Orientation (encore): enseigner en Allemagne / en France?

Venez tous :o) ... blabla, coup de gueule, délire... Faut que ça bouge!!
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bubonik
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Orientation (encore): enseigner en Allemagne / en France?

Post by bubonik »

Bonsoir,
D'abord, désolé de ne pas avoir fréquenté le forum depuis plus d'un an.

Ensuite mon problème :

Je voudrais enseigner le français langue étrangère et/ou l'allemand langue étrangère, et pouvoir l'enseigner dans le public en France où en Allemagne. J'ai vu que la seule solution non aléatoire pour avoir de bonnes chances est d'obtenir deux diplômes : un CAPES et un Staatsexam (pour deux matières minimum).

Alors j'ai entendu parler de l'Université Franco-Allemande, qui devrait permettre d'obtenir à la fois un Staatsexam et une licence pouvant mener à un CAPES (si j'ai bien compris).

L'université Lyon II, où j'ai commencé à m'inscrire, dit dans sa pub : «
Accompagnées d'une formation en Lettres modernes, [ces études] peuvent, grâce à l'Université franco allemande (études à Lyon et à Leipzig) permettre une double formation qui donne à l'étudiant(e) la possibilité d'enseigner aussi bien en France qu'en Allemagne.
»

Super, mais les rares infos que j'ai trouvées sur Internet me permettent seulement de craindre qu'il ne soit déjà trop tard pour s'y inscrire pour la rentrée de septembre/le Wintersemester.

Surtout que c'est à cause de cette pub que j'ai commencé à m'inscrire à Lyon II en pensant stupidement que cette histoire d'unitversité Franco-Allemande serait un choix qui me serait laissé après mon admission.

Est-ce que quelqu'un sait où il faut chercher ? Y a-t-il un pro de google dans la salle ? Voire quelqu'un qui a fait l'UFA ?

note: je parle couramment allemand mais avec un accent suffisant pour qu'au téléphone, les Allemands m'adressent la parole en anglais, ce qui me blesse à chaque fois (d'autant plus que mon accent français est bien pire en anglais qu'en allemand). Enfin après quelques expériences, j'ai contracté la peur de téléphoner aux administrations allemandes. :(
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Sisyphe
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Post by Sisyphe »

Bon, j'y suis passé récemment (pas à l'UFA proprement dit, mais à l'allemand à Lyon II, à côté des ufistes).

Oui, le système existe, et oui, il fonctionnouille. Non sans difficultés, la principale étant qu'à partir de la troisième année de licence, les cours de lettres modernes ont lieu sur les Quais alors que ceux d'Allemand sont encore à Bron... Des heures de tram en perspective. De plus, il est techniquement impossible, pour les semestres français, d'être présent aux cours des deux cursus ; je crois qu'il y a des systèmes d'équivalences et de rattrapages, mais au final, il faut réussir à ne pas "lâcher", par exemple, son latin en lettres modernes ; en s'y prenant mal, on peut avoir fait tout un cursus sans latin (ce qui n'est pas grave pour le CAPES, où il est optionnel, mais ce qui ruine les possibilités de se présenter à l'agrégation, à ne jamais négliger).

La principale limite de l'UFA, c'est que du côté allemand, la bivalence est obligatoire. Or penser pouvoir enseigner l'Allemand en Allemagne[/b] en étant francophone de naissance est illusoire... Sauf à être bilingue de naissance ou acquis (mais bien), ce qui semble être ton cas. Pour le souvenir que j'en ai, la plupart des ufistes français sortent du système UFA avant terme (jusqu'à la maîtrise côté français, et avant le Staatsexamen en Allemagne).

Ajoutes-y un certain pataquès instutionnel et des heures dans les administrations pour obtenir des informations (alors, je dois la passer ou non cette UV-là ?).

Reste que, dans mon souvenir, ceux qui avaient fait un cursus UFA, avec un semestre en Allemagne, un semestre en France, un semestre en Allemagne etc. étaient bien meilleurs que tous les autres, normaliens bilingues de naissance exceptés - sans compter que le travail en LM donnait la culture et surtout la langue française qui faisait parfois défaut aux étudiants "normaux" (et la version, c'est un exercice de français). Or, vu l'état actuel des concours en France, et en particulier de l'Allemand (40% de baisse du nombre de postes en dix ans, dis-toi qu'on recrute aujourd'hui au CAPES avec le niveau de l'agreg il y a quize ans).

Enfin, je ne vois pas pourquoi il serait trop tard pour s'inscrire... Les inscriptions se font en juin-juillet dans les filières "normales" (voire en septembre). Et vu l'état de la filière "allemand", ils ne font jamais refuser un étudiant.

Contacte directement le secrétariat des langues de Lyon 2. Ils sont très gentils... Sinon, je peux te donner en MP le nom du professeur qui gérait l'UFA l'année dernière, mais je ne sais pas s'il est encore là, et je ne crois pas avoir son courriel.
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bubonik
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Post by bubonik »

Tout d'abord, merci pour cette réponse claire et porteuse d'espoir (mais pas uniquement).

Je pense que je vais suivre ton conseil et téléphoner au secrétariat des langues de Lyon II.

Sinon, pour les chances de trouver du boulot, certes, en France il n'y a pas de places pour les profs d'allemand. Mais j'ai lu qu'en Allemagne, on manquait de professeurs en général, et aussi dans une moindre mesure de professeurs de français, mais est-ce que c'est une rumeur ou la vérité ?

