Je n'aime pas les jargons!
Moderators: kokoyaya, Beaumont, Sisyphe
Je n'aime pas les jargons!
Voilà l'objet de mon courroux:
les mots à la mode employés pour se donner un semblant de profondeur:
Par exemple:
expliciter à la place de expliquer (inutile d'expliciter)
les personnes à la place des gens (compassion de Tartuffe)
discours à la place de parole ou d'opinion
faire sens à la place d'avoir/prendre/donner un sens
Ou encore pire: satisfaction-client, contact-clientèle, etc ... etc ... (jargon pseudo-scientifique)
J'avoue que ce genre de discours (!) m'énerve bien plus que le très injustement décrié argot. Suis-je la seule à remarquer ce phénomène? Ou y a-t-il d'autres résistants parmi nous?
les mots à la mode employés pour se donner un semblant de profondeur:
Par exemple:
expliciter à la place de expliquer (inutile d'expliciter)
les personnes à la place des gens (compassion de Tartuffe)
discours à la place de parole ou d'opinion
faire sens à la place d'avoir/prendre/donner un sens
Ou encore pire: satisfaction-client, contact-clientèle, etc ... etc ... (jargon pseudo-scientifique)
J'avoue que ce genre de discours (!) m'énerve bien plus que le très injustement décrié argot. Suis-je la seule à remarquer ce phénomène? Ou y a-t-il d'autres résistants parmi nous?
Re: Je n'aime pas les jargons!
Je crois que celui-ci est plus un anglicisme (make sense) qu'un terme "je me la pète".Emilie wrote:faire sens à la place d'avoir/prendre/donner un sens
Moi c'est surtout les anglicismes forcenés et inutiles (comme "réaliser") que je ne supporte pas. Donc, comme le dit Didine, "faire sens" est un anglicisme et je le trouve complètement idiot. Mais les autres expressions sont tout à fait correctes il me semble. Je trouve qu'il ne faut pas abuser des expressions du type "relations client" quand on peut faire autrement, mais crois-moi Emilie, il y a bien des cas où ce genre d'expression est la meilleure solution (en tout cas en traduction).
Sonka - Сонька
It's crazy how the time just seems to fly
But for a moment you and I, we caught it
It's crazy how the time just seems to fly
But for a moment you and I, we caught it
Ca me rappelle l'époque où j'ai fait du télémarketing, et le leitmotiv: "Allez Emilie, booste-moi c' contact, t'en es qu'à 15 accords-client à l'heure!". ou quand j'ai été à la caisse: "l'important, c'est d'aimer le contact-clientèle" Ah, quelle époque...
Sonka, tu as raison, j'ai un peu tout mélangé: termes vulgaires, termes corrects ou incorrects. En fait, ce qui me hérisse, c'est le nombre énorme de mots maniérés, pédants ... etc ...
D'abord, les expressions à la limite de la faute:
Les conséquences en terme d'emplois: Les conséquences sur l'emploi
Les incursions du vocabulaire de la gestion dans les autres disciplines:
gérer sa vie privée:
Les solutions de gestion: les différentes façons de gérer
investir le champ de la philosophie: se consacrer à la philosophie
les mots dérivés employés sans distinction :
La référence donne le référent, puis le référentiel
la problématique au lieu du problème
Les adjectifs ou verbes nouvellement substantivés:
le paraître: l'apparence
le devenir: l'avenir
Les adjectifs à la mode:
halluciné: exalté, délirant
lisible: clair
Le pluriel et le singulier:
un monde pluriel: un monde divers
utiliser le pluriel: "les possibles" "les futurs" au lieu des possibilités, le futur de chacun
ou au contraire le singulier: créer du lien: tisser des relations
Les verbes intransitifs qui deviennent transitifs, les changements de prépositions:
penser quelque chose: réfléchir sur quelque chose, élaborer une théorie sur
rapport à, relation à : rapport avec, relation avec
Les mots reflétant un certain relativisme:
ma vérité: mon opinion
une logique: tout le problème est de savoir s'il y en a plusieurs?
La prise de décision:
poser un objectif, un style: définir un objectif, un style
se définir comme: intraduisible?
déterminer un objectif
les suffixes ou les préfixes en rafale: visualisme, reprogrammer...
Enfin, tout cela reflète sans doute notre façon contemporaine de voir les choses.
Et enfin, pour rigoler, un bon gros morceau de jargon que j'avais oublié tout à l'heure : une personne qui travaille dans l'enseignement m'a dit qu'en langage pédagogique, un ballon s'appelle "un référentiel rebondissant"

