Enfant Bilingue dans la famille + une 3ème langue ?

Venez tous :o) ... blabla, coup de gueule, délire... Faut que ça bouge!!
domanlai
Membre / Member
Posts: 1259
Joined: 22 Jul 2005 17:19

Enfant Bilingue dans la famille + une 3ème langue ?

Post by domanlai »

Bonjour

Je souhaiterais avoir des témoignages de personnes ayant eu une expérience semblable mais aussi les opinions de tous ceux qui ont une idée sur la question.

Je précise que ma question ne porte pas vraiment sur le multilinguisme au sens général mais très précisemment le fait d'intégrer une troisième langue - qui pour diverses raisons - pourait avoir sa place mais ne fait pas vraiment partie de la famille.

Nous vivons en France et les deux langues que j'appelle de la famille sont le français et le chinois cantonais. Comme ça parait évident, nous attendons un heureux événement :) et souhaitons établir le bilinguisme dans la famille de la manière suivante : moi (française) parlerai français avec l'enfant, mon mari lui parlera chinois cantonais et la langue commune à trois serait principalemenrt le chinois cantonais pour faire la balance avec la langue majoritaire (français) à l'extérieur (y compris école). Malheureusement pas de belle-famille cantophone géographiquement proche.

Jusque là tout va bien. Enfin, surement pas évident mais c'est un objectif légitime et surtout qui parait viable d'après tout ce que j'ai pu glaner de-ci de-là.

J'en arrive à ma question.
est-il raisonnable, envisageable ... d'introduire une 3ème langue par l'intermédiaire d'une école immersive ou bilingue ? En l'occurrence, il s'agirait de l'occitan. Sachant que je le parle moyennement (carence dans le voca quotidien) - mon mari un peu en faisant des efforts et que personne d'autre ne le parle. Donc personne ne le parle de manière naturelle ni très correcte.
En fait, c'est qqch qui me tient à coeur : j'aurais aimé transmettre - ou plus précisément participé à la transmission - (dans la mesure de mes moyens) de cette langue à mon enfant mais ... plus l'échéance approche, moins je le vois possible.

Par un moment, on se parlait occitan entre nous sur une partie du weekend mais ça restait très artificiel. Depuis, on a un peu abandonné d'autant plus que je voulais me concentrer sur le cantonais pour briser les dernières barrières orales.
D'un autre coté, il est évident que le chinois et le français ne peuvent être que la priorité et on est conscient que ce n'est pas facile (surtout pour le chinois écrit dans un environnement non chinois).
Donc une école occitane singifierait uen 3ème langue qui serait plutôt extérieure au coeur de la famille.
Enfin, notre but est essentiellement de transmettre ce qui fait partie de nous et non pas d'en faire une machine à apprendre les langues ... .

Dans ce contexte, le fait de rajouter l'occitan me parait de plus en plus déplacé mais, d'un autre côté, ça me déchire un peu d'abandonner qqch qui me tenait tellement à coeur.

Bon, la scolarité n'est pas pour tout de suite mais il me semble qu'il vaut mieux 'déterminer' les grandes lignes linguistiqueds sans attendre le moment de chercher une école ... .

Qu'en pensez vous ?
Y a-t-il des expériences semblables ?
我要飛往天上 呀﹗像那天鳥傲翔 呀﹗那裡充滿希望﹗
User avatar
svernoux
Membre / Member
Posts: 17967
Joined: 09 Jun 2004 09:55
Location: Beaujolais

Post by svernoux »

D'abord félicitations !!! :clap: :clap: :clap:

Alors, je n'ai pas d'expérience de la chose, mais comme tu t'en doutes ça m'intéresse beaucoup. J'ai lu pas mal de choses là-dessus, sur Internet et dans des livres. As-tu lu aussi, à propos ? Parce que ce n'est peut-être pas la peine que je te répète ce que tu sais déjà.

En gros : ton analyse de la situation à 2 langues me semble parfaite, en tout cas c'est celle pour laquelle j'opterai(s) aussi.
Pour ce qui est d'introduire une troisième langue, d'après mes lectures, c'est tout à fait possible, et même une quatrième etc. mais cela dépend énormément du contexte. Il y a pas mal de cas de couples mixtes qui vivent dans un pays d'un troisième langue. Dans ce cas, ça se passe plutôt bien avec trois langues. Exemple : ton mari et toi vivez aux Etats-Unis, donc à la maison on parle français et cantonnais et à l'école anglais. Ceci dit, il semble rare que l'une des langues n'en pâtisse pas.

