Sisyphe wrote:J'ai pas le temps de réagir à tout, mais je partage assez le constat de ton avant-dernier message quant à la complexité de ce qui est "la nature" aujoud'hui. Et le mélange complexe d'intentions sincères, de bonnes consciences, de paradoxes, etc.
C'est vrai qu'il y a beaucoup de choses qui m'inquiètent. Et plus, il me semble que plus on creuse le fossé entre le pur environnemental qui ne tient pas compte de l'homme et la vie humaine dans tous ses apsects (y compris les très mauvais), plus on se destine à créer un environnement qui ressemble à un laboratoire.
Hier on a fait une rando dans le val de Béciberri qui se trouve à l'Ouest du parc d'Aygues-Tortes (Val d'aran/ Pyrénées). Il faut savoir que le parce national d'Aygues-Tortes est encore plus restricitf que les parcs nationaux français. C'est une réussite à tous points de vue mais ... peut-on parler de sauvage vu les masses de touristes que cela draine. D'ailleurs je ne pense pas que le but soit de réduire le tourisme.
Le val de Béciberri est juste à l'extérieur du parc - apparemment cela ne nuit pas à sa protection - mais il a le 'malheur' de descendre vers la route du val d'Aran en direction de Lérida et l'entrée sud du tunnel de Vielha. Résultat sur les 2/3 de la descente, on entend le brouhaha des voitures et je crois même avoir capté le bruit des énormes ventilateurs à l'entrée du tunnel. Depuis 2004, il y a une nouvelle bretelle d'accès du côté français : l'A645.
Voici un extrait du communiqué de presse des ASF :
Amélioration de la desserte locale
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- L’A645 évite les traversées difficiles de Montréjeau et Gourdan-Polignan en particulier à la Croix du Bazert.
- Elle donne un accès direct à d’importants sites touristiques pyrénéens tels que Saint-Bertrand-de-Comminges, les stations de ski du Mourtis et de Baqueira en Espagne. Relayée par la RN 125, elle facilite les déplacements vers Superbagnères, Bagnères-de-Luchon, l’Hospice de France, Peyragudes et la Vallée du Lys.
- Au-delà, prolongée par la RN 230, elle assure la liaison avec l’Espagne jusqu’à la ville de Lerida située sur l’axe transversal Saragosse/Barcelone.
Renforcement de la sécurité routière
L’A645 possède un haut niveau de qualité : elle est équipée d’un séparateur entre les deux sens de circulation au sud de la Garonne, de bornes d’appels d’urgence et de refuges tous les kilomètres ; des panneaux lumineux placés à ses extrémités donnent des informations sur les conditions de circulation. Ce nouveau tronçon est géré 24h/24 par le district ASF de St Gaudens.
Intégration environnementale
Tout a été fait pour minimiser l’impact de l’infrastructure sur le cadre de vie des riverains et pour préserver les écosystèmes, les ressources naturelles (eau, faune, flore).
Pour protéger la faune, la bretelle a été clôturée et des mares ont été aménagées sur ses abords pour la reproduction des crapauds calamites recensés sur le site.
Pour la protection du sol et de l’eau, des bassins ont été construits le long de la bretelle pour récupérer les eaux de pluie polluées et les assainir avant de les rejeter dans la nature.
Mes commentaires :
* Evidemment que l'essentiel est d'orgnaiser et d'améliorer les flux des personnes. C'est quand même plus important de faciliter l'accès des français voisins aux supermarchés de la frontière et aux postes d'essence ou il doit y avoir une super concentration de pollution le dimanche.
* la conception de telles voies respecte peut-être l'environnement au mieux (je ne sais si c'est très efficace) mais déconnecte toujours plus l'homme de l'environnement : ça c'est certain. Mais bon les crapauds calamites sont sauvés ... enfin il ne faut pas qu'ils veuillent passer de l'autre côté car pas possible : outre le risque de se faire écraser encore faut-il qu'ils escaladent la dalle de béton d'1 m de haut entre les deux voies ... .
C'est ça que j'appelle le pseudo-environnemental : du béton et du grillage qui séparent des petits espaces d'environnement préservé. Mais franchement quelle valeur cela a-t-il puisque ça devient virtuel et que la marche du 'progrès utile' continue voire s'accélère même dans les endroits où l'on veut remettre le sauvage tels que les Pyérénées.
Donc vouloir préserver le sauvage dans les Pyrénées, c'est bien mais n'oublions pas les pressions dont font l'objet les Pyrénées et qui ne se règlent pas vraiment (le transport par ex). Le débat sur la vallée d'Aspe n'est pas si vieux.
Vouloir faire de l'environnemental sans gérer les problèmes dans leur ensemble, dire que la disparition du pastoralisme n'est pas un problème comparé aux enjeux environnementaux alors qu'il y a si peu de mesures contre la pression du tourisme et la densification du réseau routier.
Personnellement, je trouve qu'il faut utiliser la force des comportements humains qui sont le plus intégrés à l'environnement (je mettrais les bergers dedans) pour essayer de faire pencher la balance vers plus d'environnement et plus de 'sauvage'. Si non (et c'est déjà en marche), on rejette l'homme dans l'urbain excessif sans plus aucun contact avec la nature et on crée des écomusées du sauvage. Et je trouve ça pitoyable et surtout ridicule.
Sisyphe wrote:

Il m'arrive de me demander que le cheval (certes relativement "modelé" lui aussi) aurait pu devenir en Europe après un siècle de traction motorisée généralisée, s'il n'y avait les courses hippiques.

Tu veux dire : autrefois ? Parce qu'il ne me semble pas qu'on mange encore beaucoup de viande de cheval de nos jours.
Oui, je voulais dire dans l'ordre chronologique. Car les loisirs doivent désormais être le moteur principal de l'élevage que ce soit de chevaux légers ou lourds.