Sonka, tu as raison, j'ai un peu tout mélangé: termes vulgaires, termes corrects ou incorrects. En fait, ce qui me hérisse, c'est le nombre énorme de mots maniérés, pédants ... etc ...
D'abord, les expressions à la limite de la faute:
Les conséquences en terme d'emplois: Les conséquences sur l'emploi
Les incursions du vocabulaire de la gestion dans les autres disciplines:
gérer sa vie privée:
Les solutions de gestion: les différentes façons de gérer
investir le champ de la philosophie: se consacrer à la philosophie
les mots dérivés employés sans distinction :
La référence donne le référent, puis le référentiel
la problématique au lieu du problème
Les adjectifs ou verbes nouvellement substantivés:
le paraître: l'apparence
le devenir: l'avenir
Les adjectifs à la mode:
halluciné: exalté, délirant
lisible: clair
Le pluriel et le singulier:
un monde pluriel: un monde divers
utiliser le pluriel: "les possibles" "les futurs" au lieu des possibilités, le futur de chacun
ou au contraire le singulier: créer du lien: tisser des relations
Les verbes intransitifs qui deviennent transitifs, les changements de prépositions:
penser quelque chose: réfléchir sur quelque chose, élaborer une théorie sur
rapport à, relation à : rapport avec, relation avec
Les mots reflétant un certain relativisme:
ma vérité: mon opinion
une logique: tout le problème est de savoir s'il y en a plusieurs?
La prise de décision:
poser un objectif, un style: définir un objectif, un style
se définir comme: intraduisible?
déterminer un objectif
les suffixes ou les préfixes en rafale: visualisme, reprogrammer...
Enfin, tout cela reflète sans doute notre façon contemporaine de voir les choses.
Et enfin, pour rigoler, un bon gros morceau de jargon que j'avais oublié tout à l'heure : une personne qui travaille dans l'enseignement m'a dit qu'en langage pédagogique, un ballon s'appelle "un référentiel rebondissant"

Le pire pour moi, je crois que c'est encore les verbes reconstruits sur des substantifs basés sur des verbes
Exemples:
j'ai pas eu le temps de visionner ta cassette (voir > vision > visionner. EN français, ca se traduit par regarder...)
réceptionner un colis (recevoir > réception > réceptionner. Recevoir est amplement suffisant!)
solutionner un problème (résoudre > (ré)solution > solutionner. Résoudre suffit)
auditionner (ouïr > audition > auditionner. Ecouter devrait suffire)
Pourquoi pas lecturer pour lire, ouverturer pour ouvrir, conduiter pour conduire, nourriturer pour nourrir, enseignementer pour enseigner, cuissonner pour cuire (ha ha celui-là il est drôle
), etc etc. Ca n'a pas de fin.
Rónán

Exemples:
j'ai pas eu le temps de visionner ta cassette (voir > vision > visionner. EN français, ca se traduit par regarder...)
réceptionner un colis (recevoir > réception > réceptionner. Recevoir est amplement suffisant!)
solutionner un problème (résoudre > (ré)solution > solutionner. Résoudre suffit)
auditionner (ouïr > audition > auditionner. Ecouter devrait suffire)
Pourquoi pas lecturer pour lire, ouverturer pour ouvrir, conduiter pour conduire, nourriturer pour nourrir, enseignementer pour enseigner, cuissonner pour cuire (ha ha celui-là il est drôle

Rónán
Last edited by Rónán on 07 Sep 2004 19:34, edited 1 time in total.
Teangaí eile a dh’fhoghlaim, saol úr a thoiseacht.
Apprendre une autre langue, c'est comme le commencement d'une autre vie.
Apprendre une autre langue, c'est comme le commencement d'une autre vie.
Emilie > t'en as oublié un beau: traçabilité !
Rónán



