Manuela wrote:
Il faudrait commencer par réfléchir aux raisons qui mènent les gens à quitter leurs pays d'origine. Les vraies raisons. Et la raison principale est la quête d'un meilleur avenir. Et ces gens viennent pour travailler. La plupart d'entre eux ne viennent pas pour vivre des allocations familiales, ça c'est garanti.
C'est sûr, mais ne regarder qu'un côté des choses ne permet pas de trouver des solutions. Il faut aussi réfléchir aux raisons qui font que certains grincements de dents peuvent s'expliquer (même si l'on ne doit pas toujours les justifier).
Comme Svernoux, mon expérience (pas des reportages à la télé) m'a déjà montré que certaines personnes viennent pour les avantages uniquement (d'ailleurs ça se comprend : qui va immigrer pour raisons économiques dans un pays qui n'offre rien ?). Je ne saurais dire quel est le pourcentage réel et cela ne signifie pas pour autant que ce soit ton cas ni celui de tout le monde. Mais tu ne peux pas généraliser à partir de ton propre cas.
Manuela wrote:
Pourtant je parle et je comprends le français et je ne pourrai pas piquer le boulot à un vrai Français de souche (même en y mettant mon être tout entier), étant donné que mon cursus académique fait que je fasse ressortir en premier le fait que ma langue maternelle est l'Espagnol.
Je trouve ce raisonnement bien naïf. Evidemment que tu prendras le poste à qqn sauf si l'offre d'emploi stipule que le recrutement concerne uniquement des personnes de langue maternelle espagnole. Pourquoi crois-tu que certains français apprennent l'espagnol ? Pour s'en servir professionnellement, bien sur. Tout comme j'ai pris la place de qqn quand j'ai travaillé à l'étranger et mon mari prend actuellement la place de qqn en France. C'est mathématique. Ca ne veut pas dire qu'il ne faille pas accepter d'étrangers (ce serait bien malvenu de ma part) mais cela explique le ressenti. C'est naturel et humain.
Manuela wrote:
Je fais des critiques, certes, car c'est une question qui me touche directement.
je pense effectivement que ça te touche énormément personnellement. mais ce que je n'arrive pas à comprendre c'est pourquoi tu es aussi dure envers des principes qui somme toute sont assez courants dans le monde. Moi quand je me suis heurtée à ce genre de difficultés à l'étranger, je n'avais pas ressenti contre le pays, ses lois et les dirigeants qui les mettent en oeuvre.
Manuela wrote:
Et si tu lis mes autres messages, j'ai toujours dit qu'il me paraît normal d'exiger que l'étranger(ère) s'intègre dans la société, qu'il ou elle aprenne la langue et soit attaché(e) aux valeurs de la République. Si tu vas dans un pays qui n'est pas le tien, tu respectes la loi et les personnes.
Tu dis cela mais, d'un autre côté, tu plébiscites la régularisation automatique qui équivaut à dire que tout immigrant illégal deviendra légal. La question de fond est que vient un moment il y a une capacité maxi au delà de laquelle on n'offre, de toute fàçon, que de la misère. Quand tu sais qe des personnes payent 1500€ pour arriver illégalement : où est le respect ? Le pire reste qu'elles se sont saignées pour cela et que le resultat n'est souvent pas concluant.
Manuela wrote:
Il est évident qu'un procès de régularisation ne doit pas se faire n'importe comment. En Espagne, les immigrants devaient démontrer qu'ils étaient arrivés avant le 17 août 2004 (soit au moins 6 mois avant le processus de régularisation, car celui-ci s'est déroulé entre février et mai 2005) et l'employeur devait fournir un contrat de travail, qui bien entendu, n'existait pas au préalable. Ces contrats ont donc été élaborés au moment de la régularisation. Pour le casier judiciaire cela me paraît une exigence plus que normale : j'insiste sur le fait que la plupart des immigrants viennent pour travailler !
