flamenco wrote:Latinus wrote:En même temps, ça fait une belle jambe à ces lois/codes.
L'alcool au boulot n'est pas une rareté en soit. Il y a le fameux tiroir du bas du bureau à machin, il y a l'employé qui rentre manger chez lui à midi et revient bosser complètement cuité 5jours sur 7, il y a aussi les pots de départ, d'anniv, du premier jour de la semaine, du 54321e tour de roue de la voiture à gégé... Plein de petite occasions où il y a en général plus à boire qu'à manger (oups, on a oublié la tarte ! C'est pas de chance, mais il doit bien y avoir l'un ou l'autre truc à grignoter qui reste du pot d'hier non ?).
Ha, c'était sans compter le petit bar aménagé dans les voitures de fonction de nos chers législateurs ; ceux-ci ne s'ouvrent-il qu'en dehors des "heures de services" ?
C'est sûr, il ne faut pas être innocent, l'alcool existe! Mais je trouve que le dernier endroit où il a sa place, c'est dans un établissement scolaire. Il parrait selon le surgé que les élèves ne voient rien, mon oeil oui! Dans un contexte éducatif avec des ados, on ne devrait pas voir d'alcool, ils en voient déjà assez le week-end!
Contrairement à ce que les gens pensent, ce n'est pas
l'alcool sur le lieu de travail qui est interdit en soi ; l'article du Code du Travail dit, si mes souvenirs sont bons "les alcools autres que le vin, la bière, le cidre, le poiré (!) et l'hydromel sans ajout d'alcool (!)" (ces trois derniers sont devenus rares, mais l'article date du 19e siècle) et "en dehors des lieux de restauration et de repos". Cela étant, c'est vrai que la jurisprudence est de plus en plus sévère...
... Mais je te rassure, j'ai toujours vu du vin dans les cantines "profs" (;) sans parler des véritables trafics quand la prof de sciences-nat a un beau-frère vigneron...)*.
*Cela dit, l'alccolisme dans le milieu enseignant fut un problème lourd, qui n'a diminué avec le temps qu'à cause de la féminisation à outrance du milieu ; les femmes tombent dans la dépression plus que dans l'alcoolisme, elles supportent aussi mieux l'humiliation - hélas
En revanche, comme le dit Flam, c'est bien la présence de mineurs qui rend la chose parfaitement scandaleuse.
Moi ça me révolte et me hérisse au dernier point... Peut-être parce que je suis officiellement prof ? Pourtant je n'enseigne pas, je n'ai pas encore vraiement eu la responsabilité d'élèves, et je n'ai pas non plus forcément une conscience professionnelle à tout casser, mais quand même : il me semble qu'il y a une notion
d'engagement essentielle dans ce métier, un mininum de devoirs moraux. Si on n'est pas près à les exercer, on fait autre chose.
Sans parler d'un lourd contexte de réalcoolisation des jeunes générations...
Elie wrote: Dans le genre, laisse moi te dire que dans certains pays européens, les établissement peuvent exiger à peu près ce qu'ils veulent de leur personnel. Dans le privé, ils ne se gènent pas.
De plus, la peur d'être accusé à tort pousse à la règlementation des comportements de plus en plus précise. Les établissements se déchargent ainsi de toute responsabílité en cas de problème entre un prof et un élève, ils le virent pour faute grâve en vertu des termes flous du contrat, laissant le prof seul face au procès. Le corps et les contacts physiques sont des tabous absolus, ce qui rend la job des profs de sport plus que délicat. Moi aussi, je refuserais tout cours particulier en plus de mes heures pour ne pas prendre le risque que l'élève ne m'accuse de trucs dans ces moments sans témoins. Il faut être aussi extrèmement prudent avec ce que l'on dit en cours, pour ne pas être accusé de présenter telle ou telle chose sous un jour trop favorable ou au contraire trop critique. Ce n'est pas la terreur, mais tout le monde y pense.
Pour l'instant, la situation française est à peu près vivable, du fait du principe de susbtituabilité (pas facile à dire...) de responsabilité entre l'enseignant et l'Etat : en cas de problème, c'est l'Etat, non l'enseignant, qui est d'abord mis en cause au civil (mais non pas au pénal) ; l'établissement peut certes dénoncer sa responsabilité mais il doit pouvoir le justifier. En gros, pour citer une affaire récente : une fille accusait un prof de l'avoir frappée contre la porte et porte plainte. Acte I : le prof est suspendu à titre conservatoire, acte II une enquête diligentée en interne par les services compétents du rectorat découvre en trois heures d'enquête que la fille est une emmerdeuse, qu'elle a fait "une crise" au milieu du cours, qu'elle ne voulait pas sortir de la salle, s'attachant à la porte et que le prof - tenu d'assurer le calme dans ses cours - l'a juste un peu poussée et que le prétendu traumatisme cranien, une fois enlevé la bande velpeau, était une bosse sans aucune gravité, confirmé par médecin. Acte III : le proc' estime le dossier vide et propose le retrait de la plainte, le prof est réintégré.
Sinon, tout ce que tu dis existe en France : l'interdiction du contact physique avec l'élève existe effectivement (ça me semble d'aileurs assez sage - quand c'est réalisable !) ; la règle du "interdit de faire cours à un seul élève" est en revanche un mythe, mais c'est quand même une règle de prudence. Un prof n'a pas le droit non plus, en théorie, de fouiller le cartable d'un élève (mais il peut le mettre en demeure de le faire et l'envoyer chez le proviseur s'il refuse).
Il n'y a en principe aucune différence à faire entre privé et public : les devoirs de l'enseignant sont induits par la relation de protection vis-à-vis des mineurs, et non par le statut de l'établissement. Mais il est vrai qu'il y a une différence : dans un établissement public, un proviseur qui aurait eu vent de telles pratiques aurait immédiatement pensé "mutation disciplinaire aux îles Kerguelen si le rectorat l'apprend

" ! Alors il se serait vite débrouillé pour 1. faire cesser le problème 2. faire en sorte que ça ne se sache surtout pas. On règle en interne, mais au moins, on règle.
La plupart des occasions des troubles du monde sont grammairiennes (Montaigne, II.12)