Y a-t-il un basque?

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Agimcomas
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Y a-t-il un basque?

Post by Agimcomas »

:) Y a-t-il un basque dans ce forum qui puisse m'expliquer plus et moins pourquoi leur langue a une origine mystérieuse, quelles sont les particularités???
(Je suis allé à un école primaire de tradition basque qui s'appelait "Euskal Echea", on m'a obligé à danser la danse basque, etc.... Je le haïssais... :mad: )
En tout cas, bye.
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Gilen
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Re: Y a-t-il un basque?

Post by Gilen »

Salut, et oui il y a un basque ici !!! (J'en profite pour saluer tout le monde...et oui, nous sommes rentrés hier soir de notre périple outre Atlantique....)
Agimcomas wrote::) Y a-t-il un basque dans ce forum qui puisse m'expliquer plus et moins pourquoi leur langue a une origine mystérieuse, quelles sont les particularités???

En ce qui concerne l'origine mystérieuse, elle vient tout simplement de fait que le Basque est une sorte de "langue orpheline", c'est-à-dire qu'elle n'est apparentée à aucune autre langue. Le fait que ce soit une langue de tradition orale ne facilite pas le travail des lingüiste.
Ce qui est sûr c'est qu'il s'agit d'une langue non-indoeuropéenne qui, de part les études toponymiques notamment, a une origine très ancienne dans la région.
L'hypothèse scientifique actuelle est que cette langue s'est créé au Pays Basque même (bien que le territoires originel ait été bien plus étendu que ce que l'on englobe aujourd'hui par Pays Basque) et le peuple Basque serait le peuple le plus ancien d'Europe de l'Ouest.

Pour ce qui est des caractéristiques de la langue même, on peut citer notamment :

- le système de déclinaisons (on compte en général 16 cas, mais on peut en diminuer ou augmenter le nombre en fonction de la région et de la prise en compte des surdéclinaisons).
- le système de surdéclinaison : les mots déclinés peuvent se redécliner. Ex : etxerako bidea (le chemin qui va à la maison) / etxe (maison) => -ra (cas du destinatif) / -ko (cas du génitif locatif).
- le système de double conjugaison : une conjugaison synthétique (le verbe porte toutes les marques de la conjugaison), et une conjugaison périphrastique (le verbe porte seulement l'aspect temporel et c'est un auxiliaire qui porte les désinances personnelles).

Je vais arrêter là car ce serait un peu long je crois..... ;)
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ANTHOS
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Post by ANTHOS »

Salut

Moi en tout cas je trouve ce sujet trés intéressant. En fait, je suis passionné par les langues en général mais c'est vrai que par rapport aux autres langues, le basque est moins documenté.

16 cas - qui l'aurait cru!

Andreas
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Rónán
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Post by Rónán »

En hongrois, y en a 23........... ;) (Olivier, tu me corriges si je me trompe)
Last edited by Rónán on 16 Nov 2004 02:14, edited 1 time in total.
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Olivier
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Post by Olivier »

Pwyll wrote:En hongrois, y en a 23........... ;) (Olivier, tu me corriges si je me trompe)
On ne compte plus :)
Et je dis ça sérieusement: beaucoup de prépositions (dans, sur, avec, à, pour...) sont des suffixes, alors on peut en lister des quantités, mais en fait ce ne sont pas des "cas" comme les langues où un même cas prend différentes formes suivant les mots (déclinaisons) avec des règles compliquées, en hongrois c'est toujours le même suffixe, avec juste l'allongement de a ou e final, et la voyelle à choisir pour correspondre au type de voyelles du mot (harmonie vocalique).
-- Olivier
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Sisyphe
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Post by Sisyphe »

Il me semble que dans les particularités du basque (auquel je ne connais rien ou presque) on pourrait ajouter la syntaxe de type ergatif...