Mes conclusions de mes lectures, c'est que même à deux langues, il y en a généralement une plus forte que l'autre. Ca demande de la volonté et des efforts pour les équilibrer. Après, plus on introduit de langues et moins les langues sont présentes dans l'environnement de l'enfant, plus il y aura des disparités entre les langues. C'est à dire que peut-être l'enfant parlera parfaitement une langue, pas mal l'autre et uniquement passivement la troisième. Donc, ça dépend de ce que tu attends de tout ça. Si tu espère juste que ton enfant soit initié à l'occitan, disons, qu'il ait une affinité pour la langue, qu'elle fasse un peu partie de son environnement, je pense que ton projet tient la route. Mais si jamais tu souhaitais en faire un vrai trilingue pur et dur, tu risquerais d'être déçue à mon avis.

Après, à toi de voir ce qui compte le plus pour toi. Moi, je pense avoir fait mon choix (à moins que je change d'avis d'ici là...) : je préfèrerais que mes enfants maîtrisent très bien nos deux langues plutôt que d'en parler vaguement 2 sur 3.

NB : je ne dis pas que c'est techniquement impossible : du point de vue du cerveau, il paraît que nos capacités sont quasi illimitées. C'est plutôt un problème socio-psychologique, un problème de relation à la langue : apparemment, c'est pas toujours facile de motiver tes enfants à parler tes deux langues, y'a des phases de refus etc., notamment à l'adolescence. Donc, pour les motiver pour 3 langues, ça demande sans doute encore plus d'efforts.
Sonka - Сонька
It's crazy how the time just seems to fly
But for a moment you and I, we caught it
User avatar
Maïwenn
Modératrice Arts & Litté.
Posts: 17572
Joined: 14 Nov 2003 17:36
Location: O Breiz ma bro
Contact:

Post by Maïwenn »

Félicitations Domanlai ! :D

J'ai autour de moi quelques cas de trilinguismes, certains sont réussis, d'autres pas. Un ami de mon père est marié à une Anglaise. Ils ont un fils. Il parle breton à son fils, elle parle anglais. Entre eux je crois qu'ils parlent français, tout en comprenant chacun la langue de l'autre. Le fils a été scolarisé à Diwan jusqu'en 3ème, ensuite en lycée normal, et autant que je puisse juger, il maîtrise parfaitement les 3 langues. Apparemment il parle très bien l'allemand également. Sa maman est prof, ça a pu aider aussi dans son apprentissage de l'anglais. Mais donc, 3 langues c'est possible (même s'il avait l'avantage, par rapport à ta situation, d'avoir un papa complètement bretonnant).

Un autre exemple : Encore un papa bretonnant, mais marié à une Thaïe cette fois-ci. Un fils aussi. La maman parle thaï, le papa breton, entre eux ils parlent un peu thaï, un peu français, je pense. Vers 5 ans, le fils a fait un blocage, donc le papa a décidé d'abandonner le breton. Maintenant il a 11 ans, et il parle français et thaï (par contre je ne crois pas qu'il puisse le lire et l'écrire). Là aussi le papa était prof.

Donc voilà, 2 situations à peu près identiques au départ, mais le résultat est différent. A quoi ça tient ? Je n'ai pas d'explications... Moi je dirais, pourquoi ne pas essayer les 3 langues ? Comme dit Svernoux, les capacités du cerveau sont énormes. Rien n'est figé de toute façon. Si vous voyez que l'enfant a du mal à suivre en classe bilingue, vous pourrez toujours envisager de lui faire changer de classe.
Penn ar Bed
The end of the land
Le commencement d'un monde
User avatar
Car0line
Membre / Member
Posts: 1378
Joined: 14 Apr 2003 12:02
Location: Athènes-Grèce

Post by Car0line »

Félicitations Domanalai! :baby: :baby: :baby:

Je rejoins l'avis de svernoux, j'aurai opté pour la meme solution que toi.
Par contre il faut que chacun reste à sa place pour que l'enfant comprenne bien qui parle quoi. Dans ton cas, maman parle français, papa parle cantonais, papa et maman ensemble parlent cantonais et en dehors de la maison on parle français. Et il ne faut pas changer ces "règles" pour ne pas le perturber.
A l'école il pourra tout à fait introduire une nouvelle langue, voire deux avec l'anglais par exemple. Mais d'ici là il sera grand et aura bien compris tout ça. C'est à mon avis à ce moment là que vous pourrez parler un peu occitan ensemble. Mais avant 6 ans, je pense qu'il faut appliquer des règles précises et ne pas les changer.. c'est à dire que tu ne lui parles pas occitan comme ça, d'un coup parceque ça te chante :)
User avatar
Maïwenn
Modératrice Arts & Litté.
Posts: 17572
Joined: 14 Nov 2003 17:36
Location: O Breiz ma bro
Contact:

Post by Maïwenn »

C'est vrai qu'on évoque souvent l'importance de ce "chacun sa langue". Mais d'autres études ont montré que ce n'était pas forcément nécessaire, et que l'enfant pouvait faire la distinction tout seul, au bout d'un moment. (au début c'est normal s'il mélange, il aura tendance à utiliser les mots les plus faciles dans chaque langue). Mais c'est sûr que si on sépare clairement, ça peut peut-être aider.

Pour l'occitan, Caro, c'est à partir de la maternelle par contre. (enfin je suppose ? comme pour le breton ?)
Penn ar Bed
The end of the land
Le commencement d'un monde
User avatar
iubito
Membre / Member
Posts: 13070
Joined: 22 Dec 2002 20:31
Location: La belle Verte !
Contact:

Post by iubito »

Félicitations ! :baby:

Je serai du même avis que Caro.

Imposer dès le départ quelque chose qu'en fait toi tu aurais voulu mieux maîtriser, ça me fait penser à ces parents qui imposent à leurs enfants de faire de la moto ou de la danse de salon, parce qu'eux n'ont pas la chance d'en faire étant jeunes, et qu'ils aiment ça. C'est souvent un échec (blocage chez l'enfant).
Par contre le cantonais et le français étant vos langues maternelles, ça sera naturel pour l'enfant de les entendre et les parler.

Rien ne t'empêche par la suite de l'initier à l'occitan si ça lui dit, mais sans insister si ça lui dit pas. Si ça lui dit pas, j'imagine ta déception, mais le choix entre un enfant bloqué avec l'occitan et un enfant plus libre sans l'occitan est vite fait pour moi.
En comparant avec mes passions musicales... si j'ai des enfants, je serai sûrement déçu s'ils ne font pas de la musique et qu'ils détestent ça, mais je préfère qu'ils soient heureux à faire du basketball plutôt que les bloquer devant un accordéon dès l'âge de 4 ans...
A+ les cactus !
A izza i ana sacranou
Askaratni kaasoun kaasoun khalidah
Ana mal' anou bihoubbinn raasikhinn
Lan yatroukani abada...
User avatar
chatoune
Membre / Member
Posts: 4378
Joined: 27 Apr 2003 15:01
Location: Le Mans
Contact:

Post by chatoune »

Félicitations Domanlai !!!! :baby: :chiquita:

J'ai le même avis que Iubito, comme ça, sans y avoir réfléchi plus que ça. ;)
Manuela
Freelang co-moderator
Posts: 6121
Joined: 20 Jul 2005 12:08
Location: Berlin

Post by Manuela »

Félicitations Domanlaï à toi et ton mari !!!!

Je connais plusieurs cas d'enfants qui vivent dans un foyer bilingue -les parents ayant des langues maternelles différentes et qui leur parlent dans ces langues- et qui habitent un pays ayant une langue différente des deux autres. Tout se passe très bien : ils parlent à chacun des parents dans leurs langues respectives lorsqu'ils s'adressent individuellement à chacun, parlent la langue "de la maison" lorsqu'ils sont tous ensemble, et parlent la langue du pays lorsqu'ils sont en dehors de la maison.

