alternance consonnantique

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Maïwenn
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alternance consonnantique

Post by Maïwenn »

Didine, est ce que tu pourrais nous en dire plus sur l'alternance consonnantique en finnois ? Je suppose que je ne suis pas la seule intéressée :)

Cf. viewtopic.php?t=3825
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didine
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Post by didine »

Voici une explication assez simple de mon propre cru qui apparaissait sur mon site web.

Consonant gradation is an extremely complex set of morphophonemic alternations that results in most lexical morphemes having at least two highly divergent forms. Double consonants kk, pp, tt are often (basically, before closed syllables) replaced by single k, p, t. There is a similar phenomenon for single consonants: single k, p, and t are often replaced by absence of a consonant, v, and d. There is also reverse consonant gradation.

· varvas ('toe') / varpaat ('the toes')
· joki ('river') / joet ('the rivers')
· aikoa ('intend') / aion ('I intend')

Although not as difficult as it appears at first glance, consonant gradation has to be mastered before even the simplest Finnish sentences can be constructed.

---

Et voici une explication plus complète, celle de Jean-Luc Moreau, professeur de finnois et estonien à l'INALCO.

Le phénomène appelé traditionnellement « alternance consonantique » dans les descriptions du finnois rédigées en langue française détermine la réalisation des occlusives à la frontière de deux syllabes. Chaque occlusive, longue ou brève, présente un « degré fort » quand la syllabe qui suit est ouverte, c’est-à-dire terminée par une voyelle, et un « degré faible » quand la syllabe suivante est fermée, c’est-à-dire terminée par une consonne. On aura ainsi kukka « la fleur »/kukat « les fleurs », kulkea « cheminer »/kuljen « je chemine », sika « porc »/siat « porcs »... Cette alternance affecte également les groupes formés au degré fort d’une sonante suivie d’une occlusive : ranta « rivage »/rannat « les rivages »/rannalla « sur le rivage ». Pour comprendre l’économie du système, il importe de savoir que les voyelles longues, en dehors de la première syllabe, sont historiquement secondaires et doivent par conséquent être considérées comme deux brèves appartenant à des syllabes différentes, d’où la présence du degré fort dans hampaat « les dents » en face du degré faible de hammas « la dent ». Cette alternance est au cœur du système phonétique finnois et ne souffre que très peu d’exceptions. Une partie de celles-ci s’explique par la présence d’une consonne fantôme, l’« occlusive glottale », résidu d’un ancien -k aujourd’hui amui mais encore assez présent pour fermer la syllabe. Ainsi à la fin du mot sade « pluie » dont le génitif est sateen.
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Maïwenn
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Post by Maïwenn »

Merci Didine ! :)

En fait ce n'est pas tout en fait comme en breton. Les mutations entraînent un changement de l'initiale en fonction du mot qui précède.
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Sisyphe
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Post by Sisyphe »

Ce dont tu parles, Maïwenn, pour le breton (et dont j'avais un peu entendu parler) s'appelle en linguistique le "samdhi", du nom qu'on lui donne en sanscrit :

vRkjat+bâla+marge+âsçvân+vyâghrân+ca+na+apaçyan
vRkçâd bâlâ marga âsçvân vyâghrâmçca paçyan

("du haut de l'arbre, les enfants ne voyaient pas les chevaux et les tigres")

À ce ceci près qu'en sanscrit, c'est essentiellement la fin du mot précédent qui change, plus que le début du suivant. Mais ça arrive :

devaH + api -> devo 'pi "les dieux mêmes"

Ca existe aussi en grec homérique : kat + dekhomai : kad dekhomai

Je crois savoir qu'en gaulois, les désinences nominales avaient disparues, mais l'effet sur la syllabe suivante (le samdhi donc) était maintenu ! En clair, les désinences étaient à chercher sur les mots qui suivaient !

-

Ce dont parles Didine m'a l'air plus proche des alternances vocaliques de l'indo-européen, qu'on trouve encore en Allemand : heben/hob/gehoben. Ou en grec : lEipô "je laisse" degré 'e', elipon "je laissai" degré zéro, lelOipa "j'ai laissé" degré 'o'.
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Rónán
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Post by Rónán »

Sisyphe > exact, encore que le fait que tu mentionnes ca pour le gaulois soit un peu bizarre, où as-tu lu ca (la grammaire gauloise est tres mal connue). Ce phénomène existe néanmoins dans les langues celtiques actuelles, les "mutations" (ces changement de consonne à l'initiale) sont issues justement de l'influence d'anciennes terminaisons aujourd'hui disparues (disparues vers le Ve siècle, en fait). Habituellement on n'appelle pas ca des sandhi, mais c'est vrai qu'à l'origine c'en étaient.
Mutations nasales < le mot précédent était terminé par un -n à l'origine
Mutations durcissantes < le mot précédent se terminait par -th
Mutations adoucissantes (lénition) < le mot précédent se terminait par une voyelle
Mutations spirantes < le mot précédent se terminait par un -s (surtout les possessifs) ou un -k ou un -t (dans ce cas on a gémination de la consonne initiale suivante, puis spirantisation)
...