Enfin bon, je vais déjà en parler avec mes parents parce-qu'il y a aussi d'autres problèmes (comme la durée des études : j'ai déjà 21 ans, donc en commençant l'année prochaine je pourrai commencer à travailler à 26 ou 27 ans au mieux...

Enfin, en tout cas, encore merci pour les infos !
ElieDeLeuze
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Post by ElieDeLeuze »

La difficulté en Allemagne, c'est qu'il faudra faire avaler qu'un Français enseigne l'allemand (langue maternelle). Je veux bien que tu sois bilingue, mais tu n'échapperas pas au regard critique. A tort ou à raison, je ne sais pas, car je ne te connais pas, mais ce que tu dis sur ton accent n'est pas de bon augure.

Les collègues ne seront pas forcément tendres non plus, car même s'il y a un vrai manque de profs, l'allemand n'est pas vraiment en déficit. Prof de math, là, c'est autre chose. Les plus cruels seront les élèves : à la première faute, ta crédibilité sera réduite à néant, et ton travail d'autant plus difficile. Les plus hargneux seront les parents, qui sont nettement plus exigents avec les profs qu'avec eux-mêmes.

Je n'ai pas d'accent français en allemand, et j'enseigne dans des classes d'élèves proche du bilinguisme. C'est déjà bien, je ne pense pas qu'il serait honnète de demander des classes d'allemand langue maternelle.
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Sisyphe
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Post by Sisyphe »

Sinon, pour les chances de trouver du boulot, certes, en France il n'y a pas de places pour les profs d'allemand.
Au moins, côté français, les "chances de trouver un boulot" se résument à une donnée cruelle mais très rationnelle : les concours. Certes, le nombre de postes en Allemand n'a cessé de baisser, et, en proportion, plus que certaines autres matières. Mais il existe et continuera d'exister (contrairement à toutes les rumeurs, d'ailleurs)... Quand il n'y aurait qu'un poste, il ne te suffit que d'un poste. L'avantage du système français, c'est qu'il y a un rapport relativement objectif entre la masse de travail accomplie pendant tes quatre années (pas seulement le concours) et ta réussite professionnelle finale.

Par ailleurs, le fait que tu sois déjà bilingue est un très net avantage qui te permettra de "surfer" sur tes années de licence...

(J'ai envie de dire qu'aujourd'hui, dans les reçus au CAPES d'allemand, un tiers sont d'anciens khâgneux, un tiers sont bilingues [ouh, le bel accord avec l'attribut... Si, si, c'est légal], et un tiers sont des anciens khâgneux bilingues).

... En l'occurence, ton âge est sans doute un avantage, car tu arriveras en L1 avec plus de maturité que n'en ont généralement les frais bacheliers. Quoi que tu aies fait avant, tu as sans doute développé des capacités "autodidaxiques" meilleures que le jeune ex-lycéen. Le premier cycle universitaire est un ogre qui dévore ceux qui ne savent pas lui résister. Si tu es décidé à avoir un projet clair, et d'autant plus clair que l'horloge tourne et que tu dois passer toutes tes années du premier coup et que tu ne t'autorise pas la glandouille, tu seras sans doute meilleur que bien des étudiants paumés (et il y en a des tonnes, même en allemand).


LA CONNERIE à ne pas faire, c'est entamer des études d'allemand et les quitter avant le concours en se laissant aguicher par des vacations ; car un engrenage : à partir du moment où l'on enseigne, on ne peut plus étudier, du moins pas dans la perspective d'un concours. Or il n'y a plus de concours internes en allemand. Là, c'est pire que dans les autres matières.

Donc : lance-toi, en étant conscient de ton privilège et en visant toujours l'excellence (donc l'UFA), dès le début ("on m'a demandé d'apprendre 2000 mots, j'en apprends 3000").

Un dernier mot : le choix est simple ; pour le salaire, il faut aller en Allemagne (ah le haut-le-coeur que j'ai eu un jour que le Spiegel parlait des salaires des différentes professions. Une prof de physique + maths en Realschule gagnait à 35 ans ce que je peux espérer gagner l'année de ma retrait en étant agrégé si j'atteins la hors classe). Pour le statut, il faut rester en France, même si ça se dégrade.

Pour moi, c'est clair : je n'envie pas les profs allemands. Ce que j'appelle brouhaha inacceptable s'appelle là-bas ambiance normale, et ce que j'appelle insulte grave dans ma classe est là-bas une légère incivilité.
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bubonik
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Post by bubonik »

J'aurais dû mieux préciser mon niveau : je ne suis pas bilingue (si je ne me trompe pas sur le sens de l'adjectif "bilingue"). Je parle l'allemand couramment mais pas parfaitement et je ne me sens pas capable (mais pas du tout) de donner des cours d'allemand en allemand. Même si en tant qu'étranger, justement, je connaisse pas trop mal la grammaire. Enfin, les études sont aussi là pour qu'on apprenne quelque-chose.

Ce sont peut-être deux cas rares, mais dans la Realschule où je suis assistant de prof de français en ce moment, les élèves sont relativement calmes (pas assez mais c'est supportable) et là où j'ai été collégien, par contre (à Fontaines-Sur-Saône), il y avait de gros problèmes de discipline. Mais bon, ici je n'ai que des élèves ayant choisi le français.

Autre question un peu hors-sujet et peut-être sujette à trolls : pensez-vous que l'autorité du prof peut s'acquérir ou faut-il impérativement la posséder naturellement pour enseigner ?
Le chan irc n'est pas mort.
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