Bien entendu, il y en a aussi qui font des blocages, mais c'est passager...
Guten Tarte! Sorry for the time...
User avatar
Maïwenn
Modératrice Arts & Litté.
Posts: 17572
Joined: 14 Nov 2003 17:36
Location: O Breiz ma bro
Contact:

Post by Maïwenn »

iubito wrote: Imposer dès le départ quelque chose qu'en fait toi tu aurais voulu mieux maîtriser, ça me fait penser à ces parents qui imposent à leurs enfants de faire de la moto ou de la danse de salon, parce qu'eux n'ont pas la chance d'en faire étant jeunes, et qu'ils aiment ça. C'est souvent un échec (blocage chez l'enfant).
On peut aussi envisager le cas inverse, de l'enfant qui reproche à sa mère de ne pas avoir transmis une langue qu'il doit apprendre plus tard. C'est mon cas, j'en ai longtemps voulu à mes parents de ne pas m'avoir parlé breton. Depuis, j'ai accepté leur choix, mais c'est pas si évident.

Ma question est perfide, mais donneriez-vous les mêmes réponses si au lieu de l'occitan, Domanlai voulait parler anglais ? (sachant que l'anglais est la langue de sa famille, pas seulement pour faire chic)
Penn ar Bed
The end of the land
Le commencement d'un monde
User avatar
iubito
Membre / Member
Posts: 13070
Joined: 22 Dec 2002 20:31
Location: La belle Verte !
Contact:

Post by iubito »

Si l'anglais est la langue de sa famille souvent en contact, ça me paraîtrait normal... du genre grand-mère anglaise qui parle mal français habite dans la même ville et garde souvent les petits, naturellement elle va parler anglais et les petits-enfants aussi. Par contre si mamie habite à perpète et qu'elle vient une fois par an, je trouverai ça un peu exagéré de lui apprendre.

En tout cas, il ne faut pas que ce soit une langue que les parents parlent en faisant un effort, ça doit être une langue naturelle pour les parents (i.e. je me vois mal marié à une française et bafouiller roumain, bulgare et grec à mes enfants :lol: )
A+ les cactus !
A izza i ana sacranou
Askaratni kaasoun kaasoun khalidah
Ana mal' anou bihoubbinn raasikhinn
Lan yatroukani abada...
User avatar
Beaumont
Admin
Posts: 7386
Joined: 07 Jun 2002 02:00
Location: Thailande
Contact:

Post by Beaumont »

Je suis un peu dans le même cas, avec le français et le thai, et une troisième langue qui sera logiquement l'anglais. Par contre je n'ai aucune hâte, :baby: parlera évidemment thai, langue de la maman et du pays, et moi j'essaierai de transmettre le français, mais ce ne sera pas facile car la maman ne le parle pas (elle promet de s'y mettre, mais c'est pas gagné). Donc pour moi c'est le problème principal, est-ce que :baby: parlera français ou pas, est-ce que plus tard il pourra lire un livre en français, etc. Pour l'anglais on verra plus tard, je ne me fais aucun souci. Pour ma part j'ai appris l'anglais vers l'âge de 9 ans, sans forcer, et aujourd'hui je peux lire un bouquin et tenir une conversation. Le français est beaucoup plus difficile et le plus tôt sera le mieux. J'espère que ce sera aussi une motivation pour la maman.

On vous tiendra au courant, OK domanlai ? ;)
Time is an illusion. Lunchtime doubly so.
User avatar
svernoux
Membre / Member
Posts: 17967
Joined: 09 Jun 2004 09:55
Location: Beaujolais

Post by svernoux »

Maïwenn wrote:On peut aussi envisager le cas inverse, de l'enfant qui reproche à sa mère de ne pas avoir transmis une langue qu'il doit apprendre plus tard. C'est mon cas, j'en ai longtemps voulu à mes parents de ne pas m'avoir parlé breton. Depuis, j'ai accepté leur choix, mais c'est pas si évident.

Ma question est perfide, mais donneriez-vous les mêmes réponses si au lieu de l'occitan, Domanlai voulait parler anglais ? (sachant que l'anglais est la langue de sa famille, pas seulement pour faire chic)
Personnellement, peu m'importe que ce soit occitan ou anglais ou autre. Mais je suis comme les autres plutôt pour une langue naturelle. Donc, si le breton était naturel pour tes parents, effectivement, c'est dommage qu'ils ne te l'aient pas appris. si l'occitan est laborieux pour domanlai, je pense qu'il ne faut pas se forcer à tout prix. S'il lui était naturel, ce serait une autre paire de manches. Dans les situations qu'évoque Manuela (et dont je parlais aussi au début), ça se passe bien je pense parce que les trois environnements sont naturels : les deux langues à la maison sont naturelles et la troisième est acqusie aussi naturellement dans un milieu où elle est la langue naturelle de communication. Personne ne se force à parler dans une langue à des buts éducatifs.
Donc, je retiendrais avant tout ce critère.

