Bon usage du verbe culminer
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Bon usage du verbe culminer
Si l'on dit qu'une construction "culmine à 40 mètres de haut", est-ce que "de haut" est de trop et constitue une répétition, ou est-ce que c'est un usage correct du verbe culminer ? Merci de vos lumières.
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- Andergassen
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Re: Bon usage du verbe culminer
C'est en soi un pléonasme, bien sûr, mais comme beaucoup de locutions pléonastiques, c'est passé dans le domaine public, et on les emploie d'instinct, sans penser un instant à la redondance. On peut même pousser les choses jusqu'à dire : "... a porté sa hauteur à ... mètres de haut", ce qui me paraît le comble !
A bien y réfléchir, il me semble néanmoins qu'il y a une différence. Si je dis "la Geislerspitze culmine à 3025 mètres", cela sous-entend que c'est la hauteur au niveau de la mer, et non pas la hauteur de la montagne en tant que telle. En reprenant l'exemple de Beaumont, "une construction qui culmine à 40 mètres de haut", c'est de la hauteur effective de la construction qu'il s'agit. Peu importe si c'est un tour de télécommunication dans une ville du plat pays ou au sommet d'une montagne. Je pense qu'on avait ici besoin de faire ressortir la nuance, ce qui justifierait l'emploi de ce "de haut" à première vue pléonastique.
A bien y réfléchir, il me semble néanmoins qu'il y a une différence. Si je dis "la Geislerspitze culmine à 3025 mètres", cela sous-entend que c'est la hauteur au niveau de la mer, et non pas la hauteur de la montagne en tant que telle. En reprenant l'exemple de Beaumont, "une construction qui culmine à 40 mètres de haut", c'est de la hauteur effective de la construction qu'il s'agit. Peu importe si c'est un tour de télécommunication dans une ville du plat pays ou au sommet d'une montagne. Je pense qu'on avait ici besoin de faire ressortir la nuance, ce qui justifierait l'emploi de ce "de haut" à première vue pléonastique.
Par de bons mots foudroyons la sottise, craignons le sang ; ne versons que le vin.
Re: Bon usage du verbe culminer
Perso, je n'y vois aucune utilité, culminer est assez clair comme ça. Mais bon, comme ce sont des mots de racines très différentes, la bourde ne se voit pas trop. Une "hauteur de X mètres de haut" par contre me choquerait.
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- Andergassen
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Re: Bon usage du verbe culminer
La professionnelle que tu es est placée devant l'alternative de l'éthique professionnelle (des phrases concises et bien construites) et du porte-monnaie (blablater plus pour gagner plus) ! 

Par de bons mots foudroyons la sottise, craignons le sang ; ne versons que le vin.
Re: Bon usage du verbe culminer
Non, car je suis payée au mot source et non pas au mot cible. D'ailleurs, contrairement à beaucoup de confrères, je ne foisonne quasiment jamais (en effet, je suis concise) et ce, même si je m'efforce de faire exprès. J'avais fait le test à une époque où un client voulait me payer au mot cible : je perdais un temps fou à chercher des formulations plus longues pour gagner presque rien sur le volume final, donc perte supérieure au gain !
Sonka - Сонька
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Re: Bon usage du verbe culminer
Ce qui fait qu'avec ce type de rémunération au mot source, on doit être perdant pour l'allemand, non ? 
Il me semble qu'à la ligne, ce serait plus équitable. Mais nous nous éloignons du sujet, là...

Il me semble qu'à la ligne, ce serait plus équitable. Mais nous nous éloignons du sujet, là...

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Re: Bon usage du verbe culminer
Ca dépend... les tarifs culminent à combien ?Andergassen wrote:Mais nous nous éloignons du sujet, là...

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Re: Bon usage du verbe culminer

