
Tu procèdes à l'envers ! Il faut d'abord que tu définisses le mot "colonisation" : il y a des articles sur le sujet.
Comme tout concept historique, on le définit en le divisant :
- Colonies de "déduction" comme dans l'Antiquité (l'excédent d'une cité va fonder sur une terre étrangère une nouvelle cité, indépendante de la métropole) VS colonies "dépendantes" à partir de Chr. Colomb
- colonie de peuplement (type Algérie, Etats-Unis avant 1776, Canada, Afrique du Sud) VS colonie d'exploitation (type Afrique noire, Indochine pour l'essentiel, etc.)
- colonisation VS sphère d'influence (ex. Chine)
- gestion directe VS indirect rule VS dominion
- Dépeuplement/repeuplement (ex. Caraïbes, et Amérique du Nord pour l'essentiel) VS domination sur les indigènes (Indes) VS intégrations partielles / "pigmentocratie" (colonies portugaises essentiellement)
Dans le cas de la guerre de cent ans, je trouve que le mot "colonie" (qui n'existe de toute façon pas à l'époque sous ce sens !), n'a, même mutatis mutandis, aucun sens :
1. La société médiévale comprend la notion de souveraineté de façon "étagée" (rapports suzerain/vassal successifs). En terre d'Aquitaine, le roi d'Angleterre n'est PAS sur ses propres terres, il est le vassal du roi de France (du moins jusqu'au déclenchement de la guerre).
2. L'idée même d'assimilation culturelle n'a aucun sens : l'idée même de nation n'a aucune réalité avant la guerre de cent ans (le roi d'Angleterre parle français !).
3. Aucune des deux monarchies n'a la capacité d'envisager une exploitation économique directe ou même indirecte de la terre conquise. Celle-ci passe forcément par le régime féodal (l'attribution de fief). Un Etat au 14e siècle n'a rien à voir ne serait-ce qu'avec l'Espagne unifiée d'après 1492 !
Pour Hitler, on peut à la rigueur parler d'exploitation économique (voire de pillage) d'un territoire militairement occupée pour la France mais pas plus. Ou de "colonisation" pour ce qui est de l'espace oriental (le "Lebensraum"), pour lequel on retrouve l'idée d'une population structurellement inférieure pouvant servir d'auxiliaire économique, avec une relative politique de peuplement volontaire (donc de "colonisation" au sens étymologique du terme). Mais encore : avec beaucoup de pincettes et de guillemets. Même des Etats-croupion comme le protectorat de Bohême-Moravie ou le gouvernement général de Pologne n'ont rien à voir avec des chefferies vassalisée d'un empire colonial.
L'Histoire est une science. Toute science commence par une définition. Toute définition commence par un état de la question dans une bibliographie antérieure. On n'avance JAMAIS ses propres pions du premier coup.
La plupart des occasions des troubles du monde sont grammairiennes (Montaigne, II.12)