
En principe, je suis plutôt censé être devant des lycéens (mais ça n'a rien d'automatique) et en principe en tant que stagiaire je ne dois pas faire de classe à examen (mais les proviseurs s'assoient souvent sur cette règle), ce qui pour les profs de français exclut première et terminale.
Donc, dans l'hypothèse, légèrement supérieure à d'autres, où j'ai des secondes l'an prochain (et uniquement, puisque comme stagiaire je ne fais que six heures d'enseignement), je suis en train de songer à ce qui pourrait être le possible programme de lecture.
Les instructions exigent six lectures suivies d'oeuvres complètes, illustrant au moins quatre domaines, uniquement dans le domaine francophone (mais non pas uniquement français en théorie), préférentiellement du XIXe ou du XXe, étant donné la difficulté énorme que les élèves ont pour la langue française des siècles précédents (

Je vous préviens tout de suite : ça ne sera PAS original. D'abord parce que ça n'a pas à l'être : il s'agit de transmettre (grand mot...) un "patrimoine culturel", autrement un dit un smic, ce que tout le monde doit plus ou moins connaître même de loin. En plus, comme je saurai ma nomination le 29 août et ma classe la vieille de la rentrée (

J'aimerais votre avis extérieur : d'élève, d'ancien élève, de parent, etc.
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En gras, les "domaines" officiels, puis mon pré-choix par ordre décroissant d'intérêt (je pense plutôt faire le 1 que le 2, etc).
Accessoirement, il faut qu'au total j'équilibre aussi les genres (prose/ théâtre), les périodes, et les auteurs. Une même oeuvre pouvant illustrer deux thèmes, certaines peuvent se retrouver dans deux catégories.
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I. Une oeuvre représentatative d'un mouvement littéraire etc. du XIXe ou XXe : j'aime pas le 20e, les seuls oeuvres intéressantes sont celles qui n'appartiennent pas à un mouvement littéraire (je ne peux pas piffer les surréalistes). Et puis je maîtrise mieux le 19e.
1. Hugo, Hernani : dans le genre "affirmation du romantisme", c'est basique, tout y est, et puis la "querelle" fait partie de la culture commune (sans parler du ravissant film de je ne sais plus qui) ... Perso, mon goût va plutôt à Ruy Blas ; donc éventuellement :
-> Joker : Ruy Blas
Avantage : plein de.
Inconvénient : j'ai beaucoup trop de théâtre dans mes propositions.
2. N'importe quel Zola au nom du naturalisme : Germinal étant encore le mieux connu de moi. Encore que le côté brutalement sexuel de certaines considérations m'embête (ça dépend des élèves, du milieu, de mon courage, etc.)
-> Joker : La fortune des Rougons, bien moins connu, mais il met bien en scène le principe.
Avantage : de tous les romans, ce sont les plus faciles à lire.
Inconvénient : "M'sieu il est trop gros ste livre !"
II. Une comédie ou une tragédie (pièce du XVIIème, repère classique, ou moderne...)
Faisant partie de ces 22,4 % d'étudiants de lettres qui s'obstinent à préférer la littérature classique, j'insiste pour faire quand même un peu de 17e même si les consignes me conseillent le contraire, sans me faire aucune illusion sur l'intelligibilité pour une classe de seconde d'une phrase comme "je ne viens pas ici par de jalouses larmes / vous réclamer un coeur qui se rend à vos charmes". Donc
1. Racine : plutôt Phèdre ou Andromaque que Bérénice, plus belle mais incompréhensible à nos esprits modernes (il ne se passe rien). Phèdre est plus simple je trouve, mais moins "classique" (le monstre, la mort sur scène : trop baroque à tous les sens).
-> Joker : Britannicus
Avantage : c'est quand même le smic culturel je trouve.
Inconvénient : M'sieur, on comprend rien à qu'est-ce qu'ils disent.
2. un Corneille : disons le Cid pour n'être pas original.
Avantage : le dilemme cornélien, c'est basique et facile à formuler.
Inconvénient : encore plus pire pour la langue.
3. un Molière exigeant, type Tartuffe, Misanthrope (un peu trop compliqué celui-là), Don Juan...
Avantage : plus simple à tout point de vue que les tragiques ; des fois la comédie fait même rire, dingue non ?
Inconvénient : ils en ont déjà fait en principe.
Un roman ou une nouvelle du XIXème ou du XXème siècle; outre les déjà cités :
1. Flaubert, Madame Bovary.
Avantage : smic culturel là encore. Super-balisé là aussi. Pas trop trop difficile à lire (oui, je suis naïf)
Inconvénient : je vais finir par m'en dégoûter, ce serait dommage.
-> Joker : Un coeur simple, ou une autre nouvelle. C'est plus court, ça fait moins peur, et ça permet de faire un peu de nouvelle.
2. Un Balzac, sans originalité : Père Goriot ou Colonel Chabert. A tout prendre je préfère le deuxième.
Avantage : bien classique... Chabert est assez court.
Inconvénient : aucun, sinon ceux inhérents à Balzac.
3. Maupassant. Oublions Une vie, le meilleur, et rabattons-nous sur Bel-Ami.
Avantage : littérature de lycée, super-balisé, profilé, accompagné...
Inconvénient : littérature de lycée, ça me gave !
4. Soyons fous : Duras. Nan, nan, pas le Vice-Consul rassurez-vous. Plutôt un plus "simple" (disons un roman écrit qu'on peut lire, et pas une acathiste à psalmodier filmé en noir et blanc dans un décor nu) : l'Amant, ou Un barrage contre le Pacifique[/].
Avantage : faut bien que je fasse un peu de 20e quand même.
Inconvénient : c'est très ambitieux. Mais bon, de toute façon, la littérature du XXe siècle est faite uniquement pour les agrégés de lettres modernes, alors... Accessoirement, faudrait que je les relise.
Extraits de textes argumentatifs sur une thématique (Littérature et altérité // L’éducation [ndr : l'un ou l'autre]) (le truc qui me fait le plus ch***)
1. Pour "l'éducation", ce sera Molière Ecole des femmes ou rien.
Avantage : c'est clair, basique, et évidemment magnifique. Et ça peut faire en même temps un contre-point au programme de théâtre.
Inconvénient : c'est pas vraiment de l'argumentation. Et ça fait vraiment beaucoup trop de théâtre.
Pour "littérature et altérité" :
1. Le Candide ou rien.
Avantage : sublime, génial, super-connu, super-balisé. Et en plus un peu de prose pour une fois. Là encore, smic culturel.
Inconvénient : ça aussi je vais finir par m'en dégoûter.
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Je laisse tomber les deux thèmes optionnels pour l'instant. Ca manque de XXe quand même.