NB : et quand je parle de naturel, il va de soi que les parents peuvent avoir plusieurs langues naturelles, s'ils sont eux-même bilingues --> peut-être le cas de tes parents, Maï ? Mais c'est vrai que je considère peu cette combinaison, parce que le cas est quand même relativement rare en France (jusqu'à présent).
On pourrait envisager ça nous aussi : parler aussi l'ukrainien. Mais mon mari est psychologiquement bloqué contre, donc je trouve ça dommage mais je ne veux pas qu'il se force à parler une langue, ça aurait probablement l'effet inverse... Y'aura toujours babouchka pour ça !
Sonka - Сонька
It's crazy how the time just seems to fly
But for a moment you and I, we caught it
User avatar
Sisyphe
Freelang co-moderator
Posts: 10959
Joined: 08 Jan 2004 19:14
Location: Au premier paquet de copies à gauche après le gros dico

Post by Sisyphe »

Je suis globalement d'accord avec l'opinion émise (avec chacune des nuances) par Svernoux et Iubito. J'aimerais peut-être apporter quelques éléments supplémentaires :

1. Il faut se souvenir que les enfants n'ont pas vis-à-vis des langues une attitude "rationnelle", en tout cas celle qui correspond à notre rationalité d'adulte (quelle que soit notre relation "sentimentale" à une langue, globalement on envisage l'usage de telle langue d'abord comme un moyen). L'exemple typique (souvenir perso) est celui des enfants de couples mixtes qui, durant un moment au moins, parlent systématiquement la langue maternelle à toutes les femmes et la langue paternelle à tous les hommes. Ou (je crois qu'Ann pourrait en parler) de ceux qui décrètent que les histoires avant de s'endormir se sera forcément dans une des deux langues, ou de même pour toute autre activité. Quelles que soient les bonnes intentions que l'on a pour eux, ils risquent de ne pas du tout les comprendre.
Inversement, cela veut dire aussi qu'il faut que la langue corresponde à quelque chose de sentimental pour eux (le combat "politique" pour le maintien d'une culture menacée, à 4 ans, on s'en fout ; les petits manquent désespérément de conscience politique, tss...) : des histoires racontées par maman ou des comptines récitées par papa, etc.

2. La question est aussi : l'école occitane, elle est où ? Si c'est à trente kilomètres et qu'il faut se lever à 6h10 le matin, il va vite pêter un plomb. :evil: Quand je vois le nombre de parents qui, croyant faire le bien de leur enfant font tout pour "éviter" une école supposée mauvaise (parce qu'on leur a dit que...) avec précisément pour conséquence d'imposer à des petiots trente minutes de car le matin ! Grrr...

3. Autre élément qui je crois n'a pas été mentionné : si vous voulez qu'il acquière correctement les deux langues et les deux cultures, il faudra qu'un jour il apprenne à lire et écrire en chinois, et trouver une "école communautaire" de cantonais, ce ne sera sans doute pas de la tarte. Ca lui fera déjà une activité en plus, des mercredi après-midi en moins, etc.

Ma réaction serait la même avec l'anglais, à ceci près que l'anglais est beaucoup plus facilement "rattrapable" ultérieurement : les magasins sont pleins de méthodes, les collèges pleins de cours, et les possibilités de partir dans des pays 100% anglophones nombreux. Ce sera plus dur avec l'occitan ; je comprends donc mieux le désir de vouloir transmettre l'occitan et le déchirement de ne pas pouvoir le faire.
La plupart des occasions des troubles du monde sont grammairiennes (Montaigne, II.12)
User avatar
Maïwenn
Modératrice Arts & Litté.
Posts: 17572
Joined: 14 Nov 2003 17:36
Location: O Breiz ma bro
Contact:

Post by Maïwenn »

En fait ils ont toujours entendu le breton à la maison, donc ils le comprennent "couramment". Ma mère en est restée là, mais mon père s'est mis à le parler un peu plus tard, et l'a travaillé en contexte, puisqu'il fait partie d'une troupe de théâtre. Donc c'est plutôt naturel pour lui, même si ce n'est pas sa langue maternelle (bien que ce soit la langue de sa maman. Compliqué, non ? :lol: )