... Mais c'est très compliqué :roll:

À propos du basque, de son fonctionnement et de l'étonnement qu'il suscite depuis toujours chez les linguistes, on peut lire ceci : http://www-ang.kfunigraz.ac.at/~vollman ... 2003A.html
Olivier
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Post by Olivier »

Sisyphe wrote:la syntaxe de type ergatif...
... Mais c'est très compliqué :roll:
Pas autant en théorie: si j'ai bien compris, c'est les langues qui distinguent objet et sujet, non pas en marquant l'objet par un cas ou une place différente du sujet intransitif, mais au contraire en marquant le sujet. Comme si les verbes transitifs étaient remplacés par des verbes passifs: ce n'est pas "j'(cas sujet) écris une lettre(cas objet, en français place après le verbe)" mais plutôt "par moi(cas ergatif) est écrite une lettre(même cas que sujet intransitif)"
-- Olivier
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Gilen
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Post by Gilen »

Sisyphe wrote:Il me semble que dans les particularités du basque (auquel je ne connais rien ou presque) on pourrait ajouter la syntaxe de type ergatif...

... Mais c'est très compliqué :roll:
L'ergatif existe aussi dans le géorgien si je ne m'abuse... et cela n'a rien de compliqué je t'assure ! ;)
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Sisyphe
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Post by Sisyphe »

L'ergatif existe aussi dans le géorgien si je ne m'abuse... et cela n'a rien de compliqué je t'assure !
Effectivement, l'ergatif n'a rien de compliqué quand on connait assez bien le principe - et c'est mon cas. Disons que c'est plutôt déroutant la première fois qu'on aborde cette question, quand on est trop habitué aux langues accusatives.

Effectivement, l'ergatif apparaît dans certaines langues caucasienne, et dans certaines langues assez lointaines : océaniennes ou amérindienne.

Ce que je voulais dire, c'est qu'au milieu des langues de l'Europe, c'est à ma connaissance un cas unique (voir l'URL que je proposais)
raph wrote: Pas autant en théorie: si j'ai bien compris, c'est les langues qui distinguent objet et sujet, non pas en marquant l'objet par un cas ou une place différente du sujet intransitif, mais au contraire en marquant le sujet. Comme si les verbes transitifs étaient remplacés par des verbes passifs: ce n'est pas "j'(cas sujet) écris une lettre(cas objet, en français place après le verbe)" mais plutôt "par moi(cas ergatif) est écrite une lettre(même cas que sujet intransitif)"
Il faudrait plutôt dire "agent" et "patient" que sujet et objet. En fait, ça existe aussi... en français ! Par exemple dans des formules populaires (1) ou techniques (2)

(1) il n'y pas mort d'homme !
(2) en cas de bourrage de papier par l'imprimante, ...

"mort d'homme" et "bourrage de papier" nous paraissent semblables, cependant :

[il ya mort] = expression de l'action = verbe
[d'homme] = personne qui subit cette action = patient = absolutif

[il ya bourrage] = expression de l'action
[de papier] = objet qui subit cette action = patient = absolutif
[par l'imprimante] = ce qui fait l'action = agent = ergatif

Or, si on traduit ces phrases dans "notre" système sujet-objet, ça donne :

(1') un homme meurt
(2') l'imprimante bourre le papier

Ce qui est absolutif dans la phrase 1 devient sujet dans 1', alors que ce qui est absolutif dans 2 devient l'objet dans 2'.

Soit dit en passant, c'est beaucoup plus logique que "notre" système - car définir ce qu'est un sujet dans une langue accusative est impossible. On dit souvent "celui qui fait l'action", mais c'est faut : "je meurs" = je subis l'action, je ne la fais pas.

Au passage, certains linguistes pensent qu'à l'origine l'indo-européen était une langue ergative. On en trouve des traces en sanscrit et dans des formules latines comme "me pudet" "j'ai honte", qui n'a pas de sujet mais un accusatif.

Cette théorie expliquerait que les neutres aient toujours la même forme au nominatif et à l'accusatif : à l'origine, ces mots n'avaient tout simplement pas d'ergatif, mais seulement un absolutif. Car un neutre n'a pas la possibilité d'être l'agent d'une action.

Ce qui explique que des mots comme "enfant" soit souvent neutre (das Kind, gr. teknon, paidion), même s'il est sexué : un enfant en bas âge n'a pas la possibilité d'être l'agent d'une action, il ne peut (en gros) que subir.

(c'était la minuste linguistique :sun: )
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