Quelques éléments de base sur la langue tibétaine

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domanlai
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Quelques éléments de base sur la langue tibétaine

Post by domanlai »

Voici une approche rapide de la langue tibétaine du point de vue de sa construction.

Source : Manuel de Tibétain Standard - langue et civilisation
Nicolas Tournadre et Sangda Dorje

Il s'agit de mettre en avant le doamine très riche de la composition lexicale de base de la langue. Un grand nombre de mots tibétains sont en fait des mots composés dont l'étymologie est assez souvent très transparente.
Pour les sinophones, on retrouve là le plaisir rafraichissant de lire en direct l'historique sémantique d'un mot (souvent binôme de deux éléments comme en chinois).

Voici les quelques constructions standard valables tant pour la langue parlée que la langue littéraire :

A. Composition nominale

COMPOSES SYNONYMES

composés nominaux
soldat = homme guerre
banque = maison argent
cendre = cadavre [du] feu
avion = vaisseau ciel
période = temp moment

composés de verbes
capture = saisir tenir
discours = 2 verbes diférents dire
développement = multiplir augmenter
obstruction = arrêter (au passé) arrêter (au présent)
construction = fonder construire


COMPOSES POLAIRES

adjectifs
température = chaud froid
hauteur = haut bas
quantité = bcp peu
distance = proche loin
opposés = blanc noir
âge = neuf vieux
conditions de vie = heureux malheureux Magnifique celui-ci, non ?
pouvoir = fort faible Pas mal ceui-là aussi

substantifs
tout le monde = gouvernement privé
causalité = cause fruit

verbes
mouvement = aller rester
vrai faux = être ne pas être


COMPOSES DETERMINANT DETERMINE

nom - nom
avion = ciel vaisseau
temple = divinité maison
périodique = temps livre
propriétaire = maître maison
endurance = coeur os
paupière = oeil peau
fusil = feu flèche
braise, cendre = feu cadavre
source = eau oeil
larme = oeil eau

adj - nom
raccourci = proche chemin
ermitage = désertique lieu

adj - verbe
révolution = nouveau changer
construction = nouveau établir
développement = haut multiplier
progrès, amélioration = vers le haut augmenter

verbe - nom
route = aller chemin
manuel = apprendre livre
marchand = vendre maître
domicile = habiter maison
satellite = surveiller étoile

nom - verbe
égoïsme = soi saisir
critique = faute dire
inviter = tapis tirer excellente :D
consolation = esprit réparer
chaise = derrière supporter c'est bien ça (:D
chimie = objet transformer
traducteur = langue transformer assez réaliste, non ? un traducteur passe de l'un à l'autre et transforme tjrs un petit peu ...


COMPOSES DETERMINE - DETERMINANT

NOM - ADJ
honte = visage chaud
stèle = pierre long


COMPOSES CUMULATIFS OU SEQUENTIELS

nom - nom
nomades et agriculteurs
maitres et élèves
(les sinophones comprendront bien de quoi il s'agit)


B. Composition verbale
Je ne cite pas d'ex car peu compréhensibles sans lire le tibétain.

1. Verbes à objet interne.
2. Composés à l'aide d'un verbalisateur
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domanlai
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Post by domanlai »

Langue littéraire / langue parlée

Evolution

Certains mots identiques dans les deux formes linguistiques ont pris un sens un peu différent dans le langage oral. Souvent mot du Dharma qui ont pris un second sens bcp plus léger et adapté à la vie moderne.

samaya, lien initiatique => bonne coïncidence
mérite et bonheur dérivé des mérites => chance
être animé => tous (à labrang, Amdo)
bodhi=éveil => expert

Différences au niveau de la syntaxe
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domanlai
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Post by domanlai »