Moi ce qui m'intéresserait surtout de savoir, c'est la situation actuelle en Espagne à ce sujet. Car on parle toujours de ce qui intéresse mais, après, on fait l'impasse sur les faits concrets jusqu'au bout. D'après ce que j'ai trouvé comme renseignement, la procédure octrayait un permis de résidence d'un an aux personnes qui pouvaient prouver un contrat de travail. Et après, que s'est-il passé ? Reconduction automatique du permis ? Je n'ai pas trop le temps de chercher mais ce serait intéressant de savoir avant d'en tirer des conclusions.
Enfin, tu n'as pas répondu au problème que j'ai soulevé : les charges sociales en France sont bien plus importantes qu'en Espagne et la précarité en Espagne est déjà qqch de bcp plus normalisé qu'en France. Donc les conséquences ne sont pas du tout les mêmes.
Manuela wrote:
Le problème n'est pas que moi je confonds régulation et racisme : c'est l'amalgame que fait ce projet de loi et sur laquelle s'appuie Sarkozy pour attirer des votes. Le racisme est une réalité en France, et nier cela c'est être vraiment de mauvaise foi. Sarkozy vient de déclarer que ce projet vise à éviter le racisme. Pourtant, le racisme existait déjà (il y en a qui font exprès de ne pas se souvenir de Vichy).
Si c'est bien la question car, à te lire, j'en déduis que ce que tu proposes est de ne pas réguler l'immigration puisque tu critiques tout ce qui peut être en rapport de près ou de loin à de la sélection. Partant de là, tu as l'air de considérer que toute approche de régulation de l'immigration et de rejet de l'immigration ilégale équivaut à du racisme.
Oui, le racisme existe en France. Mais être réaliste en disant que la France a une capacité d'accueil limitée ne veut pas dire qu'on est raciste. Il ne faut pas mélanger les deux choses car ça c'est faire l'amalgame. Moi qui suis mariée à un étranger qui physiquement rentre bien dans la catégorie des 'pas français', ça me ferait très mal qu'on m'accuse de raciste.
Manuela wrote:
La réalité ? Je te prie de me la décrire. Car on n'hésite pas à parler de "jeunes issus de l'immigration" et non pas de jeunes français tout court. Pourquoi cette distinction ? Moi j'aimerais que quelqu'un me l'explique.
Je crois l'avoir déjà décrite : la réalité est que la cohabitation des communautés en France est très difficile surtout depuis la crise économique. Et donc il est indispensable de régler la question pour que tous les français quels que soient leurs origines soient traités de manière égale et que les étrangers en situation légale soient respectés avec les mêmes égards. Et ça c'est complètement différent de l'immigration. Comme Svernoux, je pense qu'il faut ralentir l'afflux pour régler les problèmes qui s'accumulent depuis longtemps dans un premier temps.
C'est assez ironique que tu relèves le fait que l'on parle des "jeunes issus de l'immigration" comme qqch de discriminatoire négativement. En fait, je suppose que tu sais que le grand idéal de la France est l'égalité mais colorée d'homogénéité. Pendant très lontemps les français n'ont pas voulu voir qu'il y avait de la diversité sous la surface, eux qui sont si fiers de la laïcité (qui a carrément mis au banc de la société les religions historiques) ont eu un choc quand ils ont réalisé qu'une religion exogène prenait de l'importance. Tout ça pour dire, que justement dans un pays où il est de bon ton de ne pas faire de différence (tout le monde est français, si non ce n'est pas politiquement correct), où il n'y a aucune statistique par origine ethnique (comme aux USA et je suppose en Angleterre aussi), le terme de "jeunes issus de l'immigration" est très récent. Il date juste de l'époque où l'on a vraiment pris la mesure du problème et commencé à parler de la discrimination positive. Il s'agissait donc de désigner le 'problème' d'uen manière 'non choquante'.
Donc je pense que c'est très injuste que tu t'en serves comme d'un argument de fond sur la discrimination. Les français ne savent pas comment s'y prendre dans ce domaine. Les choses sont très compliquées - quels sont les termes appropriés : personnellement, je n'aime pas le terme 'beurs' mais il y a dans les personnes concernées des gens qui l'aiment bien. pourquoi 'black' serait sympa et 'noir' aggressif ?
je répète ma question : quel type de régulation migratoire trouve grâce à tes yeux ? Ou bien confirmes-tu qu'il ne devrait pas y en avoir.