Une question charnière entre la linguistique, l'histoire et la religion.
Quelle langue liturgique les nestoriens, éparpillés de la Méditérranée à la Chine, du IVe au XV.., utilisaient-ils ? Ou bien la liturgie était-elle adaptée à chaque domaine linguistique ?
Dans Evêques, moines et empereurs (610-1024), Paris, 1993 (= Histoire du christianisme t. IV), p. 449, je lis :
" De la conquête arabe à la fin du VIIIe siècle, le syriaque demeura la seule langue utilisée dans cette Eglise, aussi bien dans la liturgie que dans les sciences ecclésiastiques. Mais à partir du début du IXe siècle, l'arabe s'introduisit petit à petit dans la théologie, l'exégèse, le droit et l'histoire (pas dans la liturgie, donc ?), où il fut utilisé concurremment avec le syriaque, qui ne disparut pas pour autant de ces quatre disciplines".
Ils se seraient donc adaptés à leur environnement pour la vie de tous les jours ( 'faut dire qu'en Chine au XIIIe siècle, le syriaque, ça ne devait pas être de première utilité pour faire son marché), tout en conservant effectivement le syriaque comme langue liturgique.
C'est rigolo : un peu plus bas, je lis que les prêtres nestoriens étaient obligés de se marier. Et ma femme, qui est un esprit curieux, me demande aussitôt : "et si leur femme meurt, on leur en colle une autre ?". Ce serait une réforme amusante à proposer au Vatican, ça...