Citation du Manuel de Tibétain Standard
Pendant uen longue période de leur histoire (VII -> XIII), les tibétains ont fait preuve d'uen grande activité de traduction, principalement du sanskrit, dans le but de permettre la pénétration et la diffusiond es enseignements du bouddhisme.
La méticulosité et la maîtrise des traducteurs tibétains était telles qu'il est à l'heure actuelle possible de restituer certains textes bouddhiques dont l'original sanskrit a été perd au moment des invasions musulmanes en Inde.
Au cours d eson histoire, le tibétain comme toutes les autres langues a été amené à faire des emprunts lexicaux. Dans ce domaine, els sources les plus fréquentes ont été le sanskrit, le mongol, l'ouighour et le chinois ancien. Puis, plus récemment l'anglais, l'hindi et el chinois moderne (putonghua). (...)
Quoi qu'il en soit, on peut noter un phénomène tout à fait frappant. La langue du Pays des Neiges a fait peu d'emprunts*, préférant préférant enrichir son vocabulaire grâce aux calques. Ce procédé consiste à forger des néologismes formés avec des racines tibétaines en imitant la structure des mots étrangers d'autres langues telles que le sanskrit ou le chinois. Le vocabulaire emprunté presque exclusivement les substantifs et pratiquement jamais les verbes et adjectifs.

Contrairement au chinois, japonais, thaï, birman, ..., le tibétain a ainsi traduit ou calqué des termes essentiels du bouddhisme plutôt que de les emprunter.

* sauf dans certains domaines comme la médecine où l'on trouve plus d emots sanskrits et chinois.
Emprunts
* sanskrit
lotus, lion, chat, joyau, maître (le fameux guru)
* chinois ancien
thé, argent, monnaie
* mongol
guerrier, tabac
* ouighour
seau, marque/label, soie, docteur
* persan
safran, annale/document
* arabe
alcool (arak)
* chinois moderne
TV, kilomètre, timbre
* anglais
ticket, cinéma, voiture
* hindi
voiture, vélo, sucre

Calque et traductions

* sanskrit
Bouddha, etc
* chinois classique
le monde (天下)
* chinois moderne
train, cinéma, ordinateur

Formes mélangées (origine sanskrit mélangé à un élément tibétain)

Néologismes
La langue moderne a su créer un grand nombre de néologismes pour traduire les termes scientifiques ou techniques. Des dictionnaires de mathématiques, physique et de chimie d'un niveau universitaire ainsi qu'un grand nombre d'ouvrages de vulgarisation ont été publiés. Malheureusement, ces ouvrages n'étant pratiquement diffusés ou peu relayés par les médias, une grande partie des tibétains utilisent des termes d'emprunt (en chinois ou en anglais) selon l'endroit où ils se trouvent.
Ex timbre ou autobus, pour chacun il existe
un mot tibétain (néologisme)
un mot issu d'un emprunt à l'anglais
un mot issu d'un emprunt au chinois

Néologismes anciens ou récents purement tibétains :
vélo = cheval de fer
avion = oiseau de fer
radio = message par air
telévision = radio (permettant de) voir la forme
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Maurice
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Re: Quelques éléments de base sur la langue tibétaine

Post by Maurice »

domanlai wrote: Un grand nombre de mots tibétains sont en fait des mots composés dont l'étymologie est assez souvent très transparente.
Pour les sinophones, on retrouve là le plaisir rafraichissant de lire en direct l'historique sémantique d'un mot (souvent binôme de deux éléments comme en chinois).
Je constate qu'il y a essentiellement deux sortes de composés, comme en vietnamien , et probablement en chinois, mais je n'ai pas de notions sur cette dernière langue :
- les mots composés de deux termes ayant une relation d'appartenance entre eux, comme maison-argent, vaisseau-ciel, etc : les plus nombreux.
- les mots composés de deux termes de la même catégorie mais de sens opposés et dont la signification est cette catégorie commune : chaud-froid pour température, proche-loin pour la distance, etc.

Je suppose que ce même type de formation existe en chinois, ce qui est normal, vu que le chinois et le tibétain appartiennent à la même famille de langues (bien qu'assez éloignés quand même); pour le chinois/tibétain et le vietnamien, qui ne sont pas de la même famille, si ce mode de formation est le même, est-ce l'influence du chinois sur le vietnamien qui explique cette similarité de formation des composés ?
En tout cas c'est très intéressant.
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LSF
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Post by LSF »

En plaisantant un peu on pourrait dire que les Tibétains ont emprunté au breton : marc'h houarn ("cheval de fer") = vélo ! :lol:

Et plus sérieusement, j'ajouterai que le composé est un des procédés de création lexicale en LSF : c'est moins fréquent et moins évident car ce sont deux signes qui se fondent l'un dans l'autre pour n'en former qu'un seul. Exemple : père + mère = parents.
domanlai
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Post by domanlai »

J'ai l'impression que cette structure lexicale est courante dans différentes langues d'Asie. Mais je ne suis pas du tout calée pour en parler. Et je ne saurais dire quelles sont els influences réelles car c'est toujours tentant de voir des influences lorsqu'il y a ressemblance ... .

