De la difficulté de la profession...
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Un prof doit-il garder son self-contrôle en toute circonstance, ou , dans certaines situations, avoir des raisons , pour ne pas dire "avoir raison" , de "péter les plombs"?
http://www.liveleak.com/view?i=1a9_1207276309
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Personne n'est en charge de ton bonheur, sauf toi.
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Re: De la difficulté de la profession...
J'avoue que je n'ai pas compris la raison de la discorde.
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Merci pour le coup de pousse contextuel.
Ce qui est difficile, c'est qu'on a aucune indication sur le soutien de ce prof par son école avant cet incident. Quand un étudiant interrompt tout et tout le temps, il y a un moment où il empêche tout simplement le cours d'avoir lieu. Si l'administration s'entête à lui demander de faire un cours rendu impossible par l'étudiant, le prof est pris au piège. Comment s'en sortir... bonne question.
Un étudiant qui se plaint que le cours est ennuyeux en HEC (!) fait tout simplement un caprice qui n'est plus de son âge, et n'est pas à sa place. Ceci illustre un phénomène inquiétant : l'enseignement supérieur ne pense pas à avoir des problèmes de comportement chez les étudiants, alors que visiblement, il ne faut pas écarter le danger.
Ce qui est difficile, c'est qu'on a aucune indication sur le soutien de ce prof par son école avant cet incident. Quand un étudiant interrompt tout et tout le temps, il y a un moment où il empêche tout simplement le cours d'avoir lieu. Si l'administration s'entête à lui demander de faire un cours rendu impossible par l'étudiant, le prof est pris au piège. Comment s'en sortir... bonne question.
Un étudiant qui se plaint que le cours est ennuyeux en HEC (!) fait tout simplement un caprice qui n'est plus de son âge, et n'est pas à sa place. Ceci illustre un phénomène inquiétant : l'enseignement supérieur ne pense pas à avoir des problèmes de comportement chez les étudiants, alors que visiblement, il ne faut pas écarter le danger.
- Sisyphe
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Le remarquable de l'affaire et qu'il a visiblement le soutient de ses autres étudiants. Ce qui laisse supputer beaucoup de choses sur le comportement de l'étudiant en question durant les précédents cours...
Quant au comportement de l'école envers l'enseignant, elle me prouve une chose : que je n'irai jamais enseigner outre-Atlantique. Ce n'est pas le premier exemple de lâcheté politiquement correcte et de brosse-à-reluire devant les bailleurs de fonds de la part des élites universitaires américaines (au sens continental) dont j'entends parler. L'étudiant aurait dû être viré depuis longtemps, ou du moins mis en garde.
Sur le fond, personne n'a d'argument pour dire qu'il est moralement bon de casse le matériel d'un de ses étudiants (la seule mesure disciplinaire rationnelle envers l'enseignant aurait dû être de lui faire rembourser l'ordi cassé). Tout enseignant (du primaire ou du secondaire, du moins) sait qu'il ne faut jamais être énervé, même quand on s'énerve.
Et tout enseignant sait qu'il s'est un jour sincèrement énervé et a gentiment "pêté un cable". Moi le premier (et encore, j'ai des gentils). Le tout est d'avoir soi-même des repères moraux suffisamment solides pour ne pas aller trop loin, même quand on va trop loin. C'est ce que j'appelle le principe de la double soupape.
Tu pointes du doigt un très lourd problème : les problèmes de discipline peinent à disparaître avec l'âge comme cela devrait être le cas. La barrière symbolique que constituait autrefois le passage à l'enseignement supérieur ne fonctionne plus depuis longtemps. Ce qui m'inquiète dans mes propres classes de première, ce ne sont pas les faits d'indiscipline en eux-mêmes (je ne suis vraiment pas à plaindre), mais leur nature. J'arrive à comprendre (même si je tape) que deux lycéens papotent discrètement au fond de la classe parce que mon cours sur le symbolisme les ennuie et que c'est la huitième heure de cours, ou qu'on fasse des dessins dans sa marge (donc là, la bonne vieille technique de la page arrachée dans un geste tragique, n'est-ce pas... ). Mais j'ai plus de mal à comprendre qu'on puisse discuter devant moi, ou - beaucoup s'en plaignent - que certain(e)s élèves ait le papotage pathologique, et se remettent à discutailler immédiatement après avoir été engueulés alors qu'on les regarde encore. Transgresser la loi est une chose, mais ne plus sentir qu'il y en a une...
Il y a désormais toute une génération qui ne sait pas s'ennuyer. Et c'est très grave.
Alors on peut faire tous les diagnostics possibles. La pire étant le TOC "sélafôtàmaisoixantehuit" qui est à la mode est qui est d'une connerie monumentale. Qu'on voit l'ignominieux comportement de notre président, et l'on comprendra que non, l'autorité ne se niche pas à droite et la permission à gauche (ni, d'ailleurs, mécaniquement l'inverse) ; j'ai constaté depuis longtemps que ce sont les professeurs les plus engagés politiquement qui sont souvent les plus exigeants dans leurs classe (tout simplement parce que faire comprendre à un gamin quelles sont les règles de la vie en société est aussi une manière de lui permettre de ne pas se faire écraser par celle-ci).
Parler de la culture du zapping et du multimédia : en partie, oui.
Faire remarquer que l'enseignement supérieur est en train de terminer sa démocratisation/massification, et que beaucoup d'étudiants, désormais, vivent leurs études comme un passage obligé, à peu près aussi contraints et sans véritablement plus de but qu'ils l'étaient avant le baccalauréat, pas plus volontaires et encore moins bien traités (du moins de ce côté-ci de l'Atlantique).
Constater, comme tu le disais, que l'enseignement supérieur est aveugle et fait comme si le problème n'existait pas, au point de "lâcher" ses enseignants (qui ont d'ailleurs une nécrosante culture de l'isolement total - la notion même de travail d'équipe n'existe pas dans l'université) tandis que l'enseignement secondaire règle certes assez bien le problème pour lui-même (du moins quand les chefs d'établissements sont bons) mais sans bien regarder après.
Affirmer enfin que nous sommes entrés (et le Québec avant l'Europe !) dans un terrible consumérisme scolaire (dont parlait très bien Pennac dans son dernier bouquin), à tous les niveaux. Or aucun, je dis bien aucun cours, aucune formation, y compris la plus privée, la plus professionnelle, la plus branchée sur le "vrai" monde économique (HEC en est un bon exemple) ne peut être une simple prestation de service. On travaille toujours de l'humain, dans toute sa complexité.
Quant au comportement de l'école envers l'enseignant, elle me prouve une chose : que je n'irai jamais enseigner outre-Atlantique. Ce n'est pas le premier exemple de lâcheté politiquement correcte et de brosse-à-reluire devant les bailleurs de fonds de la part des élites universitaires américaines (au sens continental) dont j'entends parler. L'étudiant aurait dû être viré depuis longtemps, ou du moins mis en garde.
Sur le fond, personne n'a d'argument pour dire qu'il est moralement bon de casse le matériel d'un de ses étudiants (la seule mesure disciplinaire rationnelle envers l'enseignant aurait dû être de lui faire rembourser l'ordi cassé). Tout enseignant (du primaire ou du secondaire, du moins) sait qu'il ne faut jamais être énervé, même quand on s'énerve.
Et tout enseignant sait qu'il s'est un jour sincèrement énervé et a gentiment "pêté un cable". Moi le premier (et encore, j'ai des gentils). Le tout est d'avoir soi-même des repères moraux suffisamment solides pour ne pas aller trop loin, même quand on va trop loin. C'est ce que j'appelle le principe de la double soupape.
Un étudiant qui se plaint que le cours est ennuyeux en HEC (!) fait tout simplement un caprice qui n'est plus de son âge, et n'est pas à sa place. Ceci illustre un phénomène inquiétant : l'enseignement supérieur ne pense pas à avoir des problèmes de comportement chez les étudiants, alors que visiblement, il ne faut pas écarter le danger.

