
Il s'agit de ce qu'on appelle le "ne" dit "explétif", qui n'est pas porteur d'une négation (donc il n'est là que pour "faire joli") et qui est possible mais jamais obligatoire (tout-à-fait inconnu dans la langue populaire et presque automatique dans la langue des milieux supérieurs) après les verbes ou les tournures exprimant :
- La crainte (je crains qu'il ne soit déjà là)
- L'empêchement (pour empêcher que quelqu'un n'entre)
- Le doute, en particulier nié (aucun doute qu'il n'ait du mal)
- La cause niée (non qu'il ne soit malade)
- La comparaison (plus grand qu'il ne faudrait).
D'un point de vue linguistique, on constate que toutes ces tournures portent une forme de négativité par elle-même, et le "ne" est le reflet de cette négativité dans la subordonnée (je crains qu'il ne soit là = j'ai peur, et je voudrais qu'il ne soit pas là ; pour empêcher qu'il n'entre : le but recherché, c'est qu'il n'entre pas, plus grand qu'il ne faudrait : ce qu'il faudrait, ce serait qu'il ne soit pas grand). On trouve d'ailleurs des tournures encore plus bizarres en latin exactement pour les mêmes types de verbe (timeo ne, non dubito quominus) et je vous parle même pas du grec ancien (la négation en grec ancien, c'est beau comme du Bach).
La plupart des occasions des troubles du monde sont grammairiennes (Montaigne, II.12)