Rónán
Last edited by Rónán on 07 Sep 2004 19:34, edited 1 time in total.
Teangaí eile a dh’fhoghlaim, saol úr a thoiseacht.
Apprendre une autre langue, c'est comme le commencement d'une autre vie.
Apprendre une autre langue, c'est comme le commencement d'une autre vie.
-
- Guest
Perso, je pense qu'il ne faut pas tout mélanger.
Selon moi, si de "nouveaux" mots apparaissent, c'est que le sens qu'on leur donne est (sensiblement) différent des mots d'origine.
Pour moi, quand on "explicite" qqch, on rentre bcp plus dans les détails que quand on "explique".
De même, une "problématique" correspond bel et bien à un problème, mais de façon beaucoup plus précise : en gros, on le synthétise en une phrase, la problématique.
Je vais essayer de reprendre vos exemples :
- traçabilité : facile de critiquer, vous diriez quoi vous à la place ?
- réceptionner un colis : pour moi, "réceptionner" inclut l'attente ; par exemple, "j'ai reçu un cadeau", mais "j'ai attendu pour réceptionner le colis"...
Peut-être en fait que ces mots (visionner, complexifier...) accentue l'action elle-même. "Visionner" : le but même est de voir. Réceptionner : le but est de recevoir. Quand on dit qu'on a vu un beau paysage, on insiste plus sur le beau paysage que sur le fait d'avoir vu, d'avoir été visible... Je sais pas si je suis clair...
Pour "solutionner", par contre, "résoudre" devrait suffire
- le paraître : pour moi, c'est un mot tout à fait acceptable ! (traits d'union ou pas à "tout à fait" ? Sisyphe, as-tu vérifié depuis ?
)
- lisible : "clair" n'est pas du tout un synonyme de "lisible" (selon moi)
- ma vérité: mon opinion... celui-là, tout à fait d'accord !!
- reprogrammer : tu dirais quoi à la place ?
Ce qui m'ennuie le plus, perso, ce sont plutôt les expressions inutiles et tellement à la mode au milieu d'une phrase :
- "comment dirais-je ?"
- "au jour d'aujourd'hui" (même si l'Académie française l'accepte dans certaines conditions je crois)
etc...
Enfin, dernier point : ceux qui veulent critiquer les autres sans respecter eux-mêmes la langue française.
Quand j'entends les gens prononcer "journalizme", dire "pour pallier à ces problèmes", prononcer "abassourdi", parler "du chien à mon ami", parler d'image en "filigramme", etc., ça me hérisse les poils sur la tête !! (et pourtant je ne suis pas le plus poilu
)
Je pense que respecter le français, parfois, c'est aussi accepter son évolution... (par toujours heureuse, d'ailleurs...)
(Je viens de faire une réponse à la Sisyphe... Au secours !
)
Selon moi, si de "nouveaux" mots apparaissent, c'est que le sens qu'on leur donne est (sensiblement) différent des mots d'origine.
Pour moi, quand on "explicite" qqch, on rentre bcp plus dans les détails que quand on "explique".
De même, une "problématique" correspond bel et bien à un problème, mais de façon beaucoup plus précise : en gros, on le synthétise en une phrase, la problématique.
Je vais essayer de reprendre vos exemples :
- traçabilité : facile de critiquer, vous diriez quoi vous à la place ?
- réceptionner un colis : pour moi, "réceptionner" inclut l'attente ; par exemple, "j'ai reçu un cadeau", mais "j'ai attendu pour réceptionner le colis"...
Peut-être en fait que ces mots (visionner, complexifier...) accentue l'action elle-même. "Visionner" : le but même est de voir. Réceptionner : le but est de recevoir. Quand on dit qu'on a vu un beau paysage, on insiste plus sur le beau paysage que sur le fait d'avoir vu, d'avoir été visible... Je sais pas si je suis clair...
Pour "solutionner", par contre, "résoudre" devrait suffire

- le paraître : pour moi, c'est un mot tout à fait acceptable ! (traits d'union ou pas à "tout à fait" ? Sisyphe, as-tu vérifié depuis ?

- lisible : "clair" n'est pas du tout un synonyme de "lisible" (selon moi)
- ma vérité: mon opinion... celui-là, tout à fait d'accord !!
- reprogrammer : tu dirais quoi à la place ?
Ce qui m'ennuie le plus, perso, ce sont plutôt les expressions inutiles et tellement à la mode au milieu d'une phrase :
- "comment dirais-je ?"
- "au jour d'aujourd'hui" (même si l'Académie française l'accepte dans certaines conditions je crois)
etc...
Enfin, dernier point : ceux qui veulent critiquer les autres sans respecter eux-mêmes la langue française.
Quand j'entends les gens prononcer "journalizme", dire "pour pallier à ces problèmes", prononcer "abassourdi", parler "du chien à mon ami", parler d'image en "filigramme", etc., ça me hérisse les poils sur la tête !! (et pourtant je ne suis pas le plus poilu

Je pense que respecter le français, parfois, c'est aussi accepter son évolution... (par toujours heureuse, d'ailleurs...)
(Je viens de faire une réponse à la Sisyphe... Au secours !