Il y a désormais toute une génération qui ne sait pas s'ennuyer. Et c'est très grave.
Alors on peut faire tous les diagnostics possibles. La pire étant le TOC "sélafôtàmaisoixantehuit" qui est à la mode est qui est d'une connerie monumentale. Qu'on voit l'ignominieux comportement de notre président, et l'on comprendra que non, l'autorité ne se niche pas à droite et la permission à gauche (ni, d'ailleurs, mécaniquement l'inverse) ; j'ai constaté depuis longtemps que ce sont les professeurs les plus engagés politiquement qui sont souvent les plus exigeants dans leurs classe (tout simplement parce que faire comprendre à un gamin quelles sont les règles de la vie en société est aussi une manière de lui permettre de ne pas se faire écraser par celle-ci).
Parler de la culture du zapping et du multimédia : en partie, oui.
Faire remarquer que l'enseignement supérieur est en train de terminer sa démocratisation/massification, et que beaucoup d'étudiants, désormais, vivent leurs études comme un passage obligé, à peu près aussi contraints et sans véritablement plus de but qu'ils l'étaient avant le baccalauréat, pas plus volontaires et encore moins bien traités (du moins de ce côté-ci de l'Atlantique).
Constater, comme tu le disais, que l'enseignement supérieur est aveugle et fait comme si le problème n'existait pas, au point de "lâcher" ses enseignants (qui ont d'ailleurs une nécrosante culture de l'isolement total - la notion même de travail d'équipe n'existe pas dans l'université) tandis que l'enseignement secondaire règle certes assez bien le problème pour lui-même (du moins quand les chefs d'établissements sont bons) mais sans bien regarder après.
Affirmer enfin que nous sommes entrés (et le Québec avant l'Europe !) dans un terrible consumérisme scolaire (dont parlait très bien Pennac dans son dernier bouquin), à tous les niveaux. Or aucun, je dis bien aucun cours, aucune formation, y compris la plus privée, la plus professionnelle, la plus branchée sur le "vrai" monde économique (HEC en est un bon exemple) ne peut être une simple prestation de service. On travaille toujours de l'humain, dans toute sa complexité.
La plupart des occasions des troubles du monde sont grammairiennes (Montaigne, II.12)
Vous avez visiblement ete pieges les amis
Ne vous fiez pas à la version de 01:10 qui circule un peu partout car l’histoire de Justin Leroux est véritablement un poisson d’avril, comme en témoigne cette vidéo de 4:34
http://sitewebhec.wordpress.com/
http://sitewebhec.wordpress.com/2008/04 ... /#comments