Effectivement, l'aisance dans la langue joue beaucoup ! Transmettre une langue qu'on maîtrise que partiellement c'est difficile. Mais ici, je crois que Domanlai s'interroge plus sur un apprentissage via l'école, avec une aide à la maison. C'est souvent le cas de nombreux enfants des écoles bilingues bretonnes, ils n'utilisent le breton qu'à l'école pratiquement, parce que les parents ne le parlent pas. Après se pose la question de la qualité de la langue, c'est évident... (autre problème) Mais, je continue à penser que Domanlai et son mari peuvent scolariser l'enfant en bilingue dès la maternelle, en restant vigilants. Si ça ne marche pas, si l'enfant n'est pas épanoui, on oublie l'occitan.
Penn ar Bed
The end of the land
Le commencement d'un monde
domanlai
Membre / Member
Posts: 1259
Joined: 22 Jul 2005 17:19

Post by domanlai »

Merci à tout le monde tant pour les félicitations que pour les commentaires. :D

Je ne vais pas reprendre les citations de chacun mais les points essentiels sur lesquels j'ai des choses à dire ;)

Tout d'abord, je pense que Maïwenn a bien compris ma situation : en effet, je ne considère pas l'occitan comme un hobby que je voudrais imposer mais comme une part identitaire de cet enfant. En gros, s'il n'aime pas la montagne, je serai très déçue mais bon ce sera ainsi et ça ne me viendrait pas à l'idée de l'obliger. Par contre, le fait de transmettre un élément identitaire est qqch de différent que je considère comme la responsabilité des parents. Ce qui est compliqué dans notre situation est que, d'une part, la notion d'identité est plurielle (encore plus que la plupart des gens) et, d'autre part, l'identité occitane est difficile à établir en France. On peut regarder la TV en cantonais toute la journée (même si pas bon marché) et voir les gens vivre en cantonais alors que pour l'occitan, même en étant sur place, c'est dur de savoir où il est ... .
Effectivement, si l'on prenait la décision de l'école occitane, ce serait, comme le dit Maïwenn, pour ouvrir une porte sur cet aspect culturel et identitaire car on a plus ou moins décidé de ne pas l'utiliser de manière régulière à la maison. Tout d'abord, ce n'est pas une langue qui sort des 'tripes' et, avec les autres langues, ça devient compliqué. Par contre, s'il aime la montagne, c'est l'endroit où ça m'est le plus naturel de le parler :D Je plaisante.
Mon impression aussi est que nombre d'enfants en école bilingue immersive ne parlent pas spécialement la langue à la maison (car la situation de ces langues est très précaire). La différence fondamentale est qu'ils sont entre le français et l'occitan alors que nous ce sera plus compliqué.

Pour rassurer, Sisyphe, ces écoles se trouvent dans un rayon de 5 à une dizaine de kms. C'est vrai que si c'était loin, on n'aurait déjà éliminé la question. Ce n'est pas un combat politique non plus - en tout pas plus que de transmettre le français plutôt que l'anglais qui est la langue d'avenir pour certains. C'est juste que l'occitan (d'une manière particulière fait partie de moi et que d'uen manière ou d'une autre il pourrait en hériter au même titre que d'autres aspects culturels).

Effectivement, je suis aussi consciente du fait que la langue ne soit pas une langue naturelle pour moi ni personne d'autre de proche soit un problème et que cela peut déraper de manière négative comme le dit Iubito. C'est bien pour cela que je pose la question.

Et pour répondre à Svernoux, il n'y a aucune ambition de compétence linguistique. Ca s'arrête vraiment à donner la conscience d'une identité occitane.
Et si l'on attend 6 -10 ans pour le mettre en option, ça devient une langue supplémentaire (comme le sera l'anglais ou d'autres plus tard). Ce qui n'est pas vraiment mon objectif.

De même pour le chinois, on a choisi le cantonais et non pas le mandarin parce qu'il s'agit de la langue la plus naturelle de mon mari, que la belle famille vit à HK et parle cantonais (puisqu'à HK le cantonais est encore une langue vivante et principale - le mandarin n'étant qu'une langue secondaire à étudier) et donc que l'identité majeure et naturelle à transmettre du côté chinois est cantonaise. Alors bien sur, certains pourront rétorquer que le mandarin a plus d'avenir mais ... ce n'est pas la langue du 'coeur et des tripes'. Le mandarin est pour mon mari une langue apprise : c'est donc différent.