Je suis un peu du même avis... mais je dois reconnaître que beaucoup de ces termes "inventés" (du moins dans les exemples repris plus haut) sont souvent plus compliqués que ceux d'origine.daraxt wrote:Hum... Je ne vous comprends pas : le français n'est pas une langue figée. Le français du 21ème siècle n'est pas le même que celui du 18ème et ne sera pas le même que celui du 23ème... alors pourquoi ne pas le laisser évoluer?
Tout est une question de faisabilité, la langue française permet ce genre de gymnastique plus que d'autres (mais peut-être moins que d'autres aussi) ... je trouve qu'il serait dommage de s'en priver.
Pour moi, celui qui "maîtrise" une langue est quelqu'un qui est justement capable d'aller jusqu'à ses limites les plus extrêmes et non pas quelqu'un qui se cantonne aux règles. Les règles, observées à la lettre, n'ont jamais fait bouger les choses...
Les courses hippiques, lorsqu'elles s'y frottent.
Personellement, je trouve les termes "apparoître", "difficultueux" et "outrageant", pourtant on-ne-peut-plus français, bien plus pédants qu' "expliciter" (qui, a, en effet, sa nuance propre), et que voire même "problématique". Comme dit Daraxt, la langue évolue.
Je trouve que le véritable problème, c'est l'usage par les gens de phrases ronflantes et vides de sens. Pour ce qui en est des mots cités, tout dépend du contexte. Utiliser "la problématique familiale en milieu ouvrier" dans le cadre d'un rapport d'étude me semble justifié. Jouer les élitistes en déclamant "la problématique d'obstruction des cavités nasales" pour expliquer que l'on a besoin d'un mouchoir, là, je suis d'accord
.
Je trouve que le véritable problème, c'est l'usage par les gens de phrases ronflantes et vides de sens. Pour ce qui en est des mots cités, tout dépend du contexte. Utiliser "la problématique familiale en milieu ouvrier" dans le cadre d'un rapport d'étude me semble justifié. Jouer les élitistes en déclamant "la problématique d'obstruction des cavités nasales" pour expliquer que l'on a besoin d'un mouchoir, là, je suis d'accord


Sinon, non, non, non, je ne suis pas contre le progrès:
Des termes tels que le mot composé grec-frites ou le nom relou (mec qui hèle les filles dans la rue), qui désignent vraiment les nouvelles réalités d'aujourd'hui, méritent largement d'être introduits dans les dictionnaires.
(en parlant de ça, Mesdames, avez vous remarqué les nuances dans les techniques d'approche : alors qu'aux Antilles, les relous émettent plutôt des Psst!, les relous méditerrannéens disent : mademoiselle? et les relous subtils de toutes origines posent une question: t'aurais pas une cigarette? ou le compliment: "franchement, t'es trop canon!" )
Mais les incongruités du type:
- continuation
- complexification
- faire débat: susciter un débat, animer un débat...
- gouvernance
et surtout le monstrueux:
- au niveau de: J'ai des lacunes au niveau culturel (tu m'étonnes!)

Journalizme ? je vois pas où est le problème, c'est pas une faute, c une évolution phonétique. Personnellement je le dis pas, mais en Bretagne on le dit par exemple.
"comment dirai-je", je vois pas non plus où est le problème, ca se dit dans d'autres langues.
Des autres horreurs: l'évènementiel (ce qui signifie: des manifestations, culturelles et autres). Cette manie de faire des substantifs à partir d'adjectifs inventés, qui se terminent en -el...
Ce que je critique, c'est pas autant ces mots tordus et en partie inutiles que l'état d'esprit dans lequel ils st employés: on se sert de ces mots pour faire sérieux, pour faire intellectuel, pour faire style "je manie des concepts très abstraits, subtils et compliqués, que mes concitoyens (tous des crétins car ils n'ont pas mon niveau social, heu heu heu!) ne comprennent pas".
"comment dirai-je", je vois pas non plus où est le problème, ca se dit dans d'autres langues.
Des autres horreurs: l'évènementiel (ce qui signifie: des manifestations, culturelles et autres). Cette manie de faire des substantifs à partir d'adjectifs inventés, qui se terminent en -el...
Ce que je critique, c'est pas autant ces mots tordus et en partie inutiles que l'état d'esprit dans lequel ils st employés: on se sert de ces mots pour faire sérieux, pour faire intellectuel, pour faire style "je manie des concepts très abstraits, subtils et compliqués, que mes concitoyens (tous des crétins car ils n'ont pas mon niveau social, heu heu heu!) ne comprennent pas".
Last edited by Rónán on 21 Nov 2004 02:19, edited 1 time in total.
Teangaí eile a dh’fhoghlaim, saol úr a thoiseacht.
Apprendre une autre langue, c'est comme le commencement d'une autre vie.
Apprendre une autre langue, c'est comme le commencement d'une autre vie.
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- Posts: 3222
- Joined: 30 May 2004 22:54
je ne prendrai pas de position là-dessus. les seules choses que je déteste, ce sont les notions qui apparaissent et qui ne veulent rien dire. l'exemple le plus frappant à mon sens: le développement durable. je ne le supporte plus, je voudrais que cette expression s'incarne là devant moi pour pouvoir la pendre et la mettre au bûcher...