Ce que j'ai écrit est vrai pour breton, gallois et cornique, pr les langues gaéliques c'est un peu différent.
Last edited by Rónán on 13 Nov 2004 06:22, edited 1 time in total.
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Post by Olivier »

En finnois apparemment ce n'est pas vraiment une règle de sandhi puisque ce n'est pas sous l'influence du son qui suit ou précède directement, mais du fait que voyelle+consonne suivante sont dans la même syllabe...
-- Olivier
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Sisyphe
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Post by Sisyphe »

Pwyll wrote: exact, encore que le fait que tu mentionnes ca pour le gaulois soit un peu bizarre, où as-tu lu ca (la grammaire gauloise est tres mal connue).
Bin : La langue gauloise de Pierre-Yves Lambert (Errance), j'en connais pas d'autre. Mais je ne l'ai pas sous la main, je l'ai prêté à un ami celtologue. Je crois que ça ne concerne que la déclinaison thématique. Enfin bon, je ne suis effectivement pas spécialiste.

[quote ="Olivier"] En finnois apparemment ce n'est pas vraiment une règle de sandhi puisque ce n'est pas sous l'influence du son qui suit ou précède directement, mais du fait que voyelle+consonne suivante sont dans la même syllabe... [/quote]

:roll: Euh... Oui, c'est bien ce que j'ai écrit : en finnois ce n'est apparamment pas du samdhi, mais plutôt un phénomène semblable au alternances vocaliques de l'indo-européen.
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Rónán
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Post by Rónán »

Merci. J'ai pas réussi à retrouver le passage où ils en parlent...
Last edited by Rónán on 13 Nov 2004 06:54, edited 2 times in total.
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Post by f@rz.bruju.net »

Le sandhi existe aussi en breton en plus des mutations. Il est prononcé sans être noté, mais se trouve quand même à la base des divergeances entre les différentes orthographes.

mon fils + c'est /mamap/ + /e/ = /mamab e/ c'est mon fils
j'ai dit + à vous /mem@s laret/ + /dox/ = /mem@s lare tox/ je vous ai dit
obligé + c'est = /ret/ + /eo/ = /redeo/ il faut

C'est un truc théorique que j'ai lu dans un bouquin*, mais en fait on l'applique naturellement, à condition bien sur de faire l'effort d'écouter les brittophones de naissance. ;)
*Patrick LE BESCO "Parlons Breton" L'Harmattan (ce n'est pas une méthode, c'est un livre qui explique les traits principaux de la langue pour ceux qui veulent mieux la connaitre. La collection s'intéresse à pas mal d'autres langues ...)
/d.Ô.b\
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Rónán
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Post by Rónán »

/mem@z lar@ tox/, je dirais...
Last edited by Rónán on 13 Nov 2004 06:23, edited 1 time in total.
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Post by f@rz.bruju.net »

Pwyll wrote:/mem@z lar@ tox/, je dirais...
Pwyll
Oui, ça se rapproche plus, mais je ne connais pas trop les écritures phonétiques. Connais tu le bouquin que j'ai cité ? As tu un avis ? (ma poubelle est déjà pleine, j'envisage 1) de louer un container 2) d'ouvrir une échoppe de bouquiniste (léonard, quand même) ;)
/d.Ô.b\
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Alessandro
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Post by Alessandro »

Salut à tous. J'ai reçu un message privé de l'ami f@rz.bruju.net qui m'a informé sur l'object de cette discussion.
Il m'a demandé si le Sard a les particularitées d'avoire la lettre initiale d'un mot qui change dans certaines conditions comme les langues celtiques.
Je ne suis pas sur d'avoire compris perfectement le problem: ici on parle de filologie et je ne suis pas an linguiste et pour ça la personne la plus indiquées pour repondre, mais je connai un petit-peu la morfologie du Sard.
Alors:
- le Sard n'a jamais la lettre R comme lettre initiale d'un mot parce-que elle est devancée toutjours par les lettres AR. Pour exemple, si on traduit le mot Rouge en Italien comme Rosso et en Espagnol comme Rojo, la traductione en Sard c'est ARRUBIU (et nous puivons continuer avec S'ARRADIU, S'ARREGULA, S'ARRICHESA etc...).
J'avai lit que cette est une particularitée commune avec le Basque (elles ont une origine commune) mais je ne suis pas sur de cette chose: quelqu'un de vous la pourrait confirmer?
-Il y a aussi une autre chose à dire: une lettre, la S, c'est tout-jours devancée par la lettre I: pour exemple on ne dit jamais SCIENTZIA mais ISCIENTZIA, on ne dit jamais SCOLA mais ISCOLA, on ne dit jamais STADU mais ISTADU.
- Le Sard n'a jamais la lettre V comme lettre initiale d'un mot: elle est remplacee par les lettres F ou B: le mot derivé par l'espagneul VENTANA (fenetre) est traduit comme FENTANA ou BENTANA.
J'espére d'étre eté clair.