Ne vous fiez pas à la version de 01:10 qui circule un peu partout car l’histoire de Justin Leroux est véritablement un poisson d’avril, comme en témoigne cette vidéo de 4:34
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Last edited by Manuela on 09 Apr 2008 22:04, edited 1 time in total.
Guten Tarte! Sorry for the time...
Manuela wrote:Vous avez visiblement ete pieges les amis![]()
Ne vous fiez pas à la version de 01:10 qui circule un peu partout car l’histoire de Justin Leroux est véritablement un poisson d’avril, comme en témoigne cette vidéo de 4:34
http://sitewebhec.wordpress.com/

Enfin, le fait est que la discussion qui s'amorce est intéressante, on saute vraiment sur n'importe quelle occasion

Après avoir vu le link de Joey et lu vos commentaires (surtout que vous etiez trois profs à avoir donne votre avis), je voulais voir si M. Leroux s'expliquait quelque part... et je suis donc tombee sur la "verite" 

Last edited by Manuela on 09 Apr 2008 22:10, edited 1 time in total.
Guten Tarte! Sorry for the time...
T'en fais pas Joey, moi c'est une vieille habitude datant de ma periode "etudiante puis prof d'histoire" (c'etait il y a longtemps, mais les reflexes demeurentjoey wrote:oups! je fais mon mea-culpa...toujours vérifier ses sources, j'aurais au moins appris ça aujourd'hui...

Guten Tarte! Sorry for the time...
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kokoyaya wrote:PLC2 animée avec de gros bavards ?Sisyphe wrote:Tu pointes du doigt un très lourd problème : les problèmes de discipline peinent à disparaître avec l'âge comme cela devrait être le cas.

Mais quelques cas de papotis "pathologiques", oui.
C'était donc faux, mais pour mon expérience récente de l'enseignement supérieur, ça aurait pu être vrai. Je maintiens mes propos.
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Pour dire vrai, c'est presque trop proche de la réalité pour un poisson d'avril. C'est marrant quand même. Souvenez-vous qu'il y a un prof devant les juges en ce moment pour une claque à un élève (dans le secondaire). La question est intéressante, indépendemment de la farce qui a donné l'occasion d'en parler. 
