Claudine wrote: l'IUFM (pour une fois que je les cite en bien!!!)...

Mais si, mais si, ça arrive ! et même régulièrement !
Comme la floraison de l'agave (tous les sept ans) ou les transits planétaires (un peu plus de deux cents ans...)
*
Utnapishtim wrote:Si on étudie par exemple la loi phonétique suivante (Thurneysen) :

Je sens qu'on va être potes...
Damiro wrote:Mais que sont donc strid, lat et ant?
Strid, ça doit être "stridente" (une consonne stridente... est caractérisée par lap résence dans son spectre acoustique d'un bruit d'intensité particulièrement élevé et par une répartition particulière de l'intensité" [Dubois]). Par opposition à "mate", syn. de "consonne à bord rugeux").

Bref, ce sont les consonnes qui font du bruit - cf. "cht !" et "psst !" en français.
lat, je suppose que c'est "latéral" ; en gros : c'est uniquement le [l] ! Quand je dis que ce tableau est idiot.
ant, ça doit être antérieur. Ca veut dire que la langue s'avance du côté des dents (on le dit d'ailleurs plus souvent des voyelles).
Damiro wrote: Autre petite question importante, quelle est la différence entre la notation [ ] et / / [ ] = phonétique et / / = phonème donc [ig ben] = /ik ben/
ou en allemand, [ra:t] = /ra:d/ ??

Ah ça, c'est la différence entre phonétique est phonologie ! C'est à la linguistique ce que le credo est à la foi chrétienne... Aymeric parlait d'incantations....
Les [crochets] notent une transcription phonétique, c'est-à-dire qu'ils notent les
sons, de la façon la plus précise possible.
Les /barres/ notent une transcription phonologique, c'est-à-dire qu'elles notent les
phonèmes, en tant qu'ils s'opposent entre eux, qu'ils constituent une unité identifiée par les locuteurs de la langue donnée.
Exemples :
Suivant qu'on soit francophone de Paris, de Bourgogne rurale*, de certains coins de France ou des Antilles, le
son noté par la lettre "r" n'est pas le même : respectivement "/R/ uvulaire fricatif" (noté en API par un "R majuscule à l'envers avec le pédoncule à droite"), "/R/ roulé" (noté [r] en bon API), "r uvulaire roulé" (dit grassayé, noté [R], ou "/R/ latéral alvéolaire" (noté "r minuscule à l'envers avec le pédoncule à gauche" en API).
Mais pour un locuteur ou un auditeur, ça reste toutefois le même phonème ; car dans la langue française, je ne peux pas trouver un seul mot où la différence entre un [R] ou un [r] ou un ['R à l'envers'] induise une différence de sens.
*Comme j'ai déjà eu l'occasion de le dire, l'existe du "r roulé bourguignon" est à mon avis de moins en moins réelle et vire de plus en plus au mythe de linguistes. Mais bon, on m'a assuré sur ce forum même qu'il y avait encore des Bourguignons qui roulaient les /R/, donc...
Donc, phonétiquement, ils y a des francophones qui disent [roz], d'autres [Roz] etc. Mais ce n'est qu'une variante du même mot "rose", que j'écrirai donc, phonologiquement parlant /roz/.
Deuxième exemple, dans lequel je vais par commodité utilisé le signe [§] pour transcrire le son "ch" faute de pouvoir écrire en API ici.
En français, il y a des mots où on a le son [§] tout seul (chapeau), et d'autres, certes d'origine étrangère mais bien implantés, où l'on a la combinaison [t§] (patch). On peut d'ailleurs les opposer : [ma§] et [mat§] sont bien deux mots différents : mâche (de mâcher, ou alors la salade du même nom) et match. On dira donc que phonologiquement :
- la séquence /t§/ est bien formée de deux phonèmes différents successifs. Car je peux enlever un des deux sons et obtenir un autre sens : /mat§/ ~ /ma§/ ; je peux aussi remplacer un des deux sons par un autre : /mat§/ ~ /maR§/ ("marche").
- Le
son [§] constitue bien un
phonème en français, noté /§/.
Alors qu'en espagnol, [§] n'existe jamais tout seul ; on a toujours [t§] ("mucho" [mut§o]). Donc [§] existe certes comme son, mais pas comme phonème. Le seul phonème qu'on ait en espagnol, c'est bien /t§/, qu'on peut d'ailleurs représenter, comme dans ton tableau, accolés l'un à l'autre, où, plus scientifiquement, accompagné d'un petit ^ entre les deux lettres.
Dernière exemple, qui répond à ta question : en allemand, la dernière consonne d'un mot est
forcément sourde. Un allemand est physiologiquement incapable de prononcer une sonore à la finale ; même s'il croit le faire !
Ainsi, si tu demandes à un allemand de te prononcer le mot "Rad", phonétiquement, il prononcera bel et bien [ra:t], saus aucune différence avec le mot "Rat". Dès lors, il y a deux manières d'expliquer la même réalité linguistique :
- On peut dire que "l'opposition /d/ ~ /t/, valable ailleurs ("fetter" (gras, au Nom. Masc. fort) et "Feder" (plume), par exemple), est
neutralisée à la finale en allemand". Et que par conséquent "en position finale, il n'y a qu'un seul phonème dental /D/)".
- Ou bien que "Le phonème /d/ correctement identifié par les locuteurs germanophones se réalise sous la forme du son [t] à la finale". Je pense que c'est le sens de ce que tu as noté : "der Rad" [ra:t] mais /ra:d/ puisque l'Allemand "pense" à un [d] quand il le prononce, et "la preuve c'est qu'ils font la différence à l'écrit"...
... Mais je préfère la première analyse : en linguistique, il vaut mieux partir de ce que les gens disent plutôt que de ce qu'ils croient dire, c'est toujours plus objectif.

La plupart des occasions des troubles du monde sont grammairiennes (Montaigne, II.12)