Voici un extrait wiki pour le thaï
Le vocabulaire du thaï est constitué d'un large lexique monosyllabique ou disyllabique, constituant la plupart des mots courants. Ce stock présente de nombreuses analogies avec les langues tonales du groupe sino-tibétain, ce qui est dû au long séjour des porteurs des langues Tai-Kadai dans le sud de la Chine. Exemples :

สี่ [siː˧˩] « quatre », mandarin 四 sì
ไม่ [mɑj˥˩] « ne pas », mandarin 没 méi
Ce vocabulaire se constitue par juxtaposition de concepts simples. Exemples :

noms : tu (armoire) + yen (froid) = tu-yen (réfrigérateur)
verbes : put (parler) + len (jouer) = put-len (plaisanter)
Le vocabulaire comprend également un large nombre d'emprunt aux langues sacrées de l'Inde (surtout au pāli), qui forment un ensemble très hétérogène au sein de cette langue, où la plupart des mots du fond lexical sont mono- ou disyllabique. Exemples:

ประเทศ [pra˥˧.tʰɛːt˥˩] « pays » (à rapprocher de pradesh, qui signifie « province » dans la plupart des langues du nord de l'Inde [cf. Madhya Pradesh])
มหาวิทยาลัย [ma˥˧.ha˨˩˧.wit˧˥.tʰa˥˧.jaː˥˧.lɑj˥˧] « université » (la première partie du mot signifie « grand » - cf. « maharadja »)
Plus récemment le thaï a fait des emprunts au chinois (exemple : ก๋วยเตี๋ยว - [kuɑj˨˩˧.tiɑw˨˩˧] « pâtes de riz », เจ๊ [ʨeː˧˥] « sœur aînée » — mandarin 姐 jiě), qui se signalent souvent par une phonétique différente de celle des mots du fond lexical (notamment au niveau des tons). Signalons également les nombreux emprunts aux langues européennes (surtout l'anglais).
En ce qui concerne le vietnamien, là encore mes connaissances ne sont pas assez importante. Néanmoins, je m'étais intéressée à la question d el'usage des caractères chinois dans les écrits vietnamiens avant la réforme adoptant l'alphabet. Tu peux trovuer le sujet ici :
viewtopic.php?p=265746#265746

Il semble que le vietnamien possède un lexique purement vietnamien antérieur à l'utilisation de l'écriture chinoise mais que, par ailleurs, l'influence du chinois soit non négligeable c'est pourquoi l'on trovue des mots communs ou très proches.
Il faudrait connaître le pourcentage des deux parties dans la langue vietnamienne moderne.

Enfin, j'ai toujours entendu parler de la proximité du vietnamien et du chinois cantonais au niveau prononciation. par ex banque se dit yin2 hang2 en mandarin, ngan4 hong4 en cantonais plutôt très proche du vietnamien ngang hang. Ceci dit, je n'ai jamais trovué de sources sérieuses à ce sujet. En fait, ces infos sont difficiles à trouver. Déjà les liens entre le cantonais et les langues non chinoises des minorités voisines qui ont toutes une origine commune (dont on ne sait déterminer l'importance) dans le peuple des Bai Yue font l'objet de peu d'études. Mais certains chercheurs ont noté des ressemblances au niveau syntaxique et de certains sons finaux très caractéristiques que l'on ne retrouve pas dans le chinois standard. Et justement les vietnamiens seraient aussi des lointains descendants de (ou tout du moins auraient un lien lointain avec) ces Bai Yue.


