BenS wrote:En Alsace les Français sont appelés "d'inne Franzose", les Français de l'intérieur.
Amusant , comme si les Alsaciens étaient les Français de l'extérieur.
Comme l'a écrit mon voisin (ma voisine ?) [Salü Nochb'r, ich bén vu Geiderte !] cette expression "les Français de l'intérieur" (qui irrite... les Français en les faisant répondre "Pourquoi, vous n'êtes pas français vous ?") existe toujours.
Bon, ce forum étant un forum de langues et non politique, je ne m'étendrai pas sur les innombrables vexations dont les Alsaciens et leur dialecte ont fait l'objet depuis 1918 (après, on se demande pourquoi nous nous entendons si bien avec nos amis bretons

).
Non, pour info, cette expression "de ou dans l'Intérieur" (im innere) n'est pas spécifique à l'Alsace. Je l'ai entendue en Allemagne, en Sarre plus précisément, aussi une région limitrophe.
Mon beau-père, qui est de la région d'Avesnes sur Helpe (Nord, près de Maubeuge) a entendu dans sa jeunesse une de ses grand-mères (donc vers 1940) dire de temps à autre "Tiens, Untel a épousé un Français", parce que la mariée était du Nord (.. Pays-Bas espagnols jusqu'en 1679 sauf erreur) et le marié de l'Aisne (Royaume de France avant cette date). Je rappelle que le sud de l'Alsace a été allemand et autrichien jusqu'en 1648, le nord jusque 1681, et que nous avons été à nouveau allemand de 1871 à 1918 et de 1940 à 1945. En outre, jusqu'à la Révolution, l'Alsace a été considérée comme "province à l'instar de l'étranger" (càd "assimilable à l'étranger). Nous avons donc ici des "excuses"
Et ce d'autant plus que le langage est connu pour "cristalliser" des évènements ou phénomènes anciens. S'il faut "condamner" l'expression "les Français de l'Intérieur", qu'attend-on pour supprimer de la langue française le mot "Monsieur" qui signifie "Mon Sire, Mon Seigneur" et le remplacer par "Camarade"
Pour redevenir sérieux, heureusement que nous avons de telles spécificités de langage, c'est ce qui fait tout le charme de chacune de nos régions, non ? Sinon nous serions tous pareils. "De l'uniformité nait l'ennui"
Concernant cette "persistance" de frontières disparues dans le langage, il y a encore 2 ou 3 générations, dans la région du Rhöne sud, on parlait d'un côté de la rive de "l'empis" et de l'autre du "réaume", correspondant d'une part à l'ancien royaume d'Arles (partie du Saint-EMPIre germanique) et d'autre part au ROYAUME (de France).
Je pense que nos amis bretons

doivent avoir quelque chose d'équivalent, non ?
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Michel