Je sais qu'en Suisse, la poste helvétique recommande un format qui diffère de l'ordre français :
Monsieur
Jean Dupont
Rue Bidule 4
1207 Genève
Alors qu'en France, le titre n'est pas obligatoire et se met sur la même ligne, du même que le numéro se met avant la rue.
Cela dit, une lettre libellée "à la française" arriverait à son but.
Autre chose à savoir : en Suisse, la poste continue d'assurer un service de... voyageurs, dans les petits patelins, comme au XIXe siècle. Un car a remplacé la diligence, mais c'est le même principe.
Dernier helvétisme : la poste a un format spécial pour les envois à des soldats (rappelons que le service militaire est toujours obligatoire dans la confédération, et que les hommes retournent régulièrement sous les drapeaux jusqu'à leurs quarante ans !). Là je copie-colle le site de la poste :
Recr Gilbert Gress
Cp III, sct 2
ER inf 2
Caserne
2013 Colombier NE
Ce qui se lit "recrue Gilbert Gress" ("recrue" est le mot normal pour désigner un appelé), camp III, section 2, école de recrue (=camp de formation, les "classes" comme on disait chez nous) de l'infanterie n°2, Caserne de Colombier, canton de Neuchâtel. L'indication du grade est obligatoire.
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Avant le code postal, en France (dans les années 60), l'adresse était plus vague (beaucoup de villages n'avaient pas encore de numéros), mais il fallait mentionner le bureau de poste traitant.
Monsieur Jean Dupont
Rue de l'Eglise
Ploufignac, par Bouzincourt
Vendée.
Cela dit, la vieille mère bretonne et bretonnante d'une amie de mes parents leur avait un jour envoyé une lettre de remerciement suite à un deuil (une des trois lettres qu'elle avait dus envoyer dans sa vie), ainsi rédigée
André et Marguerite
Rue de l'Eglise
Pontarlier
Le facteur avait quand même trouvé, sur quand même quatre-vingts numéros.
Mais c'était au temps du service public...
La plupart des occasions des troubles du monde sont grammairiennes (Montaigne, II.12)