Ps : marrant le néologisme commun au breton et au tibétain.
C'est courant en breton de construire des mots ainsi ?
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damiro
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Post by damiro »

Intéressant, très intéressant!
D'où te vient cette passion pour le tibétain et le vietnamien? :hello:
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Post by LSF »

domanlai wrote:Ps : marrant le néologisme commun au breton et au tibétain.
C'est courant en breton de construire des mots ainsi ?
Je ne sais pas si c'est courant mais il me semble que ce n'est pas rare. Quelques exemples : karr-tan ("char à feu") = automobile, ti-lévr ("maison de livre") = librairie, karr-nij ("char volant") = avion, pellgomz (de pell : loin et komz : parler) = téléphone...
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Post by damiro »

LSF wrote:karr-tan ("char à feu") = automobile
Char à feu! On croirait un mot inventé pour une BD (sans vouloir nos amis bretons), ça fait old style comme néologisme... mais intéressant :d

:loljump:
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Post by kokoyaya »

damiro wrote:
LSF wrote:karr-tan ("char à feu") = automobile
Char à feu! On croirait un mot inventé pour une BD (sans vouloir nos amis bretons), ça fait old style comme néologisme... mais intéressant :d
:loljump:
Tout dépend quel âge a ce néologisme :)
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Post by LSF »

En effet, il n'est pas récent du tout ! Il est apparu dès l'arrivée des premières automobiles dans le Finistère, donc au début du 20ème siècle... Et karr-nij date aussi de cette époque ou un peu plus tard. Mais je ne suis pas un spécialiste.
domanlai
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Post by domanlai »

damiro wrote:Intéressant, très intéressant!
D'où te vient cette passion pour le tibétain et le vietnamien? :hello:
Pour être plus juste, bien que je sois tjrs curieuse de nouvelles langues - comme tout le monde ici - je ne me suis pas intéressée plus que ça au vietnamien.
J'ai juste fait des recherches sur l'utilisation de la langue écrite chinoise comme support écrit de langues asiatiques. En fait, j'ai eu un soudain intérêt pour cette question lorsque j'ai bien compris ce que sous-entendait l'affirmation "tous les dialectes chinois s'écrivent pareil". A savoir qu'ils ne s'écrivent pas du tout pareil si on essaie de les écrire de manière vernaculaire mais que, comme tout le monde utilise la même langue écrite commune - descendance de la langue littéraire unique, ça donne cette impression. Et donc j'ai essayé de m'intéresser aux cas du vietnamien, japonais et coréen. C'est comme ça que je me suis rendue compte que, là encore, on entend bcp d'inepties à ce sujet.

Par contre, le tibétain, c'est différent. Comme je m'intéresse bcp à la Chine mais, plus précisément à la Chine dans sa multiculturalité, il y a qq années, j'ai souhaité apprendre une langue non chinoise du territoire chinois. M'intéressant bcp au Xinjiang et au Tibet, j'hésitais entre l'ouighour et le tibétain. le manque de ressources pour l'ouighour m'a décidée pour le tibétain. Ceci dit, j'ai eu du mal à passer le cap de l'assimilation de l'écriture (que je trouve vraiment très complexe même s'il n'était pas question pour moi d'apprendre phonétiquement) et là-dessus s'est greffé un rythme de vie où j'ai pas le temps de faire grand chose - encore moins du tibétain. Donc c'est entre parenthèses pour le moment. :cry:

Donc, là j'essaye de mettre le peu de connaissances que j'en ai à la disposition des non initiés pour la faire connaître, pour que l'on parle du Tibet autement que de manière politique ou religieuse car il y a pleind e chauses à dire (en fait je suis partie d'un débat avec des sinophones qui malheureusement admirent la Chine pour sa culture han en faisant peu de cas des autres).
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Maurice
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Post by Maurice »

