si vous dépenssiez autant d'énergie à vous demander comment faire plutôt que pourquoi ne pas faire..."

je ne sais pas si ce que je vais dire va rejoindre ton point de vue (enfin, j'espère un peu) mais voilà: j'ai souvent remarqué qu' en France, dès que tu proposes une idée, tu vas recevoir en retour toutes les raisons pour lesquelles ça ne peut pas marcher ! Et le pire, c'est que c'est souvent très bien argumenté (je crois que c'est dû en partie à votre cursus scolaire (il n'y a pas de philo dans le secondaire en Belgique)). Pour un Belge, c'est très déroutant: au début, tout le monde est d'accord, "ça" doit changer ! puis, chacun va argumenter sur les idées des autres. Et à la fin, tout le monde va être d'accord (arguments à l'appui) pour dire que le changement n'est pas souhaitable...

Dès fois, j'ai envie de dire: "Ah, si vous dépenssiez autant d'énergie à vous demander comment faire plutôt que pourquoi ne pas faire..."
Je crois que ça rejoint tout à fait et en plus ta conclusion est très réaliste.Gfa- invité wrote:Bonjour domanlai,![]()
je ne sais pas si ce que je vais dire va rejoindre ton point de vue (enfin, j'espère un peu)
(...)
Et à la fin, tout le monde va être d'accord (arguments à l'appui) pour dire que le changement n'est pas souhaitable...![]()
Dès fois, j'ai envie de dire: "Ah, si vous dépenssiez autant d'énergie à vous demander comment faire plutôt que pourquoi ne pas faire..."
D'ailleurs les discussions sur l'Europe en sont un bon ex me semble-t-il !
Du coup, le débat est enterré ...
A l'origine Dieu créa le monde et après avoir fait la France il entendit souffler parmi les apôtres un vent de protestation. Le syndicat des apôtres emmené par Saint-Pierre expliqua à Dieu que la France leur paraissait privilégiée par rapport aux autres pays du monde. Et d'énumérer.
- Vous avez mis en France une campagne magnifique, avec des fleuves et des rivières qui serpentent parmi les vallons. Ce sont des paysages uniques qui suffisent presque pour un seul pays.
- Vous avez mis la mer sur plus de la moitié des frontières, avec toutes les richesses qu'elle recèle.
- Vous avez crée des montagnes sur le reste des frontières.
- Vous faites en sorte qu'il y ait de la neige l'hiver et du soleil l'été
- Toutes les espèces animales ou presque sont représentées.
- De nombreuses espèces végétales croissent dans les campagnes.
- Vous ne prévoyez pas de cataclysme en France.
- Quand il y a du soleil, vous prévoyez de l'ombrage.
- L'eau douce coule à flot. Tout cela nous parait participer du favoritisme. Aucun autre pays que vous avez déjà fait ne nous semble cumuler autant d'avantages.
Alors Dieu, dont on ne peut mettre en cause le souci d'équité dit à ses disciples.
- Je vous trouve bien impatient, je n'ai pas terminé …
et il y mit les français...

-
- Guest
Oui les gens sont toujours mecontents, c'est en entendant des choses comme ca que je leur dis qu'ils ne realisent pas la chance qu'ils ont de vivre ici. Satisfaire les gens, ils en voudront toujours plus ... a rien y comprendre.domanlai wrote:Je trouve que les français dans leur grande habitude de critiquer ont un talent tout particulier pour critiquer la France ou la société française tout en exprimant une assurance certaine quant à leurs opinions.
Un autre point qui peut etre rejoint ce que vous disiez domanlai et gfa, sur le fait de proposer des ideés qui d'entrée de jeu ne marcheront pas a cause de mille elements venant justement tout faire afin que cela ne puisse se realiser, ( c'est pas de chance) c'est le fameux : principe de precaution phrase imparable ! sorte de joker qu'on emploie en cas de hesitation quant a intervenir/prevoir/reflechir a des solutions/proposer une alternative ben NON rien de tout ca : on applique le principe de precaution, si quelqu'un veut bien m'expliquer son origine je suis preneur merci

gfa wrote:Chaque émission télé a son expert. Enfin, le plus souvent, c'est la réunion de plusieurs experts. Le propre de l'expert est d'être toujours d'accord avec ce que vient de dire l'expert précédent mais il veut quand même prolonger le raisonnement du premier (bein oui, il faut bien justifier de son statut d'expert). Ce faisant, il arrive à une conclusion différente du premier qui, gravement, hoche la tête en signe d' accord. Ils disent des choses antagonistes, mais sur le fond, ils sont d'accord, puisqu'expert !.
En France, c'est un métier expert !

On dirait du Coluche!
Sinon pour en revenir au sujet initial:
Rassure-toi, nous non plus!Je ne comprends pas les Francais!
«C'est une triste chose de songer que la nature parle et que le genre humain ne l'écoute pas.» Victor Hugo