Drôle de manière de fêter ses 60 ans. Sony, as légendaire de l'électronique nippone, ex-chouchou des investisseurs, a annoncé hier un plan massif de suppression de 20 000 emplois sur trois ans, dont 7 000 au Japon. Nom de code du plan : «Transformation 60», en référence à l'anniversaire. «Sony aura 60 ans en 2006. Nous voulons que ce groupe devienne une entité puissante et prenne du muscle», a sobrement commenté, hier, au cours d'une conférence de presse, le PDG du groupe, Nobuyuki Idei. Mais, attention, dans le pays qui a longtemps promu l'emploi à vie, le groupe compte effectuer ces réductions d'emplois 13 % de ses effectifs totaux sans licenciements secs, mais en proposant des départs à la retraite anticipés et en ralentissant le rythme de ses embauches.
Sony (154 000 employés), l'un des rares géants japonais à avoir assuré son développement sans emprunt bancaire, mais uniquement grâce aux marchés financiers, est au pied du mur. Fin octobre, le groupe a dévoilé des bénéfices trimestriels en baisse de 25 %. L'érosion des ventes se poursuit, en particulier dans l'électronique grand public qui représente 61 % de son chiffre d'affaires. Le plus préoccupant : les ventes de consoles et de jeux vidéo (12 % du chiffre d'affaires) ont plongé de 36 %. A la concurrence agressive s'ajoutent des éléments conjoncturels négatifs comme la crise du marché du disque. Ou la baisse du marché des jeux vidéo ( 18 % l'an passé au Japon). Objectif de la restructuration : économiser 2,8 milliards de dollars (2,4 milliards d'euros) et retrouver une marge d'exploitation de 10 % d'ici à 2006. Le plan vise principalement au redressement des deux branches les plus malmenées, la division électronique grand public (ordinateurs et caméras vidéo, par exemple) et celle des jeux.
Comment en est-on arrivé là ? Sony aurait trop misé, disent ses détracteurs, sur la seule «génération numérique», les 15-20 ans japonais rivés à leur portable et à leur console de jeux. L'inventeur du Walkman et de la PlayStation, console lancée en 1994, s'est fait distancer dans plusieurs secteurs. Sa domination a notamment été bousculée par l'irruption du numérique dans le domaine des caméras. Il n'a pas non plus vu venir le marché des baladeurs numériques, et s'est fait doubler par Apple, concurrent venu de l'informatique. Parti trop tard dans les écrans plats, Sony se voit contraint de s'allier au sud-coréen Samsung. Il a d'ailleurs annoncé, hier, la création d'une société commune avec son concurrent qui apparaît comme une consécration pour ce dernier. Spécialisée dans les écrans plats à cristaux liquides (LCD), la coentreprise sera capitalisée à hauteur de 2 milliards de dollars (1,7 milliard d'euros).
Autre déconvenue : la fameuse «synergie» contenu et contenant dont Sony avait cru faire un modèle ne fonctionne pas dans les faits. Ses divisions «contenus» (musique notamment) et électronique (fabriquant des appareils destinés à lire ces fameux contenus) ont en effet des objectifs contradictoires : freiner les copies illicites pour les premières, vendre des appareils permettant de lire tous contenus, même copiés, pour les secondes. Exemple célèbre : l'album de Céline Dion, sorti en 2002 chez Sony Music, est tellement protégé contre la duplication... qu'il n'est pas lisible sur les ordinateurs Sony.
La suppression de 20 000 emplois ne suffira sans doute pas à résoudre ces contradictions. Reste à Sony une nouvelle arme stratégique : «Ghosnissan» (Carlos Ghosn), le redresseur de Nissan, patron adulé des Japonais qui vient de rejoindre son comité directeur.
-Le Libérateur
Sony se miniaturise
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