domanlai wrote: Il semble que le vietnamien possède un lexique purement vietnamien antérieur à l'utilisation de l'écriture chinoise mais que, par ailleurs, l'influence du chinois soit non négligeable c'est pourquoi l'on trovue des mots communs ou très proches.
Il faudrait connaître le pourcentage des deux parties dans la langue vietnamienne moderne.
....................................
Et justement les vietnamiens seraient aussi des lointains descendants de (ou tout du moins auraient un lien lointain avec) ces Bai Yue.
Le vietnamien fait partie de la famille de langues austro-asiatiques qui n'ont initialement , aucun rapport avec la famille sino-tibétaine, mais éventuellement, pour les linguistes modernes qui cherchent à regrouper les familles de langues classiques, avec la famille Thaï, avec laquelle elle formerait la super-famille austro-thaï.
L'influence énorme de la langue chinois sur le vietnamien résulte de près de mille ans d'occupation des vietnamiens part les chinois. Il en résulte que le vocabulaire vietnamien actuel comporte deux sortes de mots :
- le vietnamien d'origine
- le sino-vietnamien
Les langues vietnamiennes et chinoises ont des structures différentes, en particulier en ce qui concerne l'ordre des mots dans un composé : déterminé-déterminant ( par exemple substantif-adjectif) en vietnamien, le contraire en chinois. Cet ordre subsiste dans les mots composés actuels et différe donc suivant que le mot est vietnamien ou sino-vietnamien.
Il faut aussi noter que le vietnamien était initialement sans tons, comme le khmer qui appartient à la même famille austro-asiatique, et qu'il n'a acquis ses tons que par étapes ( au 6ème et au 12 ème siècles).
En ce qui concerne l'écriture, autrefois seule la langue chinoise, connue des lettrés, était écrite, en caractères chinois, mais avec une prononciation adaptée. Vers le 15ème siècle, le vietnamien est devenu écrit , en caractères chu-nom , créés à partir des caractères chinois et cette écriture a subsisté jusqu'au 20 ème siècle; l'écriture quoc-nuu, dérivée de l'alphabet latin, inventée par les jésuites au 18 ème siècle n'a servi qu'à eux jusqu'au 20 ème siècle où cette écriture a été officiellement adoptée par le Vietnam indépendant.
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Toirdhealbhách
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Post by Toirdhealbhách »

Je ne sais pas si c'est courant mais il me semble que ce n'est pas rare. Quelques exemples : karr-tan ("char à feu") = automobile, ti-lévr ("maison de livre") = librairie, karr-nij ("char volant") = avion, pellgomz (de pell : loin et komz : parler) = téléphone...
ti-levr me paraît bizarre, plutôt ti-levrioù...
Pellgomz n'est pas un néologisme populaire, il a dû être créé par un écrivain car il n'est pas construit dans l'ordre normal du breton moderne (qui utiliserait l'ordre "komz-pell").
Qn qui parle 3 langues = un trilingue.
Qn qui parle 2 langues = un bilingue.
Et qn qui ne parle qu'une langue? = un Français.
domanlai
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Post by domanlai »

Maurice wrote: L'influence énorme de la langue chinois sur le vietnamien résulte de près de mille ans d'occupation des vietnamiens part les chinois. Il en résulte que le vocabulaire vietnamien actuel comporte deux sortes de mots :
- le vietnamien d'origine
- le sino-vietnamien
Je voudrais juste préciser une chose :
Je pense que l'influence de la langue chinoise sur celles de ses voisins va au-delà de l'histoire politique qui lie les pays.
Tout d'abord, la Chine a joué le rôle de civilisation rayonnante admirée de ses voisins (phénomènes récurrents dans d'autres régions du monde). Ce qui est très particulier est que l'écriture chinoise (écriture au sens complet du terme puisqu'il ne s'agit pas d'un alphabet) ait servi de support écrit et surtout littéraire pendant aussi longtemps, ce qui a bien sur une influence considérable.

A ma connaissance, les lettrés coréens et japonais ont fait de la résistance sur une très longue période en manifestant du mépris pour les nouvelles formes d'écriture développées dans leurs pays respectifs. Enfin, le japonais tout en ayant une écriture qui lui est tout à fait propre a conservé une utilisaiton très significative des caractères chinoise. D'autant plus qu'à l'image des vietnamiens (mais d'une manière différente) a développé des caractères chinois spécifiques au japonais.

Voilà, je ne veux surtout pas créer de querelles historico-politiques. Mais je pense que ce point en terme de civilisation est réel. Ce qui n'empiète absolument pas sur la grandeur de la culture de chacun de tous ces pays.
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