Et là j'en arrive à la question qu'ont soulevée Beaumont et Sisyphe à savoir la connaissance écrite de la langue chinoise. J'avais évité ce point car c'est vraiment très particulier.
Déjà, il faut savoir qu'en France, il n'y a pas d'écoles de chinois correspondant à l'apprentissage dans ce contexte (langue maternelle à la maison). Peut-être y en a-t-il une à Paris au niveau jardin d'enfant et/ou primaire) et c'est tout. Quant au canrtonais, ça n'existe nulle part au monde :-? Pour ça, il faut comprendre l'environnement linguistique chinois et hongkongais. En Chine, toutes les langues autres que le mandarin sont considérées comme des dialectes quel que soit leur statut réel (ça ressemble pas mal à la France :loljump: ) et ne sont parlées qu'à la maison (enseignement réglementé en mandarin). Depuis très longtemps (bien avant la politique du mandarin unique), les chinois ont toujours écrit une langue unique (qui était le chinois classique, remplacé plus tard par el chinois contemporain standard quasi identique au mandarin) et parlé leurs diverses langues orales. Un peu comme si en Europe de langue romane, chacun parlait français, portugais, catalan, italien, ... mais ne l'écrivait jamais et n'écrivait qu'uen langue commune ... le latin ;)
A Hk qui a été coupé de la Chine pendant un certain temps (mais n'a absolument pas coupé les liens culturels linguistiques), ça donne une situation hallucinante (que je qualifie de schizophrénie en plaisantant). Les gens ont continué à dissocier langue orale et langue écrite (à savoir écrire une langue assez différente de la langue orale) tout en donnant un statut renforcé à cette langue orale. Conclusion : pas de cours de cantonais : ça s'apprend à la maison et en parlant avec les profs. Le cantonais n'est qu'un outil d'enseignement mais ne fait pas l'objet d'enseignement pour lui-même. Les cours de chinois portent sur la langue écrite et littéraire (donc pas directement le cantonais dont on n'utilise plus que la prononciation).
Après cette longue parenthèse, je conclue en disant qu'effectivement le challenge est énorme : d'une part, l'apprentissage des caractères chinois et, d'autre part, le fait que l'écrit standard chinois ne colle pas complètement au cantonais. Je pense que pour l'écriture et la lecture, on verra au jour le jour en essayant d'en faire au maximum de manière ludique avec le minimum de pression et d'obligation. Je suis bien consciente qu'il ne faut pas avoir d'exigence trop rigoureuse. Mon mari commence à réaliser le pb car jusqu'à présent il avait tendance à se replonger dans ses souvenirs et ... évidemment c'est pas pareil !
Par contre, la maîtrise du chinois écrit rend la maîtrise future du mandarin extrêmement allégée (en carricaturant un peu, il n'y a plus qu'à phonétiser).

Donc la on a le contexte complet :
deux langues principales avec deux systèmes d'écriture complètement différents et éventuellement, une troisième langue qui, culturellement est proche du français et ne demande aucun effort supplémentaire sur l'apprzentissage de la lecture et de l'écriture.
Si l'on opte pour l'ocitan, ce serait donc plus un apprentissage externe. Reste à savoir si dans ce contexte c'est trop compliqué ou pas.

En plus ce genre de question est très subjective et liée à l'envieronnement :
- ma mère a été ébahie quand je lui ai dit que l'on ferait naturellement les deux langues en même temps (chinois et français - alors je n'ai même pas mentionné l'occitan ...) - c'est sa génération et son contexte.
- les chinois de manière générale sont habitués à parler plusieurs langues et, en plus, sont fanatiques du +++ dans l'éducation. j'ai même vu des témoignages où le nombre de langues est impressionnant et ils ne s'encombrent pas de regarder s'il s'agit de langues maternelles. L'utilité avant tout :loljump:

Voilà, voilà ... désolée si c'est un peu long !
我要飛往天上 呀﹗像那天鳥傲翔 呀﹗那裡充滿希望﹗
Post Reply