Andergassen : "perdant"... Par rapport à quoi, en fait ?
C'est une idée reçue très courante parmi les traducteurs, je n'ai jamais rien pu y comprendre.
La seule chose qui compte, c'est de bien fixer son tarif.
Si tu parles de "perdre" par rapport à une autre langue source non agglutinante, par exemple l'anglais ou l'italien, eh bien il suffit d'avoir un tarif plus élevé pour l'allemand que pour l'anglais ou l'italien. Si tant est qu'on ait toutes ces langues à son actif, beaucoup de traducteurs n'en ont qu'une, alors ils ne peuvent pas "perdre" par rapport à une autre langue.
Si tu parles de "perdre" par rapport à une tarification à la ligne, il suffit de définir son tarif au mot de façon à ce qu'il soit égal au tarif à la ligne. Ainsi, si une ligne comporte statistiquement 10 mots (je pense que c'est moins pour l'allemand, mais je prends ça car c'est plus facile pour la nulle en maths que je suis) et que ton tarif à la ligne est de 1 EUR, alors ton tarif au mot doit être de 0,10 EUR. Tu ne "perds" que si tu as l'idiotie d'avoir un tarif à la ligne de 1 EUR et un tarif au mot de 0,08 EUR, par exemple.
De plus, pour moi, le tarif à la ligne est une hérésie car même avec les techniques actuelles, il n'existe aucun moyen de connaître directement la nombre de lignes d'un texte à traduire. L'informatique ne sait compter que les mots et les caractères. Il faut donc compter le nombre de caractères, pour cela se mettre d'accord avec le client sur la ligne normée à utiliser, et ensuite diviser le nombre de caractères total par le nombre de caractères types d'une ligne normée. Je ne comprends pas pourquoi se pourrir la vie à faire des calculs superflus (oui, j'aime pas les maths...) alors que la tarification au mot est directe, simple et sans aucune ambiguïté.
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Re: Bon usage du verbe culminer
Oui, maintenant, je comprends mieux. Merci pour ces éclaircissements.
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Re: Bon usage du verbe culminer
1) "Culmine à trente mètre de haut" de haut me paraît effectivement pléonastique, puisque tous les dictionnaires donnent des exemples du type "culmine à trente mètres". Dans une copie de BTS, je le soulignerais vaguement ou mettrais le "de haut" entre crochet, sans insister, ou le ferais entrer dans la catégorie des "inélég." (inélégant), c'est-à-dire un demi mal-dit ; même chose pour une version (1/2md = moins un point-faute, catégorie minimale). Dans une traduction professionnelle, ou un devoir d'étudiant de lettres, en revanche, je relèverais. Cela étant, il faut bien reconnaître que :
a) Les exemples sur internet ne sont pas déterminants, et je suis d'accord avec Svernoux, tant qu'il n'y a pas répétition morphologique, cela ne choque pas.
b) Lorsque l'on écrit "les pommiers du Kazakhstan culminent à 20 mètres de hauteur", ce n'est pas tout à fait la même chose que de dire "L'Aconcagua culmine à 6292 mètres". En fait, je crois qu'il y a en français contemporain deux sens à ce verbe : le sens premier et étymologique, "avoir effectivement un point culminant", où tout complément est inutile voire faux, et un sens plus général et plus répandu, "aller jusqu'à telle dimension" (le pommier culmine à 20 mètre de hauteur), où l'on se sent obligé de préciser de quelle dimension l'on parle ; et en disant "de hauteur", on précise qu'on parle bien de la pointe de l'arbre...
*
2) Pour ce qui est des tarifs de trad, je n'y connais rien, mais il est amusant de constater :
a) Que les feuilletonistes du XIXe siècle étaient aussi payés à la ligne, ce qui explique certains romans de Balzac...
b) Que cette année, pour la première fois, j'ai des élèves qui, face à mes exigences il est vrai de plus en plus impératives en matière de quantité (peut-être parce que les devoirs deviennent de plus en plus courts...) se sont mis à "foisonner" de façon très visible, en multipliants les pléonasmes, les redites, les répétitions et les périssologies. Du genre
a) Les exemples sur internet ne sont pas déterminants, et je suis d'accord avec Svernoux, tant qu'il n'y a pas répétition morphologique, cela ne choque pas.
b) Lorsque l'on écrit "les pommiers du Kazakhstan culminent à 20 mètres de hauteur", ce n'est pas tout à fait la même chose que de dire "L'Aconcagua culmine à 6292 mètres". En fait, je crois qu'il y a en français contemporain deux sens à ce verbe : le sens premier et étymologique, "avoir effectivement un point culminant", où tout complément est inutile voire faux, et un sens plus général et plus répandu, "aller jusqu'à telle dimension" (le pommier culmine à 20 mètre de hauteur), où l'on se sent obligé de préciser de quelle dimension l'on parle ; et en disant "de hauteur", on précise qu'on parle bien de la pointe de l'arbre...
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2) Pour ce qui est des tarifs de trad, je n'y connais rien, mais il est amusant de constater :
a) Que les feuilletonistes du XIXe siècle étaient aussi payés à la ligne, ce qui explique certains romans de Balzac...
b) Que cette année, pour la première fois, j'ai des élèves qui, face à mes exigences il est vrai de plus en plus impératives en matière de quantité (peut-être parce que les devoirs deviennent de plus en plus courts...) se sont mis à "foisonner" de façon très visible, en multipliants les pléonasmes, les redites, les répétitions et les périssologies. Du genre
Dans ce texte que nous avons sous les yeux et qu'il nous appartient de commenter à présent dans le développement qui va suivre, on peut constater deux axes qui se dégagent et qui sont visibles, et que nous allons traiter en deux parties l'une après l'autres pour mettre en avant la singularité de ce texte. Tout d'abord le premier axe qui constituera notre première partie et que l'on va étudier en premier : le champ lexical de l'amour où l'on notera l'emploi d'un certain nombre de mots en relation avec la notion d'amour qui est présente dans ce poème etc.
La plupart des occasions des troubles du monde sont grammairiennes (Montaigne, II.12)
Re: Bon usage du verbe culminer
Bah au moins, ils apprennent des synonymes, ça élargit leur vocabulaire ! 

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- Andergassen
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Re: Bon usage du verbe culminer
Ca me rappelle le bon temps de Pierre Dac ! ("Haut les cœurs et chapeaux bas devant cette géniale invention qui, demain ou après-demain au plus tard, fera germer le blé fécond du ciment victorieux qui ouvrira à deux battants la porte cochère d'un avenir meilleur dans le péristyle d'un monde nouveau..."
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