p.s. Pourrai je vous demander de corriger les fautes que j'ai fait dans ce message? Merci beaucoup! :hello:

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f@rz.bruju.net
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Post by f@rz.bruju.net »

Merci Alessandro pour ta réponse et voici les corrections que tu as demandées
Alessandro wrote:Salut à tous. J'ai reçu un message privé de l'ami f@rz.bruju.net qui m'a informé sur l'objet de cette discussion.
Il m'a demandé si le Sard a les particularités d'avoir la lettre initiale d'un mot qui change dans certaines conditions comme les langues celtiques.
Je ne suis pas sur d'avoir parfaitement compris le probleme: ici on parle de philologie (je ne suis pas sur que cela soit le mot approprié ici) et je ne suis pas un linguiste. Je ne suis pas la personne la plus indiquée pour repondre, mais je connais un petit peu la morphologie du Sard.
Alors:
- le Sard n'a jamais la lettre R comme lettre initiale d'un mot parce que elle est devancée toujours par les lettres AR. Pour exemple, si on traduit le mot Rouge en Italien comme Rosso et en Espagnol comme Rojo, la traduction en Sard est ARRUBIU (et nous pouvons continuer avec S'ARRADIU, S'ARREGULA, S'ARRICHESA etc...).
J'avais lu que c'est une particularité commune avec le Basque (elles ont une origine commune) mais je ne suis pas sur de cette chose: quelqu'un parmi vous (ou l'un d'entre vous) pourrait-il le confirmer?
-Il y a aussi une autre chose à dire: une lettre, la S, est toujours devancée par la lettre I: pour exemple on ne dit jamais SCIENTZIA mais ISCIENTZIA, on ne dit jamais SCOLA mais ISCOLA, on ne dit jamais STADU mais ISTADU.
- Le Sard n'a jamais la lettre V comme lettre initiale d'un mot: elle est remplacée par les lettres F ou B: le mot derivé par l'espagnol VENTANA (fenetre) est traduit comme FENTANA ou BENTANA.
J'espére avoir été clair.

p.s. Pourrais je vous demander de corriger les fautes que j'ai faites dans ce message? Merci beaucoup!
1) Pour les franco-pinailleurs: je n'ai pas l'habitude de faire des corrections. J'ai peut-être commis des erreurs, alors n'hesitez pas à corriger le correteur. :-?

2) Per Alessandro: Mi piacere scrivere l'italiano commo scrivi (-tu ?) il francese. Ciao. :hello:
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Alessandro
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Post by Alessandro »

f@rz.bruju.net wrote:
2) Per Alessandro: Mi piacere scrivere l'italiano commo scrivi (-tu ?) il francese. Ciao. :hello:
Alors allons faire un petit cours acceleré: "Mi piacerebbe scrivere in italiano come tu scrivi in francese".:hello:
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Rónán
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Post by Rónán »

Au sujet des mots qui préfixent un a- ou un e- pour pas que des mots commencent par certaines consonnes, en effet ca existe en basque, en espagnol et en gascon, par exemple.
Oui, ça se rapproche plus, mais je ne connais pas trop les écritures phonétiques. Connais tu le bouquin que j'ai cité ? As tu un avis ? (ma poubelle est déjà pleine, j'envisage 1) de louer un container 2) d'ouvrir une échoppe de bouquiniste (léonard, quand même)
Le livre de Le Besco? Celui-ci je ne l'ai pas (je l'ai feuilleté déjà il y a longtemps, mais je l'ai pas acheté parce que j'avais rien appris dedans). Possible qu'il soit bien. Le meme Le Besco a produit un "Parlons gaélique" dans la même collection, alors qu'il ne sait pas parler gaélique. Faut le faire! Idem, il a fait un livre sur le manx, et je crois pas qu'il sache le parler. Moi ca me viendrait pas à l'idée d'écrire un manuel d'une langue que je sais pas parler. Mais bon. J'espère au moins qu'il sait bien parler breton.

Je px rien dire de plus.
Last edited by Rónán on 13 Nov 2004 06:24, edited 1 time in total.
Teangaí eile a dh’fhoghlaim, saol úr a thoiseacht.
Apprendre une autre langue, c'est comme le commencement d'une autre vie.
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