Xavier[vp] wrote:Il me semble qu'on peut dire
"Venis annon?"
"Utrum venis annon?"
"Venisne annon?"
Mais sous confirmation de Sisyphe !
Perustus ego ! (autrement dit : grillé)

J'ai même plus rien à faire ! Dire que j'étais justement en train de vérifier de peur de dire une bêtise.
Les trois formules sont justes. De la plus construite à la plus "orale":
1. Utrum venis annnon ?
2. Venisne annon ?
3. Venis annon ? -> Cette dernière n'étant pas explicitement donnée par la syntaxe d'Ernout & Thomas (p.160) mais je suis à peu près sûr qu'on peut la trouver. C'est comme en français "tu viens ou pas ?".
("an non" en un ou deux mots peu importe)
Cela étant, je pense que dans beaucoup de cas, l'existence de trois interrogatifs à "attente" différente en latin :
1. Vidisne Romam ? As-tu vu Rome (Réponse attendue égale : oui / non)
2. Num insanis ? Es-tu fou (Réponse attendue : non)
3. Nonne amicus meus est ? N'es-tu pas mon ami (réponse attendue : oui/si)
Rend moins fréquente l'usage de formes disjonctives. La première (-ne) indique précisément l'équipotence des deux termes de l'alternative : vrai / non-vrai.
Donc une forme du type "venisne annon" est particulièrement insistante. On la trouve plutôt "à l'oral" (cad dans le théâtre romain ou les dialogues des romans). L'exemple que j'ai trouvé l'illustre bien :
"videon(e) Cliniam an non ?"
"Est-ce que je vois Clinia ou pas" (Tér. Hau.405)
Est rhétorique et non-logiquement formulé. Le héros voit effectivement Clinia entrer sur scène. Je traduirais
très librement par "je rêve, ou je vois Clinia ?!"

La plupart des occasions des troubles du monde sont grammairiennes (Montaigne, II.12)